RÉUNIE POUR DEUX JOURS AU SIÈGE DE L’ONU, L’UNION INTERPARLEMENTAIRE DÉBAT DE LA RESPONSABILITÉ DE PROTÉGER
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Audition Parlementaire Conjointe: ONU-UIP
Matin
RÉUNIE POUR DEUX JOURS AU SIÈGE DE L’ONU, L’UNION INTERPARLEMENTAIRE DÉBAT DE LA RESPONSABILITÉ DE PROTÉGER
La violence sexuelle et les enjeux des opérations de maintien de la paix sont inscrits au menu des discussions qu’auront parlementaires et diplomates
L’Union interparlementaire (UIP) a entamé ce matin, au Siège des Nations Unies à New York, une réunion de deux jours portant sur le maintien de la paix et la prévention des conflits. Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a, à cette occasion, rappelé qu’il s’agissait de « la mission première » assignée à l’Organisation par ses fondateurs.
Les deux thèmes de cette première journée concernaient le concept de la « responsabilité de protéger » et la violence sexuelle contre les femmes et les enfants dans les conflits, ainsi que le rôle qui incombe à cet égard aux Nations Unies. Le Président de l’UIP, M. Theo-Ben Gurirab, qui a rappelé le vote, la semaine dernière, de la résolution de l’Assemblée générale portant sur la collaboration entre l’UIP et l’ONU*, a souligné au passage que les parlements devaient « donner l’exemple » en matière de promotion de la parité entre les sexes, les femmes devant être mieux représentées à l’avenir au sein de l’UIP. Demain, les délégations participant aux travaux de cette réunion de l’UIP consacreront leurs analyses à l’intégration de la notion de sécurité humaine dans les activités des Nations Unies, ainsi qu’aux grands enjeux des opérations de maintien de la paix.
M. Ban Ki-moon a énuméré les quatre éléments clefs susceptibles de permettre à l’ONU de remplir sa mission fondamentale. Pour qu’il y ait maintien de la paix, il faut d’abord qu’il y ait une paix à maintenir, ce qui suppose un processus politique de sortie de conflit marqué par un consensus sur la question de l’intervention de forces de maintien de la paix. Deuxièmement, ces forces de maintien de la paix doivent avoir un mandat clair et réaliste, et disposer de moyens appropriés. Troisièmement, les Casques bleus doivent « éviter de faire partie du problème » dont ils sont censés participer à la résolution en ayant les interactions les « plus délicates qui soient » avec la population locale. Enfin, il convient de continuer d’améliorer le volet opérationnel au sein des Nations Unies afin d’améliorer l’efficacité sur le terrain, a souligné le Secrétaire général. M. Ban a exprimé la crainte que ces conditions de base soient de plus en plus difficiles à réaliser: « Mais, même lorsqu’elles ne sont pas réunies, les Nations Unies ont l’obligation d’agir, l’indifférence n’étant pas une option », a cependant tenu à relever le Secrétaire général.
Pour sa part, le Président de l’Assemblée générale, M. Miguel d’Escoto Brockmann, a indiqué que l’objectif de la collaboration ONU-UIP était de rapprocher les Nations Unies des parlementaires afin de faire en sorte que la connaissance des politiques qui sont menées au niveau national permette de profiter des savoirs acquis de manière collective. Il a estimé que les parlementaires pouvaient apporter un appui très important aux Nations Unies afin que cette Organisation se démocratise elle-même. M. d’Escoto Brockmann a rappelé qu’il avait présenté une série de propositions de changements susceptibles de permettre à l’ONU de retrouver toute son autorité. Avec ses 192 Membres, l’ONU est « l’organe le plus représentatif au monde », a-t-il noté, en estimant néanmoins que plusieurs puissances l’avaient privée de son rôle central. « Mon appel en faveur de sa démocratisation, pour qu’elle retrouve son rôle initial prévu dans la Charte, peut sembler radical », a-t-il dit, « mais notre crédibilité en dépend ».
Lors de la première séance consacrée à la « responsabilité de protéger », le Représentant permanent du Rwanda auprès des Nations Unies, M. Joseph Nsengimana, a mis en parallèle la passivité de la communauté internationale face au génocide des Tutsis en 1994, et la réactivité de celle-ci lors des troubles qu’a récemment connus le Kenya. La crise au Kenya a été prise en mains par la région et par l’ONU, a-t-il constaté: « il y a eu une intervention coordonnée pour rétablir la situation. La médiation s’est faite à temps, empêchant ainsi la situation de dégénérer peut-être en actes de crimes contre l’humanité, voire en génocide ». Concernant la prévention, il a insisté sur le rôle de l’éducation des populations, afin de leur enseigner à respecter la vie d’autrui. Cela doit commencer dès l’école primaire, cela doit aussi concerner l’armée, une armée qui doit se montrer respectueuse des droits de l’homme, a-t-il préconisé. « L’histoire ne doit pas être un éternel recommencement, et nous devons, à travers elle, apprendre », a conclu le représentant du Rwanda qui a rappelé que l’on avait déjà dit « plus jamais ça » après le génocide juif.
Pour sa part, Mme Nicola Reindorp, Directrice d’Advocacy, Global Centre for the Responsibility to Protect, citant les exemples de l’Iraq ou de la Géorgie, a mis en garde contre le risque que des États invoquent indûment la responsabilité de protéger une population afin de justifier des interventions qui, en fait, ne servent que leurs propres intérêts. Inversement, le représentant du Parlement français a mis en garde contre une interprétation trop restrictive ou trop rigide des résolutions relatives à la responsabilité de protéger. Une telle prudence, selon lui, risquerait d’avoir pour conséquence qu’une intervention, pourtant nécessaire, ne pourrait avoir lieu que trop tardivement –après avoir constaté puis vérifié qu’un État ne faisait pas face à ses obligations ou se montrerait incapable de protéger ses citoyens– quand il ne resterait, en fait, plus qu’une chose à faire: compter des cadavres.
* A/63/L.26
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