L’ECOSOC SOULIGNE LE RÔLE CRUCIAL DE L’EMPLOI RURAL POUR SORTIR LES PLUS DÉMUNIS DE LA PAUVRETÉ ET DE LA CRISE ALIMENTAIRE
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Conseil économique et social
Session de fond de 2008
25e séance – matin
L’ECOSOC SOULIGNE LE RÔLE CRUCIAL DE L’EMPLOI RURAL POUR SORTIR LES PLUS DÉMUNIS DE LA PAUVRETÉ ET DE LA CRISE ALIMENTAIRE
Il achève son débat consacré aux questions de coordination
Les participants au débat de la session de fond de 2008 du Conseil économique et social (ECOSOC) étaient invités, ce matin, à débattre de la question de l’emploi rural. La table ronde servant de cadre à cette discussion marquait également la fin de l’examen du point à l’ordre du jour consacré par le Conseil aux questions de coordination.
Dans leurs déclarations liminaires, les panélistes, qui représentaient les commissions techniques de l’ECOSOC, ont souligné l’importance du développement de l’emploi dans les zones rurales, où vivent la moitié de la population mondiale, dont les trois quarts des personnes les plus démunies. Panélistes et délégations ont reconnu que cette question avait pris un relief particulier depuis la récente flambée des prix des denrées alimentaires, dont les effets négatifs compromettent les efforts déployés en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). L’impact de la question est particulièrement ressenti dans l’exécution des politiques visant à assurer la réduction de l’extrême pauvreté et l’obtention d’un emploi décent pour tous.
Pour sortir les populations les plus touchées par la conjonction des crises alimentaire et climatique, les participants à la table ronde ont insisté sur la nécessité de faciliter l’accès des petits exploitants, en particulier africains, aux nouveaux moyens technologiques de production et au microcrédit. Ils ont également appelé de leurs vœux une amélioration du statut des femmes vivant dans les zones rurales, cela en leur donnant non seulement les moyens financiers mais aussi juridiques qui leur permettraient de tenir le rôle de locomotive de la production agricole et de l’emploi rural qu’elles ont toujours joué. Les intervenants ont en outre insisté sur le besoin d’améliorer la diffusion de l’information, des différents sièges des agences spécialisées de l’ONU au terrain, où les coordonnateurs résidents doivent être en mesure d’inciter davantage les autorités locales, régionales et nationales à mettre en œuvre les recommandations de la communauté internationale en matière de développement.
Clôturant le segment de l’ECOSOC consacré aux questions de coordination, le Vice-Président du Conseil, M. Antonio Pedro Monteiro Lima (Cap-Vert) a estimé qu’à la lumière des différents échanges de vues, tenus dans le contexte de la crise alimentaire mondiale et marqués par la reconnaissance commune de la nécessité d’agir rapidement et collectivement, il convenait d’adopter de nouvelles approches. Les stratégies et politiques actuelles, a-t-il dit, doivent être repensées en tenant compte des causes et des conséquences sociales, économiques et environnementales des crises actuelles. M. Lima a affirmé qu’il fallait désormais mener une action coordonnée, s’agissant des interventions humanitaires et de la protection sociale des groupes vulnérables, mais aussi mettre en place un cadre cohérent et global véritablement propice au développement durable.
Le Conseil économique et social poursuivra les travaux de sa session de fond de 2008 demain, jeudi le 10 juillet, à 10 heures. Il entendra notamment une déclaration de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Asha-Rose Migiro, qui ouvrira le débat consacré aux activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement.
LE RÔLE DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES DANS LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION MINISTÉRIELLE ISSUE DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU TENU LORS DE LA SESSION DE FOND DE 2007 DU CONSEIL
Table ronde sur le thème « Donner plus de cohérence à l’action de l’Organisation en renforçant les liens normatifs et les liens opérationnels - L’emploi rural »
Déclarations liminaires
M. TAREQ MD. ARIFUL ISLAM, Vice-Président de la Commission du développement social, a estimé que le Bilan commun de pays, le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) et les stratégies de réduction de la pauvreté étaient des outils destinés à promouvoir, ensemble, la mise en œuvre durable et coordonnée des objectifs liés à l’obtention d’un emploi décent pour tous. Pour M. Islam, le système des Nations Unies devrait mettre sur pied un réseau d’information sur la notion d’emploi décent pour tous, pour permettre, notamment dans les pays en développement, une relance de l’emploi rural qui soit entre autres soucieuse d’égalité entre hommes et femmes. Le Vice-Président de la Commission du développement social s’est félicité que, dans ce sens, ait été récemment inauguré un site Internet commun à l’Organisation internationale du Travail (OIT) et à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture(FAO) sur le thème « Nourriture, agriculture et emploi décent ». Ce site est destiné à donner plus de visibilité à la collaboration qui a cours entre ces deux agences dans le domaine de la relance de l’emploi rural décent.
La priorité accordée à l’emploi rural est cruciale pour parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les temps impartis, dit M. Islam, les trois quarts des pauvres du monde vivant dans des zones rurales où la crise alimentaire fait le plus de ravages. Il a souligné l’importance de créer des opportunités d’emplois indépendants en misant sur le soutien à l’entreprenariat. Il a indiqué qu’il était indispensable d’investir dans les infrastructures de santé et d’éducation pour que des créations d’emplois significatives soient possibles dans les zones rurales. Le panéliste a estimé que l’ONU pouvait jouer un rôle de catalyseur des efforts nationaux, en particulier en facilitant la mobilisation de ressources humaines et financières destinées, notamment, à accroitre l’accès des plus démunis au microcrédit.
M. OLIVIER BELLE, Président de la Commission de la condition de la femme, a déclaré que l’emploi rural concernait directement les femmes, qui sont les maillons essentiels de toutes les activités liées à la production agricole. Rappelant que la FAO estime que 60% à 80% de la production vivrière est le fait des femmes, il a souhaité ardemment que soient pris en compte les liens qui existent entre les changements climatiques et la crise alimentaire. L’identification des besoins spécifiques des femmes rurales dans ce contexte est indispensable à leur autonomisation, a-t-il dit. Pour M. Belle, les emplois des femmes rurales doivent également générer plus de revenus en leur faveur, car les foyers qui subissent de plein fouet les effets conjoints des crises alimentaire et climatique doivent pouvoir vivre décemment. Il a ajouté que les droits des femmes rurales devaient être renforcés, et a, à cet égard, évoqué en premier lieu les droits fonciers et ceux ayant trait à l’accès au crédit. M. Belle a ensuite souligné que la situation des femmes vivant en milieu rural était depuis longtemps inscrite à l’ordre du jour de la communauté internationale, le Programme d’action de Beijing ayant, il y a déjà 10 ans, recommandé de renforcer l’accès des femmes aux moyens financiers et techniques pour améliorer leur niveau de revenu.
La Commission de la condition de la femme a, elle aussi, recommandé, lors de sa dernière session, d’accroître le financement de la participation plus active des femmes à la sphère économique, a encore dit M. Belle. Il a, enfin, appelé de ses vœux une amélioration de la diffusion de l’information sur le terrain. Les populations ne sont pas informées du contenu des discussions internationales qui les concernent directement, a-t-il regretté. Pour transmettre cette information, a-t-il suggéré, il est vital de mieux utiliser les bureaux dont les agences disposent aux niveaux local et régional pour inciter davantage les autorités locales à mettre en œuvre les recommandations, et, ce faisant, assurer un lien efficace et concret entre les normes et l’action sur le terrain.
M. JUAN EDUARDO EGUIGUREN, Représentant du Président de la Commission de la science et de la technique au service du développement, a fait savoir qu’un projet de conférence internationale sur les technologies agricoles, qui serait destinée à intensifier la prise de conscience sur la nécessité d’adapter les moyens de production aux effets de la crise alimentaire était en cours de discussion. Le panéliste a également indiqué qu’en réponse aux appels répétés des États Membres, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) avait mis au point un projet de réseau de centres d’excellence visant à renforcer la coopération Sud-Sud en matière de recherche scientifique dans le domaine agricole. Dans ce cadre, plus de 100 chercheurs africains ont été formés dans des secteurs liés à l’ingénierie agricole génétique et aux technologies de l’information et des communications, a-t-il dit. Sur ce dernier point, M. Eguiguren a de plus estimé que, dans les régions les plus pauvres et reculées, le potentiel d’Internet était encore sous-exploité, en particulier en matière de prévision météorologique ou de partage des expériences.
M. ZDZISLAW RAPACKI, Président du Conseil d’administration de l’Organisation internationale du Travail, a déclaré que les économies rurales étaient très diverses et complexes. Il a ajouté que travailler dans ces zones était très aléatoire, ce qui explique que de nombreux fermiers cumulent des revenus tirés de leurs activités agricoles mais aussi d’autres activités offertes par l’économie informelle. Cette force de travail, contrairement aux idées reçues, est donc très mobile, a précisé M. Rapacki. C’est ainsi qu’il a estimé urgent de mettre en place des politiques pour développer les exploitations agricoles et les rendre plus performantes et durables. Cela doit passer par la diffusion des technologies modernes de production, qui permettent de mieux diversifier la production et de réguler les marchés financiers qui, en amont, décident des prix des produits et fixent les conditions des échanges, a déclaré M. Rapacki. Il a en outre souhaité que l’on tienne compte des besoins définis au niveau national et au niveau régional et de l’interdépendance croissante entre les zones rurales et urbaines. L’emploi rural a de multiples facettes et sa promotion appelle des réponses elles-mêmes variées, a dit le représentant de l’OIT.
M. JOSÉ EDUARDO DANTAS FERREIRA BARBOSA, Président du Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (PAM), a réaffirmé l’engagement du PAM de protéger et reconstituer les moyens de subsistance des pays ébranlés par la crise alimentaire. Le visage de l’agriculture doit changer, compte tenu de ce que les éléments de la chaîne de production alimentaire n’ont jamais été aussi liés entre eux, a-t-il dit. Selon le panéliste, l’agriculture des pays en développement doit pouvoir être en mesure d’offrir des possibilités de sources nouvelles de revenus que permet ailleurs le progrès technique. Aujourd’hui, ces pays sont confrontés à des difficultés qui les empêchent de tirer profit des nouveaux moyens de production, les marchés ne constituant pas pour eux un environnement propice. La prospérité de millions de petits exploitants, notamment en Afrique, est limitée par un manque criant de capitaux et d’infrastructures, a encore dit M. Barbosa. Il a recommandé de renforcer les programmes d’assurance des récoltes contre les aléas climatiques et de prévoir des compensations qui évitent de plonger dans le désarroi des millions de personnes dépendantes de l’activité vivrière. Le PAM, les gouvernements et la Banque mondiale sont indispensables pour affermir la protection sociale des plus démunis, a-t-il ajouté.
Échange de vues interactif
Le représentant de la France, qui prenait la parole au nom de l’Union européenne, a estimé que les enjeux principaux de l’emploi rural dans les stratégies de développement étaient d’abord d’ordre démographique, puisque près de 3,5 milliards de personnes vivent en milieu rural, soit un peu moins de la moitié de la population mondiale. Il a également souligné la nature sociale et économique de ces enjeux en notant que l’agriculture, y compris familiale, devait pouvoir jouer pleinement son rôle en matière de sécurité alimentaire locale, nationale et régionale. Ceci, a-t-il déclaré, suppose de créer un environnement favorable au développement du secteur agricole mais aussi non agricole –accès à la terre, aux moyens de production et aux droits de propriété– dans les zones rurales en tenant compte des spécificités de chaque pays. Il a reconnu que le cadre d’action offert par l’ONU, autour des activités conjointes de l’OIT et de la FAO, était le cadre indiqué pour relever le défi de la création d’emplois ruraux pour les populations les plus pauvres et l’obtention de revenus décents.
Le représentant d’Antigua-et-Barbuda, parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que pour que la crise alimentaire offre vraiment des chances à saisir dans le domaine de l’emploi rural, le système des activités agro-industrielles devait être repensé. Il a également préconisé que les commissions techniques travaillent de concert, en dépit de la nature spécialisée de leur mandat. La planification conjointe des commissions techniques de l’ECOSOC doit être plus forte car les thèmes qui leur reviennent de traiter sont liés, a préconisé le représentant.
La représentante d’El Salvador a affirmé que l’emploi rural était indispensable pour réduire durablement la pauvreté et la faim. Elle a estimé que des ressources additionnelles devaient être allouées à l’appui de l’essor agricole et des politiques sociales dans les pays en développement. La promotion d’un emploi décent pour tous doit faire partie des efforts menés par tous les fonds et programmes des Nations Unies, a-t-elle dit, ajoutant que le microcrédit restait le moyen de choix pour sortir de la marginalisation les groupes plus défavorisés, en particulier les femmes rurales.
Le représentant de la Nouvelle-Zélande a souhaité qu’un effort soit consenti pour créer les conditions d’un dialogue destiné à harmoniser les activités des commissions techniques de l’ECOSOC. Il a fait sienne la recommandation de M. Belle d’améliorer la diffusion de l’information en matière de développement sur le terrain. Les coordonnateurs résidents du système de l’ONU ne savent pas comment rendre pertinents, auprès des communautés locales, les documents qu’ils reçoivent des sièges des organisations internationales, a-t-il estimé.
Répondant aux questions et commentaires des délégations, M. EGUIGUREN a souligné que la prévention des défis futurs méritait effectivement un effort collectif des commissions techniques de l’ECOSOC. Le déclenchement brutal des crises mondiales qui ont récemment affecté la communauté internationale exige que nous resserrions nos liens, les thèmes que nous traitons pouvant faire l’objet d’un abord conjoint, a estimé Juan Eduardo Eguiguren.
De son côté, M. BELLE a plaidé pour un accroissement et un affinement du volume des statistiques sur la situation des femmes rurales. Des indicateurs de développement agricole ventilés par sexe et identifiant au mieux le rôle et les besoins des femmes rurales sont nécessaires pour leur permettre de tenir leur rôle de locomotive en matière d’emploi rural, a-t-il dit, ajoutant que des milliards de personnes était directement concernées par ce défi mondial. Il a lui aussi estimé qu’il fallait planifier les travaux de l’ECOSOC de façon à faciliter la mise en œuvre concrète des recommandations du Conseil et de ses organes subsidiaires. Le consensus ne suffit plus, a-t-il lancé. Nos textes doivent réellement inspirer des politiques de terrain, a-t-il préconisé. M. Belle a donc appelé à une valorisation des fonctions des représentants des fonds et programmes de l’ONU travaillant sur le terrain.
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