BAN KI-MOON PROPOSE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ UNE RECONFIGURATION DE LA PRÉSENCE INTERNATIONALE CIVILE AU KOSOVO
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BAN KI-MOON PROPOSE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ UNE RECONFIGURATION DE LA PRÉSENCE INTERNATIONALE CIVILE AU KOSOVO
On trouvera ci-après le texte de la déclaration d’ouverture faite par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, lors du débat du Conseil de sécurité sur le Kosovo à New York, le vendredi 20 juin:
Je tiens d’abord à remercier le Conseil de sécurité de cette occasion qu’il me donne de lui exposer mon évaluation de la situation au Kosovo et mon idée sur la voie à suivre concernant la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) en tant que présence civile internationale au Kosovo. Avant de poursuivre, je salue la présence parmi nous aujourd’hui de S. E. M. Boris Tadić de la Serbie, et de S. E. M. Fatmir Sejdiu, du Kosovo.
Les défis qui se dressent devant nous sont énormes. En presque 40 ans de vie diplomatique, je n’ai jamais été face à un problème qui cause autant d’acrimonie, un problème aussi délicat et inextricable que celui du Kosovo. D’un point de vue juridique, politique et moral, c’est une situation d’une complexité et d’une sensibilité énormes qui requiert que l’on fasse montre d’une objectivité et d’un sens de la mesure extraordinaires. La déclaration d’indépendance en février, les violences aux postes de douane et à Mitrovica, les élections organisées par les Serbes, la promulgation à Pristina d’une nouvelle constitution – tous ces faits nouveaux, et bien d’autres encore avant, ont été contestés farouchement par les communautés et par leurs partisans à l’étranger, et ont changé en profondeur l’environnement dans lequel nous fonctionnons.
En venant au Conseil aujourd’hui pour entendre et recueillir ses directives, je suis conscient que le plan que j’ai préparé est un effort bien modeste face à ces faits nouveaux pour tenter de trouver un modus vivendi pour éviter au Kosovo de sombrer dans un nouveau conflit. Pour beaucoup, cela ne pourrait ne pas être entièrement satisfaisant, parce que ne répondant pas aux attentes d’aucune des principales parties prenantes. Il ne s’agit pas en effet d’une solution ou le vainqueur emporte toute la mise. Cependant, personnellement, après avoir mené des consultations ouvertes avec toutes les parties concernées au cours des derniers mois, je suis arrivé à la conclusion que le train de propositions constitue la voie à suivre la moins contestable. Je l’ai présenté au Conseil conscient du besoin de préserver et de sauvegarder la crédibilité et l’efficacité de l’ONU, dans l’intérêt de tous ses Membres.
Si ce plan renferme de la sagesse, je dois également remercier le Conseil: j’ai bénéficié dans une large mesure de mes vastes consultations avec vous et vos ministres au cours de l’élaboration du plan. En fait, j’ai mené des consultations avec tous les membres du Conseil, ainsi qu’avec les parties et les autres acteurs, y compris les dirigeants présents ici aujourd’hui. J’ai apprécié leur flexibilité et admiré leur intelligence politique. Je me suis largement inspiré de leurs idées. Mon Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a également bénéficié de consultations à Pristina et Belgrade. Cela a été enrichi par les contacts journaliers avec mes représentants sur le terrain et par le travail des hommes et des femmes de la MINUK.
Le rapport (S/2008/354) présenté au Conseil expose l’évolution récente de la situation au Kosovo. Comme le Conseil le sait, suite à la déclaration d’indépendance par les représentants du Kosovo, le 17 février de cette année, certains États Membres ont reconnu le Kosovo comme État souverain et indépendant, et d’autres ne l’ont pas fait. Les divergences au sein de la communauté internationale ont compliqué davantage les choses. J’ai pris note de la position de la République de Serbie telle qu’elle m’a été exposée par le Président Tadić.
Consciente des divisions au sein de la communauté internationale, l’ONU a adopté une position de stricte neutralité sur la question du statut du Kosovo. La MINUK opère dans le cadre de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité, qui constitue le cadre juridique de son mandat et qui reste en vigueur jusqu’à ce que le Conseil de sécurité en décide autrement. Comme je l’ai déjà indiqué au Conseil, la MINUK a continué à opérer et à s’acquitter de son mandat à la lumière de l’évolution de la situation, en dépit de la difficulté de la tâche. Tel est le fondement de mon plan.
Après la déclaration d’indépendance du Kosovo, la capacité de la MINUK de continuer à fonctionner comme avant est sérieusement compromise. La Constitution, promulguée par les autorités du Kosovo, est entrée en vigueur le 15 juin. Cette constitution n’envisage pas de véritable rôle pour la MINUK. Les nouvelles autorités voudraient assumer les pouvoirs conférés au Représentant spécial du Secrétaire général. De l’autre côté, la communauté serbe du Kosovo a rejeté massivement la nouvelle Constitution et les nouvelles lois émanant de Pristina. Ils ont poursuivi leur boycott des institutions de Pristina et, alors qu’ils avaient décidé de continuer à appliquer les lois de la MINUK, ils se sont opposés – parfois violemment – à toute tentative de les placer sous l’égide des nouveaux arrangements à Pristina.
Tout cela contribue à une situation radicalement différente au Kosovo. Mon évaluation est que, pris ensemble, tous ces faits nouveaux ont créé une réalité résolument nouvelle dans laquelle la MINUK n’est plus capable d’exécuter aussi efficacement que par le passé la majorité de ses tâches en qualité d’administration intérimaire. Il faut en tenir compte comme une réalité de la vie.
Compte tenu des faits nouveaux survenus récemment, le rapport souligne que j’ai l’intention de modifier les aspects opérationnels de la présence civile internationale au Kosovo et de transformer le profil et la structure de la MINUK. Je ne vais pas revenir sur les détails du plan; il est plus important pour moi d’entendre les réactions des participants. Je vais simplement faire remarquer qu’une MINUK reconfigurée et restructurée continuera à exercer un certain nombre de fonctions. Celles-ci comprennent, de manière significative, des fonctions liées au dialogue sur la mise en œuvre de dispositions dans six domaines énoncés dans ma lettre au Président Tadić : la police, les tribunaux, les douanes, le transport et les infrastructures, les frontières et le patrimoine serbe.
Je considère que ce dialogue, qui a été initié par mon Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et qui sera poursuivi par mon Représentant spécial en collaboration étroite avec les autorités du Kosovo et avec les acteurs pertinents, revêt une importance fondamentale pour toutes les communautés du Kosovo. Je me tourne vers le Conseil de sécurité et vers la communauté internationale dans son ensemble pour qu’ils appuient les efforts du Représentant spécial pour faire avancer ce dialogue.
Comme le Conseil de sécurité le sait, l’Union européenne s’est dit prête à jouer un rôle opérationnel renforcé au Kosovo dans le domaine de l’état de droit, et a mis en place des mesures en ce sens. Je pense que ce rôle accru serait dans l’intérêt de l’ONU et de la communauté internationale dans son ensemble. Je prends également note de l’aspiration des membres de toutes les communautés de la région de vivre en association plus étroite avec la famille européenne des nations. Comme je l’ai indiqué dans mon rapport, l’Union européenne va donc assumer des responsabilités opérationnelles croissantes dans les domaines de la police et de la justice internationales et des douanes au Kosovo dans le cadre d’une MINUK reconfigurée, conformément au mandat établi par la résolution 1244 (1999), et sous l’égide d’une d’instance dirigée par mon Représentant spécial.
Neuf années après la création de la MINUK, la situation au Kosovo a considérablement évolué. Sous l’administration intérimaire des Nations Unies, le Kosovo a réalisé des progrès notables en passant du conflit à la paix, en créant et consolidant des institutions de gouvernance démocratique et en jetant les bases d’une économie viable. Tout n’a pas été accompli, mais nous avons beaucoup progressé et nous devons veiller à ne pas perdre ce que nous avons acquis après tant d’efforts du fait de l’évolution récente de la situation. Nous devons faire évoluer notre présence pour être en mesure de préserver les réalisations antérieures et nous en inspirer.
La tâche sera difficile. Pour diriger cette nouvelle phase de la mission, j’ai l’intention de nommer M. Lamberto Zannier, d’Italie, mon représentant spécial. Il aidera à concrétiser la vision que j’ai présentée dans mon rapport et à diriger une nouvelle phase de dialogue, et il adoptera une approche parfaitement équilibrée.
Le remaniement de la MINUK que j’ai présenté au Conseil de sécurité vise à préserver et à consolider les acquis obtenus au cours d’une période tumultueuse et à jeter les bases de nouveaux progrès au Kosovo dans le cadre de la résolution 1244 (1999). Ce faisant, je cherche avant tout à assurer la stabilité globale du Kosovo, à protéger et promouvoir les intérêts de toutes ses communautés et à maintenir la paix et la sécurité internationale au Kosovo et dans la région tout entière.
Je saisis cette occasion pour exprimer une fois de plus ma vive reconnaissance aux membres du Conseil et aux dirigeants des parties concernées pour leur appui précieux et leur compréhension dans l’intérêt le plus large de la paix et de la sécurité dans la région.
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