CDD-16: EXPERTS ET DÉLÉGATIONS VANTENT LES AVANTAGES D’UNE GESTION INTÉGRÉE DES RESSOURCES EN EAU POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT
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Commission du développement durable
Seizième session
14e & 15e séances - matin & après-midi
CDD-16: EXPERTS ET DÉLÉGATIONS VANTENT LES AVANTAGES D’UNE GESTION INTÉGRÉE DES RESSOURCES EN EAU POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT
La Commission du développement durable a achevé, aujourd’hui, son examen, entamé hier, de la mise en œuvre des décisions qu’elle avait prises lors de sa treizième session sur les questions essentielles de l’eau et de l’assainissement. Experts et représentants d’États Membres ont en particulier démontré les avantages d’une gestion intégrée des ressources en eau dans le cadre des efforts déployés pour la réalisation des Objectifs de développement.
À l’issue de la CDD-13, les pays avaient adopté diverses mesures visant à améliorer l’accès à l’eau potable et à des services d’assainissement de base ainsi qu’à promouvoir l’adoption de cadres de gestion intégrée des ressources en eau.
Ces décisions se fondent sur deux grandes priorités du Plan de mise en œuvre de Johannesburg: l’accès aux services d’approvisionnement en eau et d’assainissement, et l’établissement de plans nationaux intégrés de gestion et d’utilisation efficace des ressources en eau.
La Commission avait souligné la nécessité d’accroître les investissements en faveur de l’approvisionnement en eau et de la promotion des structures d’assainissement, considérant que des services fiables et continus dans ce domaine favorisaient le développement durable, notamment la croissance économique, l’amélioration de la santé et la réduction de la pauvreté.
Le Secrétaire général, dans son rapport sur l’examen des progrès réalisés dans ce cadre*, constate que les résultats atteints ont été inégaux. S’il est possible, selon lui, d’atteindre, dans l’ensemble du monde, les Objectifs du Millénaire pour le développement relatifs à l’eau potable, il n’en sera pas de même en ce qui concerne l’assainissement, à en juger d’après les tendances actuelles.
Si de nombreux pays ont inscrit des mesures en faveur de l’eau et de l’assainissement en plus ou moins bonne place dans leur document stratégique de lutte contre la pauvreté, il reste, néanmoins, beaucoup à faire pour systématiquement développer l’infrastructure, remettre en état les réseaux d’approvisionnement en eau aujourd’hui délabrés, renforcer les capacités et assurer un financement suffisant des services collectifs d’approvisionnement en eau et les développer.
Lors de la table ronde d’aujourd’hui, qui a réuni, autour d’experts, des représentants d’États Membres et de grands groupes sociaux, l’accent a été mis en particulier sur les efforts à fournir pour que les pays sachent mieux comment une gestion intégrée des ressources en eau peut les aider à atteindre des Objectifs de développement de portée plus générale.
Par ailleurs, le Président de la Commission du développement durable, M. Francis Nhema, du Zimbabwe, a présenté la première partie de son résumé des discussions thématiques qui se sont tenues au cours de cette seizième session de la CDD.
Ce résumé, qui « n’est pas un document de consensus », a précisé le Président, a fait l’objet de quelques commentaires et suggestions de la part de certains États Membres, dont la Norvège, le Venezuela, l’Australie, le Mexique, le Canada, la Fédération de Russie, la Malaisie, les États-Unis, ou encore la Slovénie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, et de quelques groupes sociaux. Le Mali et le Bénin ont indiqué, de leur côté, qu’ils ne pouvaient exprimer des remarques sur un texte qui n’avait pas été traduit en français.
Demain, mercredi, le 14 mai, à partir de 10 heures, la CDD-16 poursuivra ses travaux par un débat de haut niveau sur « la voie à suivre ». Deux tables rondes ministérielles, organisées de manière simultanée, auront lieu l’après-midi, l’une sur le développement durable en Afrique, et l’autre sur les liaisons entre les questions thématiques.
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2008-2009
a) Agriculture (E/CN.17/2008/3)
b) Développement rural (E/CN.17/2008/4)
c) Sols (E/CN.17/2008/5)
d) Sécheresse (E/CN.17/2008/6)
e) Désertification (E/CN.17/2008/7)
f) Afrique (E/CN.17/2008/8)
EXAMEN DE L’APPLICATION DES DÉCISIONS PRISES PAR LA COMMISSION À SA TREIZIÈME SESSION CONCERNANT L’EAU ET L’ASSAINISSEMENT, ET LES LIENS QUI EXISTENT ENTRE EUX
Tables rondes
Mme MARGARET CATELY-CARLSON, Présidente du Partenariat mondial de l’eau, a affirmé que la Commission du développement durable devait suivre de près l’examen des questions relatives aux ressources en eau. Celles-ci ne peuvent pas disparaître de l’ordre du jour, a-t-elle assuré. La fixation de priorités concernant l’utilisation de l’eau est une des tâches les plus importantes à accomplir, a-t-elle en outre expliqué. Selon elle, les femmes, qui sont le groupe le plus déshérité, doivent participer au dialogue. Elle a mis notamment l’accent sur la nécessité d’encourager des mesures prenant en compte les besoins des pauvres et des femmes.
M. MIKE MULLER, Ministère des eaux et des forêts de l’Afrique du Sud, a souligné l’importance de l’identification, en toute transparence, des utilisateurs de l’eau et de l’analyse de leur consommation. Selon lui, il n’y a pas de pénurie d’eau à l’échelle mondiale ni de crise de qualité de l’eau. Les activités humaines n’utilisent que 10% de l’eau générée par les chutes de pluies, a-t-il expliqué. En outre, le cycle de l’eau douce est autopurifiant, a-t-il dit, précisant que 100% de l’eau utilisée se recyclaient. S’il n’y a pas de problème mondial, il existe, en revanche, beaucoup de défis à l’échelle mondiale, a-t-il ajouté. Les ressources disponibles se réduisent, a-t-il prévenu. Il a ainsi mis l’accent sur l’importance d’un suivi durable et constant.
M. DAVID MOLDEN, Directeur général adjoint de l’Institut international de gestion de l’eau, a souligné l’importance que revêt l’eau pour résoudre des problèmes de plus en plus urgents. Il a estimé que la flambée actuelle des prix des denrées alimentaires allait modifier la dynamique des relations entre l’alimentation et les ressources en eau. Les économies sont tributaires des précipitations, a-t-il également expliqué, ajoutant que la question du stockage de l’eau allait ainsi devenir une problématique importante à l’avenir. Selon lui, si l’on ne se concentre pas sur l’eau et l’agriculture, on ne peut pas espérer réaliser à temps les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il convient donc d’investir dans les ressources en eau, les capacités humaines et les réformes institutionnelles dans les pays pauvres, a-t-il insisté.
M. DANIEL ZIMMER, Conseil mondial de l’eau, a mis l’accent sur la nécessité de privilégier la conclusion d’accords transfrontaliers sur la gestion de l’eau, accords qui, a-t-il précisé, devraient dépasser la simple question de l’eau pour aborder également, par exemple, le développement économique. Il faut faire intervenir un certain nombre de parties prenantes diverses, tous ceux qui considèrent l’eau non comme une fin en soi, mais comme un outil de développement, a-t-il dit. De même, a-t-il estimé, l’eau est un problème éminemment politique et non pas seulement technique. Il a souligné l’importance de la coopération et des échanges d’expériences entre municipalités, en particulier entre les villes du Nord et celles du Sud.
M. ABEL MEJIA, Banque mondiale, a indiqué que celle-ci était l’organisation qui finançait le plus de projets d’adduction d’eau et d’assainissement dans le monde. Il a toutefois expliqué que la bonne gouvernance était indispensable pour que ces projets s’avèrent viables à long terme. Dans ce contexte, une répartition des responsabilités entre le gouvernement, le secteur privé et les autorités locales est nécessaire. Cette décentralisation peut constituer un atout, à condition toutefois que les gouvernements puissent exercer un contrôle sur la gestion qu’exercent les autorités locales. Les réformes en faveur d’une amélioration des infrastructures d’eau et d’assainissement doivent aussi reposer sur un mélange d’équité, d’efficacité et de durabilité, a fait observer l’expert.
De son côté, M. OMAR GIACOMAN, Evensen Dodge International, a présenté les modèles de financement proposés par sa société, qui est la première société de conseil en financement public aux États-Unis.
M. BRUNO JEAN-RICHARD ITOUA, Ministre de l’énergie et de l’eau de la République du Congo et Président du Conseil des ministres africains en charge de l’eau et de l’assainissement (AMCOW), a indiqué que dans 9 pays africains sur 53, le taux de couverture d’eau potable est encore inférieur à 50% de la population. Au niveau de l’assainissement, ce sont également 9 pays sur 53 qui ont moins de 50% de couverture en matière d’assainissement. L’Afrique aura donc beaucoup de mal, si l’on ne fait rien d’ici à 2015, à atteindre les Objectifs du Millénaire relatifs à l’eau. En ce qui concerne l’assainissement par exemple, il faudrait multiplier par 4 à 5 la vitesse d’accès à l’assainissement pour permettre à 400 millions de personnes d’en bénéficier. Pour y parvenir, il est indispensable de fédérer les actions. À cette fin, il faudrait renforcer le rôle de l’AMCOW et en faire l’organe leader dans la gestion des questions relatives à l’eau et l’assainissement en Afrique et améliorer la gestion intégrée des ressources en eau, comme l’indique le rapport du Secrétaire général. Pour obtenir des résultats, le Ministre a aussi préconisé de miser sur le renforcement des capacités des États. Les leçons tirées entre 1990 et 2006 montrent que ce sont encore le plus souvent les gouvernements qui continuent d’assumer le financement des investissements relatifs à l’eau et à l’assainissement. Mais ils sont largement insuffisants et l’aide des donateurs et du secteur privé est plus que jamais nécessaire, ainsi que les partenariats, a conclu M. Itoua.
Mme MARGARET BATTY, Directrice des politiques et des campagnes de WaterAid, a déclaré que pour réaliser les OMD relatifs à l’eau et à l’assainissement, il fallait une politique de coordination des actions au niveau international, des investissements et surtout une volonté politique. Ce sont là les moyens, a-t-elle dit, pour rendre possible l’accès à l’eau potable aux 2,5 milliards de personnes environ qui en sont aujourd’hui privées. Elle a proposé qu’en septembre 2008, au moment du Sommet sur les OMD, les États Membres insistent sur les obstacles représentés par la croissance démographique, les investissements insuffisants et le manque de volonté politique.
Dans la discussion qui a suivi, le représentant de l’Estonie a estimé que, dans un souci d’efficacité, tous les pays devaient participer à la planification d’une gestion intégrée de l’eau. Son homologue de l’Afrique du Sud a mis en particulier l’accent sur la nécessité d’accélérer le processus de décentralisation et mettre en place des institutions pertinentes, tout en répondant aux défis des changements climatiques. La représentante du Groupe des femmes a souligné la nécessité d’inclure les femmes dans la gestion des ressources en eau et les projets concernant la santé. L’Observateur permanent de la Palestine a rappelé la situation des territoires palestiniens, occupés, a-t-il dit, par une puissance étrangère, notant que le Moyen-Orient était connu pour ses pénuries d’eau, qui sont provoquées non seulement par la nature mais aussi par l’action de l’homme. Il a ainsi évoqué les problèmes de pollution et de contamination de l’eau qui ont, selon lui, des effets à long terme et menacent le développement des territoires.
La représentante du Groupe des organisations non gouvernementales a appelé les États Membres à assumer leurs responsabilités et à adopter un plan d’action mondial pour l’eau et l’assainissement. La déléguée de la Grèce a souligné l’importance d’une coopération efficace pour la gestion des ressources en eau partagées, évoquant ainsi la composante méditerranéenne de l’initiative de l’Union européenne sur l’eau. La représentante du Groupe des autorités locales a regretté que la tendance à la décentralisation ne s’accompagnait pas des soutiens financiers et des capacités locales nécessaires. Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), rappelant que le volume d’eau annuel utilisé par l’industrie augmenterait d’environ 50% entre 1995 et 2025, a jugé essentiel que le développement industriel soit géré de façon à ce qu’il ne pèse pas trop sur les ressources en eau des pays.
La déléguée de la Slovénie, prenant la parole au nom de l’Union européenne, a estimé qu’il était temps de passer d’une approche méthodologique à une mise en œuvre opérationnelle de la gestion internationale des ressources en eau, en appliquant les mesures communes qui sont décidées sur une échelle régionale ou transfrontière. Selon elle, les stratégies et les mesures d’adaptation visant à lutter contre les conséquences des changements climatiques doivent être rapidement développées et mises en œuvre, en particulier par le biais d’une intégration des aspects des changements climatiques dans l’application et le développement des plans de gestion internationale des ressources en eau. La représentante de la France a souligné la nécessité de renforcer les efforts déployés afin de disposer d’une réelle connaissance des situations actuelles en matière d’eau et d’assainissement, ce qui requiert des processus de collecte et de diffusion de données et d’informations plus fiables. Face aux impacts des changements climatiques, il est également essentiel de bénéficier d’une vision claire et partagée des enjeux et des besoins, qui soit fondée sur l’utilisation d’un instrument de suivi et d’évaluation, a-t-elle ajouté.
Le représentant de la Chine a fait part des expériences menées par son pays pour limiter les inondations, lutter contre les catastrophes naturelles, les pénuries et la pollution de l’eau; et il a évoqué les mesures prises en vue d’assurer une gestion durable de l’eau. Plusieurs de ses collègues, comme les représentants de la Jordanie, du Sénégal, de la Jamaïque, du Malawi ou du Maroc, ont également énuméré certaines des mesures prises par leurs gouvernements pour améliorer la gestion des ressources en eau ou promouvoir l’assainissement. Pour le représentant du Nigéria, la communauté internationale doit apporter un soutien plus dynamique à ces initiatives en matière d’aide financière, de transfert de technologies ou de renforcement des capacités. La déléguée de la Suisse a fait état des dangers que représente la production d’agrocarburants, qui utilise beaucoup d’eau et la pollue. Il faut encourager davantage les formes de pratique d’une agriculture alimentée par les pluies et l’irrigation, a-t-elle dit, ajoutant par ailleurs que son pays accordait une importance particulière aux eaux souterraines. Le représentant de l’Allemagne a mis l’accent sur la nécessité d’adresser un message ferme à toute la communauté internationale, indiquant que l’interprétation large d’une gestion intégrée des ressources en eau devait revêtir un caractère permanent dans la suite des discussions de la Commission du développement durable.
Le représentant du Togo a pour sa part déclaré que les efforts que son gouvernement avait déployés pour mettre en place un Partenariat national de l’eau devaient être relayés par l’aide internationale. Les besoins de la population sont toutefois loin d’être couverts, malgré l’assistance technique apportée par l’État togolais, a-t-il indiqué. Concernant l’assainissement, là aussi, les efforts togolais doivent pouvoir bénéficier d’un appui franc et massif de la part de la communauté internationale. Pour sa part, la représentante du Canada a expliqué que son pays s’est engagé à promouvoir les efforts en faveur de la « gouvernance de l’eau », c’est-à-dire l’existence de systèmes politiques, sociaux, économiques et administratifs efficaces afin de développer, de gérer et de mettre à disposition l’eau potable, ainsi que des services d’assainissement, au bénéfice des populations.
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