Conférence de presse du Représentant de la France à la Conférence sur le désarmement, Éric Danon
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU REPRÉSENTANT DE LA FRANCE À LA CONFÉRENCE SUR LE DÉSARMEMENT, ÉRIC DANON
M. Éric Danon, Représentant permanent de la France à la Conférence sur le désarmement à Genève, a dressé un bilan extrêmement positif, cet après-midi au Siège de l’ONU, des travaux du Comité préparatoire de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) prévue l’an prochain à New York.
« Ce Comité préparatoire est un vrai succès », a-t-il déclaré au terme des deux semaines de réunions tenues au Siège de l’ONU. M. Danon a expliqué que ce succès était dû au fait que les participants avaient à la fois réussi à se mettre d’accord sur d’importants points de procédure et qu’ils avaient eu « un débat de fond absolument déterminant ».
Parmi les points de procédure adoptés, figure l’ordre du jour de la Conférence de 2010. M. Danon a rappelé que lors des deux précédentes Conférences, ces questions de procédure avaient été débattues pendant les Conférences elles-mêmes et non pas au préalable, ce qui avait amputé d’autant le débat sur les questions de fond. « En 2010, nous allons très probablement régler les points de procédure pendant la première journée, voire la demi-journée, ce qui signifie que nous disposerons d’un mois entier pour aborder les points de substance ». Il s’est félicité en second lieu que lors des deux semaines écoulées, le Comité ait eu « des débats de fond tout à fait intéressants » qui ont permis de prendre connaissance des positions des États parties, compte tenu des évolutions récentes de certains d’entre eux, les États-Unis en premier lieu.
« Le deuxième succès du Comité préparatoire est qu’il a permis de mesurer combien le monde change. L’esprit que l’on sent souffler sur les affaires du monde depuis quelque temps se traduit au niveau multilatéral et dans le domaine nucléaire, ce qui n’était pas du tout joué d’avance ». Ce vent nouveau, qui s’est levé il y a moins d’un an, était déjà sensible à la Conférence du désarmement à Genève qui était « un peu en sommeil » depuis une douzaine d’années, a-t-il observé. Or, il y a actuellement « une probabilité forte pour que s’ouvre à Genève une nouvelle négociation sur un traité dit cut off date visant à arrêter l’enrichissement des matières nucléaires à des fins militaires. C’est une question qui était coincée. Il se trouve que l’ambiance politique fait poindre aujourd’hui à l’horizon la possibilité de lancer cette négociation ».
M. Danon a aussi rappelé que la précédente Conférence d’examen du TNP en 2005 s’était conclue sur un « demi-échec », les participants ne parvenant pas à se mettre d’accord sur un document final. En outre, « le fait que les Américains aient annoncé la possible ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires a produit immédiatement une pression sur ceux qui ne l’ont pas encore ratifié ». La France espère notamment que se produise un « effet d’entraînement » sur des pays tels que la Chine, pour permettre l’entrée en vigueur du traité.
Le fait que les États-Unis aient accepté l’idée que le futur traité d’interdiction de l’enrichissement prévoit un système de vérification a permis de faire progresser le débat, a souligné le diplomate français. Certains pays, comme le Pakistan, estimaient en effet qu’un traité sans système de vérification n’était pas acceptable. « Maintenant, tout le monde paraît d’accord pour se lancer dans la négociation d’un traité cut off date qui ait des éléments de vérification », a-t-il ajouté. La question des stocks existants fait toutefois l’objet de divergences. Pour les Occidentaux, le traité en gestation « arrêtera l’enrichissement pour le futur » et il ne concernera pas les stocks existants. « Ce n’est donc pas un traité sur l’inspection de ce qui s’est passé avant », contrairement à ce que voudrait le Pakistan, a-t-il indiqué. Ce pays souhaite en effet une inspection des stocks car « ça lui permettrait d’avoir une idée de ce qui se passe dans d’autres pays, par exemple juste à côté de chez lui », a-t-il observé. Cette question des stocks reste donc en débat.
Concernant la position de base de son pays, M. Danon a rappelé que la France préférait prendre de façon « unilatérale » des initiatives de désarmement, citant la suppression de son site de lancement balistique terrestre par exemple. Il a rappelé que son pays avait cessé tout enrichissement de plutonium et d’uranium à usage militaire respectivement depuis 1992 et 1996. M. Danon a expliqué par ailleurs que la France considérait que le TNP devait être « équilibré ». Sa force, a-t-il expliqué, provient de cet équilibre entre ses trois « piliers », la non-prolifération, le désarmement et l’utilisation pacifique de l’énergie atomique.
À ce jour, 190 États ont adhéré au TNP conclu en 1968. Trois pays dotés de l’arme nucléaire, à savoir Israël, l’Inde et le Pakistan, n’y ont pas adhéré tandis que la République populaire démocratique de Corée a annoncé son retrait, en janvier 2003. Si le Traité a été prorogé de manière indéfinie en 1995 un réexamen est prévu tous les cinq ans. La prochaine Conférence d’examen doit se tenir du 26 avril au 21 mai 2010 à New York.
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