2008 SERA CRUCIALE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA COOPÉRATION ENTRE LES NATIONS UNIES ET L’UNION AFRICAINE, DÉCLARE BAN KI-MOON AUX DIRIGEANTS AFRICAINS
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2008 SERA CRUCIALE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA COOPÉRATION ENTRE LES NATIONS UNIES ET L’UNION AFRICAINE, DÉCLARE BAN KI-MOON AUX DIRIGEANTS AFRICAINS
On trouvera ci-après l’allocution prononcée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, au Sommet de l’Union africaine, à Addis-Abeba, le 31 janvier:
C’est un grand honneur pour moi d’être aujourd’hui parmi vous.
Permettez-moi tout d’abord de remercier nos hôtes, le Gouvernement et le peuple éthiopiens, de la générosité de leur accueil. À l’occasion du Millénaire éthiopien cette année, je vous adresse tous mes vœux de paix et de prospérité pour l’avenir.
Je tiens également à exprimer ma gratitude au Président de l’Union africaine, le Président Kufuor, et au Président de la Commission, M. Alpha Oumar Konaré, pour leur dynamisme et la façon remarquable dont ils ont dirigé l’Union en cette période difficile. Merci encore, Président Konaré, pour votre discours plein d’inspiration. C’est pour moi un certain désavantage de m’exprimer après un orateur aussi éloquent et passionné. J’apprécie aussi la participation de M. Yoshiro Mori, ancien Premier Ministre du Japon en tant que haut représentant du Premier Ministre japonais. J’espère que la prochaine réunion de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique sera un grand succès.
Il y a un an, je vous disais que chercher à résoudre les principales difficultés de l’Afrique figurerait au premier rang de mes priorités en tant que Secrétaire général de l’ONU.
Aujourd’hui, un mois après le début de la deuxième année de mon mandat, je suis ici pour rappeler mon engagement à faire progresser l’Afrique.
Pour que l’ONU soit plus efficace, et d’une plus grande utilité pour vous, nous devons tous travailler ensemble, de manière plus stratégique. C’est pourquoi j’accorde une si grande importance au resserrement des liens de coopération entre l’Union africaine et l’ONU. C’est également pourquoi je pense que ce sommet est d’une importance cruciale.
Je dois malheureusement aborder les questions de fond en commençant par évoquer la situation alarmante au Kenya. Plus de 800 personnes ont déjà perdu la vie dans les affrontements de plus en plus souvent interethniques qui ont suivi les récentes élections. Les violences se poursuivent et menacent de prendre une ampleur catastrophique. Il incombe aux dirigeants kényans, le Président Mwai Kibaki, et le chef du Mouvement démocratique orange, Raila Odinga, en particulier, de tout mettre en œuvre pour trouver une solution pacifique aux sources du conflit.
Le Groupe de personnalités éminentes dirigé par mon prédécesseur, Kofi Annan, travaille sans relâche pour aider les parties kényanes à régler les questions qui les divisent et qui sont à l’origine des violences et des effusions de sang actuelles. J’appuie sans réserve les efforts que déploie Kofi Annan; il mérite notre soutien à tous. Et je vous engage tous, en tant que dirigeants africains, à exhorter et à encourager les dirigeants et la population du Kenya à mettre fin à la violence et à régler leurs différends par le dialogue et le respect du processus démocratique.
En attendant, des secours d’urgence accrus doivent être fournis afin d’alléger les souffrances des Kényens affectés par la violence.
Il est essentiel de renforcer les partenariats pour surmonter les obstacles à la paix et à la sécurité sur le continent. L’ONU et l’Union africaine collaborent depuis longtemps et avec succès dans ce domaine.
Il y a un mois, cette collaboration est entrée dans une nouvelle phase historique lorsque l’autorité de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) a été transférée à l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD). Il s’agit d’une opération conjointe sans précédent qui illustre notre volonté partagée de mettre un terme définitif à la tragédie au Darfour.
Nous sommes résolus à consolider les acquis de la MUAS au Darfour. Je rends un hommage particulier à l’Union africaine et je salue le courage des hommes et des femmes de la Mission qui sont intervenus au moment où personne d’autre n’était prêt à le faire. Certains y ont laissé la vie.
Les difficultés à surmonter au Darfour sont considérables et la persistance de l’insécurité présente de grands risques pour les efforts de maintien de la paix. La pleine coopération du Gouvernement soudanais est d’une importance cruciale. Il est également essentiel que la Mission dispose rapidement du matériel névralgique dont elle a besoin, notamment d’hélicoptères et de véhicules de transport lourds.
J’exhorte les pays fournisseurs d’effectifs militaires ou de police rassemblés ici aujourd’hui à hâter les préparatifs et à arriver sur le théâtre des opérations dans les meilleurs délais. La population du Darfour compte sur vous.
En dernière analyse cependant, les résultats qu’obtiendra la MINUAD seront conditionnés par le succès du processus politique qu’elle est chargée d’appuyer et, là également, l’Union africaine et l’ONU travaillent étroitement ensemble pour parvenir à un règlement négocié de la crise au Darfour et pour soutenir le développement économique à long terme de la région.
Si la communauté internationale porte son attention sur le Darfour, il est indispensable d’appuyer également sans réserve le processus de paix plus général au Soudan. L’ONU, avec l’Union africaine et d’autres partenaires, déploie des efforts importants en faveur de l’application de l’Accord de paix global.
J’espère que la collaboration actuelle continuera de marquer nos efforts en vue du règlement d’autres conflits sur le continent, par exemple dans l’est de la République démocratique du Congo, dans le nord de l’Ouganda et en Somalie. Ces efforts reposent sur la volonté politique des États Membres. Ainsi, la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée ne pourra véritablement contribuer à maintenir la stabilité dans la zone frontière entre ces deux pays sans leur coopération et leur bonne volonté, également indispensables au règlement définitif du différend qui les oppose.
Dans une perspective à plus long terme, le Programme décennal de renforcement des capacités de l’Union africaine est devenu un important cadre général pour la coopération entre l’Union africaine et l’ONU dans de nombreux secteurs. Dans ce cadre, nous avons déjà commencé à coordonner l’appui en faveur de l’évolution de l’architecture de la paix et de la sécurité en Afrique. Par ailleurs, nous intensifions nos efforts de médiation et de prévention des conflits.
L’ONU s’efforce également d’assurer un appui plus important aux pays qui sont en transition, passant d’un conflit à une paix durable, comme le Burundi, la Sierra Leone et la Guinée-Bissau, qui sont les trois premiers pays concernés par le programme de la Commission de la consolidation de la paix.
Je me tourne maintenant vers le grand sujet des débats de ce sommet, le développement industriel de l’Afrique. L’industrialisation viable peut et doit jouer un rôle dans la promotion du progrès socioéconomique en Afrique. Il y a de multiples raisons d’espérer avec optimisme que la croissance se poursuivra et que la pauvreté continuera à reculer sur ce continent. Ces cinq dernières années ont vu les pays d’Afrique subsaharienne enregistrer des résultats macroéconomiques impressionnants.
Il y a à l’heure actuelle bien des connaissances techniques, faciles d’accès, permettant d’accroître rapidement la productivité dans nombre de secteurs critiques, de l’agriculture à l’énergie. C’est maintenant qu’il faut encourager l’entreprenariat et les partenariats. C’est maintenant qu’il faut investir dans un avenir meilleur, où les gens aient les moyens d’agir et soient récompensés quand ils ont trouvé des solutions novatrices. C’est maintenant qu’il faut que les pays donateurs honorent leurs engagements d’augmenter l’aide et les annulations de dette.
Mais la croissance des entreprises doit aussi être ancrée dans des pratiques respectueuses des droits de l’homme fondamentaux, garantissant la sûreté et la qualité décente des lieux de travail, protégeant l’environnement et favorables à une bonne gouvernance d’entreprise. Ce sont les principes universels que promeut le Pacte mondial de l’ONU et qu’a consacrés le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Ils garantissent aux milieux d’affaires le rôle qui leur revient dans les initiatives de développement du continent, y compris dans ce que nous faisons pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Alors que nous sommes à mi-parcours de notre grande campagne d’éradication de la pauvreté dans le monde, telle que définie dans les Objectifs du Millénaire, nous savons que l’Afrique subsaharienne appelle un effort spécial. Les objectifs peuvent encore être atteints en Afriquemais uniquement si nous agissons sans attendre.
C’est pourquoi je me suis engagé à consacrer cette année au « milliard d’en bas », à ceux que la majeure partie du monde oublie, près d’un milliard d’êtres humains que la croissance mondiale n’a pas tirés de la misère. Mais vous, vous ne les oubliez pas car, des centaines de millions d’entre eux vivent en Afrique, subsistant péniblement avec moins d’un dollar par jour.
Il est inadmissible que près de 10 millions d’enfants meurent chaque année d’extrême pauvreté. Il est inadmissible que, pour des milliards de personnes, un simple verre d’eau propre soit un luxe. Il est inadmissible que plus d’un million d’êtres humains meurent du paludisme chaque année, en Afrique pour la plupart d’entre eux.
J’ai réuni en septembre dernier le Groupe de travail pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique, pour mobiliser tous les organismes des Nations Unies et leurs partenaires multilatéraux et régionaux, pour activer la réalisation des Objectifs du Millénaire en Afrique.
Par l’intermédiaire du Groupe de travail, nous allons étoffer l’appui international apporté aux gouvernements africains pour la santé, l’éducation, l’agriculture, les infrastructures et les statistiques. Nous nous efforcerons de garantir que l’aide promise depuis longtemps et qui n’ait pas été accordée le soit maintenant et qu’elle soitprévisible, de façon que les gouvernements africains puissent inclure dans leurs plans des investissements plus considérables pour la poursuite des objectifs du Millénaire. Et nous renforcerons l’appui aux institutions multilatérales en vue de la définition et de la mise en œuvre de stratégies nationales de développement. À cette initiative, il faudra un soutien énergique des États d’Afrique, qui devront en assurer eux-mêmes la maîtrise d’œuvre.
Avec le Président de l’Assemblée générale, je vais convoquer en septembre une réunion de haut niveau consacrée aux Objectifs du Millénaire, qui devra définir les moyens de consolider le partenariat entre pays développés et en développement. L’an dernier, nous avons organisé une réunion analogue pour stimuler l’action mondiale sur le changement climatique. Cette année, c’est pour le milliard d’en bas que nous le ferons. Nous avons besoin pour cela de votre plein appui. Je serai heureux aussi de travailler avec vous en septembre pour faire un grand succès de la réunion de haut niveau consacrée au NEPAD.
Alors que nous nous efforçons d’instaurer la paix et de promouvoir le développement partout dans le monde, il nous faut consacrer la même énergie au troisième grand domaine d’action, à savoir les droits de l’homme.
Pour les plus pauvres des pauvres du monde, le progrès économique et social devrait être vu comme un droit inhérent à la condition humaine. Pour pouvoir véritablement lutter contre la pauvreté en Afrique, il nous faut nous attaquer aux pratiques discriminatoires et aux inégalités entre les sexes qui perpétuent la pauvreté. J’ai lancé une campagne mondiale de sensibilisation à l’occasion du soixantième anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Continuons à conjuguer nos efforts et à réfléchir ensemble pour faire de la Déclaration une réalité et pour garantir à chacun la dignité et la justice.
Sur le chemin du Sommet, je me suis rendu au Rwanda, où la communauté internationale a appris une douloureuse leçon. Nous ne devons pas voir se répéter de telles atrocités, je suis entièrement déterminé à maintenir la dynamique que vous, les dirigeants, avez lancée au Sommet mondial de 2005, et ferai tout pour que la responsabilité de protéger devienne réalité concrète.
Nos efforts, aussi importants soient-ils, en faveur de la paix, du développement et des droits de l’homme, ne pourront avoir les résultats escomptés si nous ne prenons pas de mesures efficaces face à la menace que représente le changement climatique.
Qu’il s’agisse de la désertification, de la rareté des ressources en eau ou de la baisse de la productivité agricole, l’Afrique est particulièrement vulnérable. Je suis déterminé à faire en sorte que l’ensemble du système des Nations Unies s’acquitte efficacement des tâches qui lui ont été confiées face au changement climatique, notamment en Afrique.
Le réchauffement de la planète a déjà créé de nouvelles situations d’urgence humanitaire dans de nombreuses régions du continent africain. Il nous faut conjuguer nos efforts, tous conscients de l’urgence, pour relever ce défi qui prime tout.
Les pays d’Afrique deviennent également d’importants donateurs au Programme alimentaire mondial et au Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires. La part des contributions des membres de l’Union africaine au PAM a plus que doublé au cours des deux dernières années. Cette tendance, de même que la générosité de l’Afrique à l’égard des réfugiés et ses très importantes contributions aux opérations de maintien de la paix de l’ONU partout dans le monde, témoigne de la volonté de plus en plus affirmée de ce continent à venir en aide à l’humanité, dans un esprit de solidarité mondiale.
2008 sera une année cruciale pour le développement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine dans la poursuite de nos objectifs communs, qu’il s’agisse de la paix et de la sécurité ou de l’intégration régionale, comme de la promotion des droits de l’homme et du développement. Je suis déterminé, de même que l’ensemble du système des Nations Unies, à travailler plus étroitement avec vous, au profit de nos deux organisations et de nos États Membres mais, aussi et surtout, au profit des Africains.
C’est dans cet esprit que je vous souhaite une réunion productive, couronnée de succès.
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