Conférence de presse de M. David Nabarro, Coordonnateur du système des Nations Unies pour la crise de la sécurité alimentaire
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. DAVID NABARRO, COORDONNATEUR DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES POUR LA CRISE DE LA SÉCURITE ALIMENTAIRE
M. David Nabarro, Coordonnateur du système des Nations Unies pour la crise de la sécurité alimentaire, a tenu aujourd’hui une conférence de presse sur les points qui seront discutés demain par des participants originaires de 100 pays, dont des chefs d’État et de gouvernement, sur l’urgence de trouver des réponses efficaces à la crise alimentaire mondiale. Cette rencontre fait suite au processus initié par le G-8 lors de sa réunion de L’Aquila, en Italie, au mois de juillet dernier.
M. Nabarro a ouvert la conférence de presse en déclarant qu’hormis les questions qui ont été les plus commentées au cours du débat de haut niveau de l’Assemblée générale, et qui ont occupé le devant de la scène internationale cette année -les changements climatiques, le désarmement, le G-20 de Pittsburgh- il y avait d’autres grandes questions importantes sur l’agenda international. Parmi elles, figure notamment la sécurité alimentaire, a-t-il souligné.
M. Nabarro a proposé que soit fait un bilan des 15 derniers mois sur cette question, et que la communauté internationale regarde comment les choses vont évoluer dans ce secteur dans les mois qui viennent. En 2008, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de manière dramatique, a-t-il rappelé. Des millions de personnes ont été exposées au risque de la sous-alimentation et à la malnutrition. Le système des Nations Unies, en coordination avec les institutions de Bretton Woods, a réagi et a mobilisé des milliards de dollars, ce qui a permis de sauver des millions de vies en assurant un soutien d’urgence aux populations affectées.
Les prix des produits alimentaires sont aujourd’hui en baisse, mais ils restent tout de même élevés dans les pays en développement, a dit M. Nabarro. Durant les 15 derniers mois, sous le leadership du Secrétaire général, le travail mené sur ce sujet a débouché sur une liste d’actions à lancer.
David Nabarro a affirmé que le monde allait assister à une révolution agricole au cours des cinq prochaines années. Les petits fermiers, et surtout les femmes, vont être au centre des priorités de relance agricole. « Nous allons voir une transformation des marchés et du système commercial multilatéral, et un travail sera mené dans l’intérêt des pauvres », a prédit M. Nabarro. Il a précisé que ce travail se ferait au niveau intergouvernemental. « Cinquante millions de femmes et d’enfants souffrent aujourd’hui de malnutrition à travers le monde », a prévenu David Nabarro.
À cet égard, lors du Sommet du G-8 de L’Aquila, en juillet dernier, 26 pays se sont mis d’accord sur la nécessité de lancer une action à long terme. Cette action comporte cinq points: soutenir les stratégies menées par les différents pays; assurer une approche globale; aider à coordonner l’assistance; soutenir le rôle des institutions multilatérales (telles que l’ONU et la Banque mondiale); et assurer un engagement financier suffisant au lancement d’une nouvelle « révolution verte ». Les pays engagés ont également promis de mobiliser 20 milliards de dollars sur les trois prochaines années, a précisé David Nabarro. Il s’agit ici de l’« Initiative de L’Aquila pour une sécurité alimentaire durable », a-t-il rappelé. L’Assemblée générale des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods sont invitées à participer à ce programme, a-t-il déclaré.
M. Nabarro a également mentionné qu’il attendait qu’un contrôle et un système d’évaluation soient mis en place dans le cadre du lancement de ces projets, et ce, afin d’assurer une certaine transparence. Un plan d’action doit être développé pour 2010, a-t-il indiqué.
Répondant aux questions de correspondants de presse présents, M. Nabarro a rappelé que le problème actuel ne résidait pas dans une quelconque pénurie: le problème n’est pas de produire mais il se pose au niveau de « qui produit? » et « qui accède à ce qui est produit? », a-t-il dit. Il y a entre 400 et 500 millions de ménages qui ont de très petites exploitations, d’une superficie de 1 à 2 hectares, et ces exploitants ne sont pas capables d’augmenter leur production et d’adopter de nouvelles technologies. Mais ces petites superficies cultivées sont importantes, dans la mesure où, par exemple, elles représentent 80% de la production agricole en Afrique. « La majorité de ceux qui travaillent sur ces exploitations sont des femmes », a indiqué M. Nabarro, « et elles doivent en outre s’occuper d’autres tâches en dehors de l’exploitation ». La question qui se pose est celle de savoir comment les aider pour qu’elles accèdent aux engrais et aux crédits, et que faire pour que leurs produits accèdent au marché? La réponse à apporter implique des efforts coordonnés des gouvernements et du secteur privé, a dit M. Nabarro en indiquant que cela s’est fait au Ghana, au Malawi et au Viet Nam. Une autre question importante qu’il faut résoudre est celle de faire en sorte que la production soit accessible à un prix raisonnable dans un contexte où, à cause de la crise économique, de nombreuses personnes ont perdu leur travail et n’ont bénéficié d’aucune aide.
David Nabarro a également insisté sur le fait que, depuis 15 mois, la stratégie retenue pour assurer la sécurité alimentaire était d’adopter une approche basée sur la satisfaction des besoins sur le court terme qui vienne en aide à ceux qui ont faim, tout en lançant un développement agricole qui puisse porter des fruits sur le long terme. À ce propos, il a précisé que la situation s’était détériorée dans de nombreux pays. Ainsi, en Somalie, il y a désormais 3,5 millions de personnes soutenues par le Programme alimentaire mondial (PAM), alors que dans ce pays, le PAM a un déficit budgétaire de 200 millions de dollars par rapport à l’année dernière.
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