ECOSOC/6362

ECOSOC: PLUSIEURS ÉTATS INSISTENT SUR LE RESPECT DES PRINCIPES D’HUMANITÉ, DE NEUTRALITÉ, D’IMPARTIALITÉ ET D’INDÉPENDANCE QUI SOUS-TENDENT L’AIDE HUMANITAIRE

15/07/2008
Conseil économique et socialECOSOC/6362
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond 2008

30e séance – après-midi


ECOSOC: PLUSIEURS ÉTATS INSISTENT SUR LE RESPECT DES PRINCIPES D’HUMANITÉ, DE NEUTRALITÉ, D’IMPARTIALITÉ ET D’INDÉPENDANCE QUI SOUS-TENDENT L’AIDE HUMANITAIRE


Le Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé, cet après-midi, le segment de sa session de fond portant sur l’assistance humanitaire, par un débat général où a été mise en exergue la nécessité de promouvoir un plus grand respect des principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance qui sous-tendent l’apport de l’aide humanitaire.


Le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Park In-kook, de la République de Corée, a souligné que le segment des affaires humanitaires dont il dirigeait les travaux était l’occasion de réaffirmer l’engagement commun pris par les États en faveur du respect et du soutien de ces principes.  « Nous sommes en butte à des urgences humanitaires de plus en plus complexes qui ne connaissent pas de frontières et demandent une action appropriée », a-t-il dit, ouvrant le débat général.


Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. John Holmes, qui présentait le rapport* du Secrétaire général relatif au « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies », a, en particulier, mis l’accent sur la nécessité d’assurer l’acheminement de l’aide humanitaire de manière opportune.  John Holmes a noté que les États Membres avaient un rôle important à jouer dans ce sens.  M. Holmes a ainsi insisté sur les problèmes de sécurité et de sûreté posés aux travailleurs humanitaires, citant en exemple les attaques dont ils ont été victimes au Darfour, en Afghanistan et en Somalie récemment.  Il a également espéré que les discussions de l’ECOSOC permettraient de renforcer la cohérence des politiques et des activités opérationnelles, au bénéfice de ceux qui en ont le plus besoin sur le terrain.


Dans le rapport qu’il a soumis à l’ECOSOC, le Secrétaire général estime que la fréquence accrue des catastrophes liées au climat et la poursuite de l’augmentation des prix des produits alimentaires à l’échelle mondiale sont « susceptibles d’aggraver la vulnérabilité de certains groupes de population ».  « Ces tendances appellent non seulement des interventions de plus vaste portée, dont la coordination doit être améliorée à tous les niveaux, mais aussi un plus grand respect, par toutes les parties prenantes, des principes qui sous-tendent l’aide humanitaire », souligne Ban Ki-moon.  Les États sont, dès lors, « instamment priés », par le Secrétaire général, de « faciliter le passage rapide et sans obstacle du personnel humanitaire et des articles de secours destinés aux populations qui en ont besoin », tandis que « des mesures appropriées doivent être prises par les autorités compétentes des pays concernés pour garantir la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire à l’intérieur de leurs frontières ». 


M. Ban préconise en outre la conception ou le renforcement à tous les niveaux de « mesures d’atténuation des risques et de préparation en vue d’éventuelles catastrophes ».  De même, recommande-t-il, l’Équipe spéciale de haut niveau sur la crise alimentaire mondiale, qu’il a établie, doit être appuyée.  Enfin, des « ressources supplémentaires » doivent être débloquées afin de faire face aux changements climatiques et à l’augmentation des prix des produits alimentaires.


Lors du débat général, le représentant d’Antigua-et-Barbuda a estimé, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que le système des Nations Unies et la communauté internationale avaient un rôle unique à jouer pour assister les pays en développement à renforcer leurs capacités humanitaires existantes, leurs connaissances et leurs institutions, en garantissant l’accès aux fruits de la recherche et le transfert des nouvelles technologies, ainsi que le financement et l’expertise requis. 


Lors de son intervention, au nom de l’Union européenne, le représentant de la France a condamné dans les termes les plus vifs l’augmentation du nombre d’attaques commises contre les travailleurs humanitaires et a demandé aux gouvernements de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la sûreté du personnel humanitaire opérant sur leur territoire.  Cela implique de mettre un terme à l’impunité et de reconnaître publiquement l’impartialité et le rôle positif que jouent les travailleurs humanitaires, a-t-il dit. 


Les représentants des pays suivants ont pris la parole au cours du débat: Antigua-et-Barbuda, qui parlait au nom du Groupe des 77 et de la Chine; France, au nom de l’Union européenne; Éthiopie, au nom du Groupe africain; Soudan, Suisse, Philippines, Japon, Indonésie, Canada, Fédération de Russie, États-Unis, Bangladesh, Malaisie, Belarus, Norvège, Brésil, Australie, Colombie, Chine et Syrie.  Les observateurs de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se sont également exprimés.


Les travaux de l’ECOSOC reprendront demain, mercredi le 16 juillet, à 10 heures.  Une réunion-débat sur le thème « Planification en prévision des catastrophes et atténuation des risques qui y sont associés: remédier aux conséquences humanitaires des catastrophes naturelles, y compris l’impact des changements climatiques » aura lieu jusqu’à 13 heures.  Dans l’après-midi, le Conseil se réunira pour tenir des élections en vue de pourvoir les postes vacants dans ses organes subsidiaires.  Le débat général reprendra ensuite.


* Rapport publié sous la cote A/63/81-E/2008/71



DÉBAT CONSACRÉ AUX AFFAIRES HUMANITAIRES


Assistance économique spéciale, aide humanitaire et secours en cas de catastrophe


Présentation et débat général


M. PARK IN-KOOK (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a souligné que le segment des affaires humanitaires dont il assume la direction des travaux était l’occasion de réaffirmer l’engagement commun en faveur du respect et du soutien des principes de l’assistance humanitaire que sont l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance.  Nous sommes conscients que la responsabilité principale du bien-être de nos citoyens nous incombe, a-t-il déclaré.  Nous sommes en butte à des urgences humanitaires de plus en plus complexes qui ne connaissent pas de frontières et demandent une action appropriée, a-t-il ajouté.  M. Park a mis l’accent sur la nécessité de parvenir à un accord sur le projet de résolution soumis aux membres de l’ECOSOC, lequel, a-t-il dit, va dans le sens d’améliorations pratiques du mode de conduite des opérations humanitaires et orientera l’effort international humanitaire au cours de la prochaine année. 


M. JOHN HOLMES, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a présenté le rapport du Secrétaire général sur le renforcement des secours d’urgence.  Il a rappelé que, l’année dernière, il avait prévenu qu’il y aurait une fréquence accrue des catastrophes naturelles.  Il a constaté que les dégâts occasionnés par les catastrophes naturelles avaient en effet augmenté, citant en exemple le cyclone Nargis qui s’est abattu sur le Myanmar et le tremblement de terre survenu récemment en Chine.  Dans ce contexte, il a souligné l’importance de renforcer la préparation préalable aux niveaux national et international et de prendre des mesures d’atténuation des risques posés par les catastrophes.  Il a aussi indiqué que les urgences étaient de plus en plus complexes, mettant en avant les conflits de longue date qui empêchent l’acheminement de l’aide humanitaire, comme c’est le cas au Darfour ou en Somalie.  Dans ce dernier pays, a-t-il précisé, les besoins humanitaires ont augmenté de 50% l’année dernière.  Il a noté que ces difficultés venaient s’ajouter aux risques des changements climatiques et aux effets de la crise alimentaire et a exhorté la communauté internationale à réagir. 


Le Coordonnateur des secours d’urgence a de plus mis en lumière les problèmes d’accès que rencontrent les travailleurs humanitaires.  Il a rappelé qu’en dépit des principes de base de l’assistance humanitaire –l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance-, les travailleurs humanitaires étaient encore souvent considérés avec méfiance et étaient victimes d’attaques ou encore de problèmes bureaucratiques.  Il a affirmé qu’il fallait assurer l’acheminement de l’aide humanitaire de manière opportune, notant que les États Membres avaient un rôle important à jouer dans ce sens.  M. Holmes a aussi insisté sur les problèmes de sécurité et de sûreté posés aux travailleurs humanitaires, citant en exemple les attaques dont ils ont été victimes au Darfour, en Afghanistan et en Somalie récemment.  Il a rappelé que ces attaques avaient un effet négatif sur la fourniture de l’assistance.  Les humanitaires sont des personnes qui risquent leur vie pour aider les autres, et leur sécurité et leur sûreté sont essentielles à la conduite de leur mission, a-t-il déclaré. 


Par ailleurs, le Secrétaire général adjoint a constaté que l’insécurité alimentaire touchait les États les plus fragiles et les personnes les plus pauvres.  Il a estimé que le règlement durable de ce problème impliquait une réaction immédiate et unifiée de la communauté internationale, afin de traiter des besoins humanitaires mais aussi des problèmes structurels.  Il a noté que l’Équipe spéciale du Secrétaire général était un pas important pour pouvoir agir de manière conséquente et harmonisée.  En ce qui concerne les changements climatiques, il a rappelé que leurs effets affectaient la vie de millions de personnes, entraînant notamment des maladies ou des déplacements de population.  Il a estimé qu’il fallait mieux se préparer et mieux réagir en cas de catastrophes.  Seule une réponse concertée nous permettra de soulager les souffrances humaines et de sauver des vies, a-t-il fait valoir.  Enfin, M. Holmes a souligné l’impératif moral de l’assistance humanitaire et a demandé que son acheminement puisse se faire sans entraves.  Il a également espéré que les discussions de l’ECOSOC permettraient de renforcer la cohérence des politiques et des activités opérationnelles, au bénéfice de ceux qui en ont le plus besoin sur le terrain.


M. CONROD HUNTE (Antigua-et-Barbuda), qui s’exprimait au nom des États du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné la nécessité d’agir pour répondre aux défis humanitaires actuels de manière vigoureuse, opportune et coordonnée.  Le représentant a jugé essentiel que les États affectés, les pays donateurs, le système des Nations Unies et d’autres organisations humanitaires œuvrent ensemble pour fournir l’assistance humanitaire et l’aide au développement nécessaires, tout en prenant en considération le rôle principal que doivent jouer les pays affectés eux-mêmes.  Le système des Nations Unies et la communauté internationale ont, a-t-il dit, un rôle unique à jouer pour assister les pays en développement à renforcer leurs capacités humanitaires existantes, leurs connaissances et leurs institutions, en garantissant l’accès aux fruits de la recherche et le transfert des nouvelles technologies, ainsi que le financement et l’expertise requis.  Le représentant d’Antigua-et-Barbuda a en outre mis l’accent sur la nécessité pour les pays où opèrent du personnel humanitaire de faciliter l’accès sûr et sans entraves des Nations Unies et de leurs travailleurs humanitaires là où on a besoin d’eux.  Il a lancé un appel à toutes les parties concernées pour qu’elles coopèrent pleinement avec le coordonnateur humanitaire des Nations Unies et les agences de l’ONU opérant dans le pays touché en fournissant un tel accès d’une manière qui soit conforme aux termes de la législation nationale et du droit international.  Les États Membres doivent respecter entièrement leurs obligations découlant du droit international humanitaire, et en particulier des Conventions de Genève de 1949, dont les principes visent à protéger et à aider les civils vivant dans des territoires occupés.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France), qui prenait la parole au nom de l’Union européenne, a reconnu les efforts déployés pour améliorer la réponse humanitaire, mais a estimé que des défis demeuraient dans plusieurs domaines, comme le renforcement de la coordination ou encore l’accès humanitaire.  Constatant l’augmentation du nombre et de l’ampleur des urgences humanitaires, il a rappelé que la plupart étaient liées aux changements climatiques.  Aujourd’hui, a-t-il précisé, 26 millions de gens ont été déplacés à travers le monde à la suite de catastrophes naturelles.  Il s’est en outre dit extrêmement préoccupé par la dégradation continue de la situation humanitaire dans les pays qui de longue date sont en proie à des conflits, ces conflits provoquant notamment des déplacements massifs de population.  Il a appelé au déploiement complet de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) afin de renforcer la protection des civils dans cette région et rappelé l’implication directe de l’Union européenne au Tchad et en République centrafricaine.  Dans un contexte de besoins humanitaires croissants, il a estimé qu’il était encore plus important que toutes les parties respectent les principes humanitaires, insistant sur la question de l’accès, « condition préalable à toute réponse humanitaire ».  Il a regretté que les travailleurs humanitaires se voient trop souvent refuser l’accès aux populations dans le besoin et soient la cible d’attaques délibérées.  Il a condamné dans les termes les plus vifs l’augmentation du nombre d’attaques et a demandé aux gouvernements de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la sûreté du personnel humanitaire sur leur territoire.  Cela implique de mettre un terme à l’impunité et de reconnaître publiquement l’impartialité et le rôle positif que jouent les travailleurs humanitaires, a-t-il dit. 


Dans cet environnement difficile, M. Ripert s’est félicité des efforts entrepris par les organismes humanitaires des Nations Unies pour renforcer leurs capacités.  Il a salué l’approche de « clusters » qui a été adoptée et qui, selon lui, a déjà commencé à compenser les lacunes constatées dans la réponse humanitaire et à en améliorer la planification.  En outre, il a encouragé le développement de partenariats humanitaires entre les Nations Unies et les autres acteurs et a noté le rôle que peut jouer le secteur privé.  En ce qui concerne le financement de l’aide humanitaire, il a rappelé que l’Union européenne était le principal pourvoyeur d’aide au monde et a précisé qu’elle fournit la moitié de cette aide.  Il a reconnu la nécessité d’un financement plus équitable, plus souple et plus rapide, pour répondre aux crises humanitaires, et a dit que ce financement devait être basé sur les besoins.  Il a appuyé les efforts déployés par OCHA pour faire le point sur les initiatives actuelles d’évaluation des besoins, afin de développer un cadre commun d’évaluation fiable et global pour une compréhension partagée des besoins et une réponse humanitaire plus efficace. 


M. NEGASH KEBRET (Éthiopie), qui parlait au nom du Groupe africain, a souligné que le continent africain n’a ni les capacités ni les moyens, en particulier l’expertise et les fonds, d’atténuer l’impact des catastrophes naturelles et d’assurer une reconstruction rapide des zones affectées.  Soulignant ainsi le rôle important joué par les Nations Unies et les partenaires au développement, il a appelé à la mise en place de mécanismes de protection renforcés pour aider les populations affectées par ces sinistres et améliorer la coordination entre les acteurs humanitaires et ceux du développement. 


Le représentant éthiopien s’est donc rallié aux appels lancés par le Secrétaire général en faveur d’une augmentation des investissements dans la préparation aux catastrophes dans les régions à haut risque et d’une mobilisation d’une plus grande action contre l’impact humanitaire des changements climatiques.  Parlant de la crise alimentaire, il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse plus de ressources et a émis l’espoir que le Groupe de travail de haut niveau élaborera une réponse appropriée qui permettrait à tous les acteurs humanitaires de contribuer efficacement à l’atténuation de cette crise.  Dans ce cadre, le représentant a lancé un appel urgent au système des Nations Unies pour qu’il améliore dans les meilleurs délais, sa manière d’évaluer les besoins, d’analyser la vulnérabilité des pays et de travailler avec les gouvernements nationaux afin de développer des filets de sécurité à l’intention des populations vulnérables.  Soulignant une dernière fois combien il est important que des fonds suffisants et flexibles soient mis à la disposition de l’ONU, il a salué l’idée de créer un fonds humanitaire commun pour toute l’Afrique.  


M. HASSABO MOHAMMED (Soudan) a affirmé qu’au Darfour, le taux de mortalité se situait en dessous du seuil d’urgence.  Il a assuré que 90% de la superficie du Darfour étaient désormais sécurisées.  Les préoccupations actuelles ont trait à la situation des camps de réfugiés, a-t-il ajouté.  Le représentant s’est également dit préoccupé par les attaques de convois humanitaires par des rebelles.  Il a fait état de l’existence d’un mécanisme de coordination conjoint destiné à escorter les convois humanitaires sur les cinq routes principales du Darfour afin de sécuriser l’acheminement de 35 tonnes métriques d’aide.  Le Soudan, a-t-il ajouté, a besoin d’une aide des organisations non gouvernementales (ONG) et de la communauté internationale pour renforcer les capacités de distribution de l’aide humanitaire.  Les contributions des travailleurs humanitaires sont très faibles, a-t-il cependant estimé.  Il a mis l’accent sur la nécessité de disposer d’ONG sur le terrain.  Il convient d’évaluer les faiblesses et les aspects positifs des efforts fournis par le Gouvernement du Soudan, a préconisé le représentant.  Le Président soudanais a ainsi émis 29 décrets présidentiels pour faciliter l’accès de l’assistance humanitaire, a-t-il expliqué.  Le représentant a également indiqué que son pays avait mis en place un mécanisme d’acheminement très rapide de l’aide humanitaire de l’ONU.  Il a néanmoins plaidé en faveur d’une meilleure coordination entre les ONG nationales, l’ONU et les autres différents partenaires. 


M. HANS PETER LENZ (Suisse) a demandé que la résolution du segment humanitaire de l’ECOSOC se concentre sur des questions concrètes donnant des orientations politiques appropriées au niveau des défis opérationnels.  Il a estimé que les recommandations du Secrétaire général devraient à ce titre représenter un guide essentiel pour identifier les principaux sujets débattus au cours des négociations.  Les questions de principe ou concernant le cadre plus général de l’action humanitaire devraient quant à elles être discutées dans le cadre des résolutions de l’Assemblée générale, a estimé M. Lenz.  Le représentant s’est montré préoccupé de l’application jugée lacunaire et insuffisante des Directives d’Oslo de 1994 et 2006, qui constituent pourtant un cadre pertinent pour l’utilisation de ressources militaires internationales dans les situations d’urgence humanitaire. 


Concernant le rapport du Secrétaire général, M. Lenz a estimé que les efforts de l’Équipe spéciale de haut niveau sur la crise alimentaire doit continuer à appuyer de manière coordonnée l’action des gouvernements.  Il ne faut pas chercher à produire des réponses génériques, mais plutôt à adopter des programmes multisectoriels tenant compte des besoins réels et adaptés à chaque situation en termes de risques, de vulnérabilité et de capacités, a-t-il affirmé.  Il a insisté sur la nécessité de fonder l’assistance humanitaire sur une analyse préalable des besoins réels des populations affectées et s’est prononcé en faveur de mesures volontaires visant à améliorer la qualité des interventions.  À cet égard, il a rappelé que l’aide humanitaire de la Confédération helvétique a obtenu en novembre 2007 un label ISO correspondant à une « assurance qualité » de son mécanisme d’intervention d’urgence.  Le représentant a par ailleurs rappelé que la Suisse souhaite contribuer à l’identification des solutions permettant de faciliter l’accès, de plus en plus souvent entravé, des organisations humanitaires aux populations dans le besoin, comme elle l’a fait récemment lors d’une réunion d’experts.  Il a rendu hommage à l’action du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et a souhaité que ce Bureau se concentre davantage sur ses compétences et fonctions essentielles, en s’appuyant de façon plus marquée sur le personnel et sur le réseau étendu des agences, fonds et programmes des Nations Unies.


M. HILARIO DAVIDE (Philippines) a estimé que, durant les 10 dernières années, les Nations Unies ont été en mesure de fournir une réponse intégrée à des situations d’urgence complexes et a rappelé que son pays en a bénéficié à plusieurs reprises.  Toutefois, a-t-il observé, une grande part de ce travail est par nature réactif, et il faudrait faire beaucoup plus pour aider les pays à organiser la prévention pour qu’ils soient mieux en mesure de faire face en cas de situation d’urgence.  Citant Benjamin Franklin –«  une once de prévention vaut une livre de traitement »- le représentant a estimé que les précieuses ressources financières des Nations Unies pourraient être efficacement utilisées pour prévenir les effets des catastrophes naturelles ou d’origine humaine, ceci en donnant aux États Membres la capacité de faire face à leurs conséquences et en développant les capacités nationales à fournir une assistance immédiate aux populations affectées. 


Cela supposera que les Nations Unies aient la volonté politique d’inciter les pays développés et les partenaires au développement à fournir des formations et de nouveaux transferts de technologies plus appropriées afin d’augmenter les capacités des États en développement et les aider à s’aider eux-mêmes, a ajouté le représentant.  Aider les pays à faire face, d’abord par eux-mêmes, à la prévention des catastrophes ou à la réduction de leurs effets permettra aussi de faire face au risque de lassitude des donateurs, a dit M. Davide.  Il a estimé que la stratégie mise en place pour faire face à la crise alimentaire mondiale fournit un bon exemple de la manière dont il faut agir.  L’ECOSOC se doit de soutenir fermement, le 18 juillet, le Cadre global d’action et à donner ainsi un premier signal de la volonté politique des Nations Unies de galvaniser l’aide aux plus vulnérables, a-t-il ajouté.


M. TAKAHIRO SHINYO (Japon) a rappelé que beaucoup de catastrophes naturelles avaient touché l’Asie.  Il a affirmé qu’il fallait s’interroger sur la manière dont l’ONU devait répondre à ces catastrophes et allouer les ressources dans ce domaine.  Il a insisté sur l’importance des mesures de préparation et de réduction des risques posés par ces catastrophes.  Il a dit qu’il fallait promouvoir ces actions avant que d’autres catastrophes ne surviennent.  Il a entre autres souligné qu’en mai dernier, le Premier Ministre du Japon avait annoncé l’intention qu’avait le pays de promouvoir, avec d’autres États, la coopération dans le domaine de la préparation aux catastrophes et de la réduction des risques et de créer à cet effet un réseau asiatique.  Il a estimé que la coopération régionale contribuait à la capacité de réponse aux catastrophes.  M. Shinyo a rappelé que son pays avait connu de nombreuses catastrophes naturelles et avait accumulé de larges connaissances et développé des technologies pour y répondre et en réduire les risques.  Il a par ailleurs dit qu’il fallait promouvoir l’adaptation aux effets des changements climatiques, responsables de nombreuses catastrophes naturelles, et renforcer les systèmes d’alerte précoce.  Il a indiqué que son pays allait fournir 10 milliards de dollars en assistance pour les mesures d’adaptation et d’accès à l’énergie propre.  Il a par ailleurs rappelé l’accord sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre intervenu lors du Sommet du G-8 la semaine dernière au Japon.  S’agissant de la crise alimentaire, Takhiro Shinyo a aussi noté que le G-8 avait mis en place un Groupe de travail sur la question et a appelé les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods à renforcer davantage le plan-cadre soumis par l’Équipe spéciale du Secrétaire général, afin de parvenir à la fourniture d’une assistance coordonnée.  Enfin, il a salué tous les travailleurs humanitaires pour leur dévouement et leur altruisme. 


M. DENNY ABDI (Indonésie) a souligné l’importance de disposer de mécanismes efficaces qui permettraient à la communauté internationale de répondre aux appels des pays affectés par des catastrophes, comme cela est mentionné dans la résolution 46/182 du 16 décembre 1991.  Le représentant a mis l’accent sur les principes de neutralité, d’humanité et d’impartialité reconnus par cette résolution qui appelle au plein respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale des États.  Il a dit que si tous les pays devaient être en mesure d’identifier leur vulnérabilité et de définir les mesures nécessaires pour limiter cette vulnérabilité, il fallait aussi reconnaitre les insuffisances de capacités des pays en développement pour ce faire.  C’est pourquoi, il a exhorté la communauté internationale et le système des Nations Unies en particulier, à ne pas échouer à renforcer les capacités des pays en développement en accord avec les ambitions du cadre de Hyogo. 


Par ailleurs, il a précisé que le Gouvernement indonésien, avec le soutien de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), avait mis en œuvre des plans locaux de réduction des risques liés aux catastrophes, notamment dans les provinces de Java et de Yogyakarta, après les tremblements de terre qui s’étaient produits en 2006.  Il a indiqué que ces plans, destinés à préparer les gouvernements locaux, ont été mis en place selon les principes du cadre de Hyogo.  Le cadre de Hyogo insiste sur la nécessaire adaptation aux besoins et contextes locaux et sur l’utilisation d’approches multidimensionnelles et multisectorielles.  À côté des catastrophes naturelles, a-t-il précisé, il faut aussi prendre en considération les dangers plus complexes causés par l’homme et la nature.  Le représentant a dit que la récente crise alimentaire était un exemple criant des défis causés par la conjonction des deux types de phénomènes.  En raison des conséquences à long terme des pénuries alimentaires sur le développement, il a estimé indispensable que soit en place un mécanisme d’alerte rapide relatif à la sécurité alimentaire.  Il a rappelé que l’Indonésie, qui a été frappée, par le terrible tsunami de 2004 était très consciente de l’impact de telles catastrophes sur le développement.  Il a donc exhorté la communauté internationale à soutenir tous les efforts allant de l’humanitaire au développement dans l’objectif de réaliser les OMD. 


Mme LESLIE NORTON (Canada) a mis l’accent sur la nécessité d’assurer un accès humanitaire total, sûr et libre aux personnels venant en aide aux civils éprouvés.  Il s’agit, a-t-elle dit, d’un principe fondamental de l’action internationale humanitaire qui ne doit pas être sujet à interprétation et à débat.  De même, il ne peut y avoir aucune impunité pour ceux qui s’en prennent aux travailleurs humanitaires.  Les États Membres ont la responsabilité d’enquêter sur ces actes et d’en traduire les auteurs en justice, a-t-elle ajouté.  Mme Norton a également indiqué que le Canada entendait venir en aide à ceux qui sont le plus éprouvés par la crise alimentaire.  C’est pourquoi, a-t-elle affirmé, le Canada a annoncé le 30 avril 2008 qu’il consacrerait 230 millions de dollars à l’aide alimentaire au cours du présent exercice et qu’il ouvrait 100% de son budget d’achat d’aide alimentaire à l’approvisionnement international, en particulier à l’approvisionnement dans les pays en développement.  La représentante, qui a estimé que l’action humanitaire devait être guidée par le leadership de coordonnateurs humanitaires de grand talent et d’expérience, a exhorté l’ONU à renforcer en priorité le rôle, les capacités et le choix de ses coordonnateurs humanitaires.


M. VASSILY NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré qu’alors que la demande de services humanitaires s’accroît, il était important que la communauté internationale humanitaire respecte les principes fondamentaux de cette aide, qui doit rester apolitique.  Il a estimé que toute tentative d’aller à l’encontre de ces principes représentait une politisation de l’aide humanitaire.  Il a fait part de l’attachement de sa délégation aux priorités définies à Hyogo en 2005, et a affirmé que la communauté humanitaire devait particulièrement s’attacher aux mesures de prévention et de préparation face aux catastrophes naturelles tel qu’indiqué dans le cadre d’Hyogo.  Par ailleurs, il a rappelé que le monde faisait face à une nouvelle situation d’urgence humanitaire, avec la crise alimentaire mondiale.  À cet égard, il a indiqué que la réunion spéciale de l’ECOSOC consacrée à ce sujet avait été une expérience positive et a souhaité que le Conseil continue à suivre les questions d’actualité de près.  Le représentant russe a jugé indispensable de continuer à perfectionner les mécanismes de mobilisation des ressources pour l’assistance humanitaire, notamment en élargissant la base des donateurs.  Il a considéré que les appels consolidés étaient des éléments très importants de cette mobilisation financière.  Enfin, il a appuyé les activités menées par OCHA au cours de l’année écoulée, ainsi que ses efforts pour renforcer ses capacités sur le terrain.


M. ROBERT HAGEN (États-Unis) a déclaré que les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance doivent absolument être préservés et que tous les membres de la communauté internationale devaient les respecter.  Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité de garantir l’accès des personnels humanitaires aux populations touchées par des catastrophes.  Tout obstacle à l’acheminement de l’aide risque d’exacerber l’impact des conséquences des crises humanitaires, a-t-il assuré.  L’assistance humanitaire doit faire face au défi de la crise alimentaire mondiale, a-t-il souligné, énumérant les différentes causes qui expliquent l’éclatement de cette crise.  Il a souligné que les États-Unis avaient mis en place une stratégie triple et intégrée, permettant de mieux aider les pays vulnérables, en appuyant par exemple, la libéralisation des échanges.  Il a notamment appelé les États Membres à conclure des accords ambitieux dans le cadre du Cycle de négociations commerciales de Doha.  


M. ISMAT JAHAN (Bangladesh) a constaté que 9 catastrophes naturelles sur 10 étaient liées aux changements climatiques.  Il a ainsi affirmé qu’il était urgent d’intensifier la recherche et l’analyse pour mieux comprendre les conséquences humanitaires des changements climatiques.  Il a aussi estimé qu’il fallait augmenter les investissements en faveur des mesures de réduction des risques posés par les catastrophes et de celles destinées à améliorer la préparation dans les pays les plus vulnérables, dont les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA).  Le représentant a noté que la crise mondiale actuelle créait des défis humanitaires importants à court, moyen et long termes.  Il a estimé que le système des Nations Unies devait améliorer l’évaluation des besoins et l’analyse de la vulnérabilité pour protéger les personnes exposées à cette crise.  Par ailleurs, M. Jahan a souligné que la cohérence du financement des opérations humanitaires était cruciale.  Dans cette perspective, il a mis en avant la nécessité de développer des mécanismes de financement améliorés, souples et pluriannuels.  Il a en outre estimé que l’assistance devait être basée sur les besoins.  Il a déclaré que le Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF) constituait une initiative importante qui permettait aux États de mettre en place un cadre d’assistance humanitaire plus rapide, plus prévisible et basé sur les besoins.  Il a souligné que ce Fonds avait démontré son utilité dans plusieurs régions du monde, y compris au Bangladesh.  Il a dit que ce mécanisme méritait d’être renforcé et d’être financé de manière adéquate.  Enfin, se penchant sur son propre pays, confronté à de nombreuses catastrophes humanitaires, Ismat Jahan a indiqué que le Bangladesh travaillait dur afin de réduire sa vulnérabilité et les risques auxquels il est exposé.  Il a notamment fait remarquer que son pays était parmi les premiers à avoir adopté une plate-forme nationale pour guider les efforts de réduction des risques.  


M. HAMIDON ALI (Malaisie) a estimé que la crédibilité et, par extension, l’efficacité de l’action humanitaire de la communauté internationale, était basée sur les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.  Le nombre d’attentats délibérés contre les travailleurs humanitaires a atteint des niveaux inacceptables, a-t-il dit.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de mettre en place des mesures de prévention face au défi des changements climatiques.  De l’avis du représentant de la Malaisie, l’ECOSOC a un rôle important à jouer dans la promotion d’efforts nationaux cohérents et intégrés en vue de s’attaquer à la connexion entre les défis des changements climatiques et humanitaires à travers des mesures d’adaptation.


M. ALEKSANDR STRIGELSKY (Bélarus) a rappelé que son pays contribuait à des opérations menées pour faire face à des situations d’urgence humanitaire.  L’un des apports importants de l’ONU pourrait être la formation par les pays intéressés de services de secours, et le Bélarus est tout à fait disposé à mettre son expérience à la disposition des instances intéressées, a dit le représentant.  Cela pourrait aussi se faire sous la forme d’un centre de formation international, a-t-il suggéré.  Quant à la mobilisation de ressources financières, celle-ci est indispensable pour pouvoir réagir avec célérité en cas d’urgence humanitaire, a conclu le représentant bélarussien.


Mme SUSAN ECKEY (Norvège) a affirmé que son pays attachait une importance particulière à la recommandation du Secrétaire général visant à intensifier la recherche sur les conséquences humanitaires des changements climatiques.  Elle a ainsi proposé que l’Équipe d’appui du Secrétaire général sur les changements climatiques et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat aident les États Membres à améliorer leur compréhension des risques et des vulnérabilités qu’occasionnent les perturbations du climat.  Avec le secrétariat de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes, a-t-elle indiqué, la Norvège fera une proposition révisée en faveur d’un rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat concernant la gestion des événements extrêmes, lors de la prochaine réunion du Groupe, à Genève, au mois de septembre.  La représentante a appelé les États Membres à apporter leur soutien à cette proposition.  Elle a également plaidé en faveur d’une coordination plus étroite entre les Nations Unies, les États Membres et les partenaires afin de garantir une planification et une réaction plus efficaces dans la phase critique de relèvement après une crise humanitaire.


M. PIRAGIBE DOS SANTOS TARRAGÔ (Brésil) a souligné qu’il incombait en premier lieu à chaque État de donner une aide aux populations vivant sur son territoire.  Dans le même temps, l’impressionnant système développé au sein des Nations Unies constitue une contribution très importante aux structures locales dont les efforts doivent très souvent être complétés par l’aide internationale, a-t-il rappelé.  Cela implique que la mise sur pied de capacités de réaction pour faire face aux catastrophes relève en premier lieu de chaque pays, ce qui n’est pas compatible avec une assistance internationale apportée aux États pour qu’ils puissent bâtir cette capacité, a indiqué M. Piragibe.


Face à la hausse des prix des denrées alimentaires, le Brésil estime que la solution au problème relève d’une double démarche combinant des actions d’aide immédiates à des politiques destinées à revitaliser la production agricole dans les pays en développement.  En ce qui concerne l’aide, le Brésil estime de la plus haute importance que le maximum de celle-ci soit acheté sur place.  Un des programmes mis en œuvre par le Brésil dans sa coopération avec Haïti prévoit l’identification des petits agriculteurs locaux susceptibles de répondre aux besoins, a précisé M. Piragibe.  Enfin, le Brésil s’apprête à adopter un plan national d’assistance humanitaire qui prévoit la création d’un entrepôt spécial qui doit être inauguré prochainement à Rio de Janeiro.  Celui-ci, situé sur une base aérienne, permettra de charger très rapidement des avions pour livrer de l’aide en 48 heures dans toute l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Afrique, et en 72 heures dans le reste du monde.


M. ROBERT HILL (Australie) a insisté sur l’importance de la coordination en demandant davantage d’efforts pour mettre sur pied un pool de coordonnateurs humanitaires dotés de suffisamment de compétences pour appuyer le rôle du coordonnateur résident.  Le représentant a aussi insisté sur la nécessité d’intégrer la dimension sexospécifique dans tous les aspects des politiques et des mesures de planification humanitaires ainsi que dans leur mise en œuvre.  Il a souligné l’importance, pour les réponses humanitaires, d’y inclure des mesures contre la violence fondée sur le sexe et des stratégies destinées à favoriser l’élargissement de l’accès des femmes aux services de santé reproductive. 


Le représentant australien a poursuivi sa déclaration en jugeant que les politiques de prévention des catastrophes doivent être au cœur de l’aide humanitaire et de l’aide au développement.  Il s’est ensuite dit troublé par le nombre croissant d’attaques commises contre le personnel humanitaire.  Il a appelé tous les États Membres à assurer la sécurité des agents humanitaires et à inscrire cette question dans leurs politiques et législations humanitaires.  Il les a aussi appelés à faciliter l’accès des agents humanitaires aux groupes vulnérables, tout en insistant sur les principes de l’assistance humanitaire que sont le sens de l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance.  Il a conclu en disant attendre avec intérêt un débat de fond sur l’utilisation des équipements militaires dans les situations d’urgence humanitaire.


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a souligné qu’il était nécessaire que l’assistance humanitaire soit prodiguée de manière neutre et impartiale tout en respectant le rôle primordial, qui revient à l’État concerné.  Cela est particulièrement pertinent dans le cas colombien, l’État ayant assumé, au travers d’institutions solides, la fourniture et la coordination d’une telle assistance, a-t-elle dit.  Mme Blum a évoqué en particulier l’action des groupes armés illégaux dont l’activité a beaucoup diminué ces dernières années, mais qui a imposé à l’État colombien qu’il réponde lui-même à la situation humanitaire locale, ce qui a entraîné des dépenses importantes, notamment en ce qui concerne l’aide aux victimes des groupes armés illégaux.  La représentante de la Colombie a souligné qu’il était important que les prochains rapports du Secrétaire général donnent des indications sur la façon dont les agences de l’ONU renforcent leurs stratégies d’appui à la construction de capacités nationales et locales.


M. YAO WENLONG (Chine) a remercié la communauté internationale pour le soutien apporté à son pays après le tremblement de terre du 12 mai 2008 qui a causé d’énormes pertes en vies humaines et en dégâts matériels dans la province de Sichuan.  Il a rappelé que l’année 2007 avait vu un record historique de catastrophes naturelles et le lancement de 15 appels de fonds d’urgence pour répondre aux conséquences de ces catastrophes, alors que la situation mondiale ne cessait de se détériorer avec des conflits armés, les changements climatiques et l’envolée des prix des denrées alimentaires.  Il a dit que la résolution 46/182 de l’Assemblée générale fournissait un cadre complet sur la conduite à tenir en matière de secours humanitaires.  Il a rappelé que l’expérience avait montré que les États touchés par des catastrophes devaient jouer le rôle de leader en matière d’initiative, de conduite, d’organisation et de coordination de l’effort humanitaire postcatastrophe.  Il a indiqué que la coordination était devenue d’une importance croissante au cours des dernières années, avec l’implication croissante des gouvernements, des organisations internationales, des ONG et du secteur privé dans l’assistance humanitaire.  Le représentant a donc estimé qu’il était nécessaire de renforcer la fonction de coordination du système des Nations Unies et le rôle du Bureau de la coordination des affaires humanitaires.


Il a par ailleurs estimé que la mise en place du Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires avait permis de renforcer les capacités de réponses humanitaires du système des Nations Unies.  Il a indiqué que la Chine soutenait tous les efforts du système de l’ONU visant à aider les pays et régions à risque à développer leurs capacités de prévention et de réduction des effets des catastrophes et à renforcer leurs capacités de secours humanitaires à tous les niveaux.  Il a exhorté la communauté internationale à aider ces pays à mettre en place des mécanismes d’alerte rapide, à augmenter leurs stocks et réserves humanitaires et à améliorer leurs capacités de réponse par le biais d’un financement de base, de transferts de technologies, d’échanges et de formation.  Il a dit que le Gouvernement de la Chine, en tant que pays en développement menacé par les catastrophes naturelles, était confronté chaque année à des tâches de prévention et de réduction des catastrophes à tous les niveaux.  Conscient de l’importance de la coopération internationale à cette fin et de l’appui à apporter aux pays frappés par les catastrophes, il a précisé que la Chine avait apporté au Pakistan, au Pérou, à la Bolivie, au Soudan et au Myanmar une assistance humanitaire sous différentes formes.


M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a déclaré que les populations subissant des conflits armés et vivant sous la colonisation et l’occupation étrangère souffraient notamment des actes de violence commis contre elles et des obstacles posés à l’acheminement des aides humanitaires qui leur sont destinées.  Elles souffrent aussi de la confiscation de leurs terres et des expulsions, l’exemple le plus poignant étant, à cet égard, celui du peuple palestinien.  Les Nations Unies ont souffert, a-t-il dit, d’un grave déséquilibre face à la tragédie qui a lieu dans les Territoires palestiniens.  L’ONU, y compris l’ECOSOC, doit prendre des mesures concrètes et immédiates, éloignées de la politique du deux poids, deux mesures, a-t-il poursuivi, en évoquant ensuite la situation des agriculteurs syriens du plateau du Golan.  Le représentant syrien a invité la communauté internationale à exercer des pressions sur Israël afin qu’il mette en œuvre ses engagements découlant des Conventions de Genève et ouvre les points de passage aux convois d’aide humanitaire destinée aux Palestiniens. 


Mme ANKE STRAUSS, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a rappelé que le règlement de la question des déplacements internes donnait lieu à une coopération entre de nombreuses organisations.  Toutefois, l’efficacité de cette action est limitée par les entraves que la situation prévalant sur le terrain impose à l’accès aux populations vulnérables.  Le Fonds central d’intervention d’urgence a fourni près de 30 millions de dollars à l’OIM, a-t-elle expliqué, en soulignant qu’il s’agissait d’un minimum, mais qui a tout de même permis de lancer des opérations dans 49 crises.  Elle a reconnu que la situation critique causée par l’augmentation des prix mettait le Fonds dans une situation difficile, ce qui rendrait nécessaire un accroissement de ses ressources.


Mme Strauss a évoqué le phénomène des migrations qui, a-t-elle dit, relève de situations extrêmement différentes en ce qui concerne leurs causes.  Bien souvent, dans les cas de migrations forcées à la suite de catastrophes naturelles de grande ampleur, comme observé récemment en Chine ou au Myanmar, le retour des populations est impossible, au moins à court terme, les infrastructures de base étant détruites.  Ces situations exposent les populations jeunes ou féminines à des situations de violences ou d’exploitation s’ajoutant à l’urgence humanitaire elle-même, a rappelé Anke Strauss.  En conclusion, l’OIM est disposée à mener la plus large coopération possible avec ses partenaires, a dit Mme Strauss, en rendant particulièrement hommage à l’OCHA pour son action.


M. ERIC LAROCHE, Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré que l’OMS était engagée dans le renforcement de ses propres capacités afin de devenir un partenaire efficace dans l’assistance humanitaire.  En 2008, l’OMS a amélioré la qualité de sa réponse de 42%, a-t-il dit, notant qu’au Myanmar, par exemple, l’Organisation dirigeait un module important de 40 institutions.  Il a également cité les moyens mis en œuvre en Chine après le dernier tremblement de terre qui s’y est produit.  Il a par ailleurs souligné la nécessité pour la communauté internationale humanitaire d’apprendre à mieux travailler avec les gouvernements et les autorités locales.  M. Laroche s’est dit en outre préoccupé par la situation de la sécurité alimentaire dans le monde.  Il a mis l’accent sur l’augmentation de la proportion du rôle joué par l’OMS dans les interventions d’urgence, mais a fait état du manque de financement et de souplesse dans l’emploi des fonds, ce qu’il a jugé préoccupant.  Il a ainsi exhorté la communauté internationale à se pencher particulièrement sur la quantité et la qualité des ressources.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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