CONFÉRENCE DE PRESSE DU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION D’EXPERTS SUR LA RÉFORME DU SYSTÈME MONÉTAIRE ET FINANCIER INTERNATIONAL, M. JOSEPH STIGLITZ
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION D’EXPERTS SUR LA RÉFORME DU SYSTÈME MONÉTAIRE ET FINANCIER INTERNATIONAL, M. JOSEPH STIGLITZ
Pour qu’il y est une sortie de crise, il faut que la reprise concerne à la fois les pays développés et en développement. C’est ce qu’a notamment considéré, aujourd’hui, le Président de la Commission d’experts du Président de l’Assemblée générale sur la réforme du système monétaire et financier international, M. Joseph Stiglitz, lors d’une conférence de presse au Siège, à New York.
Le lauréat 2001 du prix Nobel d’économie, qui avait présenté plus tôt les recommandations de la Commission à l’Assemblée générale,* a souligné à plusieurs reprises la nature globale de la crise et la nécessité d’en minimiser les répercussions dans les pays en développement grâce à des instruments de régulation « eux-mêmes globaux et adaptés à l’ampleur du défi ».
Il a salué à ce sujet la facilité de crédit instaurée par le Fonds monétaire international (FMI) pour doubler le montant de l’allocation des droits de tirage spéciaux (DST) en direction des pays les plus touchés, lesquels, par ce biais, pourraient recevoir rapidement près de 43 milliards de dollars.
L’autre recommandation de la Commission sur laquelle M. Stiglitz a insisté porte sur la création d’un nouveau système mondial de réserve visant à rendre l’économie « plus stable et plus juste ». Il a précisé qu’un tel système contribuerait à atténuer les risques d’effondrement des valeurs dus aux fluctuations brutales du dollar, qui ne peut plus être considéré comme une monnaie refuge.
C’est un paradoxe, mais la crise actuelle, par sa gravité même, ouvre des perspectives considérables en matière de refonte systémique, perspectives qui étaient encore inconcevables il y a quelques mois, a noté Joseph Stiglitz. Selon lui, la crise redonne à des principes keynésiens presque centenaires une nouvelle jeunesse, si l’on entend par là la nécessité vitale de revenir expressément aux fondamentaux économiques.
Il est tout de même frappant qu’une crise pareille trouve ses racines dans une succession de phénomènes déclenchés par des erreurs de jugement et des décisions prises en dépit du bon sens, a encore dit M. Stiglitz. Il a cité à ce propos la mauvaise gestion de la crise asiatique de 1997, « où l’épargne accumulée n’avait finalement pu être allouée qu’à des investissements dans des produits financiers qui se sont avérés peu sûrs », ou encore les modes de consommation américains, « par lesquels on est incité à dépenser l’argent que l’on n’a pas ».
Joseph Stiglitz a reconnu l’intérêt que porte la Commission à la finance islamique. Tout d’abord, a-t-il lancé, la Malaisie est le pays d’Asie du Sud-Est qui, à l’époque, a su le mieux gérer, et de façon éthique, la crise économique asiatique.
Il semblerait que la finance islamique ait gardé à l’esprit que pour qu’un système financier puisse fonctionner, il lui faut, à sa base, des liquidités réelles, a plaisanté l’économiste américain.
Le Président de la Commission d’experts s’est ensuite appesanti sur la nécessité d’établir une autorité mondiale de régulation financière qui rendrait compte à un conseil mondial de coordination économique, travaillant sous les auspices de l’ONU. Ces deux nouveaux organes répondraient notamment au souhait du Président de l’Assemblée générale de proposer une alternative plus démocratique à la gouvernance restreinte du G-20, a-t-il dit.
Selon M. Stiglitz, l’autorité en question, d’une portée supérieure à celle de l’actuel Forum de stabilité financière, aurait pour fonctions de superviser la stabilité financière mondiale, d’harmoniser les réglementations et de prévenir le risque d’expansion excessive des multinationales dont le poids menace à terme la concurrence ou en cas de faillite, pose d’énormes problèmes aux États.
Les instruments de la nouvelle architecture financière devront être conçus et administrés de telle sorte, qu’à l’inverse des anciens, ils ne pourront plus être utilisés pour « jouer avec l’argent », a conclu Joseph Stiglitz.
* Voir communiqué AG/10815
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