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ENV/DEV/979

CDD-16: LA DIVERSIFICATION DES ÉCONOMIES ET LE RENFORCEMENT DE LA PRODUCTIVITÉ AGRICOLE AIDERAIENT LES PAYS AFRICAINS À RÉALISER UN DEVELOPPEMENT DURABLE

09/05/2008
Conseil économique et socialENV/DEV/979
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement durable

Seizième session

10e & 11e séances - matin & après-midi


CDD-16: LA DIVERSIFICATION DES ÉCONOMIES ET LE RENFORCEMENT DE LA PRODUCTIVITÉ AGRICOLE AIDERAIENT LES PAYS AFRICAINS À RÉALISER UN DEVELOPPEMENT DURABLE


Les participants à une série de débats interactifs encouragent l’Afrique à mettre en valeur ses immenses potentialités naturelles pour le bien-être de ses populations


La CDD-16 a conclu aujourd’hui les discussions thématiques interactives qu’elle avait entamées pour examiner les questions qui se posent au développement durable de l’Afrique, qui est le continent le plus touché par la dégradation des sols et la désertification, effets pervers des changements climatiques.


Une fois de plus, l’insuffisance d’investissements étrangers, le manque de volonté politique des gouvernements des pays africains et de leurs partenaires internationaux, joints à l’absence d’infrastructures et aux conséquences de la crise alimentaire mondiale ont été identifiés par les intervenants comme des obstacles majeurs au développement durable du continent.


Des propositions ont été faites pour, non seulement renforcer la productivité agricole des pays africains, mais aussi pour diversifier leurs modèles économiques, encore trop dépendants des seules cultures vivrières et de quelques cultures d’exportation.  Le développement de l’écotourisme, dont le continent regorge de potentialités, a été envisagé aujourd’hui par beaucoup d’intervenants comme une alternative viable de promotion du développement durable.  D’une façon générale, les experts et les délégations ont vanté l’immense potentiel inexploité de l’Afrique, à laquelle ils ont prédit un avenir comparable à celui de l’Asie si un certain nombre de conditions préalables venaient à être remplies.


Les États Membres, appuyés par des experts et des représentants de la société civile et du secteur privé, ont d’autre part débattu aujourd’hui des corrélations et des questions intersectorielles s’appliquant à la mise en œuvre des politiques de développement durable.  Comment la communauté internationale peut-elle hâter la mise en œuvre des engagements internationaux relatifs au développement durable?  Comment encourager des partenariats innovants au niveau régional, en y impliquant les communautés?  Et quelles sont les mesures à prendre pour changer les modes de production et de consommation et parvenir à des modèles viables?


C’est autour de ces questions que les panélistes et les États Membres ont centré leurs remarques, en soulignant la fragilité des stratégies de développement appliquées à ce jour au niveau mondial.  Les participants au débat ont souligné qu’il fallait intégrer une multitude d’acteurs dans les processus de promotion du développement durable dont le succès requiert un cadre nécessaire de bonne gouvernance.  La Commission a également tenu un dialogue avec les grands groupes et les représentants des initiatives en matière de partenariats.  Les intervenants ont reconnu, sur les bases du rapport du Secrétaire général sur la question dont ils étaient saisis, que les partenariats pour le développement continuent de faire leurs preuves sur le terrain.


Dans un monde globalisé de plus en plus interdépendant, ces partenariats ont permis d’améliorer la qualité de l’exécution des stratégies d’exploitation des terres en rapprochant les gouvernements, la société civile et le secteur privé, ont reconnu les intervenants au débat.  Les représentants des grands groupes de la société civile ont cependant insisté sur la nécessité d’inscrire les partenariats sur le long terme en leur allouant les ressources financières et humaines adaptées à l’ampleur des défis à relever.


La Commission du développement durable poursuivra ses travaux lundi, le 12 mai, à 9 heures, par un segment de haut niveau auquel prendront part le Secrétaire général de l’ONU, ainsi que des chefs d’État et de gouvernement.



MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2008-2009

a)    Agriculture (E/CN.17/2008/3)

b)    Développement rural (E/CN.17/2008/4)

c)    Sols (E/CN.17/2008/5)

d)    Sécheresse (E/CN.17/2008/6)

e)    Désertification (E/CN.17/2008/7)

f)    Afrique (E/CN.17/2008/8)


Discussions thématiques sur l’Afrique


Experts, représentants des États Membres et des grands groupes ont poursuivi, aujourd’hui, leurs discussions thématiques interactives sur l’Afrique, qu’ils avaient entamées hier, et qui ont été, depuis le début, animées par le Vice-Président de la Commission du développement durable.


Déclarations liminaires


M. OLUGANDE DAVIDSON, Doyen de l’école d’ingénieurs de l’Université de Sierra Leone, a noté que le défi qui se pose à la plupart des pays africains, est de savoir comment mettre leurs ressources énergétiques, qu’ils possèdent souvent en quantité, au service de leur propre développement.  Alors que nous produisons 9 à 10% du pétrole et du gaz exploités dans le monde, nous n’en utilisons qu’un tiers, les deux autres étant exportés, a-t-il fait observer.  Pourtant les besoins énergétiques africains sont aussi énormes qu’urgents.  Et l’Afrique est le seul continent au monde où l’on continue de trouver du pétrole et du gaz.  Parce que la plupart des pays africains étaient sous régime colonial et que les puissances occupantes n’ont pas vraiment cherché à tirer parti de ces ressources, celles-ci sont restées largement inexploitées.  Il faut maintenant investir pour mettre en place une infrastructure énergétique pour un développement viable, a lancé M. Davidson.  À cette fin, de nombreux pays ont innové dans les sources de financement autonomes, qui permettent par exemple au Kenya et au Sénégal d’exercer leur souveraineté sur leurs ressources énergétiques.


M. MOHAMED EL SIOUFI, Chef du Service de logements du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a averti que les changements climatiques contraindront des millions de personnes à des migrations forcées et détruiront des milliers d’hectares de sols arables.  Comment faire face à cette situation et consolider les villes pour les rendre résistantes aux effets de ces changements?  ONU-Habitat souhaite multiplier la construction des bâtiments à faibles consommation d’énergie, utilisant en priorité l’énergie renouvelable, et s’appuyer sur une planification urbaine rationnelle, a dit M. El Sioufi.


De son côté, M. LUIGI CABRINI, Directeur de la Division du développement durable à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a expliqué que le tourisme durable, reconnu comme un outil de diversification économique, représente un atout majeur pour le développement africain.  Le nombre de touristes a ainsi doublé en l’espace de quelques années, et il est dans l’intérêt des pays africains de continuer à investir et à former dans ce domaine en pleine expansion.  Pour sa part, M. PETER HOLMGREN, Directeur de la Division de l’environnement, des changements climatiques et de la bioénergie à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a expliqué que les changements climatiques, identifiés comme le plus grand défi du XXIe siècle, allaient aggraver l’insécurité alimentaire existante et la vulnérabilité des populations africaines.  Les mesures d’adaptation techniques pour y faire face vont d’ajustements dans les modes de production à des investissements majeurs dans la réhabilitation des sols et dans la conservation de la biodiversité et des eaux.  Les mesures d’atténuation relèvent quant à elles d’une responsabilité mondiale, a estimé l’expert, qui a insisté sur la séquestration du carbone dans les sols comme moyen efficace et bon marché à adopter au niveau agricole.  Cependant, a-t-il rappelé, la séquestration du Co2 n’est pas incluse dans le mécanisme pour un développement propre convenu dans le Protocole de Kyoto.  La FAO est donc prête, a ajouté le panéliste, à jouer un rôle de négociateur dans ce processus, à travers l’inclusion d’une initiative mondiale de séquestration de carbone dans les sols dans le cadre du traité successeur au Protocole de Kyoto.


Mme JULIE HOWARD, Directrice exécutive du Partnership to Cut Hunger and Poverty in Africa, a rappelé que l’agriculture était essentielle dans la lutte contre la faim et la pauvreté en Afrique.  Cette évidence s’est traduite ces cinq dernières années avec un réengagement de la communauté internationale au profit des pays du continent, a-t-elle dit, rendu d’autant plus nécessaire par une crise alimentaire sans précédent.  Pour y remédier, l’experte a préconisé de stimuler la sécurité alimentaire des ménages et de faire baisser les prix au niveau local, comme c’est par exemple déjà le cas au Mali.  M. AKINWUMI ADESINA, Vice-Président de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, a rappelé que dans les années 60, l’Asie semblait connaître une fatalité malthusienne, alors qu’aujourd’hui elle est devenue un poids lourd économique.  La crise alimentaire représente cependant un défi de taille de plus pour l’Afrique.  L’Alliance a lancé un programme de 150 millions de dollars pour le développement de nouvelles cultures en Afrique.  Notre première action, menée en partenariat, entamée en 2006, était axée sur le développement de variétés plus productives et plus résistantes des principales cultures alimentaires africaines, et qui peuvent s’adapter à des conditions très diverses.  D’ici à 2009, a annoncé l’expert, l’Alliance s’attaquera aux problèmes majeurs des systèmes et des marchés à l’extérieur des exploitations, tels que l’amélioration du stockage des récoltes, les systèmes de financement, et des cadres d’information concernant les marchés et les transports.


M. PETER HARTMANN, Directeur général de l’Institut international pour l’agriculture tropicale, a affirmé que pour élever la productivité agricole, il fallait adopter des concepts comme ceux qui ont fonctionné dans des pays pilotes comme le Nigeria et le Ghana.  M. ROBERT RICHARDSON, Professeur au Département du Community, Agriculture, Recreation, and Resource Studies (CARRS), Michigan State University, a évoqué quant à lui les détails du projet de recherche en matière de sécurité alimentaire auquel il est associé.  Nous essayons d’améliorer la performance des systèmes alimentaires et de comprendre les interactions entre sécurité alimentaire et gestion des ressources naturelles, a-t-il expliqué.  Affirmant que la plupart des pays africains émettent moins de gaz à effet de serre que les autres pays du monde, il a estimé secondaires les mesures d’atténuation à ce stade.  Il a revanche mis l’accent sur les mesures d’adaptation.


Discussions interactives


Le représentant du Mali a expliqué que le secteur agricole représente 35,6% du PIB de son pays, mais que les pertes annuelles, dues à l’érosion des sols et à la désertification, peuvent atteindre respectivement 6% et 5,35% du PIB.  À ce problème s’ajoute la difficulté d’accès à l’eau potable, qui est limitée à 61,6% de la population, ainsi qu’à l’hygiène.  Des efforts ont pourtant été faits à travers le NEPAD, a reconnu le représentant, qui a expliqué que le Mali avait adopté au niveau national un cadre de lutte stratégique contre la pauvreté, un plan pour la gestion intégrée des sols, un programme national pour la sécurité alimentaire et une loi d’orientation agricole.  Son homologue du Kenya a rappelé que l’Union africaine avait préconisé la mise en place d’un marché commun africain pour les denrées alimentaires de base et qu’il fallait pour cela renforcer le mécanisme africain d’évaluation par les pairs.  Son homologue de la Côte d’Ivoire a expliqué que son pays vivait dans l’espérance d’une sortie de crise, mais que ses capacités de relèvement étaient incertaines en raison de l’imprévisibilité des ressources.


Du côté des pays donateurs, le représentant de la Slovénie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a rappelé que celle-ci avait lancé une Alliance mondiale contre les changements climatiques, qui met l’accent sur l’adaptation des pays les moins avancés (PMA) aux effets de ce phénomène.  Cette initiative est complémentaire du Partenariat Union européenne-Union africaine sur les changements climatiques, qui prévoit une coopération accrue pour relever les défis de la dégradation et de l’aridité des sols et de la préparation aux catastrophes naturelles.  Le représentant de la Suisse a précisé que la coopération de son pays avec l’Afrique prenait les formes suivantes: promouvoir l’état de droit et la sécurité juridique, mettre en place des services et des infrastructures efficaces et durables et sauvegarder l’environnement et les écosystèmes, dont dépendent les populations rurales.  La représentante du Canada a relevé que la conception de projets en Afrique requiert une mise en œuvre coordonnée et intégrée.  Son gouvernement a par exemple appuyé le financement du Centre régional AGRHYMET (agriculture, hydrologie et météo) au Niger, une institution spécialisée qui dépend du Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cils).  Le Centre a notamment lancé un programme de renforcement des capacités d’adaptation aux changements climatiques au Sahel, qui a permis de réhabiliter de nombreux sols.


Le représentant du Cap-Vert a estimé qu’il fallait cesser de considérer l’Afrique avec condescendance.  C’est une forme de racisme alimentée par les médias internationaux, qui ne rend pas justice à la richesse, au dynamisme et à la diversité de ce continent, a-t-il souligné.  Cette image négative pousse la jeunesse africaine à se détourner des pays du continent, leurs pays, auxquels ils sont pourtant attachés, a-t-il lancé.  Le représentant des agriculteurs s’est dit convaincu que des solutions pratiques existaient à la désertification, mais que leur réussite reposait sur le degré d’investissement.  Ce qui semble faire défaut, c’est le manque de volonté politique des gouvernements, ainsi que des partenaires au service du développement et de la recherche agricole.


Le représentant de l’Union internationale pour la conservation de la nature a attiré l’attention de la CDD-16 sur un projet d’écotourisme commun au Bénin, au Niger et au Burkina Faso.  Celui du Togo a, lui aussi, fait état du potentiel touristique de son pays, qui revêt des enjeux économiques et sociaux de premier plan.  Le Gouvernement togolais a toutefois besoin de l’aide et de la direction de l’Organisation mondiale du tourisme pour parvenir à faire de ce potentiel un véritable atout économique, a-t-il souligné.  La représentante des organisations non gouvernementales (ONG) a toutefois souligné que sans contrôle idoine, il n’y aurait pas d’écotourisme viable.  La représentante des jeunes et des enfants a estimé qu’il faut générer différentes sources de revenus pour que les pays africains ne soient plus simplement dépendants des ressources agricoles.  Il faut aussi que les étudiants africains puissent disposer d’un accès élargi aux technologies de l’information et des communications, a-t-elle ajouté.


Discussions thématiques sur les corrélations et toutes questions intersectorielles


Dans le cadre du Module thématique du cycle d’application 2008-2009, appuyé par des experts et des représentants de la société civile et du secteur privé, les États Membres prenant part aux travaux de la seizième session de la Commission du développement durable (CDD-16) étaient appelés aujourd’hui à débattre des corrélations et des questions intersectorielles.  Comment la communauté internationale peut-elle accélérer la mise en œuvre des engagements internationaux relatifs au développement durable?  Comment encourager des partenariats innovants au niveau régional, en impliquant les communautés? Quelles sont les mesures à prendre pour changer les modes de production et de consommation et parvenir à des modèles viables?  C’est autour de ces questions que les panélistes et les États Membres ont centré leurs remarques, en soulignant la fragilité des stratégies de développement appliquées au niveau mondial.  Les participants au débat ont souligné qu’il fallait intégrer une multitude d’acteurs dans les processus de promotion du développement durable dont le succès requiert un cadre nécessaire de bonne gouvernance.


Déclarations liminaires


M. PETER McPHERSON, Président de l’Association nationale des universités américaines d’État, a estimé que toute entreprise institutionnelle liée au développement ne pouvait fonctionner que si la stabilité politique des pays concernés est assurée.  Il a insisté sur l’importance de la liberté de l’information et de la circulation des expertises, qui sont des conditions préalables à l’identification des problèmes et à leur prise en charge efficace.  Le panéliste a de plus indiqué que le développement durable devait s’appuyer sur des politiques économiques rationnelles et sur l’utilisation des compétences locales.  La mobilisation de ressources est importante, a ajouté M. McPherson, mais celle-ci n’est rien sans l’engagement collectif des acteurs socioéconomiques.  Évoquant sa propre expérience, le panéliste a ensuite mis l’accent sur le rôle des liens interuniversités dans la transmission des savoirs au niveau Nord-Sud, notamment en matière de capacités institutionnelles de développement et de lutte contre la pauvreté.


M. CLÉOPHAS MIGIRO, Directeur du Centre de promotion de la production propre, de la République-Unie de Tanzanie, a attiré l’attention sur la planification des stratégies-cadre de lutte conter la pauvreté, et en particulier de celles concernant l’Afrique.  Il a noté que l’expérience acquise à travers le continent avait permis, au cours des dernières années, d’avancer dans le secteur innovant des modes de production et de consommation viables. 


Le Plan de Johannesburg reste le catalyseur de notre action, a-t-il dit, ajoutant que la priorité devait être la recherche de mécanismes d’équilibre permettant aux pays africains d’exporter leurs produits.  Il a plaidé pour la mise en place de réseaux de connaissances destinés à donner aux communautés démunies les moyens de prendre en charge les stratégies de développement durable.  Il a, enfin, estimé que des institutions comme le Département des affaires économiques et sociales (DESA) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) étaient indispensables pour « fluidifier » les synergies de développement durable à grande échelle.


M. MONA ELISABETH BROTHER, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a estimé que l’expérience avait largement démontré la pertinence des approches intersectorielles.  Elle a estimé qu’elles devaient accompagner les réformes socioéconomiques à tous les niveaux, en partant des réalités et des besoins du terrain.  


Ce niveau local, a-t-elle dit, est celui des communautés et des organisations non gouvernementales (ONG) qui, ensemble, impulsent et informent l’action politique.  La panéliste a en outre souhaité que l’autonomisation des femmes rurales soit améliorée et que les populations autochtones voient leurs savoirs en matière de gestion des terres pris en compte par les décideurs politiques.  Elle a également appelé les donateurs, maillon indispensable selon elle des synergies de développement et de lutte contre la pauvreté, à faire preuve de cohésion pour faciliter la concrétisation des partenariats.  L’action collective doit être axée sur l’accès des plus vulnérables aux droits économiques et à leur autonomisation, a-t-elle dit, en évoquant « une mission commune en faveur du développement durable ».


Mme NADINE GOUZEE, Directrice du Projet « Développement durable » du Bureau fédéral du plan de la Belgique, a estimé que la question du développement durable devait être traitée de manière systématique.  Elle a évoqué les stratégies de développement durable en soulignant l’importance de relier entre eux les processus engagés aux niveaux local, régional et international.  Ces processus à acteurs multiples, qui participent et qui prennent des décisions, sont très difficiles à optimiser, a-t-elle dit.  Leur finalité doit en effet être d’accompagner le progrès en vue d’en rendre possible le partage des bénéfices, a ajouté Mme Gouzee.  Elle a mis l’accent sur le rôle de la gouvernance et de la coopération entre les Gouvernements, la société civile et le secteur privé.  L’ampleur et la complexité des chantiers du développement durable exigent aussi que soient définis des indicateurs de suivi d’application des stratégies communes, ces dernières devant reposer sur l’identification des priorités nationales, a-t-elle dit.


Discussions interactives


Le représentant d’Antigua-et-Barbuda, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que les approches intégrées de développement durable gagneraient à s’appuyer sur les résultats des discussions menées sur le renforcement du développement économique et social et sur la protection de l’environnement.  Il a estimé que le dénominateur commun des initiatives collectives devait être la lutte contre la pauvreté et la prévention de l’exclusion dans un monde globalisé.  Dans les zones rurales d’Afrique notamment, l’accent doit être mis sur l’aide aux régions et aux communautés les plus fragilisées par le péril climatique et l’isolement géographique, a-t-il préconisé. 


De son côté, le représentant de la Slovénie, qui parlait au nom de l’Union européenne (UE), a plaidé pour une préservation concertée et efficace de la biodiversité.  La gestion des écosystèmes doit prendre en compte les savoirs traditionnels des communautés, a-t-il dit.  Il est indispensable de modifier radicalement la façon dont les sociétés produisent et consomment, si l’on veut assurer un développement durable, a ajouté le représentant, qui a rappelé que le Processus de Marrakech était l’instrument de choix pour réfléchir à cette question.


Abordant la situation « critique » qui affecte les petits États insulaires en développement du Pacifique, le représentant de Tonga a déclaré pour sa part que le développement durable dans cette région exigeait une constante assistance internationale financière et technique.  Sans cette aide, a-t-il dit, il nous sera impossible de nous adapter aux effets des changements climatiques, qui détruisent nos agricultures et intensifient les ravages causés par la sécheresse et la désertification.  À l’instar d’autres délégations, il a invité ardemment les partenaires internationaux à poursuivre leurs transferts de technologie agricole et de conservation d’eau. 


Revenant sur les interventions des panélistes, le représentant de la France a plaidé en faveur des stratégies de développement national.  Il a estimé qu’en étant basées sur le partage d’expérience en matière d’amélioration des modes de production et de consommation viables des biens alimentaires, ces stratégies ne devaient pas être perçues comme une contrainte par les États, cela au prétexte qu’elles supposent de la part de ces derniers une gouvernance rigoureuse.


Des délégations, parmi lesquelles celles  des États-Unis et du Canada, ont insisté sur le besoin de réaliser l’objectif d’autonomisation des femmes rurales.  Elles ont souhaité que cette question soit intégrée dans toutes les stratégies et politiques pertinentes de développement, compte tenu du rôle précieux que jouent les femmes dans le domaine agricole et de la gestion des terres, en particulier en Afrique.


Le développement rural est inséparable de la réalisation de l’autonomisation des communautés vulnérables, ont plusieurs intervenants.  Des outils d’autonomisation doivent être trouvés, ont reconnu les participants en attirant l’attention sur la nécessité de réduire les inégalités dans l’accès et le contrôle des ressources naturelles. 


Dialogue avec les grands groupes et les représentants des initiatives en matière de partenariats


Le représentant du Groupe des agriculteurs a déclaré que les décideurs politiques devaient tenir davantage compte des besoins de la population s’adonnant aux activités agricoles.  Nous sommes le moteur de l’économie, a-t-il dit, en souhaitant que les ressources supplémentaires allouées le soit dans le cadre de politiques publiques adaptées aux défis du développement durable.  Le représentant a de plus souligné la nécessité d’accroître la participation directe des associations d’agriculteurs, dont l’activité, a-t-il dit, semble gêner les gouvernements au lieu d’inspirer leur action. 


De son côté, le représentant du Groupe des communautés scientifiques et techniques a expliqué que le principal défi à relever était celui de fournir des technologies répondant aux exigences et aux spécificités des différents contextes agricoles mondiaux.  L’urgence c’est que les connaissances et innovations parviennent jusqu’aux petits exploitants des pays en développement, a-t-il ajouté.  À cet égard, il a invoqué le besoin de réunir plus d’informations sur les moyens de subsistance des communautés rurales, de manière à adapter au plus près l’assistance technique à leurs besoins.  Il a également mis l’accent sur la formation, en vue d’accélérer l’assimilation du savoir technique le plus récent par les plus démunis et les femmes. 


La représentante des Groupes commerciaux et d’industries a pour sa part plaidé pour des approches collectives, afin d’optimiser les possibilités offertes par la combinaison des ressources.  L’union est indispensable au niveau local, a-t-elle dit, ne serait-ce que pour inscrire efficacement la recherche de résultats à long terme, en particulier en matière alimentaire.


Répondant aux questions des États Membres, les représentants des grands groupes à la CDD ont insisté sur l’importance d’inscrire les partenariats sur la longue durée.  À cette fin, ils ont mis l’accent sur la nécessité d’établir des mécanismes de financement plus performants, et ce dans le cadre de l’association dynamique des secteurs privé et public.  S’il faut investir dans la recherche, ont-ils ajouté, le préalable pour l’heure est le transfert des technologies agricoles vers les communautés qui en sont dépourvues. 


Le représentant du Groupe des syndicats a ensuite estimé qu’il existait un besoin indéniable de doter les partenaires de droits sociaux, afin d’en faire des interlocuteurs crédibles auprès des gouvernements.  L’obtention de droits environnementaux est secondaire par rapport à l’acquisition de droits sociaux, a-t-il noté, de sorte que les partenaires puissent être de véritables parties prenantes et actives de la gouvernance en matière de développement. 


Le représentant du Groupe des organisations non gouvernementales a quant à lui jugé que la clef du développement résidait dans la gestion souple des différences culturelles et dans la mise en place de protocoles d’engagement établis sur la base du consentement mutuel.  Dans ce cadre, les partenaires au développement doivent être reconnus et soutenus par les gouvernements pour assurer la pérennité de leurs activités.


Intervenant au nom du Partenariat pour les forêts du bassin du Congo, M. Kaddu Sebunya a signalé que tout partenariat ambitieux devait être établi à partir de la sélection de projets spécifiques combinant valeur écologique et économique.  L’université et le secteur privé partagent une vision à long terme en matière de conservation et d’exploitation rationnelle des ressources forestières et hydriques, a-t-il ajouté, souhaitant qu’un rôle plus grand soit donné aux populations dans la gestion de leurs moyens de subsistance. 


Enfin, la représentante du Groupe des peuples autochtones a affirmé que le respect et la protection des droits de la personne étaient indispensables aux stratégies et aux plans de développement durable.  Plaidant pour une démocratisation du pouvoir politico-économique et pour la valorisation des savoirs coutumiers dans le domaine agricole, elle a estimé que la pérennité des partenariats dépendait de qualité de la relation entre États et communautés locales.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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