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ENV/DEV/987

CDD-16: PLUSIEURS ÉTATS RAPPELLENT LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE À SES ENGAGEMENTS FINANCIERS, TECHNIQUES ET POLITIQUES ET L’EXHORTENT À LES TENIR

15/05/2008
Conseil économique et socialENV/DEV/987
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement durable

Seizième session

18e & 19e séances - matin & après-midi


CDD-16: PLUSIEURS ÉTATS RAPPELLENT LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE À SES ENGAGEMENTS FINANCIERS, TECHNIQUES ET POLITIQUES ET L’EXHORTENT À LES TENIR


Les États Membres, dont certains représentés par des ministres, ont poursuivi aujourd’hui leur débat de haut niveau de la seizième session de la Commission du développement durable (CDD-16) intitulé « La voie à suivre ».  Les délégations ont à cette occasion mis un accent particulier sur le respect ou le renouvellement des engagements pris par la communauté internationale pour relever les différents défis qui se posent en matière de promotion du développement durable.


Parce qu’en Afrique, 4 personnes sur 10 vivent avec moins d’un dollar par jour, et n’ont pas accès à l’alimentation, à un logement décent, à l’éducation et à la santé, le représentant de Djibouti, qui s’exprimait au nom du Groupe africain, a affirmé que les solutions à apporter aux défis du développement durable en Afrique passaient par le renouvellement de l’engagement de la communauté internationale à s’y attaquer et à donner effet à une nouvelle vision fondée sur des actions concrètes de mise en œuvre des recommandations du Plan Action 21 en Afrique. 


Djibouti, mais aussi Cuba, ont aussi rappelé à leurs obligations d’engagement les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui avaient promis d’allouer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, dont 0,2% aux pays les moins avancés (PMA).  La Suède ou le Chili ont souhaité, de leur côté, que soit conclu avec succès le Cycle de négociations commerciales de Doha.


À l’instar de celles de la Roumanie ou de la Suisse, d’autres délégations ont plaidé en faveur d’une meilleure synergie entre les trois Conventions de Rio, à savoir: la Convention de l’ONU sur la lutte contre la désertification, la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques et la Convention sur la diversité biologique (CDB). 


À l’instar de la République-Unie de Tanzanie, plusieurs États Membres ont également estimé que la production de biocarburants ne devrait pas se faire au détriment de la sécurité alimentaire et de la protection de l’environnement.  Ils se sont élevés à cet égard contre les investissements qui détourneraient les meilleures terres agricoles des pays en développement vers la production des biocarburants, au lieu de les consacrer aux cultures de denrées alimentaires.


Enfin, comme hier, plusieurs délégations ont mis l’accent sur la nécessité d’intensifier la production agricole pour pouvoir faire face à la crise alimentaire actuelle et satisfaire une demande mondiale en constante augmentation, ceci en concentrant surtout les investissements dans les régions qui n’ont pas connu de « révolution verte » parce que l’agriculture y a été négligée au cours des dernières décennies.


Par ailleurs, le représentant de la Grenade a présenté un projet de décision* rappelant la décision, prise lors de la treizième session de la CDD, de consacrer une journée à l’étude de l’application de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action en faveur du développement durable des petits États insulaires en développement.  Cette journée devrait être consacrée exclusivement à l’examen de la Stratégie, y est-il également souligné.


Les travaux de la Commission avaient été consacrés, dans la matinée, à deux échanges de vues, l’un avec les organismes, les commissions régionales, les institutions spécialisées des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods, et l’autre avec les grands groupes, sur les initiatives et activités qu’ils mènent dans les domaines liés à l’agriculture, au développement rural, à la sécheresse, à la désertification et à l’Afrique.  Les interventions ont également porté sur les moyens collectifs à mettre en œuvre pour répondre à la crise alimentaire émergente.


La Commission du développement durable reprendra ses travaux demain, vendredi, le 16 mai, à 10 heures, par la poursuite de son débat intitulé « La voie à suivre ».


* E/CN.17/2008/L.3



MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2008-2009

a)    Agriculture (E/CN.17/2008/3)

b)    Développement rural (E/CN.17/2008/4)

c)    Sols (E/CN.17/2008/5)

d)    Sécheresse (E/CN.17/2008/6)

e)    Désertification (E/CN.17/2008/7)

f)    Afrique (E/CN.17/2008/8)


Échanges de vues avec les organismes, les commissions régionales et les institutions spécialisées des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods


Les participants à ce dialogue ont pu, ce matin, discuter des initiatives et des activités du système des Nations Unies et d’autres organisations régionales et internationales pertinentes dans les domaines liés à l’agriculture, au développement rural, à la sécheresse, à la désertification et à l’Afrique.  Ils ont en particulier concentré leurs interventions sur les besoins spéciaux de l’Afrique et sur la façon dont leurs organisations peuvent travailler ensemble pour répondre à la crise alimentaire émergente et mettre en œuvre, à court, moyen et long termes, des mesures visant à garantir la sécurité alimentaire, à lutter contre la pauvreté et à assurer le développement durable.


M. MICHEL JARRAUD, Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a constaté que la sécurité alimentaire constituait un problème croissant.  Il n’existe pas de solutions simples au problème, a-t-il dit, soulignant néanmoins la nécessité de se concentrer de manière efficace sur les ressources naturelles et sur l’utilisation saisonnière des prévisions météorologiques.  Il convient de mettre l’accent sur l’information, le renforcement des capacités et les infrastructures des services météorologiques en Afrique, a estimé Michel Jarraud. 


M. ACHIM STEINER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), s’est interrogé sur le fait de savoir pourquoi le monde ne semblait pas prêt à affronter la crise alimentaire.  Pourquoi est-on toujours pris au dépourvu, alors qu’existent les connaissances, des mécanismes d’alerte rapide, les différents rapports du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du PNUE ou de la Banque mondiale? s’est-il interrogé.  Il faut pouvoir être mieux préparé, a-t-il estimé, notant que les modèles du siècle dernier ne pouvaient pas apporter de solutions aux problèmes de sécurité alimentaire qui se posent aujourd’hui. 


M. LUC GNACADJA, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, a affirmé que la Convention était aussi une plate-forme en matière d’adaptation au réchauffement de la planète et d’atténuation des effets des changements climatiques.  Il a rappelé qu’un plan décennal stratégique avait été adopté récemment dans le cadre de la Convention afin de mettre en place une parade en matière de protection des terres et des écosystèmes.  Il est urgent, a-t-il dit, de s’attaquer à la question des sols de manière holistique.  Il convient, selon lui, de mobiliser toutes les instances de l’ONU qui traitent des différents aspects des questions foncières afin de développer des synergies. 


M. ANDREY V. PIROGOV, Sous-Directeur général et Directeur exécutif du Bureau de liaison de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) auprès des Nations Unies, a rappelé que l’OMS avait fait des changements climatiques le thème de la Journée mondiale de la santé.  L’augmentation de la malnutrition survenir dans les pays où de nombreuses parties de la population dépendent des moyens de subsistance que leur offre l’agriculture pluviale, a-t-il expliqué.  Il a indiqué qu’en 2007, l’OMS avait décidé que les changements climatiques étaient prioritaires.  L’OMS est disposée à coopérer avec ses partenaires traditionnels pour s’attaquer à ce problème, a-t-il affirmé.  Il a ajouté que l’actuelle crise alimentaire représentait une menace pour la santé des populations.


Mme JULIA MARTON-LEFÈVRE, Directrice générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (IUCN), a souligné la nécessité de s’attaquer d’urgence aux problèmes de la sécheresse, de la désertification, de la dégradation des sols, de la crise alimentaire et des changements climatiques, tout en maintenant la croissance et en luttant contre la pauvreté.  Le développement durable est à cet égard essentiel, a-t-elle dit.  Il faut un ensemble de solutions qui doivent être choisies avec soin, a-t-elle ajouté.  Selon elle, la réforme de la gouvernance peut, par exemple, donner des résultats lorsque les parties prenantes se rassemblent pour prendre des décisions.  Elle a notamment appelé les États et la société civile à prendre des engagements plus forts dans tous ces domaines, de façon plus créative et intelligente. 


M. PHILIP DOBIE, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné que la communauté internationale n’avait pas réussi à entendre tous les messages provenant des différents systèmes d’alerte rapide existants.  Nous n’avions pas compris que tant de pauvres étaient vulnérables face à une hausse du prix des aliments, a-t-il dit.  Il s’est interrogé sur les moyens à mettre en œuvre pour que les différentes institutions internationales puissent tirer davantage parti des systèmes d’alerte qui existent. 


Mme DEBORAH SAIDY, Directrice du Bureau de liaison de New York du Programme alimentaire mondial (PAM), a estimé que cette crise alimentaire était un appel mondial à l’action.  Elle a ainsi rappelé l’engagement du PAM à promouvoir des solutions durables au défi de la faim.  De même, le PAM est prêt à travailler en partenariat avec d’autres organismes pour aider les gouvernements dans leurs actions visant à atténuer l’impact de la hausse des prix des denrées alimentaires et à aider les ménages pauvres des zones rurales et urbaines à tirer parti des avantages et des opportunités que la demande accrue de biens alimentaires crée pour les petits agriculteurs.


Mme CHERYL MORDEN, Directrice du Bureau de liaison nord-américain du Fonds international de développement agricole (FIDA), a affirmé qu’il convenait de mettre l’accent sur les petits producteurs de denrées alimentaires, qui jouent un rôle crucial, et de répondre aux défis qui se posent aux autochtones, aux femmes et aux jeunes.  En Afrique subsaharienne, les défis sont d’ampleur, a-t-elle dit, notant néanmoins que des conditions étaient propices au développement agricole, comme une plus grande coopération entre les pays africains, une meilleure harmonisation des actions des donateurs et des taux de croissance agricole légèrement plus soutenus que dans d’autres régions.


M. JOSUE DIONE, Commission économique pour l’Afrique (CEA), qui s’exprimait au nom des commissions régionales des Nations Unies, a estimé que les investissements pour l’agriculture nécessitaient une plus grande intégration des différents facteurs plutôt qu’une intensification de la production agricole.  L’intensification de la production agricole pour lutter contre la crise alimentaire constitue un gros problème pour la plupart des pays en développement, a-t-il dit.  Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les dialogues régionaux et interrégionaux ainsi que ceux menés avec les mécanismes de coordination afin de faciliter les échanges de connaissances et de meilleures pratiques.  De même, il convient de renforcer les partenariats entre les secteurs public et privé, notamment en matière de transferts de technologies, et de faciliter le financement du développement rural.


Mme AXUMITE GEBRE-EGZIABHER, Directrice du bureau de New-York du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a affirmé qu’il ne pouvait y avoir de développement durable sans un aménagement correct du territoire.  Elle a notamment indiqué qu’ONU-Habitat soutenait les États Membres qui s’attachaient à renforcer les liens entre le monde rural et le monde urbain. 


Mme KSENIYA LVOVSKY, Réseau des changements climatiques et du développement durable de la Banque mondiale, a indiqué que le groupe de la Banque mondiale travaillait avec les Nations Unies et les agences du système de l’ONU, ainsi qu’avec l’Équipe spéciale sur la crise alimentaire mondiale, récemment établie, et qui coordonne une réponse rapide à ce défi.  Le groupe de la Banque mondiale est prêt à contribuer à cette entreprise en mettant rapidement à disposition ses outils, et à aider à fournir des financements additionnels aux pays qui en ont un besoin urgent, a-t-elle expliqué.  Selon elle, une réponse durable à l’augmentation des prix des denrées alimentaires exige une stratégie à long terme qui intègre notamment les questions des terres, de la gestion de l’eau et des ressources naturelles.


Lors de l’échange qui a suivi, le représentant de la Slovénie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a notamment souligné la nécessité d’adopter une approche intégrée sur les questions abordées par les différentes conventions des Nations Unies, en particulier la Convention sur la lutte contre la désertification et la Convention-cadre sur les changements climatiques.  Le délégué de la Chine a jugé essentiel, pour faire face à la crise alimentaire, de soutenir les pays en difficulté et d’appuyer l’agriculture des pays en développement en leur fournissant une aide financière et technique.  Il faut aussi reconnaître l’importance du développent agricole rural, a-t-il ajouté. 


Le représentant de la France a, en particulier, rappelé que son pays avait décidé de doubler, cette année, le montant de son aide alimentaire pour la porter à 100 millions de dollars l’an.  Il a également plaidé en faveur d’une meilleure coordination entre les différentes institutions.  La représentante de la Namibie a également défendu l’adoption d’une démarche internationale intégrée et holistique pour apporter une aide dans le domaine de la production alimentaire.  De même, elle a souhaité que soient renforcés les mécanismes d’alerte rapide pour mieux lutter contre les effets des changements climatiques.  La déléguée du Sénégal a souligné la nécessité d’un partenariat régional plus soutenu et a estimé qu’il fallait trouver un cadre de synthèse pour définir les priorités les plus urgentes.


Échanges de vues avec les grands groupes


La Commission du développement durable a tenu ce matin une seconde discussion interactive avec les représentants des grands groupes, qui a porté sur le rôle qu’ils jouent dans la mise en œuvre des programmes et sur les obstacles et les défis qu’ils rencontrent dans leurs activités relatives à l’agriculture, au développement rural, aux sols, à la sécheresse, à la désertification et à la promotion du développement durable en Afrique.


La représentante du groupe des femmes a présenté ces dernières comme un groupe potentiellement fort et non pas comme le groupe vulnérable que l’on croit.  Les femmes sont en effet expertes dans la gestion des ressources terrestres et agricoles et devraient donc figurer à ce titre au cœur d’une transformation des structures et des processus de l’ONU en matière de développement agricole.  Il s’agit de donner aux femmes de nouveaux outils, en leur ménageant un accès au crédit et à la formation.  Les mesures d’adaptation aux effets des changements climatiques doivent également s’appuyer sur l’expérience des femmes, a souligné la représentante, rappelant qu’elles en étaient les premières victimes.  Mais des investissements et de la volonté politique sont nécessaires à cet égard.


Les représentantes du groupe des jeunes et des enfants ont souligné l’importance de l’éducation, appelant à de nouvelles perspectives pour sensibiliser les étudiants aux bénéfices que peut leur apporter la formation agricole.  Elles ont exhorté les gouvernements à lancer des actions en faveur des jeunes agriculteurs et à renforcer des partenariats avec les communautés rurales. 


Pour sa part, le représentant des peuples autochtones a déclaré que ceux-ci étaient surreprésentés au sein des populations les plus pauvres.  Les plantations de produits agricoles destinés à la production de biocarburants, notamment, leur posent des problèmes, notamment sur le plan de l’espace démographique dont ils ont besoin, car ils constituent une menace pour leur espace vital.  Les réformes de politique nationale doivent intégrer ces questions, a-t-il relevé.


La représentante des ONG a demandé aux ministres des États Membres présents aux travaux les raisons pour lesquelles leurs gouvernements n’investissaient pas davantage dans une agriculture durable en Afrique, en privilégiant des solutions culturellement viables et en améliorant les élevages et les semences.  Elle a condamné cependant l’usage des organismes génétiquement modifiés (OGM), qui posent selon elle des problèmes, puisque certains gouvernements se servent de la crise actuelle pour introduire ces produits génétiquement modifiés. 


Le représentant des autorités locales a déclaré de son côté qu’avec des investissements ciblés et des décisions basées sur le marché, il serait possible de développer des produits à haute valeur ajoutée.  Il faut encourager des stratégies de partenariats villes-campagnes, qui permettent de développer une agriculture locale profitant à la fois aux zones urbaines et rurales.  Nous voulons aussi une reconnaissance complète du rôle des villes dans les domaines de l’eau et de l’assainissement, et de la production agricole, a ajouté le représentant.


La représentante des travailleurs et des syndicats a demandé que les droits de ceux-ci soient reconnus à la lumière des textes de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et fassent désormais partie de la mise en œuvre des décisions prises par la CDD.  Il y a presque 400 millions de travailleurs agricoles dans le monde, qui sont en particulier des femmes: celles-ci doivent donc être reconnues comme étant au centre des stratégies qui garantiront leur avenir, a dit la représentante.  Elle a également souhaité que le VIH/sida soit considéré comme un problème de santé publique par la CDD lors de ses prochaines sessions.


Le représentant du monde des affaires et de l’industrie a préconisé d’investir dans les nouvelles biotechnologies et la recherche dans des cultures plus résistantes, soutenu sur ce point par son homologue du groupe des communautés scientifiques et technologiques.  Il faut, a-t-il dit, proposer de meilleures formations aux pratiques agricoles au niveau local, établir des régimes fonciers sûrs et faire en sorte que les agricultrices puissent accéder à la propriété.  En conclusion, le représentant du groupe des agriculteurs a déclaré qu’il fallait des partenariats pour surmonter la crise alimentaire mondiale et qu’au premier plan ces partenariats devaient se faire avec les agriculteurs eux-mêmes.  Or, a-t-il affirmé, l’Équipe de haut niveau établie par le Secrétaire général ne représente pas les agriculteurs, ce qui pose la question de la pertinence du système des Nations Unies, a-t-il estimé.


Discussions interactives


De nombreux ministres ont abondé dans le sens de la déclaration du groupe des femmes.  Le représentant de l’Inde a ainsi expliqué que son gouvernement s’efforçait de régler la question de l’intégration par trois moyens: en accordant des droits de propriété aux femmes, en leur donnant une voix politique par l’imposition d’un quota de 33% de sièges réservés aux femmes au sein des conseils d’autorités locales et en leur ménageant un accès aux crédits bancaires.  La représentante de l’Afrique du Sud a déclaré que les femmes devaient participer au développement agricole et à la gestion des ressources hydriques.  La représentante des Pays-Bas s’est déclarée fière de pouvoir dire que les femmes sont, aux Pays-Bas, le fer de lance d’une agriculture durable.  Elle a aussi encouragé les autres États Membres à faire pleinement participer les jeunes à l’élaboration de la prochaine session de la CDD.  La représentante a estimé que le point de départ d’un développement agricole durable était l’investissement dans une combinaison de savoirs locaux et de renforcement des capacités.  Les Pays-Bas s’apprêtent à investir 50 millions de dollars de plus dans ce domaine cette année.  Rappelant l’importance du prochain Cycle de négociations de Doha, elle a affirmé que chacun devait faire davantage pour trouver une solution qui convienne à tous les pays, sous peine de voir 70% des gains de l’agriculture mondiale aller seulement aux pays riches.


Le représentant du Malawi a présenté son pays comme étant le pionnier d’une révolution verte en Afrique.  Pour nous, un grand défi à relever existe cependant: ce sont les services d’extension, a-t-il indiqué.  Il a souhaité savoir, de la part des grands groupes, quelles étaient les options novatrices qui permettraient d’améliorer encore la situation. 


Prenant à son tour la parole, le représentant du Brésil a déclaré que les régimes fonciers destinés aux autochtones du Brésil étaient consacrés dans la Constitution du pays et que des titres de propriétés avaient été accordés à des Indiens et à des descendants d’esclaves.  En outre, a-t-il ajouté, 980 000 emplois ont été créés au Brésil grâce au boom des agrocarburants.  Il a espéré que tous les éléments seraient pris en compte pour que soit engagée une réflexion exempte de préjugés sur la question de ces agrocarburants.  Le représentant de l’Irlande a souhaité que les recommandations émises aujourd’hui informent les options politiques des gouvernements à la veille de la clôture de la CDD.


DÉBAT DE HAUT NIVEAU


Échanges de vues: La voie à suivre (suite)


M. ADOU MOHAMED ALI (Djibouti), qui s’exprimait au nom du Groupe africain, a affirmé que les solutions aux défis du développement durable en Afrique passaient par le renouvellement de l’engagement de la communauté internationale à s’y attaquer et à donner effet à une nouvelle vision fondée sur des actions concrètes en vue de mettre en œuvre les recommandations d’Action 21 en Afrique.  Quatre Africains sur 10 vivent avec moins d’un dollar par jour, sans avoir accès à l’alimentation, à un logement décent, à l’éducation et à la santé, a-t-il rappelé.  Il a demandé que le Cycle de négociations commerciales de Doha aboutisse rapidement et que soit rendue opérationnelle l’Initiative de l’aide pour le commerce.  Il a demandé également des efforts renouvelés et renforcés pour que l’initiative en vue d’alléger la dette soit plus inclusive.  Il a ensuite souhaité que les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) honorent leurs engagements en allouant 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, dont 0,2% aux pays les moins avancés (PMA). 


M. JOSEP PUXEU, Secrétaire d’État à l’agriculture de l’Espagne, a annoncé que, dans un premier temps, son gouvernement avait contribué à hauteur de 133 millions de dollars à la lutte contre la crise actuelle auprès des organisations internationales.  Il a déclaré que la crise alimentaire obligeait à redoubler d’efforts pour prendre de nouvelles initiatives en matière de recherche et de développement.  L’innovation est en effet nécessaire pour renforcer la productivité agricole, a ajouté M. Puxeu.  L’Espagne a axé son développement durable sur un modèle de gestion intégrée, que ce soit en milieu urbain ou rural, en mettant un accent particulier sur l’eau, qui est une question importante pour le pays, a conclu le Secrétaire d’État.


M. DATU NASSER C. PANGANDAMAN (Philippines) a rappelé que plus de 32% de la population de son pays vivaient en dessous du seuil de pauvreté et dépendaient principalement de l’agriculture et de la pêche.  La crise alimentaire et la crise de l’énergie qui se profilent sont ainsi des questions capitales pour les Philippines, a-t-il dit.  Il a souligné que les objectifs visant à éliminer, voire à réduire l’extrême pauvreté et la faim, ne seraient pas réalisés si ces défis n’étaient pas relevés.  Le représentant a ajouté que son pays continuait de promouvoir largement les principes de développement durable et adhérait aux engagements pris à Rio et à Johannesburg.  Des succès ne seront possibles qu’en impliquant toutes les parties prenantes dans toutes les décisions liées au développement et qui ont trait aux conséquences économiques, sociales et écologiques, a-t-il dit.


Mme BATILDA S. BURIAN, Ministre de l’environnement de la République-Unie de Tanzanie, a fait observer que cette année, la CDD avait lieu au moment d’une crise alimentaire mondiale majeure.  Ainsi, l’agriculture ne représente plus que 38% de l’économie tanzanienne, en raison de l’absence de précipitations et d’accès aux biotechnologies.  Le prix élevé des carburants a également un impact sur les efforts déployés par le Gouvernement tanzanien pour lutter contre la pauvreté, a ajouté la Ministre.  Elle a ensuite estimé que la production d’agrocarburants ne devait pas se faire au détriment de la sécurité alimentaire et de la protection de l’environnement.  Des systèmes d’alerte rapide et de prévention des catastrophes sont nécessaires dans les pays en développement, a-t-elle souligné.  La Ministre a rappelé en conclusion que la CDD devait rester l’autorité mondiale chargée d’examiner les questions relatives au développement agricole et à l’eau et à l’assainissement.


M. LUIS DA MOTA LIZ, Vice-Ministre de l’urbanisme et de l’environnement de l’Angola, a souligné que le Gouvernement angolais mettait en œuvre des mesures visant à améliorer la qualité de la vie des communautés rurales grâce à l’extension des services d’éducation et de santé, à la promotion du logement adéquat, de l’eau potable, de l’électricité et de l’assainissement de base.  Tous ces services contribuent à lutter contre la pauvreté, a-t-il assuré.  S’agissant de la lutte contre les effets des changements climatiques, il a indiqué que son pays avait approuvé sa stratégie nationale pour la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto.  Concernant les forêts, le Vice-Ministre angolais a affirmé que des actions ont été prises pour garantir la gestion durable de ces ressources.


M. MEENA GUPTA, Ministère de l’environnement et des forêts de l’Inde, a déclaré que les pays développés doivent honorer les engagements qu’ils ont pris en vertu des instruments internationaux pertinents.  Le transfert de technologies doit être promu par la levée des régimes de propriété intellectuelle, a-t-il souligné.  Pour sa part, dans le cadre d’un récent Forum Inde-Afrique tenu à New Dehli, le Gouvernement indien a promis des lignes de crédit d’un montant de plus de 5,4 milliards de dollars et devrait accorder plus de 500 millions de dollars à des pays d’Afrique au cours des cinq prochaines années.  De la même manière, l’Inde s’est engagée à verser 350 millions de dollars aux petits États insulaires en développement (PEID), a conclu M. Gupta.


M. ROMEL ALARIC GARCIA PRADO, Vice-Ministre de l’environnement et des ressources naturelles du Guatemala, a rappelé que son pays s’était engagé fermement en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Le Guatemala n’est pas indifférent au problème posé par l’augmentation excessive des prix du pétrole et par les pressions visant à obtenir des biocarburants dans des pays tropicaux, a-t-il déclaré.  Il a mis ainsi en garde contre la menace du remplacement des forêts par des monocultures dans des zones qui ne sont pas aptes à soutenir ce genre de pratiques.  Il a par ailleurs jugé que l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement permettrait d’avoir une influence considérable pour la lutte contre la pauvreté et la mortalité infantile.  L’eau est un bien commun, facteur de paix et non de guerre, a-t-il estimé, soulignant la nécessité de conserver les bassins hydrauliques. 


M. DANIEL REIFSNYDER, Sous-Secrétaire adjoint à l’environnement et au développement des États-Unis, a déclaré qu’il fallait, dans le cadre d’une nouvelle approche, tenir compte du rôle de la science et de l’éducation, ainsi que de ceux que jouent les autorités locales.  À ces données, il faut ajouter la fourniture d’informations utiles pour que les acteurs concernés prennent les décisions qui s’imposent.  Les gouvernements doivent en outre veiller à s’acquitter de leurs obligations en matière d’intégration de la parité dans leurs politiques nationales.  Les connaissances ne peuvent pas être ignorées et, pour faire en sorte que les résultats de la recherche soient mieux diffusés, il faut mettre l’accent sur les programmes d’extension qui mettent en contact des milliers de chercheurs du monde entier, a conclu le représentant.


M. ROLF ERIKSON, Secrétaire d’État au Ministère de l’agriculture de la Suède, a estimé que le moment était venu d’investir dans l’agriculture et que la communauté internationale ne devait pas laisser passer cette occasion.  Nous devons trouver les mesures qui permettront de régler les problèmes urgents, a-t-il dit, notant qu’il convenait d’accorder une attention particulière aux droits de propriété de la terre et aux femmes.  Il faut également mettre l’accent sur le développement rural et l’agriculture viable, a dit M. Erikson.  Il a également souligné la nécessité d’investir dans la recherche agricole et de conclure avec succès le Cycle de négociations commerciales de Doha.  Il faut impliquer les entreprises dans ce travail en faveur de l’environnement et des écosystèmes.  Le rôle des gouvernements est de créer ces stimulations, a-t-il assuré.   


Mme ALCINDA ABREU, Ministre de la coordination des affaires environnementales du Mozambique, a déclaré que ces dernières années, son pays avait enregistré des progrès économiques, mais qu’ils avaient été ralentis par le manque d’investissements directs étrangers et de transferts de technologies.  Les mesures spécifiques à prendre dans le cadre du cycle d’examen actuel sont tout d’abord des politiques et des plans d’action qui cibleraient la productivité agricole, la sécurité alimentaire et la gestion de l’environnement, a-t-elle estimé.  Ensuite, il faut répondre aux effets des changements climatiques en prônant des mesures d’atténuation et d’adaptation, avec l’aide des partenaires au développement, a-t-elle ajouté.


M. BRADFORD M. MACHILA, Ministre des affaires foncières de la Zambie, a souligné que son pays était confronté à un certain nombre de défis, comme le peu d’investissements étrangers directs, une grande dépendance à l’agriculture de subsistance, l’insuffisance de ressources pour la recherche et le développement, une vulnérabilité aux changements climatiques, des infrastructures pauvres et inadaptées et des investissements faibles dans l’agriculture et le développement durable.  Il a estimé que l’augmentation des prix des denrées alimentaires risquait d’aggraver la situation.  Le Ministre a appelé les partenaires en coopération de la Zambie ainsi que la communauté internationale à lui apporter leur soutien dans sa recherche de développement durable et dans la promotion des principes d’Action 21.


M. ROBERTO ALFONSO ESCALANTE CACEROS, Vice-Ministre de l’environnement d’El Salvador, a déclaré que le Gouvernement salvadorien avait fait du développement durable un axe majeur de ses politiques économiques.  El Salvador se trouve dans une région riche en biodiversité et où la dégradation à long terme de l’environnement peut avoir un impact très négatif, a-t-il fait observer.  M. Caceros a ensuite fustigé la baisse de l’aide publique au développement et le manque de transferts de technologies.  Dans un contexte de changements climatiques, il faut renforcer la Stratégie internationale pour la réduction des catastrophes tout en renforçant la mise en œuvre du Plan de Hyogo, a-t-il estimé.  Il faut créer des alliances bilatérales, régionales ou internationales, y compris avec les organisations de la société civile et le secteur privé.  Le Gouvernement d’El Salvador s’est dit prêt à respecter les engagements pris en vertu d’Action 21 et du Plan d’action de Johannesburg, a rappelé M. Caceros.


Mme ROCKHAYA SENE, Directrice générale du Plan du Gouvernement du Sénégal, a indiqué que son pays a augmenté de 16% son budget accordé au secteur agricole pour faire face notamment à la baisse et à l’irrégularité de la pluviométrie, à la dégradation des terres agricoles, à l’insuffisance des infrastructures rurales et au faible niveau technologique.  Elle a souligné l’importance de la « grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance » (GOANA).  Elle a ensuite souligné l’urgence de mesures efficaces dans le domaine des infrastructures à moyen et long termes avec le soutien de la Banque africaine de développement, l’importance de l’accès à l’énergie en milieu rural, du soutien au « programme détaillé de développement de l’agriculture africaine » (PDDAA) initié par l’Union africaine.  Mme Sene a dit qu’il en était de même de l’intégration régionale dans le but de relancer la part de l’Afrique dans le commerce mondial, de l’accroissement des investissements extérieurs en faveur du développement agricole, des transferts de technologies et de connaissances appropriées ainsi que de la réduction du fossé numérique.  Incontestablement, a-t-elle ajouté, la mise en œuvre de ces mesures requiert un véritable partenariat international pour permettre à l’Afrique de réussir le pari du développement durable.  Elle a souligné la nécessité de s’entendre sur un instrument international remplaçant le Protocole de Kyoto, et d’appuyer plus fortement la Convention de l’ONU sur la lutte contre la désertification. 


Mme MARY-JEANNE ADLER, Directrice de la gestion des situations d’urgence du Ministère de l’environnement et du développement durable de la Roumanie, a déclaré que son pays était l’un des plus touchés par les vagues de chaleur et la sécheresse depuis 10 ans en précisant que la rareté de l’eau y avait touché plus de 700 localités.  Elle a précisé que la Roumanie avait développé un programme national s’appuyant sur la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.  Elle a fait le lien entre la diminution de la production végétale, la dégradation de la terre, le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre, en appelant à une meilleure synergie entre les trois conventions de Rio, à savoir: la Convention de l’ONU sur la lutte contre la désertification, la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques et la Convention sur la diversité biologique (CDB).  Elle a dit que les questions de sécheresse et d’aridité étaient traitées dans le cadre de la Directive-cadre dans le domaine de l’eau, qui appelle à une gestion intégrée de l’eau.  Dans le souci de prendre en compte les décisions prises à l’occasion de la treizième session de la CDD, la Roumanie a tout fait pour atteindre les objectifs de qualité de l’eau en accord avec les normes européennes et les accords internationaux, a-t-elle indiqué.  Grâce à un investissement de 600 millions d’euros, 55% de la population rurale et 95% de la population urbaine auront accès à un service en eau en 2015.  Dans le cadre des projets de gestion de l’eau dans les bassins transfrontaliers, elle a mis l’accent sur le succès de la Plate-forme commune pour l’élaboration de politiques et programmes antipollution, élaborée dans le cadre de la Convention sur la protection du Danube.  C’est un projet qui, grâce au financement du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a permis de retirer 55 tonnes de phosphore, 1 200 tonnes de nitrogène et 40 000 tonnes de sédiments du Danube avant que le fleuve ne se déverse dans la mer Noire.  Mme Adler a mis l’accent sur le Programme pour le développement rural de la Roumanie (2007-2013), dont les 12 milliards de dollars de budget sont financés par l’État et les Fonds européens pour l’agriculture et le développement rural. 


M. FARIS AL-JUNAIDI, Secrétaire général du Ministère de l’environnement de la Jordanie, a énuméré les différentes mesures prises par son pays en vue d’assurer le développement durable, notamment en matière de gestion de l’eau.  Néanmoins, a estimé M. Al-Junaidi, le développement durable n’est véritablement possible que grâce à une coopération et une aide accrues de la communauté internationale, en particulier en matière de transferts des technologies.  Il a en outre expliqué que les changements climatiques constituaient une menace pour le développement durable car, a-t-il dit, ils ont un impact négatif sur les populations, la santé et la situation économique des pays.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’agir de façon à ne pas aggraver le problème et à ne pas en supporter les conséquences.


M. J. CHOKHAND, Directeur du Département de la coopération internationale au Ministère de la nature et de l’environnement de la Mongolie, a déclaré qu’une sécheresse, qui touche 50% de la superficie du pays, se produisait tous les cinq ans en Mongolie, accentuée par les vents et la désertification.  Pour y parer, le Gouvernement mongol a adopté le Programme « ceinture verte », qui vise à reboiser le pays grâce à la contribution de partenaires internationaux et d’entreprises privées.  « Les problèmes auxquels nous sommes confrontés exigent aussi une action de la communauté internationale, par la mise en œuvre des dispositions de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification », a dit le représentant.


M. PIRAGIBE DOS SANTOS TARRAGÔ (Brésil) a souligné que la disponibilité des terres, l’investissement dans la technologie, la productivité agricole et l’intégration sociale ont été les éléments clefs de la sécurité alimentaire de son pays.  Entre 2007 et 2008, le pays devrait avoir produit 142,1 millions de tonnes de grains alors qu’entre 1976 et 2001, la production totale de grains est passée de 46,9 millions de tonnes à 100,2 millions, la surface cultivée restant pratiquement la même, soit environ 37,5 millions d’hectares.  Au cours des cinq dernières années, le Gouvernement fédéral du Brésil a dépensé plus de 2,5 milliards de dollars à l’acquisition de terres, et il a installé près de 400 000 familles auxquelles ont été distribués 32 millions d’hectares de terres.  Des initiatives ont également été prises pour élargir l’accès aux crédits et renforcer l’assistance technique, l’éducation ainsi que les investissements dans l’énergie et les infrastructures en faveur des petits exploitants.  Plus de 4 milliards de dollars ont été fournis sous forme de crédits pour les récoltes de 2005 à 2006. 


Le Brésil, a insisté le représentant, est convaincu du potentiel des petits exploitants pour l’amélioration de la production alimentaire.  N’occupant qu’un peu moins de 30% des terres arables, ils représentent aujourd’hui près de 38% de la production alimentaire totale brésilienne.  La semaine dernière, le Gouvernement a lancé un plan pour la durabilité de l’Amazonie dont devraient bénéficier 23 millions de personnes pour lesquelles l’État a déboursé 650 millions de dollars.  Le représentant a attribué la crise alimentaire actuelle aux barrières tarifaires et non tarifaires érigées dans les pays du Nord, en soulignant la nécessité d’assurer le succès du Cycle de Doha.  Il a aussi imputé la crise au déclin des investissements dans le secteur agricole des pays en développement où la part de l’aide publique au développement (APD) n’est que de 4%.  Certains gouvernements, a-t-il-insisté, n’investissent qu’entre 11 et 14% de leurs budgets nationaux, alors que le secteur agricole a été à l’origine de la révolution verte en Asie.  


M. ESSOWE OURO-DJERI, Directeur de cabinet au Ministère de l’environnement, du tourisme et des ressources forestières du Togo, a indiqué que de grands chantiers étaient en cours d’exécution dans son pays pour y réduire la pauvreté.  Il s’agit notamment, a-t-il précisé, de la poursuite de la construction et de l’équipement des écoles, et des centres de santé en milieu rural.  De même, suite aux difficultés d’approvisionnement en énergie hydraulique à partir des pays voisins, le Togo est en train de se doter de groupes électrogènes et de se tourner vers la production d’énergie renouvelable en vue d’assurer son autonomie énergétique.  Enfin, M. Ouro-Djeri a ajouté que le Gouvernement togolais offrait toutes les facilités nécessaires au secteur de l’industrie, du commerce, de l’artisanat et du tourisme, telles que le code des investissements très attractif, et qui est en cours d’adoption, ou la promotion de l’écotourisme.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle accompagne son pays dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Mme LENE MOELSTED JENSEN (Danemark) a déclaré que les sujets dont s’est occupé ce cycle de la CDD sont importants afin de permettre à tous les pays de réaliser les OMD d’ici à 2015.  Un effort tout particulier sera nécessaire pour aider l’Afrique à réaliser le développement durable, a-t-elle souligné.  Avec les changements climatiques, cette situation risque encore de s’aggraver.  En effet, d’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), entre 75 et 250 millions de personnes en Afrique connaîtront des difficultés d’accès à l’eau avant 2020, dans un continent où 70% des ressources hydriques sont utilisées à des fins agricoles.  La représentante a ensuite fait valoir l’expérience de son pays, où 12% de la consommation de ressources énergétiques proviennent de la biomasse, le Gouvernement danois ayant l’intention d’augmenter ce pourcentage dans les années à venir, grâce à une réutilisation du fumier et des résidus agricoles comme combustibles.


M. ILLALKAMAR AG OUMAR (Mali) a souligné que son pays dispose d’immenses superficies de terres arables estimées à environ 30 millions d’hectares et d’un potentiel irrigable de près de 2,2 millions d’hectares alors que les superficies aménagées ne sont que de 120 000 hectares en maîtrise totale de l’eau.  En dépit de ces potentialités, d’importants facteurs freinent le développement du secteur agricole malien, a cependant reconnu le représentant, en citant la désertification, la dégradation du couvert végétal et la déforestation qui découlent des changements climatiques.  Il a ajouté la menace réelle venant de l’assèchement, de l’ensablement et de la pollution du fleuve Niger.  L’investissement nécessaire chaque année, a-t-il indiqué, est estimé à 149,8 milliards de francs CFA jusqu’en 2015, ce qui dépasse largement les moyens financiers du pays.  S’agissant de l’eau, le représentant a souligné un besoin de financement de 67,2 milliards de francs CFA chaque année.  Dans le cadre de sa politique de bonne gouvernance, a rappelé le représentant, le Mali s’est soumis au Mécanisme africain d’examen par les pairs.  Aussi, l’organisation d’une table ronde, en concertation avec les partenaires au développement au mois de juin 2008, augure-t-elle, a espéré le représentant, d’une lueur d’espoir sur l’élan de solidarité internationale.  La réalisation des objectifs de développement nécessite, a conclu le représentant, un soutien massif d’aide publique au développement. 


M. RAFF BUKUN-OLU WOLE ONEMOLA (Nigéria) a affirmé que la lutte contre la pauvreté en Afrique subsaharienne exigeait une coopération concertée et renforcée aux niveaux national, bilatéral, multilatéral, régional, sous-régional et mondial.  Il a indiqué que le Nigéria intensifiait ses efforts en vue d’une mise en œuvre efficace de politiques, stratégies et plans nationaux adaptés, de l’adoption des meilleures pratiques et des innovations pertinentes, du renforcement des capacités et de la recherche de technologies appropriées.  Dans les domaines de l’agriculture et du développement rural, les objectifs de développement durable du Nigéria visent à accroître la production alimentaire, à renforcer la sécurité alimentaire et à éliminer la pauvreté de façon intégrée, écologique et sociale. 


M. PETER MAURER (Suisse) a estimé qu’en cette période de crise alimentaire, l’aide devait respecter autant que possible les habitudes alimentaires et culturelles, ne pas mettre en péril la production alimentaire locale et ne pas créer de dépendance, ceci grâce à une stratégie de retrait claire.  Il faut également s’assurer que les organisations humanitaires disposent d’un accès sûr aux populations nécessiteuses, et que l’aide alimentaire d’urgence tienne compte des objectifs de secours et de relèvement à long terme, a-t-il ajouté.  Selon lui, la recherche d’une cohérence renforcée de l’action du système des Nations Unies et des institutions financières internationales doit être encouragée.  Pour répondre aux besoins croissants de la population mondiale, il faut irrémédiablement produire plus dans les mois et les années à venir, a-t-il dit, soulignant ainsi la nécessité d’intensifier la production agricole et préserver les surfaces arables par une gestion des sols efficace.  S’agissant des effets climatiques, il est urgent, selon lui, d’obtenir un cadre d’action propice pour combattre la désertification et la dégradation des terres, et d’atténuer les effets de la sécheresse.  Il est essentiel d’assurer une meilleure synergie entre les trois Conventions de Rio: la Convention-cadre sur les changements climatiques, la Convention sur la lutte contre la désertification et la Convention sur la diversité biologique, a préconisé M. Maurer.


M. SAVIOUR F. BORG (Malte) a indiqué que l’érosion des sols dans les îles maltaises a été reconnue comme relevant de la désertification et de la dégradation des sols et identifiée comme une menace grave pour le développement durable de Malte.  Alors que les conséquences des changements climatiques devraient s’accentuer avec les années, il est donc important, a ajouté le représentant, de s’appuyer sur les mécanismes existants pour assister les pays, en particulier les petits États insulaires comme Malte, à relever les défis que pose pour eux la désertification.  Le Gouvernement de Malte, a indiqué son représentant, a adopté un Plan de développement rural pour la période 2007-2013, qui identifie la nécessité d’axer les efforts sur le renforcement de la productivité agricole.


M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ (Cuba) a critiqué un manque total de volonté politique des pays développés envers les engagements pris lors des nombreuses conférences internationales organisées sous l’égide des Nations Unies.  Il faudrait que les pays industrialisés versent la part de 0,7% de leur produit intérieur brut qu’ils avaient promise en faveur de l’aide publique au développement, a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agissait là d’un impératif politique et moral.  Cuba estime d’autre part que ces pays doivent prendre sans délais les mesures efficaces pour garantir l’accès des produits des pays en développement à leurs marchés, et faciliter le transfert des technologies et des connaissances permettant les changements nécessaires dans l’agriculture et d’autres secteurs. 


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que la CDD se réunissait au moment où le monde connaît une grave crise alimentaire et énergétique.  Les pays en développement se trouvent placés en outre face aux défis posés par les changements climatiques, dont ils ne sont pourtant plus responsables, a relevé M. Akram.  Les graves défis que leurs gouvernements doivent relever pour nourrir leurs populations exigent un plan d’action concerté de la part de la communauté internationale.  Malgré tous les programmes, plans et principes adoptés, ce qu’il faut avant tout, a déclaré le représentant pakistanais, c’est mettre en œuvre un modèle de développement intégré qui combine la réalisation des OMD et celles des Objectifs de Rio, de Johannesburg et de Bali.  Il faut pour cela que les pays en développement aient enfin accès aux biotechnologies les plus avancées et à des sources de financement multiples, a-t-il conclu.


M. HJÁLMAR W. HANNESSON (Islande) a affirmé que les femmes jouaient un rôle important dans la culture et la protection de la terre.  L’autonomisation des femmes, a-t-il souligné, est essentielle pour résoudre les problèmes de faim et de pauvreté.  Il a mis l’accent sur les liens entre la Convention sur la lutte contre la désertification, la Convention-cadre sur les changements climatiques et la sécurité alimentaire.  Lors de cette session de la Commission du développement durable, les problèmes ont été définis.  À l’occasion de la prochaine session, il conviendra de se mettre d’accord sur les moyens de les régler, a-t-il ajouté.


Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie) a rappelé que son pays avait pris des engagements en vue de réaliser les OMD.  Mais dans un contexte de crise alimentaire mondiale, il est nécessaire de revoir nos politiques agricoles, que ce soit au plan national ou international, a-t-elle préconisé.  Il faut envisager des crédits supplémentaires pour la recherche et le développement afin de lancer une seconde révolution agricole, a-t-elle recommandé.  Des terres adéquates doivent être utilisées exclusivement à des fins de production alimentaire, a en outre souligné la représentante.  Au plan international, les pays développés sont invités à lever leurs barrières commerciales et tarifaires pour créer un système plus ouvert et revoir les régimes existants de propriété intellectuelle, a-t-elle conclu.


M. BERGUNO (Chili) a souligné l’importance qu’il convient d’accorder aux moyens de mise en œuvre et à la nécessité de donner un nouvel élan à l’agriculture.  Relever ces défis sera possible, a-t-il dit, grâce en particulier à une libéralisation des échanges commerciaux.  Le représentant a en outre mis l’accent sur la nécessité de conclure avec succès le Cycle de négociations commerciales de Doha, dit « Cycle du développement ».


M. YUKIO TAKASU (Japon) est revenu sur la flambée des prix des denrées alimentaires, affirmant que les pays devaient s’abstenir de limiter à l’exportation, ce qui risque de faire encore monter les prix.  Il faut en outre offrir une assistance technique aux pays les plus menacés, a ajouté le représentant.  Le Japon promeut pour sa part une agriculture viable et est devenu le plus grand donateur d’aide bilatérale dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, a-t-il fait valoir.  Les défis auxquels est confrontée l’Afrique sont très préoccupants pour le Japon, qui fera tout son possible pour aider ce continent à atteindre son développement durable, a assuré le représentant.


M. GILLES NOGHÈS (Monaco) a estimé que plus que jamais les Conventions issues du Sommet de la Terre faisaient parties intégrantes des questions de développement.  Pour que ce développement se poursuive d’une manière durable, il doit se produire en harmonie avec l’environnement naturel et le respect de la diversité, a-t-il dit.  C’est pourquoi, il convient, a-t-il estimé, de redonner à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et la sécheresse toute l’importance et l’attention qu’elle mérite.  Le représentant a souligné la nécessité de reconnaître les liens entre les différentes questions traitées et transcrire ces préoccupations d’ordre social, économique, écologique et culturel de manière adéquate et juste au cœur des politiques commerciales, énergétiques et financières.


Mme SOLVEIGA SILKALNA (Lettonie) a déclaré que le Gouvernement letton s’était engagé à préserver la biodiversité de son pays pour réaliser à temps les objectifs de développement durable.  La hausse des prix des aliments a un impact direct sur le plan économique en Lettonie, a-t-elle ajouté.  Pour y faire face, l’utilisation de la bioénergie peut être une option viable, à condition toutefois que cela ne se fasse pas au détriment de la production alimentaire.  La Lettonie reste en faveur de l’utilisation de biotechnologies saines, qui nécessite un environnement institutionnel qui soit de nature à favoriser les technologies saines.


M. DMITRY I. MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) s’est dit convaincu que l’agriculture jouait et continuerait de jouer un rôle prioritaire en tant qu’instrument essentiel du développement durable susceptible de réduire la pauvreté et la misère dans le monde.  Le représentant a dit redouter une catastrophe humanitaire due à l’actuelle crise alimentaire.  Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de procéder à une analyse complète et approfondie des raisons de cette crise qui menace la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il s’est également dit favorable à une augmentation de la productivité de l’agriculture grâce à une bonne gestion des ressources en eau ainsi que des ressources écologiques.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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