Conférence de presse de la Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, Mme Asma Jahangir
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE LA RAPPORTEUSE SPÉCIALE SUR LA LIBERTÉ DE RELIGION OU DE CONVICTION, MME ASMA JAHANGIR
Si les pires expressions de l’intolérance religieuse ces dernières années ont compris des assassinats commis au nom d’une religion, la répression des femmes reste la forme la plus courante d’intolérance et d’extrémisme, a indiqué Mme Asma Jahangir, Rapporteuse spéciale sur la liberté de religion ou de conviction, au cours d’une conférence de presse tenue cet après-midi au Siège des Nations Unies à New York.
Après avoir présenté son dernier rapport sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance religieuse devant la Troisième Commission de l’Assemblée générale, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, Mme Jahangir a fait observer que les femmes « peuvent être condamnées dans certains pays parce qu’elles ne portent pas le foulard, et dans d’autres pays pour en porter un ». Certains pays ont cependant accompli des grands progrès sur ce sujet, a-t-elle souligné.
Devant la Troisième Commission, la Rapporteuse spéciale a précisé que son rapport porte aussi sur l’utilisation de la religion à des fins politiques, l’endoctrinement des enfants pour qu’ils haïssent les autres religions et l’incitation à la haine religieuse par le biais des nouvelles technologies.
Il y a des pays où, pour des motifs religieux, on n’autorise même pas les femmes à conduire une voiture, a noté Mme Jahangir. Elle a aussi évoqué les États qui règlementent la sexualité des femmes et l’accès à la contraception en invoquant des opinions religieuses. Et puis il y a des pays comme l’Inde où les femmes souffrent de toutes sortes de restrictions liées à la tradition, alors que l’État prône l’égalité.
Revenant sur l’utilisation des nouvelles technologies pour inciter à la haine, elle a estimé, tout comme son collègue le Rapporteur spécial sur la liberté d’expression, que la liberté d’expression doit cesser à partir du moment où elle empêche la jouissance de droits de l’homme. Un gouvernement ne peut lutter efficacement contre l’incitation à la haine que si le pays dispose d’un système judiciaire indépendant, a-t-elle ajouté. Elle a aussi affirmé que la critique d’une religion, sans appel à la violence, ne viole pas a priori les droits de l’homme. On peut dans certains cas parler d’incitation à la violence mais il faut fixer des critères clairs pour cette infraction, a-t-elle précisé.
Mme Jahangir a invité les États à la prudence lorsqu’ils adoptent des lois sur le blasphème et a suggéré de ne pas légiférer outre mesure sur les questions de critique et de haine religieuse. L’éducation et le dialogue entre chefs religieux et les jeunes de différentes confessions sont plus efficaces pour réduire les tensions que l’adoption de lois, a-t-elle rappelé. Au contraire, trop de lois peuvent accroître les tensions, a-t-elle averti.
Interrogée sur les pays qui violent le plus la liberté de religion et de conviction, la Rapporteuse spéciale a expliqué qu’il s’agissait de pays où elle n’a pas pu se rendre faute d’invitation. Elle dispose cependant d’informations sur ces pays grâce à différentes sources, a-t-elle précisé.
Au sujet du Kosovo, Mme Jahangir a reconnu que des tensions religieuses pouvaient surgir de temps en temps dans les situations d’après conflit si elles n’étaient pas traitées correctement, dès lors que ces tensions étaient une des causes du conflit. Les dirigeants se sont étonnés des attaques contre l’Église orthodoxe du Kosovo, mais ce n’était pas une surprise pour les communautés locales, a-t-elle indiqué. Concernant le Sri Lanka, elle a parlé des tensions entre les Sri-lankais et les non Sri-lankais au sujet de la loi sur la conversion.
Mme Jahangir a aussi indiqué qu’elle travaillait également avec le Rapporteur spécial sur le Myanmar sur le problème de la discrimination. Elle s’est également inquiétée d’une attaque qui aurait été perpétrée contre un monastère bouddhiste au Viet Nam. Elle n’a pas pu se rendre sur place, mais examinera cette situation en même temps que celle du Cambodge, après une visite qui est déjà prévue au Laos.
Interrogée sur la proposition de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) d’agir au niveau international contre la diffamation à l’égard d’une religion, elle a précisé ne pas être favorable à la terminologie adoptée par cette Organisation. Si on inclut la diffamation de la religion dans la terminologie des droits de l’homme, cela ne peut que nuire à ces droits, a-t-il estimé.
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