Conférence de presse sur la question du suicide, organisée à l’occasion de la Journée mondiale de prévention
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LA QUESTION DU SUICIDE, ORGANISÉE À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE PRÉVENTION
« Chaque année, environ un million de personnes meurent d’actes de suicide, ce qui en fait la dixième plus grande cause de décès dans le monde », a indiqué cet après-midi M. Werner Obermeyer, Chargé principal des relations extérieures de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), au cours d’une conférence de presse organisée à l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide. Célébrée chaque 10 septembre, cette Journée a pour thème cette année « la prévention dans toutes les cultures ».
« Le suicide peut être évité », a affirmé M. Obermeyer, « mais la prévention en la matière doit adopter une approche multisectorielle, en y impliquant les secteurs de l’éducation, de la religion, de l’emploi et surtout les média », a-t-il indiqué.
L’autre invité de cette conférence de presse, M. Brian Mishara, Président de l’Association internationale pour la prévention du suicide, a indiqué qu’un plus grand nombre de personnes se donnaient la mort chaque année, et que leur nombre était supérieur à celui des personnes qui perdent la vie du fait de guerres, d’attentats terroristes et d’homicides.
M. Obermeyer a ajouté que 90% des suicides étaient causés ou liés à des troubles psychologiques, comme la dépression et l’abus de substances dangereuses. « C’est pour cette raison que l’OMS a décidé de travailler de façon plus étroite avec des pays d’Europe de l’Est où l’abus d’alcool pose un réel problème, et avec ceux d’Asie où les zones essentiellement agricoles sont affectées par un nombre croissant de suicides par ingestion de produits pesticides », a-t-il indiqué.
Il a également expliqué que les populations autochtones sont touchées de façon disproportionnée par le suicide. L’OMS travaillera l’année prochaine sur ce sujet, a-t-il ajouté, en précisant que cela se ferait en collaboration avec l’Instance permanente sur les questions autochtones.
L’OMS travaille étroitement avec la Fédération américaine pour la prévention du suicide et l’Association internationale pour la prévention du suicide, a poursuivi M. Obermeyer, avant de mentionner les nombreux évènements organisés à travers le monde pour attirer l’attention du public sur la possibilité de prévenir les actes de suicide.
« En Europe et dans la région Asie-Pacifique, on a constaté récemment une baisse des taux de suicide, qui est sans doute le fruit de stratégies nationales de prévention en la matière », s’est réjoui M. Brian Mishara. Il a cependant déploré le fait que, dans ces régions et ailleurs, les hommes âgés de plus de 85 ans constituent le groupe le plus à risque. Ces hommes sont souvent des veufs qui se sont retrouvés isolés à la mort de leur femme. Il a donc regretté que les efforts de prévention se concentrent essentiellement sur les jeunes.
M. Mishara a ensuite parlé des différentes façons de mettre en place la prévention. L’Inde, par exemple, a finalement dépénalisé le suicide, alors que d’autres pays le considèrent toujours comme une infraction pénale et punissent les auteurs de tentative de suicide par des peines de prison, comme le Liban, le Pakistan ou le Guyana. Il serait préférable que les personnes suicidaires soient suivies médicalement et reçoivent une aide appropriée, a-t-il fait observer.
La méthode la plus utilisée pour commettre un suicide est l’ingestion de poison, a-t-il ensuite expliqué. En Amérique centrale, dans les Caraïbes et en Asie, les gens ont recours aux pesticides de façon très courante, a précisé M. Mishara, avant de proposer des moyens de combattre cette forme de suicide comme la fourniture de coffres-forts aux pharmaciens installés en zones rurales pour y conserver ces substances toxiques. On peut aussi interdire la commercialisation des pesticides les plus mortels, a-t-il ajouté. Il a regretté cependant la rareté d’initiatives au niveau mondial pour s’attaquer à ce problème.
En ce qui concerne l’attention que portent les médias sur les cas de suicides, M. Mishara s’est basé sur plus de 150 études qui démontrent que la couverture de ces faits divers entraîne une hausse du nombre des suicides dans les semaines suivantes parce que certaines personnes s’identifient aux victimes. Il faut essayer d’améliorer la gestion de ce genre informations, a-t-il dit, en signalant la publication par l’OMS de directives à ce sujet.
« Ce qui est tragique, a poursuivi M. Mishara, c’est que le suicide peut être réellement évité. » Il s’est cependant montré désolé de ce que, dans la plupart des pays, moins de 2% du budget de la santé soient généralement consacrés aux problèmes de santé mentale. Les efforts de prévention qui ont porté des fruits vont de l’amélioration des services de santé mentale à la création de lignes téléphoniques d’urgence, a-t-il noté.
M. Mishara a ensuite mis l’accent sur la consommation et l’abus d’alcool, qui sont devenus le plus grand facteur de risque de suicide dans le monde. Plus de la moitié des personnes qui se sont donné la mort consommaient de l’alcool au moment où elles ont commis cet acte, a-t-il relevé. Il a rappelé que les mesures prises par Michael Gorbatchev pour réduire la consommation d’alcool dans l’actuelle Russie avaient eu notamment pour conséquence de faire baisser le taux de suicide.
Ce problème est commun à toutes les anciennes Républiques de l’ex-Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS), a-t-il indiqué, avant de préciser que la Lituanie est le pays qui connaît actuellement le plus fort taux de suicide dans le monde. Le Ministre lituanien de l’éducation a mis en place des programmes de santé mentale dans les écoles, a-t-il souligné.
En ce qui concerne la région des Caraïbes, M. Mishara a indiqué avoir participé récemment à une réunion sur la prévention du suicide au Guyana, organisée conjointement avec Trinité-et-Tobago et le Suriname. Il a aussi signalé les diverses activités entreprises en Jamaïque, comme par exemple l’organisation d’un séminaire national.
Interrogé sur le cas des militaires américains revenant d’Afghanistan et d’Iraq, chez qui on constate des taux élevés de suicide, M. Mishara a mentionné plusieurs articles publiés sur cette question, qui ont mis en évidence le risque élevé de suicide parmi ces soldats. Une initiative a été menée dans l’armée de l’air, a-t-il ajouté, qui consiste à aider les soldats à identifier les signes de la dépression et à chercher de l’aide au besoin.
Plusieurs études se sont penchées sur la question des attentats-suicide, qui ont conclu que ce phénomène n’avait pas grand-chose à voir avec le suicide proprement dit, a aussi indiqué M. Mishara. Le suicide concerne des personnes qui sont dans un état de souffrance psychologique au point de ne pas pouvoir envisager de continuer à vivre, tandis que les auteurs d’attentats-suicide souhaitent avant tout commettre un acte de guerre, a-t-il indiqué.
En ce qui concerne le suicide assisté, il est légal dans deux États américains, l’Oregon et l’État de Washington, ainsi qu’aux Pays-Bas, sous la forme de l’euthanasie. Cette pratique est également possible en Suisse, dont le Gouvernement ne l’interdit pas, a précisé M. Mishara. Il a cependant indiqué que le nombre de requêtes en Oregon n’était pas élevé et que 43% de ceux qui avaient convaincu leurs médecins du bien-fondé de leur demande ne prenaient finalement pas les médicaments destinés à mettre fin à leurs jours.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel