LA CDD-16 EXAMINE LES PROPOSITIONS ET SOLUTIONS QUI POURRAIENT PERMETTRE À L’AFRIQUE DE RELEVER LE DÉFI DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
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Commission du développement durable
Seizième session
8e & 9e séances - matin & après-midi
LA CDD-16 EXAMINE LES PROPOSITIONS ET SOLUTIONS QUI POURRAIENT PERMETTRE À L’AFRIQUE DE RELEVER LE DÉFI DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Les problèmes et les obstacles qui freinent le développement durable en Afrique ont constitué aujourd’hui l’un des sujets de débat des participants à la seizième session de la Commission du développement durable (CDD-16). Comme ils l’avaient fait hier, experts, délégations et représentants de la société civile se sont également penchés aujourd’hui sur les questions thématiques portant sur les sols, la sécheresse et la désertification.
Les experts et représentants d’États Membres qui ont participé, cet après-midi, aux discussions thématiques interactives sur l’Afrique ont, sur la base du rapport soumis par le Secrétaire général*, tenté notamment d’identifier les stratégies économiques de diversification efficace que les économies africaines pourraient mettre en œuvre en vue d’assurer le développement durable du continent.
Dans son rapport, le Secrétaire général souligne notamment que le développement durable demeure hors de portée de la plupart des pays d’Afrique. Les mesures à prendre pour relever ce défi important ont été définies dans le Plan de mise en œuvre de Johannesburg, qui prône la stabilisation de la croissance économique et des investissements stratégiques dans l’infrastructure, les compétences et la recherche qui faciliteront le développement à long terme.
Le Plan de Johannesburg préconise en outre d’améliorer la nutrition, la santé et l’éducation de tous les individus, quel que soit leur sexes; de mettre davantage l’accent sur la gestion des ressources naturelles et la conservation des biens d’environnement; ou encore, de prendre des dispositions pour faire face aux difficultés à venir, comme celles qui découleront des changements climatiques.
Si l’Afrique a démontré sa volonté d’assurer son développement durable, en particulier à travers le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), il est désormais temps pour la communauté internationale de respecter également ses engagements, a estimé le représentant d’Antigua-et-Barbuda, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Il a ainsi affirmé que le Plan de mise en œuvre de Johannesburg appelait la communauté internationale à soutenir les efforts entrepris par l’Afrique pour promouvoir la paix, la stabilité et la sécurité, la résolution et la prévention des conflits, la démocratie, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, dont font partie le droit au développement et la parité entre les sexes.
Pour le Groupe africain, dont la position était exprimée par le représentant de Djibouti, la communauté internationale doit aider l’Afrique dans le domaine commercial. Le blocage des négociations du Cycle de Doha renforce la nécessité urgente de garantir un système commercial international équitable qui préserverait les intérêts des pays en développement, en particulier ceux d’Afrique, a-t-il dit. Plaidant pour l’élimination de la dette bilatérale et multilatérale, il a aussi appelé les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à respecter, dès que possible, leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut à l’aide publique au développement des pays en développement, dont 0,20% iraient aux pays les moins avancés.
Pour l’Union européenne, s’exprimant par la voix de la Slovénie, l’amélioration de la gouvernance économique et du climat d’investissement représente un élément essentiel pour renforcer les économies africaines, et pour permettre au continent de s’affranchir du soutien des donateurs et de trouver sa place sur les marchés mondiaux.
Les problèmes liés de la sécheresse et de la désertification ont également fait l’objet d’une table ronde qui a duré toute la journée. Il en est ressorti que l’intensification et le développement des activités agricoles ont fortement affaibli la capacité de récupération des écosystèmes de terres arides, les rendant de plus en plus vulnérables à la dégradation des terres et à la désertification.
De nombreux intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de pratiquer l’agriculture de conservation, qui vise à pérenniser et à améliorer la production agricole grâce à la gestion intégrée des sols, de l’eau et des ressources biologiques disponibles localement, associée à une utilisation rationnelle des facteurs de production externes.
En outre, les savoirs traditionnels constituent un bon moyen de s’attaquer aux problèmes liés à la désertification, car ces savoirs portent sur des outils dont les collectivités agricoles ont directement la maîtrise, ont souligné plusieurs experts.
Par ailleurs, experts, délégués des États Membres et des grands groupes ont poursuivi, ce matin, leurs discussions thématiques interactives sur les sols, entamées hier. La représentante de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) a mis l’accent sur la nécessité d’avoir des institutions garantissant l’accès des pauvres à la terre. Selon elle, l’héritage du colonialisme, ainsi que la faiblesse de la gouvernance, ont contribué aux politiques inappropriées encore actuellement en vigueur.
La Commission du développement durable poursuivra ses travaux demain, vendredi, le 9 mai, à 10 heures.
* E/CN.17/2008/8
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2008-2009
a) Agriculture (E/CN.17/2008/3)
b) Développement rural (E/CN.17/2008/4)
c) Sols (E/CN.17/2008/5)
d) Sécheresse (E/CN.17/2008/6)
e) Désertification (E/CN.17/2008/7)
f) Afrique (E/CN.17/2008/8)
Discussions thématiques sur les sols
Experts, représentants des États Membres et des grands groupes ont poursuivi, ce matin, leurs discussions thématiques interactives sur les sols, entamée la veille, et animées par le Vice-Président de la Commission.
Mme JOAN KAGWANJA, Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), a mis l’accent sur la nécessité d’avoir des institutions garantissant l’accès des pauvres à la terre. Selon elle, l’héritage du colonialisme ainsi que la faiblesse de la gouvernance ont contribué aux politiques inappropriées encore actuellement en vigueur. Les politiques doivent être mises en œuvre en fonction des réalités sur le terrain, a-t-elle dit. Des politiques efficaces de gestion et de mise en valeur des terres et une législation adéquate, associée à des systèmes d’administration adaptés, sont essentielles pour sécuriser les droits fonciers des pauvres, à la fois dans les zones urbaines et les zones périurbaines, a dit Mme Kagwanja.
Mme RAWSHAN JAHAN, Association pour la réforme agraire et le développement du Bangladesh, a souligné la nécessité d’autonomiser les marginalisés pour qu’ils puissent revendiquer leurs droits à la terre. Les marginalisés sont en général les autochtones, a-t-elle dit, précisant qu’ils avaient des droits traditionnels qui continuent à ne pas être reconnus dans la plupart des pays où ils vivent. L’accès des femmes à la terre fait l’objet de discrimination, en particulier au Bangladesh, a-t-elle ajouté, en plaidant aussi en faveur de leur autonomisation. Elle a également défendu la nécessité d’adopter une approche holistique.
M. LAUREANO DEL CASTILLO PINTO, Président de l’Institut de promotion pour la gestion de l’eau du Pérou, a souligné que la terre faisait partie intégrante de l’identité des autochtones et de leur vision du monde. Il ne faut pas oublier, a-t-il dit, que c’est cette petite agriculture qui assure l’alimentation des habitants des villes. Il convient, selon lui, de reconnaître la valeur de la petite agriculture afin, notamment, de protéger la biodiversité et de maintenir la sécurité alimentaire des autochtones.
M. KLAUS DEININGER, groupe de la Banque mondiale, a cité quelques exemples de bonnes pratiques. Ainsi, l’Inde, dans le cadre de partenariats entre les secteurs public et privé, a numérisé les données relatives à la propriété de la terre, réduisant ainsi la corruption, a-t-il dit, tout en précisant que le montant des pots de vin versés dans de domaine s’élevait chaque année à 700 millions de dollars. Le Brésil a remédié de son côté aux inégalités, héritées du passé, grâce à une réforme décentralisée des terres, a dit M. Deininger. Il a souligné le besoin de disposer d’une meilleure évaluation des résultats obtenus. Selon lui, manquent notamment des études sur l’impact de la politique appliquée aux terres sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
M. CHRISTIAN MERSMANN, Directeur du Mécanisme mondial, a estimé que la question de la terre avait un impact sur le commerce et l’accès aux marchés, ainsi que sur les stratégies d’adaptation aux changements climatiques.
La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), évoquant la question urgente des changements climatiques et la préparation du Sommet de haut niveau sur la sécurité alimentaire, prévu en juin à Rome, a souligné que la FAO examinait de près les questions liées à l’adaptation et à l’atténuation des effets des changements climatiques. Elle a mis l’accent, parmi les propositions qui ont été faites, sur la nécessité de déployer des efforts coordonnés pour régler le problème de la séquestration du carbone dans les sols agricoles. Elle a plaidé en faveur d’une consolidation et d’une coordination des efforts entrepris par les différentes agences des Nations Unies et leurs partenaires.
Le représentant de la France a affirmé que le Plan gouvernemental français intitulé « Grenelle de l’environnement » avait permis d’établir un nouveau cadre législatif soulignant le rôle majeur des collectivités locales. La représentante de la Slovénie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a indiqué que l’Union européenne demeurait en faveur de processus consensuels en matière foncière et appuyait la collaboration entre les États, la société civile, et les autres parties prenantes dans le but d’aboutir à une bonne gouvernance des terres en faveur des pauvres.
Le délégué du Japon a constaté, pour sa part, une concurrence entre les besoins concernant la production des biocarburants et les besoins de la production alimentaire à des fins de consommation humaine, qui a des effets écologiques qui, aux yeux du Japon, mériteraient d’être analysés. Le représentant de la Zambie a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle appuie les initiatives qui sont en cours dans son pays en faveur d’une réforme foncière. La Zambie a besoin de l’aide de ses partenaires, a-t-il assuré.
Le représentant de la Suisse a souligné la nécessité de prendre des mesures importantes en vue de garantir des arrangements du régime foncier, en défendant par exemple les pratiques de bonne gouvernance. Constatant que les femmes et les nomades étaient souvent exclus, il a plaidé en faveur d’une officialisation rationnelle du droit à la terre en prenant en compte les besoins et les intérêts de ces groupes.
Le représentant du Groupe des travailleurs et des syndicats a défendu un accès égal de tous aux titres fonciers et à la propriété en Afrique. Il faut protéger les exploitants agricoles des grandes sociétés pétrolières qui les expulsent, a-t-il assuré, mettant l’accent sur la nécessité d’établir des mécanismes de recours. Il a en outre réclamé de plus grands espaces politiques pour les syndicats en vue d’améliorer la gestion des terres au bénéfice des travailleurs.
La représentante de la Côte d’Ivoire a lancé un appel à la communauté internationale et aux institutions financières internationales pour un renforcement des capacités visant à promouvoir un partage équitable des sols et une gestion durable des terres dans les régions où notamment, cette gestion se fait encore de manière traditionnelle.
Discussions thématiques sur la sécheresse et la désertification
Les problèmes liés de la sécheresse et de la désertification ont fait l’objet d’une table ronde qui a duré toute la journée et a réuni huit experts. Il est ressorti de leurs interventions comme de la discussion interactive qui a suivi, que l’intensification et le développement des activités agricoles ont fortement affaibli la capacité de récupération des écosystèmes de terres arides, les rendant de plus en plus vulnérables à la dégradation des terres et à la désertification.
De nombreux intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de pratiquer l’agriculture de conservation, qui vise à pérenniser et à améliorer la production agricole grâce à la gestion intégrée des sols, de l’eau et des ressources biologiques disponibles localement, associée à une utilisation rationnelle des facteurs de production externes.
En outre, les savoirs traditionnels constituent un bon moyen de s’attaquer aux problèmes liés à la désertification, car ces savoirs portent sur des outils dont les collectivités agricoles ont directement la maîtrise, ont souligné plusieurs experts. Ainsi, au Sénégal et au Burkina Faso, en s’appuyant sur des techniques de taille et de fertilisation traditionnelles, les agriculteurs ont pu doubler la densité d’arbres dans les zones semi-arides afin d’enrayer l’érosion des sols et d’inverser le processus de désertification.
Déclarations liminaires
M. ZHANG KEBIN, College of Soil and Water Conservation, Beijing Forestry University, a expliqué que l’impact le plus grave des changements climatiques est la multiplication des catastrophes naturelles et ses corollaires inévitables, l’aggravation de la pauvreté et les migrations forcées. La première incidence est la réduction de la productivité agricole dans les zones arides et les zones les plus pauvres, qui sont souvent les mêmes. Ces sécheresses entraînent une réduction de la production alimentaire, provoquent l’apparition de maladies et sont à l’origine de conflits, a expliqué le panéliste. Face à un problème multidimensionnel comme celui-ci, qui associe facteurs humains et facteurs naturels, M. Kebin a préconisé d’appuyer la recherche consacrée à cette corrélation.
M. JOOST BROUWER, International Union for Conservation of Nature Commission on Ecosystem Management, a basé sa brève intervention sur le cas du Burkina Faso, où la population a plus que doublé en même temps que les terres cultivables ont progressé de 16%. Les booms démographiques observés en Afrique rendent donc d’autant plus nécessaires une gestion intégrée des terres sèches et des terres humides.
De son côté, Mme SARA SCHERR, Présidente d’Ecoagriculture Partners, a déclaré qu’il fallait intégrer de manière plus systématique les politiques de gestion des terres. Elle a déploré l’insuffisance des investissements et la marginalisation sociale et politique des agriculteurs établis dans les zones arides. Il existe pourtant des coalitions qui permettent de travailler ensemble, a-t-elle dit, soulignant le besoin de capacités d’innovation et de plus grands investissements dans la réhabilitation des sols. Elle a proposé trois mesures pour obtenir des succès à grande échelle. Tout d’abord, faire en sorte que les communautés concernées jouent un rôle dans le choix des investissements qui seront réalisés en faveur de l’écoagriculture dans leur région. Ensuite, adopter des politiques et établir des institutions au niveau local qui travaillent étroitement avec les groupes de fermiers et d’éleveurs. Enfin, mettre en œuvre de manière coordonnée toutes les conventions pertinentes.
M. BAKARY KANTE, Directeur des lois environnementales et des conventions au Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a repris cette idée, soulignant la synergie avec laquelle les instruments internationaux pertinents du développement durable doivent être mis en œuvre. De tous ces instruments, le plus important reste selon lui la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques, parce qu’elle prend en considération l’ensemble des problèmes couverts par les autres conventions. La crise alimentaire dramatique qui se produit aujourd’hui démontre au besoin qu’il n’est plus possible pour la communauté internationale de se contenter de conventions séparées, a insisté l’expert. Pour renforcer cette nécessaire synergie, il a proposé de créer des centres d’excellence régionaux afin d’inviter les parties prenantes à partager leurs connaissances.
M. SCOTT CHRISTIANSEN, Assistant exécutif auprès du Directeur général du Centre international pour la recherche agricole en zones arides, a basé son intervention sur la région de Khanasser, en Syrie, où il est difficile de cultiver en raison des faibles précipitations. Le problème qui s’y pose aussi, c’est que les eaux souterraines disponibles sont particulièrement salées. L’expert a expliqué que l’accent a donc été mis sur la diversification et l’introduction d’éléments simples comme les normes d’hygiène, et l’innovation en matière d’accès au crédit et à l’information. Ainsi, pour la collecte de l’eau, une machine a été mise au point en Italie pour recueillir l’eau de pluie dans ces régions à faible pluviométrie. C’est la preuve même qu’il faut réunir chercheurs, communautés et autorités locales pour réfléchir à des solutions créatrices.
M. NIR ATZMON, Commission nationale des forêts d’Israël, a déclaré que la meilleure façon de prévenir l’érosion des sols était le reboisement. Mais pour cela, il faut faire sentir aux communautés locales qu’elles vont pouvoir tirer parti de ce reboisement pour qu’elles se montrent enclines à entretenir les zones reboisées. L’une des façons de les convaincre, c’est de leur laisser entrevoir les ressources économiques qui peuvent découler du reboisement, comme, par exemple, la présence de bois de chauffe.
De son côté, M. PIERPAOLO FAGGI, Professeur de géographie humaine à l’Université de Padoue, en Italie, a mis l’accent sur les stratégies de développement capables de renforcer la résistance. Elles reposent selon lui sur trois aspects: revenir aux approches multi-ressources, renoncer à la technobureaucratie et appuyer les communautés locales.
M. CHRISTIAN MERSMANN, Directeur de la gestion du Mécanisme mondial, a expliqué que l’absence de cadre institutionnel approprié dans les pays touchés par la sécheresse constituait souvent un obstacle à la mise en place de telles stratégies. Un cofinancement avec les donateurs ou les investisseurs doit permettre de remédier aux problèmes de l’adaptation pour lutter contre la sécheresse. M. CARLOS E. GONZALEZ VICENTE, Commission nationale des forêts du Mexique, a exposé certaines des stratégies développées ces dernières années avec succès dans son pays, au climat particulièrement aride. L’une des principales nouveautés est la participation de la société civile à toutes les approches pratiquées, comme par exemple dans la protection de 70% des zones arides ou semi-arides. Le Gouvernement mexicain a en outre lancé 12 programmes qui ont permis de réhabiliter 4,8 millions d’hectares entre 2001 et 2005. Il a également lancé différents programmes nationaux d’adaptation aux changements climatiques et de gestion viable des terres, ainsi que des programmes de suivi de la sécheresse au niveau régional avec les pays d’Amérique du Nord. Enfin, en ce qui concerne le cadre juridique, toutes les activités de reboisement et de réhabilitation sont désormais intégrées à la législation nationale, a conclu l’expert mexicain.
Discussions interactives
S’exprimant au nom de l’Union européenne, la représentante de la Slovénie a confirmé l’importance majeure de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans la lutte contre les phénomènes conjoints de la désertification et de la dégradation des terres. À condition toutefois qu’elle soit pleinement mise en œuvre, a souligné la représentante du Groupe des femmes, qui a rappelé les dispositions relatives au rôle particulier que celles-ci peuvent jouer au niveau local. La représentante du Canada a de son côté estimé qu’il fallait renforcer la compréhension des liens étroits qui existent entre les questions de la désertification, des changements climatiques et de la biodiversité. La représentante a en outre préconisé une gestion environnementale plus active et qui soit davantage transsectorielle entre les Conventions de Rio afin de lutter plus efficacement contre la pauvreté. Le représentant des États-Unis a toutefois estimé qu’il fallait reconnaître les mandats spécifiques de ces Conventions et éviter les doubles emplois.
Pour la délégation de l’Indonésie, il est nécessaire de formuler des mesures préventives et de lutte qui puissent permettre d’anticiper et de faire reculer la désertification. Ainsi, le pays a adopté une approche concluante en matière de gestion des bassins versants, qui implique l’ensemble des parties prenantes. Ensuite, le représentant indonésien a indiqué que la récupération de l'eau devait servir à éviter les pénuries dans les zones irriguées. Des infrastructures de conservation doivent donc être établies, sous la forme de réservoirs souterrains par exemple. Enfin, il faut relancer la coopération scientifique pour mettre au point des souches et des semences résistantes à la sécheresse et équiper les communautés rurales avec des systèmes d’alerte rapide, a-t-il préconisé. La représentante de l’Algérie a indiqué à son tour que son gouvernement avait lancé un plan national de développement rural et agricole, auquel il a intégré ses programmes de reboisement et de lutte contre la désertification.
Le représentant d’Haïti a fait état d’une situation environnementale critique dans son pays, où la surexploitation des ressources naturelles et les changements climatiques ont aggravé la dégradation des terres arides. Toutefois, l’île possède des ressources en eau importantes, notamment souterraines. Mais moins de 10% du potentiel hydrique du territoire est réellement exploité, a-t-il fait observer. Pour remédier à cette situation, Haïti entend approcher autrement le problème de la sécheresse et de la désertification en associant le développement durable à la lutte contre la pauvreté sur fond de gestion responsable des ressources naturelles. Abondant en ce sens, le représentant de Tonga, qui s’exprimait au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a toutefois estimé qu’une collaboration transfrontière, sous-régionale et régionale était nécessaire en vue de synchroniser les efforts déployés au niveau national pour atténuer la sécheresse et la dégradation des terres.
Enfin, le représentant du Groupe des ONG a estimé que sans ces organisations, le bilan de la sécheresse serait beaucoup plus lourd. Il s’est plaint de l’association très limitée de la société civile aux plans nationaux et internationaux de lutte contre la désertification.
Discussions thématiques sur l’Afrique
Les experts et représentants d’État Membres qui ont participé à la discussion sur l’Afrique ont, sur la base du rapport du Secrétaire général (E/CN.17/2008/8), tenté notamment d’identifier les stratégies économiques de diversification efficaces que les économies africaines pourraient mettre en œuvre en vue d’assurer le développement durable du continent.
M. DAVID O’CONNOR, Division du développement durable, a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’Afrique. Dans ce rapport, le Secrétaire général souligne que le développement durable demeure hors de portée de la plupart des pays d’Afrique. Les mesures à prendre pour relever ce défi important ont été définies dans le Plan de mise en œuvre de Johannesburg, qui prône la stabilisation de la croissance économique et des investissements stratégiques dans l’infrastructure, les compétences et la recherche qui faciliteront le développement à long terme. Il préconise en outre d’améliorer la nutrition, la santé et l’éducation de tous les individus, quel que soit leur sexe; de mettre davantage l’accent sur la gestion des ressources naturelles et la conservation des biens d’environnement; ou encore, de prendre des dispositions pour faire face aux difficultés à venir, comme celles qui découleront des changements climatiques.
Le Secrétaire général constate également que la pauvreté extrême arrive au premier rang des obstacles au développement durable. De nombreux Africains sont enfermés dans le cercle de la pauvreté et sont fortement dépendants de ressources naturelles fragiles et vulnérables face aux chocs économiques et écologiques. En outre, les conflits armés et la prévalence de pandémies telles que le paludisme et le VIH/sida perturbent les sociétés africaines. La faiblesse des gouvernements demeure un problème dans de nombreux pays, en particulier ceux qui bénéficient des prix élevés de l’énergie et des minéraux. Compte tenu de cette situation, les responsables politiques africains ont été très actifs ces dernières années, ce qui a ouvert de nouvelles perspectives pour la région.
M. GERRY NOBLE, Médecin irlandais et expert en microassurance, a affirmé que les pauvres sont assurables, même pour le VIH/sida ou le paludisme, à condition de pouvoir compter sur des contrôles suffisants pour éviter la fraude. Il a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer en priorité au paludisme. Il faut à cet égard, a-t-il dit, des contrôles très stricts et de la prévention, laquelle est plus importante que les soins.
M. DAVID TOMMY, Directeur du Bureau de liaison à New York de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a souligné la nécessité de disposer d’une croissance soutenue pour atténuer la pauvreté. Aucun autre continent de la planète en dehors de l’Afrique n’a un tel potentiel de développement de sa base agricole, a-t-il dit, évoquant notamment les difficultés des exportateurs africains à pénétrer les marchés mondiaux. Selon lui, l’amélioration de l’infrastructure est un des besoins les plus vitaux. La productivité est certainement la meilleure manière d’assurer la compétitivité, a-t-il dit, précisant que les entreprises relativement plus productives peuvent offrir des prix plus bas pour leurs clients. Il faut être concurrentiel avant d’espérer accéder aux marchés, a-t-il insisté. Aucun pays ne s’est jamais développé sans industrialisation, ou n’est passé de la condition de pays moins avancé à celle de pays développé, a-t-il poursuivi.
M. NEBIYELEUL GESSESE, Ingénieur industriel et chimique et spécialiste de l’environnement avec la société Global Development Solutions, a concentré son intervention sur les effets de l’intégration régionale sur l’agriculture et les liens de celle-ci avec les autres secteurs. Les raisons des mauvais résultats sont multidimensionnels et vont au-delà de l’agriculture elle-même, a-t-il notamment expliqué.
Mme MARJATTA EILITTÄ, Directrice du Programme agrobusiness du Centre international de développement des engrais, à Accra, au Ghana, a mis l’accent sur la nécessité de passer d’une agriculture extensive à une agriculture intensive. Les prix des engrais sont très élevés en Afrique, encore plus élevés qu’ailleurs en raison notamment des coûts importants des transports, a-t-elle indiqué. Elle a en outre estimé que les Africains devaient orienter leur production aussi bien vers les marchés nationaux que régionaux ou internationaux. Il faut également, a-t-elle dit, des chaînes d’approvisionnement efficaces pour les produits de base.
Parmi les nombreux pays qui se sont exprimés lors du débat qui a suivi, la représentante de la Slovénie a, au nom de l’Union européenne, estimé que relever les défis du développement durable en Afrique exigeait d’adopter non seulement une approche intégrée et interconnectée, mais aussi d’entreprendre une action efficace de la part de toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements, la société civile, le secteur privé et les partenaires au développement, ceci en vue d’accélérer les progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. L’amélioration de la gouvernance économique et du climat d’investissement constitue un élément essentiel pour renforcer l’économie africaine, ceci en vue de permettre au continent d’affranchir du soutien des donateurs et de trouver sa place sur les marchés mondiaux. De même, la coopération entre l’Afrique et l’Union européenne dans le contexte de la Stratégie conjointe Afrique-Union européenne, contribuera à promouvoir un cadre juridique stable, efficace et harmonieux pour les affaires, a estimé la représentante.
Son homologue d’Antigua-et-Barbuda, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que l’Afrique était le continent le plus vulnérable et le plus désavantagé en termes d’adaptation et d’atténuation des aspects négatifs liés aux questions thématiques du développement durable. Il a estimé que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) était un mécanisme représentant un désir collectif et un engagement des pays africains à réaliser le développement économique et social durable, y compris l’élimination de la pauvreté. Il constitue en outre une opportunité pour les pays africains de prendre en charge leur propre destin. Collectivement, à travers le NEPAD, et individuellement, les pays africains ont pu prendre un certain nombre de mesures pour assurer de manière holistique leur développement durable, a-t-il poursuivi. Si l’Afrique a démontré son engagement, il est désormais temps pour la communauté internationale d’assumer sa part en respectant ses engagements de développement, a-t-il dit. Il a ainsi affirmé que le Plan de mise en œuvre de Johannesburg appelait la communauté internationale à soutenir les efforts entrepris par l’Afrique pour promouvoir la paix, la stabilité et la sécurité, la résolution et la prévention des conflits, la démocratie, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, y compris le droit au développement et la parité entre les sexes.
La représentante de Tonga, au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement du Pacifique, a affirmé que ces États aspiraient à une coopération régionale accrue. Les nations insulaires de l’Afrique, comme celle du Pacifique, sont en première ligne des conséquences et des effets des changements climatiques, a-t-elle dit, évoquant notamment la pénurie d’eau douce. La représentante a ainsi plaidé en faveur d’un dialogue mutuel en ce qui concerne les méthodes de gestion de l’eau. Elle a en outre indiqué que les deux régions étaient confrontées de la même façon au problème de la pêche illicite, non réglementée et non autorisée.
Le représentant de Djibouti, au nom du Groupe africain, a déclaré qu’en dépit des efforts fournis individuellement par quelques pays pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, l’Afrique ne pourra probablement pas réduire de moitié le nombre de ses populations vivant dans la pauvreté d’ici à 2015. La communauté internationale devrait aider l’Afrique dans le domaine commercial, a-t-il souligné. Ainsi, le blocage des négociations du Cycle de Doha renforce la nécessité urgente de garantir un système commercial international équitable qui préserverait les intérêts des pays en développement, en particulier ceux d’Afrique, a rappelé le représentant. Le Groupe africain appelle à l’opérationnalisation de l’Initiative d’aide pour le commerce et à aider les pays africains à ajouter de la valeur à leurs produits, a-t-il poursuivi. Il a également estimé qu’il était temps d’éliminer la dette bilatérale et multilatérale si l’on voulait réellement aider la région. Il a enfin appelé les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à respecter dès que possible leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut à l’aide publique au développement des pays en développement, dont 0,20% aux pays les moins développés.
Le délégué des Pays-Bas a rappelé, de son côté, que son pays s’était engagé à consacrer 0,8% de son produit intérieur brut à la coopération au développement, en faisant ainsi un des plus importants donateurs.
Sa collègue de la Chine a estimé que la communauté internationale devait prendre en considération la situation particulière des pays africains et accroître la voix et la représentation de ceux-ci aux centres et processus de décisions internationaux pour leur permettre de participer pleinement à la formulation de règles économiques et leur fournir la capacité et l’opportunité de s’intégrer dans le monde économique. De même, la communauté internationale doit appuyer davantage l’Afrique dans son développement agricole. Il faut aider les pays africains à mieux gérer leurs terres, a-t-elle précisé.
Le représentant de l’Afrique du Sud a mis l’accent sur la nécessité d’accroître les investissements en Afrique, en même temps qu’il faut y renforcer les infrastructures et l’aide publique au développement et alléger la dette.
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