CONFÉRENCE DE PRESSE À L’OCCASION DU LANCEMENT DU « RAPPORT MONDIAL SUR LA MISE EN VALEUR DES RESSOURCES EN EAU » DE L’UNESCO
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CONFÉRENCE DE PRESSE À L’OCCASION DU LANCEMENT DU « RAPPORT MONDIAL
SUR LA MISE EN VALEUR DES RESSOURCES EN EAU » DE L’UNESCO
Les crises multiples qui touchent une majorité des pays du monde auront toutes un impact direct sur les ressources en eau de la planète, ont prévenu ce matin William Cosgrove et Richard Connor, venus présenter à la presse et au grand public le « Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau » de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Ce rapport, dont c’est la troisième édition, fera l’objet d’un lancement officiel lors du cinquième Forum mondial de l’eau qui se tiendra à Istanbul, en Turquie, du 16 au 22 mars. Publié tous les trois ans, il présente une évaluation complète des ressources en eau douce de la planète. Cette nouvelle édition, intitulée « L’eau dans un monde qui change », insiste notamment sur le rôle joué par cette précieuse ressource dans le développement et la croissance économique.
Dans un contexte marqué par des pénuries croissantes et une demande en hausse, de nombreux pays ont déjà pris des mesures pour protéger leurs ressources en eau, ont relevé MM. Cosgrove et Connor. Mais, constate le rapport, les réformes entreprises n’ont guère porté leurs fruits jusqu’ici, car les actions menées restent trop souvent cantonnées au seul secteur de l’eau.
Or, pour être efficaces, ont expliqué les auteurs du rapport, ces réformes devraient aussi impliquer les décideurs dans des domaines tels que l’agriculture, l’énergie, le commerce ou la finance, qui ont un impact déterminant sur la gestion de l’eau. Le rapport met aussi l’accent sur l’importance des partenariats entre gouvernements, secteur privé et société civile.
Premier constat dressé par les auteurs du rapport: l’accès aux services de base liés à l’eau (eau potable, assainissement et production alimentaire) demeure insuffisant pour une large part du monde en développement. On estime à plus de cinq milliards, soit 67% de la population mondiale, le nombre de personnes qui ne disposeront pas d’un accès à des installations sanitaires décentes en 2030, a indiqué William Cosgrove.
Dans ce contexte, la perspective d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) relatifs à l’eau et à l’assainissement d’ici à 2015 est à la fois « prometteuse et alarmante », ont prévenu les deux experts. Celui concernant l’eau potable est en bonne voie, sauf en Afrique subsaharienne, où 340 millions d’Africains ne bénéficient pas d’un accès à une eau potable salubre, est-il souligné dans le rapport.
En revanche, l’OMD relatif à l’assainissement est encore hors d’atteinte, puisque près de 500 millions de personnes n’ont pas accès à des installations sanitaires décentes en Afrique, parmi bien d’autres régions qui sont également en retard dans ce domaine.
En outre, tandis qu’une partie de la population reste privée d’un accès satisfaisant à l’eau, la demande pour cette ressource n’a jamais été aussi forte, a fait observer M. Cosgrove. Les prélèvements d’eau douce ont en effet triplé depuis 50 ans, et les zones irriguées ont doublé pendant la même période. Ce phénomène de fond est notamment lié à la croissance de la population mondiale. Atteignant aujourd’hui 6,6 milliards d’individus, elle augmente de près de 80 millions de personnes chaque année, ce qui se traduit par une demande supplémentaire en eau de 64 milliards de mètres cube par an, a indiqué M. Cosgrove.
Or, 90% des trois milliards de personnes supplémentaires qui viendront grossir la population du globe d’ici à 2050 vivront dans des pays en développement, un très grand nombre d’entre elles dans des régions où la population actuelle ne dispose déjà que d’un accès restreint à l’eau. M. Connor a expliqué que de la capacité de la Chine à réduire ses émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère dépendra de celle de la communauté internationale à faciliter la réalisation des OMD.
L’évolution des modes de consommation dans les pays en développement, la production de biocarburants, les besoins énergétiques de plus en plus accrus, et les effets du changement climatique exercent autant de pressions sur les ressources en eau disponibles, cet état de choses exigeant donc que l’on agisse très rapidement, ont prévenu les deux intervenants.
Pour les auteurs du rapport, il est absolument indispensable d’investir dans les infrastructures relatives à l’eau et à l’assainissement. Les pays en développement déjà touchés par les crises rencontrent des difficultés de financement. Étant donné que les pays riches ne sont pas les seuls à devoir investir dans le secteur de l’eau, a fait observer M. Connor, il faut donc augmenter la part de l’aide publique au développement (APD) allouée au secteur de l’eau, qui ne représente actuellement que 5% de l’APD actuelle, afin de permettre aux pays encore défavorisés de procéder eux aussi aux investissements nécessaires dans le domaine de l’eau et de l’assainissement.
« Les défis à relever sont considérables, mais une gestion non viable et un accès inéquitable aux ressources en eau conduiront le monde à l’impasse », ont prévenu les deux panélistes. Le coût de l’inaction sera plus élevé que celui de l’action, ont encore souligné les auteurs du rapport, qui ont invité les dirigeants du monde entier à travailler main dans la main pour veiller à ce que l’eau, élément fondamental d’un développement socioéconomique harmonieux, soit disponible pour tous.
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