CONFÉRENCE DE PRESSE DE CARLOS CASTRESANA FERNÁNDEZ, CHEF DE LA COMMISSION INTERNATIONALE CONTRE L’IMPUNITÉ AU GUATEMALA (CICIG)
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE CARLOS CASTRESANA FERNÁNDEZ, CHEF DE LA COMMISSION INTERNATIONALE CONTRE L’IMPUNITÉ AU GUATEMALA (CICIG)
Le Chef de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) a décrit aujourd’hui aux médias le travail de sa Commission, opérationnelle depuis un an, et les obstacles auxquels elle fait face dans l’exercice de son mandat.
Au cours d’une conférence de presse donnée au Siège de l’ONU, à New York, Carlos Castresana Fernández a expliqué que, née d’un accord signé en 2007 entre les Nations Unies et le Guatemala, la Commission a pour mandat de mener des enquêtes indépendantes et de démanteler les réseaux criminels.
La CICIG diffère toutefois des Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie, le Rwanda et la Sierra Leone en ce qu’elle travaille au sein du système judiciaire national et en coopération étroite avec le Bureau du Procureur général et la Police nationale.
Ce faisant, elle contribue non seulement à faire comparaitre en justice les criminels notoires mais aussi à renforcer le système judiciaire national et prouver qu’il peut fonctionner.
Carlos Castresana Fernández a rappelé qu’en 1996, la fin d’un conflit de 36 ans au Guatemala a été sanctionnée par un accord de paix prévoyant notamment le démantèlement des forces de sécurité illégales et clandestines qui avaient infiltrées les institutions du pays comme la police, le système judiciaire, la douane et certains ministères.
Le démantèlement de cet appareil d’état parallèle s’étant avéré « impossible », les autorités guatémaltèques se sont tournées vers la communauté internationale. Le Guatemala, a indiqué le Chef de la Commission, reste un pays « d’impunité » où 2% seulement des crimes connaissent une issue judiciaire.
En 2008, plus de 1 700 policiers dont 50 cadres ont été renvoyés, a ajouté M. Fernandez, pour illustrer les problèmes « endémiques » de la police locale. Il a aussi signalé qu’à la demande de la Commission, le Président a démis le Procureur général de ses fonctions pour non-coopération avec cette dernière. Dix autres procureurs ont également démissionné.
Sorti d’une histoire dans laquelle l’État était l’un des principaux violateurs des droits de l’homme, le Guatemala est aujourd’hui un État démocratique qui n’a pas les moyens de garantir ces droits, a expliqué le Chef de la Commission. Il ne suffit pas d’avoir des institutions démocratiques, il faut encore qu’elles soient en mesure d’imposer à tous le respect de la loi. Il ne peut y avoir de démocratie sans état de droit a-t-il insisté.
La Commission, a précisé M. Fernández, n’est pas là pour se substituer aux tribunaux nationaux mais pour leur donner les moyens de faire leur travail correctement et en toute sécurité, en offrant, entre autres, des véhicules blindés ou encore la protection des édifices publics.
Au bout de sa première année de travail, elle a pu établir des rapports de confiance avec les autorités nationales et faire un certain nombre de recommandations pour renforcer la législation en place et donner les moyens au pays de s’attaquer aux réseaux criminels.
La Commission a, par exemple, recommandé le recours aux écoutes téléphoniques, la mise en place d’un système efficace de protection des témoins, la création d’une prison de haute sécurité dans la capitale pour les suspects dangereux et le transfert des cas les plus sensibles aux tribunaux de la capitale du Guatemala.
La Commission a demandé la mise en place d’un tribunal spécial à Guatemala pour juger les faits relevant de la grande criminalité nationale et du crime transnational. Dans l’état actuel du système judicaire, il est impossible d’assurer la sécurité des témoins en province, a admis M. Fernández.
Il a rappelé que la Commission est financée par des contributions volontaires de la communauté internationale. À la fin de l’année 2008, elle a reçu une somme de 21 millions de dollars et du personnel qualifié de la part de 17 pays mais aussi de la Commission européenne et de la Fondation Soros.
Quant à l’éventuelle prorogation du mandat de deux ans de la Commission, M. Fernandez a reconnu que l’accord de 2007 prévoit une telle possibilité. En dépit des progrès réalisés depuis janvier 2008, les institutions judiciaires du Guatemala demeurent précaires, une précarité qui menace le pays de devenir une plaque tournante du trafic de stupéfiants, a-t-il averti, en citant comme autres menaces son emplacement géographique et l’importance des réseaux du crime organisé.
Les autorités locales sont conscientes du problème et, en collaboration avec la Commission, elles essaient d’y faire face. Mais, c’est un problème qui concerne la communauté internationale dans son ensemble, a souligné M. Fernández.
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