Conférence de presse du Ministre des affaires étrangères de la Somalie
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA SOMALIE
Le Ministre des affaires étrangères de la Somalie, M. Mohamed Abdullahi Omar, a fait part aujourd’hui d’un certain optimisme quant à la capacité de son gouvernement de relever le pari de la paix, de vaincre les rebelles et de mettre un terme à la piraterie dans les eaux territoriales somaliennes.
« Nous sommes, a-t-il dit, face à une chance unique de « mettre fin au dilemme que vit le peuple somalien depuis trop longtemps et de créer une plateforme pour une paix durable ». Le Gouvernement fédéral de transition (GFT) s’est assigné pour mission, a affirmé le Ministre, de mettre en place des institutions publiques solides et d’achever le processus constitutionnel avant les élections de 2011.
Aujourd’hui, s’est félicité le Ministre, toute la société civile, y compris les clans, le monde des affaires, les religieux, les femmes et les jeunes, s’entendent sur la nature de la paix et sur les moyens d’y parvenir. Tous les clans sont dûment représentés dans les appareils législatif et exécutif du pays, a insisté le Ministre et, a-t-il ajouté: « nous avons trouvé un consensus sur le projet de constitution ».
Dans ce contexte, M. Abdullahi Omar a insisté sur les capacités réelles de son gouvernement de vaincre les rebelles d’Al Shabaab et de Hizbul Islam. S’inspire-t-il du choix des armes que le Gouvernement sri-lankais a fait pour venir à bout des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul (LTTE)? Non, a répondu le Ministre, « car nous ne sommes pas devant un mouvement séparatiste qui réclame l’indépendance du territoire qu’il contrôle ».
« Nous sommes, a-t-il précisé, devant des tentatives de renversement du régime pour « s’emparer de la capitale et des institutions publiques. » « Nous sommes, a-t-il prévenu, devant un mouvement dont les visées vont bien au-delà du Gouvernement de Mogadiscio ou de la nation somalienne. »
Le Gouvernement fédéral de transition, a insisté le Ministre, a privilégié une politique de « porte ouverte » sans jamais recevoir de réponses aux différentes propositions. Il n’a pas hésité à solliciter la médiation de la Libye, de l’Italie et des pays du Golfe, et la seule réponse a été la tentative de coup de renversement perpétrée le 13 mai dernier, a accusé le Ministre.
M. Abdullahi Omar, qui a déclaré que les moyens de la rébellion sont « surestimés », a en revanche vanté la force de frappe du Gouvernement fédéral de transition, désormais capable de déployer quelque 5 000 hommes et surtout de mobiliser les communautés locales contre un mouvement dont « le but inavoué est d’arrêter l’aide financière et militaire internationale vers la Somalie et de lancer le jihad décrété le 19 mars dernier par Bin Laden, contre le Gouvernement somalien », a dénoncé le Ministre.
Le Chef de la diplomatie somalienne a voulu faire taire les allégations selon lesquelles les troupes éthiopiennes seraient revenues en Somalie pour soutenir les forces gouvernementales. L’Éthiopie n’est pas là pour plusieurs raisons, a-t-il assuré. D’abord la Somalie ne l’a pas demandé, ensuite elle est tout à fait capable d’assurer sa défense et enfin, un retour de l’Éthiopie serait une violation claire de l’Accord de Djibouti signé le 29 janvier 2009, entre l’ancien Premier Ministre du Gouvernement fédéral de transition et l’actuel Président somalien.
En revanche, a tenu à rappeler le Ministre, c’est bel et bien l’Érythrée qui aide les rebelles. Lorsqu’un pays déclare qu’il ne fait aucune différence entre les forces de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et celles de l’Éthiopie, « on voit une volonté de s’immiscer » dans le conflit, et lorsque le chef d’Al Shabaab reconnaît lui-même, dans un quotidien britannique, recevoir l’appui logistique de l’Érythrée, « pourquoi attendre d’autres confirmations », s’est étonné le Ministre qui a appelé le Conseil de sécurité à examiner cette question.
M. Abdullahi Omar n’a pas échappé à quelques questions sur la lutte contre la piraterie. Ce phénomène, a-t-il d’abord répondu, « tient en otage » toute la population somalienne parce qu’il a provoqué une hausse de 25 à 30% du transport des produits de première nécessité. Le Ministre somalien des affaires étrangères s’est ensuite indigné devant le fait que, l’année dernière, le total des rançons payées aux pirates par les pays occidentaux se soit élevé à 55 millions de dollars alors que, lors de la Conférence internationale sur l’appui à la Somalie, tenue à Bruxelles en avril 2009, la communauté internationale n’a consenti à promettre que la somme de 60 millions de dollars pour le renforcement des forces de sécurité somaliennes.
Il aurait été plus facile et plus rentable, a suggéré le Ministre, de consacrer ces 55 millions à la formation d’unités de gardes-côtes, car les « armadas internationales » ne pourront rester indéfiniment, a-t-il fait remarquer. De l’avis du Ministre, « depuis qu’elles sont là, les choses se sont plutôt aggravées ».
Sans pour autant vouloir transformer tous les pirates en gardes-côtes, le Ministre a jugé judicieux de former les jeunes qui vivent à leurs côtés « car ils savent tout d’eux » et surtout, parce que « ces quelques dizaines de milliers de jeunes, en proie à la pauvreté et à l’exclusion sociale, risqueraient à leur tour de se laisser tenter par la piraterie ».
« Nous avons la volonté et l’intelligence mais ce qu’il nous manque, ce sont les ressources », a dit le Ministre, en assurant que le Puntland, région autonome du nord-est de la Somalie, « veut aussi lutter contre la piraterie ». C’est la communauté internationale qui ne veut pas s’engager avec nous, dans ce domaine, a insisté le Ministre.
L’Accord de Djibouti qui régit le partage du pouvoir actuel, a été signé après la démission, en décembre 2008, de l’ancien Président du Gouvernement fédéral de transition, M. Abdullahi Yusuf Ahmed, qui a invoqué son incapacité de prévenir la résurgence des conflits dans son pays, aux prises depuis 2006, avec la rébellion de l’Union des tribunaux islamiques (UTI). Après sa démission, c’est l’ancien rebelle et l’islamiste modéré, Sharif Sheikh Ahmed, qui a été élu, le 31 janvier 2009.
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