CONFÉRENCE DE PRESSE DE PERSONNALITÉS FÉMININES AFRICAINES SUR LA NÉCESSITÉ DE FAIRE USAGE DE LA SEXOSPÉCIFICITÉ POUR FAIRE FACE AUX CRISES EN AFRIQUE
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE PERSONNALITÉS FÉMININES AFRICAINES SUR LA NÉCESSITÉ DE FAIRE USAGE DE LA SEXOSPÉCIFICITÉ POUR FAIRE FACE AUX CRISES EN AFRIQUE
Des personnalités et spécialistes africaines de la cause des femmes ont appelé aujourd’hui la communauté internationale à promouvoir des plans et programmes orientés vers la promotion de la sexospécificité, afin d’aider les femmes à faire face aux crises économique, alimentaire et climatique, qui affectent actuellement le monde, en Afrique.
Les femmes doivent gérer les conséquences de ces crises dans toutes les régions du monde, mais ces défis sont encore plus grands dans les pays en développement, et en particulier en Afrique, a déclaré Mme Isatou Njie Saidy, Vice-Présidente de la Gambie, au cours d’une conférence de presse organisée au Siège des Nations Unies à New York.
Tenue en parallèle aux travaux de la cinquante-troisième session de 2009 de la Commission de la condition de la femme, qui se déroule en ce moment à New York, cette conférence de presse réunissait également Mme Litha Musiyimi-Ogana, Directrice du Département femmes, genre et développement de la Commission de l’Union africaine, et Mme Houda Mejri, du Centre africain pour l’égalité entre les sexes et le développement social de la Commission économique pour l’Afrique.
Les trois panélistes ont abordé les questions de la violence à l’égard des femmes, du financement de la promotion de l’égalité des sexes, et des collectes de données sur les meilleures pratiques et sur le contrôle de l’efficacité des programmes en faveur des femmes.
Dressant l’état des effets négatifs des crises mondiales actuelles sur l’Afrique, la Vice-Présidente de la Gambie a notamment évoqué la situation dans laquelle se trouve le secteur du tourisme, dans la mesure où les touristes en provenance des pays développés se font moins nombreux, affectant ainsi les revenus des travailleurs dans ce domaine. De même, a-t-elle ajouté, du fait de la crise financière, les investissements étrangers en Afrique vont diminuer.
La crise alimentaire a également un impact sur la production agricole en Afrique, ce qui est particulièrement défavorable aux femmes, car celles-ci représentent environ 60% des agriculteurs africains, a noté Mme Isatou Njie Saidy. Pour briser certaines habitudes encore en cours dans les sociétés traditionnelles africaines, nous devons aider les femmes à pouvoir mettre en valeur le mieux possible les terres, a plaidé la Vice-Présidente gambienne, en invitant la communauté internationale à accorder à ce secteur d’activités féminines les ressources financières et technologiques qui lui font souvent défaut. De leur côté, les gouvernements africains doivent s’attaquer à mettre notamment en place de meilleures lois foncières, a-t-elle ajouté.
En ce qui concerne les changements climatiques, l’Afrique paie le prix de ce dont elle n’est pas responsable, a dit Mme Saidy en rappelant que le continent a très peu contribué aux émissions de gaz à effet de serre qui menacent aujourd’hui le climat de la planète. L’Afrique n’est responsable que de 2% des émissions mondiales de gaz polluants, a-t-elle indiqué, en soulignant que les effets des changements climatiques sur l’agriculture sont surtout ressentis par les femmes.
De son côté, Mme Litha Musiyimi-Ogana a abordé la question de la violence dont sont victimes de nombreuses femmes africaines, malgré les lois adoptées en la matière. En effet, si l’Afrique est le continent qui a le plus grand nombre de lois contre la violence à l’égard des femmes, la pauvreté dont souffrent de nombreuses populations a pour effet d’y augmenter cette violence, a-t-elle déploré. Ce n’est cependant pas une question spécifique à la culture africaine, a tenu à souligner l’experte. Elle a parlé notamment de la violence institutionnelle, qui existe partout, et qui est celle qui tend à exclure les femmes et à les empêcher d’avoir voix au chapitre quand il faut prendre des décisions.
Mme Musiyimi-Ogana a donné des détails sur une campagne de lutte contre la violence à l’égard des femmes, lancée sous les auspices de l’ONU en 1998 et menée en Afrique par l’UNIFEM. Les leçons qui en ont été tirées en 10 ans ont été que la campagne est trop fragmentée et qu’elle doit être plus cohérente, a-t-elle préconisé. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les gouvernements, a-t-elle précisé, mais en dernier lieu, ce sont eux qui ont la responsabilité de lutter contre la violence faite aux femmes, a-t-elle estimé.
Mme Musiyimi-Ogana a expliqué que, dans le cadre de cette campagne, l’UNIFEM coordonne les actions entre les différents départements et institutions des Nations Unies, citant notamment l’UNICEF, le Département des opérations de maintien de la paix, l’Organisation mondiale de la santé ou encore le Programme des Nations Unies pour le développement. Elle a aussi évoqué l’existence d’un groupe de travail interinstitutions qui travaille sur cette question.
Cela fait bientôt 15 ans que la Déclaration de Beijing a été adoptée, a rappelé Mme Micheline Ravoronalisa, Directrice pour la région Afrique du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), qui intervenait comme modératrice de la conférence de presse. Tous les cinq ans, nous faisons le point de l’application des recommandations de la Conférence de Beijing, tenue en 1995, a expliqué Mme Houda Mejri, par le biais des commissions régionales. En ce qui la concerne, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) assure la coordination de la mise en œuvre des recommandations de Beijing avec des organisations sœurs, comme l’Union africaine, la Banque africaine de développement et l’UNIFEM, a-t-elle indiqué.
La CEA a aussi mis au point un questionnaire qui a été envoyé à ses 53 États membres, a ajouté Mme Mejri. Les réponses obtenues, avec les rapports nationaux que ces États devront établir, vont permettre de rédiger un rapport qui sera soumis à la Division de la promotion de la femme des Nations Unies (DAW). En outre, la CEA a élaboré une base de données et un réseau sur Internet (African Network for Gender machineries) qui sont destinés à faire circuler les informations sur les progrès accomplis dans un pays ou une sous-région donnée. Il est prévu en octobre 2009 d’examiner le rapport d’évaluation régionale et de le soumettre au DAW pour un examen à l’échelle globale, a dit Mme Mejri. Cette évaluation devra concerner plusieurs domaines de préoccupation, comme la budgétisation des mesures en matière de sexospécificité, a-t-elle précisé. En Afrique, ces budgets sont devenus une nécessité, mais nous n’avons pas la bonne méthodologie pour les établir, a souligné Mme Mejri, qui a ensuite parlé de la formation qu’apporte la CEA aux pays africains.
Interrogée sur le cas d’une jeune somalienne qui a été violée et qui, de ce fait, a été lapidée à mort, Mme Musiyimi-Ogana a répondu que le Protocole additionnel à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes aurait pu être utilisé pour lancer une action dans ce cas particulier. En effet, il est prévu qu’une organisation de la société civile peut agir en justice au nom d’une femme, a-t-elle expliqué. Si un gouvernement est responsable de l’application de la loi, il appartient de l’autre coté aux individus d’en demander l’application, conformément à ce protocole, a rappelé l’experte. Mme Musiyimi-Ogana a dénoncé à cet égard le silence du mouvement des femmes, et leur a reproché de ne pas savoir utiliser les voies qui leur sont offertes pour obtenir justice.
Pour faire appliquer par les États les conventions internationales sur les droits des femmes, il existe le mécanisme de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), a ajouté Mme Musiyimi-Ogana. Intervenant à ce propos, la Vice-Présidente de la Gambie a ajouté que les gouvernements travaillent avec les ONG, celles-ci participant à la rédaction des rapports à la CEDAW. Mais il est difficile de faire en sorte que toutes les femmes connaissent leurs droits, notamment à cause de la nécessité de traduire les documents pertinents dans les langues locales et du taux élevé d’analphabétisme chez les femmes, a regretté Mme Saidy.
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