En cours au Siège de l'ONU

Conférence de presse

Conférence de presse du Rapporteur spécial sur la torture, M. Manfred Nowak

20/10/2009
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DU RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LA TORTURE, M. MANFRED NOWAK


« La pratique de la torture dans les prisons est un phénomène global dont les manifestations dans certains pays interpellent au plus haut point la conscience de l’homme », a déclaré le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, M. Manfred Nowak, cet après-midi lors d’une conférence au Siège de l’ONU, à New York.


M. Nowak avait présenté ce matin son sixième rapport intérimaire à la Troisième Commission de l’Assemblée générale, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles. 


« Au cours des 15 missions que j’ai effectuées et qui sont à l’origine de ce document, j’ai découvert des situations que je n’aurais jamais pu imaginer », a confié M. Nowak.  Il s’est ensuite appesanti sur les pays où les droits des détenus sont les plus bafoués, « là où le respect de la dignité la plus basique des prisonniers a disparu ». 


Il a notamment évoqué « l’enfer » de la prison uruguayenne de Libertad, « en fait, de gigantesques containers métalliques où règnent le bruit, une chaleur pouvant atteindre les 60 degrés Celsius, les odeurs d’excréments et une violence de tous les instants, dirigée par les matons sans distinction quant au statut des uns et des autres, puisque ceux en détention provisoire et les personnes reconnues coupables de crimes cohabitent dans la plus grande anarchie ».  M. Nowak a expliqué que le gouvernement de Montevideo avait été très coopératif lors de sa visite, prenant l’engagement, après lecture de son rapport, de faire fermer la prison de Libertad dans les plus brefs délais. 


« Le Gouvernement du Nigéria a lui aussi endossé mon rapport et s’est dit prêt à mettre en œuvre les recommandations qui y figurent.  Ces cas sont encourageants », a estimé le Rapporteur spécial.


M. Nowak a en revanche constaté qu’il « existe des irréductibles, comme la Guinée équatoriale où mon rapport a été rejeté et où j’ai été témoin des pires violations des droits de l’homme ». 


Il a indiqué que les prisons de ce pays sont surpeuplées, plongées en permanence dans le noir et dépourvues de toilettes: « les prisonniers, qui forment là aussi un mélange de détenus provisoires et de prisonniers reconnus coupables, en sont réduits à faire leurs besoins dans des bouteilles et des sacs en plastique.  Et le manque de nourriture, qui m’a tout de suite frappé, est expliqué par le fait que les autorités estiment que c’est à la famille du détenu de nourrir ce dernier, si bien que ceux qui n’ont personne se retrouvent dans le dénuement le plus total et doivent parfois se prostituer ou avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis pour, en retour, obtenir de quoi survivre », a expliqué M. Nowak. 


Le Rapporteur spécial a par ailleurs souligné qu’un million d’enfants de par le monde sont privés de liberté.  Il a aussi attiré l’attention sur le fait que de nombreux États, « au motif de la lutte antiterroriste », ont mis en place des mesures d’exception qui contreviennent directement au droit international humanitaire, « voire à leur propre constitution ». 


M. Nowak a ainsi fait savoir qu’il était impossible d’accéder aux « prisons secrètes », notamment celles des pays arabes, tout en ajoutant qu’il parvenait de plus en plus à réunir des témoignages d’anciens prisonniers, la plupart ayant subi de très graves violences physiques sans jamais avoir pu, au cours de leurs détention et interrogatoire, bénéficier de soins médicaux ou psychologiques. 


Le Rapporteur spécial a également tenu à épingler les pays occidentaux où ce sont les migrants « et autres sans-papiers » qui se trouvent emprisonnés dans des conditions indignes alors qu’ils n’ont commis aucun crime sauf celui, considéré comme tel par ces États, d’être arrivés illégalement sur leur territoire. 


Interrogé sur l’attitude de l’Administration américaine à l’égard de la prison de Guantanamo Bay, Manfred Nowak s’est dit encouragé.  S’il a émis des doutes sur la possibilité qu’elle soit fermée à la date annoncée par le Président Barack Obama au lendemain de son élection, soit en janvier 2010, il a estimé que les États-Unis, en invitant régulièrement leurs alliés européens à s’engager à accueillir des détenus, étaient sur la bonne voie.  « Les États-Unis, seuls, ne pourront pas juger ou libérer sur leur territoire tous les prisonniers, et il faudra décider avec d’autres pays, européens notamment, du sort de ces derniers, en s’assurant que le retour dans le pays d’origine se fasse sur une base volontaire », a déclaré M. Nowak. 


Concernant la situation des enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, Manfred Nowak, qui a mentionné le rapport Goldstone où cette question est soulevée, a indiqué que le caractère censément « préventif » de cette détention posait question.  À propos des allégations de tortures commises dans les prisons iraniennes après les élections présidentielles de juin dernier, il a signalé que ses plus récentes demandes de visite dans les établissements du pays étaient restées lettre morte.  Il a, enfin, annoncé qu’une mission devrait très certainement avoir lieu à Cuba, en 2010.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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