Conférence de presse du Représentant spécial du Secrétaire général pour les droits de l’homme et les sociétés transnationales
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR LES DROITS DE L’HOMME ET LES SOCIÉTÉS TRANSNATIONALES
M. John Ruggie, Représentant spécial du Secrétaire général pour les droits de l’homme, les sociétés transnationales et autres entreprises, a annoncé aujourd’hui, lors d’une conférence de presse au Siège de l’ONU à New York, la constitution d’un « groupe représentatif » de 12 États pour réfléchir à une série de mesures pratiques contre les abus commis par les sociétés transnationales dans les zones de conflit.
Les mesures que devraient identifier la Belgique, le Brésil, le Canada, la Chine, la Colombie, les États-Unis, le Guatemala, le Nigéria, la Norvège, le Royaume-Uni, la Sierra Leone et la Suisse seront soumises à l’examen du Conseil des droits de l’homme.
La situation dans les zones de conflit est particulièrement préoccupante car les pires formes d’abus dans le travail y sont commises. Le contexte chaotique attire non seulement beaucoup d’entreprises illégales, mais aussi les sociétés plus respectables se laissent entrainer au risque de devenir complice du travail forcé « voir le génocide ».
Outre ces situations, le Représentant spécial a indiqué que les secteurs de l’habillement et des mines étaient les plus problématiques. Il a notamment dénoncé les ateliers de misère qui fabriquent des vêtements et des chaussures pour des marques connues, le déplacement de communautés pour faire de la place aux sociétés minières ou pétrolières ou encore l’achat par les fabricants de produits alimentaires de cannes à sucre récoltées par des enfants de sept ans.
M. Ruggie a également dénoncé le fait que certaines entreprises collaborent avec des groupes paramilitaires qui font parfois la chasse aux représentants syndicaux. « Il n’existe aucun droit reconnu sur le plan international qui n’ait été violé à un moment ou à un autre par une entreprise quelque part dans le monde », a-t-il souligné.
Le Représentant spécial a préconisé aux sociétés transnationales l’adoption de mécanismes d’examen des plaintes et la création de systèmes de recours judiciaire et non-judiciaire, comme la médiation, pour éviter que des situations tendues ne dégénèrent.
M. Ruggie, dont le mandat consiste à établir une série de normes pour les sociétés transnationales et les gouvernements, s’est cependant félicité de ce que plusieurs États, à l’instar de la Norvège et de l’Afrique du Sud, se soient servi du cadre politique qu’il a présenté en 2008 au Conseil des droits de l’homme, pour établir leur propre mécanisme d’évaluation.
« Mais tant que nous n’aurons pas de règles claires, nous continuerons à voir un genre de patchwork », a-t-il prévenu. Reconnaissant la situation difficile des enfants qui travaillent dans l’industrie du tapis, de la restauration ou de l’hôtellerie en Inde, M. Ruggie a jugé important de bien comprendre le rôle qu’ils occupent dans leur société.
« Au lieu de s’agiter et de demander l’interdiction du travail des enfants, il faut plutôt les aider à aller à l’école et organiser des cantines scolaires pour qu’ils puissent s’extirper de la situation dans laquelle ils se trouvent ». Anticipant des questions sur les sociétés transnationales chinoises, M. Ruggie a expliqué qu’il « voulait veiller à la bonne formation de leurs cadres ».
Lorsque les sociétés minières américaines et canadiennes ont commencé à s’implanter dans les Andes, elles étaient gérées par des « cowboys » qui ont créé une véritable pagaille, avant que les choses ne commencent à changer progressivement, a-t-il dit en promettant que son « objectif est de réduire la longueur de cette courbe d’apprentissage ».
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