CONFÉRENCE DE PRESSE À L’OCCASION DE LA COMMÉMORATION DE LA PREMIÈRE JOURNÉE MONDIALE DE LA JUSTICE SOCIALE
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CONFÉRENCE DE PRESSE À L’OCCASION DE LA COMMÉMORATION DE LA PREMIÈRE JOURNÉE MONDIALE DE LA JUSTICE SOCIALE
Il faut repenser les stratégies économiques d’un point de vue des droits de l’homme, a déclaré vendredi Mme Mary Robinson, lors d’une conférence de presse donnée au Siège de l’ONU, à New York, à l’occasion de la commémoration de la première Journée mondiale de la justice sociale.
Outre Mme Robinson, Fondatrice et Présidente de Realizing Rights/Initiative pour la mondialisation de l’éthique, ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et ancienne Présidente de l’Irlande, participaient également à la conférence de presse M. Thomas Pogge, professeur de philosophie et de relations internationales à l’Université de Yale et auteur du livre World Poverty and Human Rights; Mme Georgina Amankwaa, avocate engagée auprès de mouvements syndicaux au Ghana; Mme Desta Raines, de Jones Apparel Group; ainsi que M. Eric Falt, Directeur de la Division de la sensibilisation du public du Département de l’information. La conférence de presse faisait également suite à une table ronde de haut niveau organisée le matin même par le Groupe des relations avec les organisations non gouvernementales (ONG) du Département de l’information, en coopération avec l’Organisation internationale du Travail (OIT), sur le thème de « la justice sociale pour une mondialisation équitable ».
Mme Robinson a jugé bienvenue cette Journée mondiale de la justice sociale qui permet, selon elle, de rappeler les engagements du Sommet de Copenhague sur le développement social de 1995. Depuis cette date, le monde est devenu plus divisé entre les pays qui ont bénéficié de la mondialisation et les autres, mais aussi à l’intérieur des pays, entre les individus qui ont profité de la mondialisation et ceux qui en ont pâti, a-t-elle estimé.
Les économistes mesurent les progrès de manière très étroite, a déclaré Mme Robinson, expliquant que, quand on parle de mondialisation, on parle surtout de mondialisation économique et on ignore de nombreux autres aspects. Des pays qui ont largement contribué à la croissance économique mondiale de la dernière décennie, comme l’Inde et la Chine, et ont dans une certaine mesure réussi à sortir leur population de la pauvreté, l’ont fait au prix de très grandes inégalités intérieures, a-t-elle rappelé.
M. Thomas Pogge a déclaré avoir rencontré, en Chine, des dirigeants qui reconnaissent que la croissance a créé des inégalités considérables dans le pays. Mais, a-t-il expliqué, tout en souhaitant rendre leur peuple plus heureux, ils ajoutent que leur pays est en compétition avec d’autres comme l’Inde ou les États-Unis et qu’ils doivent donc veiller à augmenter leur croissance. Si les choses ont très peu changé en 15 ans et si le nombre de personnes victimes de la faim n’a pas baissé malgré les millions de personnes à travers le monde qui œuvrent en faveur de la justice sociale, a estimé M. Pogge, c’est sans doute parce que les règles internationales qui structurent désormais l’économie de la planète sont fixées par une élite au profit d’une élite, sans beaucoup de considération pour leurs effets sur la pauvreté. M. Pogge a rappelé que le droit en matière de propriété intellectuelle a progressivement évolué de législations nationales très différentes vers une règlementation établie dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou autres institutions. L’une des conséquences est qu’on a placé l’accès aux médicaments les plus avancés hors de portée de la grande majorité des plus pauvres. C’est cela qui doit changer, a-t-il ajouté, et pour y parvenir, il faudrait que les pauvres soient représentés à la table des négociations de ces règles commerciales.
En même temps, M. Pogge a constaté, comme Mme Robinson, qu’il est difficile de donner du pouvoir aux pauvres; puisque s’ils sont pauvres, ils ne disposent pas de pouvoir. Ce sont ceux qui détiennent le pouvoir qui établissent les normes, a-t-il fait remarquer.
Rappelant que les pauvres ne sont nullement responsables de la crise financière et qu’ils avaient été marginalisés par la mondialisation, M. Pogge a estimé que le moins qu’on puisse faire pendant cette crise, c’est de veiller à ce que les plus pauvres ne continuent pas à subir plus cruellement leur sort.
Réaffirmant que les trois grands piliers de la justice sociale sont un travail décent, l’intégration sociale et l’éradication de la pauvreté, Mme Robinson a demandé que les stratégies économiques soient repensées du point de vue des droits de l’homme. « Si nous pouvions progresser sur la voie indiquée par le Sommet de Copenhague de 1995 et intégrer davantage les droits de l’homme dans l’économie, nous pourrions ainsi vivre dans un monde plus sûr, plus juste et où les droits fondamentaux tels que l’accès à la nourriture, à l’eau propre, à la santé et à l’éducation seraient respectés ».
Mme Georgina Amankwaa a pour sa part fait observer que les gens qui travaillent dans le secteur informel -soit 4 milliards de personnes dans le monde- ne connaissent pas la protection sociale ou le dialogue social. « Nous ne devons pas ignorer le secteur informel », a-t-elle ajouté, rappelant qu’« en Afrique, où l’impact de la crise mondiale est très fort, le secteur informel est particulièrement important ».
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