Conférence de presse sur le lancement du rapport de la CEA et de l’Union africaine sur le développement du secteur agricole en Afrique
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CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE LANCEMENT DU RAPPORT DE LA CEA ET DE L’UNION AFRICAINE SUR LE DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR AGRICOLE EN AFRIQUE
Développer l’agriculture africaine à travers les chaînes de valeur régionales, le rapport commun de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et de la Commission de l’Union africaine a été lancé aujourd’hui au Siège de l’ONU à New York, par l’Observatrice permanente de l’Union africaine auprès des Nations Unies, Lila Hanitra Ratsifandrihamanana, et le Directeur de la Division de l’analyse des politiques de développement du Département des affaires économiques et sociales (DESA), M. Rob Vos.
Ce n’est pas d’une révolution verte dont l’Afrique a besoin mais bien d’une révolution « arc-en-ciel », disent ces deux organisations qui, chaque année, publient un rapport sur un thème d’actualité, a rappelé Mme Ratsifandrihamanana. À l’objectif de la sécurité alimentaire, le continent doit ajouter celui de la diversification et de l’industrialisation de son secteur agricole, et pour ce faire, créer des chaînes de transformation, au niveau régional, seul moyen d’assumer les investissements très élevés dans le domaine des infrastructures nécessaires, a estimé M. Vos qui a attiré l’attention sur l’initiative du Kenya, de l’Ouganda et de la République-Unie de Tanzanie, dans leur sous-région.
À l’heure des crises économique et financière, l’Afrique doit voir en l’agriculture un moteur de sa croissance économique, ont souligné les deux conférenciers. Le secteur agricole emploie aujourd’hui 60% de la main-d’œuvre du continent, alors qu’il ne représente que 25 à 35% du produit national brut (PNB) contre 53,3% pour le secteur pétrolier. À sa rubrique « secteur agricole », la balance commerciale affiche un déficit de 11 milliards de dollars. La place de ce secteur devrait être d’autant plus importante que cette activité a un effet multiplicateur -hausse provoquée de la demande des produits non agricoles et des services- de 1,5 à 3.
Dans le contexte des crises actuelles, l’Afrique dont la croissance devrait passer d’une moyenne de 5,1% en 2008 à 2% en 2009, risque désormais une décélération économique, une chute drastique de ses revenus à l’exportation et un recul alarmant dans la lutte contre la pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Les moteurs de son économie comme l’Afrique du Sud et le Nigéria prévoient déjà une croissance négative pour cette année.
Devant ce sombre tableau, le secteur « négligé » de l’agriculture, et « resté presque le même depuis 45 ans », apparaît comme une alternative viable à celui du pétrole ou des minerais, ont estimé les deux intervenants, en prévenant que les coûts d’investissement seront élevés pour un secteur caractérisé par une faible productivité, un manque d’accès aux marchés, des infrastructures défaillantes, une absence de valeur ajoutée, des conditions climatiques de plus en plus capricieuses et un manque criant de ressources financières.
La solution passe par l’intégration régionale qui permettra aux pays africains, outre le partage des coûts des infrastructures, de tirer parti des différents systèmes agroécologiques du continent, d’agrandir leurs marchés, de devenir moins vulnérables à la concurrence extérieure et de renforcer leur pouvoir de négociation commerciale.
Pour ce faire, le continent devra aussi harmoniser les normes et les politiques commerciales, accepter un partage équitable des revenus, faire montre d’un engagement politique fort en faveur des changements structurels nécessaires et accepter d’écorner la « souveraineté nationale » pour mettre en place une vraie coopération régionale.
Parmi les recommandations, le rapport suggère la coordination avec les bailleurs de fonds pour assurer un flux adéquat de l’aide publique au développement (APD) et la poursuite des programmes d’allègement ou d’annulation de la dette. Les pays africains devront surtout mettre en œuvre l’initiative « Aide pour le commerce » de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et appliquer la Déclaration de Maputo de 2004, exigeant des pays de l’Union africaine d’investir 10% de leur PNB dans le secteur agricole.
Ces questions seront discutées plus avant, a dit l’Observatrice permanente de l’Union africaine, au prochain Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, qui aura lieu à Syrte, en Jamahiriya arabe libyenne, du 1er au 3 juillet 2009, sur le thème « Investir dans l’agriculture pour la croissance économique et la sécurité alimentaire ». Elle a annoncé que le Sommet de Syrte traitera aussi des questions de l’acquisition des terres arables par des étrangers, du recours aux organismes génétiquement modifiés (OGM) et de la production d’éthanol.
En matière agricole, l’Afrique a élaboré plusieurs instruments dont le Programme global de développement agricole (CAADP) de 2003, et la Déclaration de Charm el-Cheikh de 2008 qui identifie les défis de la crise alimentaire et appelle au renforcement du partenariat international.
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