CONFÉRENCE DE PRESSE DE L’AMBASSADEUR MELVYN LEVITSKY, MEMBRE DE L’ORGANE INTERNATIONAL DE CONTRÔLE DES STUPÉFIANTS
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE L’AMBASSADEUR MELVYN LEVITSKY, MEMBRE DE L’ORGANE INTERNATIONAL DE CONTRÔLE DES STUPÉFIANTS
Durant les 10 dernières années, davantage d’efforts ont été produits au niveau régional, et les organisations régionales ont manifesté davantage de volonté politique dans la lutte contre l’abus des drogues, a déclaré jeudi l’Ambassadeur Melvyn Levitsky. L’Ambassadeur Levitsky, qui est membre de l’Organe international de contrôle des stupéfiants, participait à une conférence de presse organisée à l’occasion de la publication du rapport 2008 de l’Organe.
Melvy Levitsky a fait part à la presse des inquiétudes qu’éprouve son organisation face à la tolérance dont jouit la consommation de chanvre indien (marijuana), et face au manque général d’effort en matière de prévention, alors que se développe l’achat de drogues illégales sur Internet.
L’année 2009 marque le centenaire du premier effort international pour contrôler l’usage de drogues et de stupéfiants et lutter contre l’abus de leur consommation, avec notamment la création de la Commission internationale de l’opium, a rappelé l’Ambassadeur Levitsky. Il a également expliqué que l’Organe, composé de 26 membres agissant à titre personnel –dont 13 sont élus par le Conseil économique et social (ECOSOC), trois par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et 10 par des gouvernements, à partir d’experts– est chargé de suivre la mise en œuvre des dispositions des trois principales conventions internationales de lutte contre l’abus des drogues, à savoir: la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, la Convention de 1971 sur les substances psychotropes et la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988.
Parmi les aspects positifs mentionnés dans le rapport, l’Ambassadeur Levitsky a noté l’acceptation « pratiquement universelle » des trois conventions. Ces textes, a-t-il ajouté, forment la constitution régissant la manière dont les États mettent en œuvre leurs obligations en matière de contrôle des drogues.
Lors des 10 dernières années, on a pu noter davantage d’efforts entrepris au plan régional, et davantage de volonté politique dans la lutte contre l’abus des drogues de la part des organisations régionales, a affirmé l’Ambassadeur Levitsky. Il a notamment cité, à cet égard, les efforts menés par plusieurs organisations d’Amérique latine, ainsi que par l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), ou encore par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il a également évoqué, pour s’en féliciter, la coopération entre le Mexique, les États-Unis et le Canada, en Amérique du Nord. En Asie du Sud-Est, s’est-il félicité, la production d’opium et d’héroïne a nettement diminué et a même pratiquement disparu de pays comme la République démocratique populaire lao et la Thaïlande. Quant aux États-Unis, le plus grand marché national de drogues au monde, la consommation par les jeunes y a, semble-t-il, assez nettement baissé, a ajouté M. Levitsky.
Celui-ci a aussi relevé divers aspects négatifs. Il a estimé que la tolérance croissante des autorités envers la consommation de chanvre indien (marijuana), la dépénalisation de l’usage de cette drogue dans certains pays, ou encore son usage à des fins prétendument « médicales », étaient condamnables. De même, il a jugé contraires aux conventions dont l’Organe assure le suivi, des pratiques telles que la création de salles de consommation de drogues par inhalation ou par injection, présentées comme des moyens de « limiter » les dommages provoqués par la consommation illégale de drogues. Certaines pratiques seraient acceptables si elles faisaient partie de programmes qui soient scientifiques et qui aient pour but de mettre fin aux abus de drogues. Mais ces pratiques sont inacceptables quand on constate qu’elles contribuent à la perpétuation des usages abusifs de drogues, a relevé Melvin Levitsky.
Il s’est également inquiété de la vente illégale de drogues via l’Internet, où des personnes de tous âges peuvent consulter des individus qui se prétendent médecins et qui leur prescrivent, officiellement à titre médical, des drogues qui sont ensuite envoyées aux clients par courrier postal. Il devrait être possible de contrôler ce genre de pratiques sur l’Internet, tout en respectant la liberté de l’information, un peu comme ce qui se fait en matière de lutte contre la pornographie infantile, a estimé M. Levitsky.
Dans le domaine de la production de drogues, l’Ambassadeur a rappelé que le rapport 2008 de l’Organe international de contrôle des stupéfiants signale qu’une baisse d’environ 19% des récoltes a été observée en 2007 dans les zones de culture du pavot à opium en Afghanistan, et il a rappelé que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNUDC) a estimé à 6% la baisse de la production dans ce pays. Expliquant que les États considèrent en général que ce n’est pas aux militaires qu’il incombe de détruire les cultures de pavot, il a rappelé que l’on pouvait inciter les paysans à pratiquer non seulement d’autres cultures, mais aussi d’autres activités génératrices de revenus. M. Levitsky a aussi rappelé que la culture du pavot en Afghanistan génère un problème régional du fait que les pays voisins, qui servent de zones de transit, sont également affectés par une forte hausse de la consommation de drogues tirées du pavot à opium. Ainsi, la République islamique d’Iran a la plus forte proportion d’héroïnomanes au monde, avec plus de 3 millions de drogués, a fait remarquer M. Levitsky. Il a enfin rappelé que l’Afghanistan importe, en particulier de la Chine, des quantités anormalement importantes de précurseurs chimiques utilisés pour la transformation de l’opium en héroïne.
L’Ambassadeur a aussi mentionné la forte hausse du trafic de drogues dans la région de l’Afrique de l’Ouest, par laquelle transitent désormais 27% de la cocaïne d’origine sud-américaine, destinée aux marchés européens. Dans cette région se pose le problème de la hausse de la consommation liée au trafic, mais aussi celui de l’affaiblissement, par le biais notamment de la corruption, des institutions nationales, déjà faibles, dont la communauté internationale essaie de soutenir le renforcement. M. Levitsky s’est enfin inquiété de l’utilisation illégale ou abusive de médicaments, dûment transformés en drogues légales, ce qui est devenu, selon lui, un des plus importants problèmes à résoudre aux États-Unis.
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