L’ECOSOC ENGAGE UN DIALOGUE AVEC LES COMMISSIONS RÉGIONALES AFIN D’INTÉGRER LEURS SPÉCIFICITÉS DANS LES ENGAGEMENTS DE RÉALISATION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
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Conseil économique et social
Session de fond de 2008
21e séance – matin
L’ECOSOC ENGAGE UN DIALOGUE AVEC LES COMMISSIONS RÉGIONALES AFIN D’INTÉGRER LEURS SPÉCIFICITÉS DANS LES ENGAGEMENTS DE RÉALISATION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé ce matin la deuxième semaine de sa session de fond de 2008 par un dialogue interactif avec les Secrétaires exécutifs des cinq commissions régionales. Le dialogue a porté sur les défis que constituent actuellement les menaces posées à la sécurité alimentaire par la hausse des prix des denrées, les coups portés à la croissance par la cherté de l’énergie et les dangers qui pèsent sur le développement durable et sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) du fait de modes de production et de consommation insoutenables et d’une crise financière qui a réduit les flux d’investissements et d’aide au développement.
D’une manière générale, il s’agissait, comme l’a prescrit le Président de l’ECOSOC, M. Léo Mérorès (Haïti), d’examiner sous l’angle régional le thème de l’Examen ministériel annuel du Conseil, à savoir « la mise en œuvre des objectifs convenus et des engagements pris sur le plan international en matière de développement durable », et le sujet retenu dans le cadre du débat thématique, c’est-à-dire « la promotion d’une approche intégrée du développement rural dans les pays en développement en vue d’éliminer la pauvreté et d’assurer un développement durable, compte tenu des défis actuels ».
La perspective que les commissions régionales développent sur les questions économiques et sociales « est fondamentale à la conduite des activités de développement du système des Nations Unies », a ainsi souligné le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang. Il a ajouté que les spécificités régionales mises en avant par ces commissions aidaient l’ECOSOC « à définir des priorités dans le cadre de la mise en œuvre de ses engagements ».
Dans son rapport* sur la « coopération régionale dans les domaines économique et social et domaines connexes », soumis à l’ECOSOC, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, rend compte des perspectives régionales concernant les grandes questions ayant trait à la mise en œuvre des programmes qui permettraient d’atteindre les objectifs de développement agréés au niveau international, et dresse notamment un bilan à mi-parcours de la réalisation des OMD.
Ce bilan constate l’accomplissement de progrès dans les différentes régions, mais repère également des déficits d’exécution, et souligne des disparités interrégionales et intrarégionales, ainsi que des inégalités de performance entre régions rurales et urbaines dans la réalisation d’un certain nombre d’objectifs.
Dans son rapport M. Ban insiste en outre sur la menace que représentent les nouvelles difficultés auxquelles la communauté internationale fait face, notamment la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, qui risquent de mettre fin aux progrès accomplis à ce jour ou de les inverser. Il examine enfin les efforts déployés par les commissions régionales afin de renforcer et de rendre plus cohérente la dimension régionale des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.
Évoquant les questions de sécurité énergétique et de développement durable, la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), Mme Noeleen Heyzer, a indiqué que dans sa stratégie énergétique, la CESAP encourageait le lancement de nouvelles normes d’efficacité énergétique ainsi que l’accroissement des investissements dans des infrastructures durables, et dans l’amélioration de la recherche et du développement. La CESAP est en mesure de créer un cadre stratégique qui permettrait à ses États de parvenir à ces objectifs, a-t-elle assuré, insistant sur la coopération régionale et la coopération Sud-Sud en ce qui concerne notamment le partage des connaissances.
Pour son homologue de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), M. Abdoulie Janneh, qui se penchait plus particulièrement sur la sécurité alimentaire et le développement durable et les OMD, la lutte contre les effets de la hausse des prix des denrées alimentaires exige des efforts urgents et cohérents avec les programmes menés en vue de réaliser les objectifs du développement durable. La coopération pour le développement est un élément crucial du succès dans l’accompagnement des efforts entrepris par le continent africain, comme le montre, a-t-il dit, l’exemple du Malawi, un pays aujourd’hui devenu presqu’autosuffisant sur le plan agricole.
Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE), M. Marek Belka, qui s’est intéressé à la contribution de l’efficacité énergétique à la réduction de la pauvreté mondiale, a indiqué que la CEE assurait à cet égard le dialogue politique et les échanges d’expérience nécessaires tout en mettant en avant des projets pilotes et des bonnes pratiques en la matière.
De son côté, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), Mme Alicia Bárcena, a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la productivité agricole de façon durable, de trouver une combinaison dans laquelle la sécurité alimentaire serait considérée comme une question d’intérêt public, et d’investir dans la recherche et le développement, ceci en vue d’assurer une industrie vivrière durable et un développement harmonieux du secteur des biocarburants.
Enfin, son homologue de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), M. Bader Omar AlDafa, a indiqué que celle-ci encourageait l’utilisation d’énergies renouvelables et œuvrait pour le renforcement des capacités de ses États membres afin de leur permettre d’améliorer leur efficacité énergétique. Il a précisé que des activités spécifiques avaient été définies pour les deux ou trois années à venir, y compris l’élaboration d’un plan-cadre d’action sur les changements climatiques, développé en partenariat avec la Ligue des États arabes.
* E/2008/15
DIALOGUE AVEC LES SECRÉTAIRES EXÉCUTIFS DES COMMISSIONS RÉGIONALES SUR LE THÈME « LA DIMENSION RÉGIONALE DES THÈMES DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU POUR 2008 » (E/2008/15)
Exposés
M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales (DESA), agissant en sa qualité de Coordonnateur du Comité exécutif pour les affaires économiques et sociales, a affirmé que la perspective que les commissions régionales développent sur les questions économiques et sociales est fondamentale à la conduite des activités de développement du système des Nations Unies. Il a en effet noté que les spécificités régionales mises en avant par ces commissions aidaient l’ECOSOC à définir des priorités dans le cadre de la mise en œuvre de ses engagements. Il a souligné que dans son rapport consacré à la coopération régionale (E/2008/15), le Secrétaire général rappelle que le Département des affaires économiques et sociales et les commissions sont en consultation, notamment en ce qui concerne le développement d’une collaboration accrue qui leur permettrait de mieux servir l’ECOSOC, et notamment les nouvelles fonctions du Conseil, que sont l’Examen ministériel annuel et le Forum pour la coopération en matière de développement.
Mme NOELEEN HEYZER, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a fait un exposé sur « la sécurité énergétique et le développement durable en Asie et dans le Pacifique ». Elle a mis l’accent sur le nouveau sentiment d’urgence qui a vu le jour et qui a fait prendre conscience aux États et aux populations de la nécessité de réduire la dépendance face aux combustibles fossiles, ainsi que de celle de résoudre le problème posé par les changements climatiques et de mieux respecter et préserver l’environnement. Qualifiant ces enjeux de « considérables » et notant la hausse des cours du pétrole, Mme Heyzer a affirmé que la région Asie-Pacifique devait trouver un nouveau paradigme de développement durable. Nous pouvons aujourd’hui œuvrer en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) tout en protégeant l’environnement, a-t-elle déclaré. Elle a noté que la région Asie-Pacifique s’était appuyée sur une stratégie de forte croissante basée sur les exportations, et marquée par une consommation et une production importantes, mais pas forcément durables. Elle a précisé que la consommation énergétique de la région Asie-Pacifique dépassait la moyenne mondiale de 20%. Elle a toutefois rappelé que cette consommation servait à nourrir la croissance et donc le développement. L’insécurité énergétique dans notre région, qui est la zone la plus peuplée au monde, pose une menace au développement durable et à la réalisation des OMD, a prévenu Mme Heyzer.
La sécurité énergétique n’a pas seulement trait à la nécessité de garantir les ressources dont on a besoin au niveau national, c’est aussi une question de sécurité au niveau des ménages, a poursuivi la Secrétaire exécutive de la CESAP, en notant que 1,7 milliard de personnes vivant dans la région Asie-Pacifique n’avaient pas accès à une source d’énergie moderne. Après avoir constaté la forte dépendance de l’Asie-Pacifique envers les combustibles fossiles, elle a déclaré qu’il fallait, en réponse à ce problème, porter l’attention sur la qualité de la croissance économique et compter sur les ressources renouvelables et l’utilisation rationnelle de l’énergie en évitant les gaspillages. Il est possible d’atteindre un niveau important de croissance en utilisant l’énergie de manière prudente, a-t-elle estimé. Mme Heyzer a indiqué que dans sa stratégie énergétique la CESAP encourageait le lancement de nouvelles normes d’efficacité énergétique ainsi que l’accroissement des investissements dans les infrastructures durables, l’amélioration de la recherche et du développement et aussi l’adoption d’une vision à long terme du développement du système énergétique de la région. Elle a indiqué que la CESAP pouvait créer un cadre stratégique qui permettrait à ses États de parvenir à ces objectifs et a insisté sur la coopération régionale et la coopération Sud-Sud en ce qui concerne notamment le partage des connaissances.
M. ABDOULIE JANNEH, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), qui faisait un exposé sur le thème « La sécurité alimentaire, le développement durable et les OMD en Afrique », a déclaré que le continent africain ne pourra réaliser les progrès dont il a besoin sans une agriculture efficace, l’agriculture constituant l’épine dorsale des économies africaines. La situation qui prévaut sur le continent est gravement préoccupante, notamment pour les pays situés au sud du Sahara, a-t-il souligné. La malnutrition chronique et les famines touchent une proportion très importante de la population, aucune région n’ayant un taux de malnutrition inférieur à 40%, a déploré M. Janneh. Cette situation alarmante est aggravée par les nouveaux défis qui sont apparus, comme la hausse des prix des denrées alimentaires. L’Afrique a bien peu de chance de réaliser l’Objectif du Millénaire pour le développement qui consisterait à réduire de moitié l’extrême pauvreté en 2015, a prévenu Abdoulie Janneh. L’Afrique, a-t-il expliqué, manque d’investissements et de capitaux dans le secteur de l’agriculture. Moins de 6% des terres arables d’Afrique sont irriguées, tandis que les rendements ont généralement stagné ou régressé, a-t-il ajouté.
La population africaine a augmenté à un rythme plus élevé que celles de toutes les autres régions du monde, a relevé le Secrétaire exécutif de la CEA. La population de l’Afrique devrait atteindre 1,1 milliard d’habitants d’ici à 2025, a-t-il dit, en notant que le taux de croissance démographique de l’Afrique était de 5% par an depuis 20 ans. En outre, le phénomène d’urbanisation a été accru par la pauvreté et la réduction des superficies de terres disponibles pour l’agriculture. Enfin, la question des changements climatiques représente un obstacle majeur à l’essor économique de l’Afrique, a dit M. Janneh. Les changements climatiques devraient aggraver la faim et la pauvreté en Afrique, a-t-il averti. Pour faire face à tous ces défis, l’agriculture africaine doit être recentrée et constituer un élément essentiel de lutte contre la pauvreté. Pour cela, il est nécessaire d’avoir une vision globale et, pour les gouvernements africains, d’adopter des mesures courageuses. Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) offre un cadre cohérent à cet égard, a dit le Secrétaire exécutif de la CEA, en soulignant la nécessité pour les pays et les populations de redoubler d’efforts, de mobiliser des ressources publiques et privées et de faire appel aux partenaires internationaux pour donner à l’économie agricole l’appui qu’elle mérite. Le Secrétaire d’exécutif a en outre mis l’accent sur la nécessité d’allouer les ressources nécessaires à la coopération pour le développement. Les flux d’aide publique au développement (APD) doivent être renforcés, a-t-il poursuivi. Les pays développés doivent régler les problèmes posés par les subventions agricoles qu’ils continuent à verser à leurs producteurs et à leurs exportateurs, a-t-il déclaré. Il a espéré également que les négociations du Cycle de Doha soient relancées et a évoqué la nécessité du développement de la coopération Sud-Sud, qu’il souhaite voir améliorée. Le Secrétaire exécutif de la CEA a conclu son intervention en estimant que la lutte contre la crise alimentaire exigeait des efforts urgents, et qui soient cohérents avec les programmes menés en vue de réaliser les objectifs du développement durable. La coopération pour le développement est un élément crucial du succès dans l’accompagnement des efforts entrepris par le continent africain, comme le montre l’exemple du Malawi, un pays qui est aujourd’hui devenu presqu’autosuffisant sur le plan agricole, a fait remarquer Abdoulie Janneh.
M. MAREK BELKA, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE), est intervenu sur le thème « Contribution de l’efficacité énergétique dans la réduction de la pauvreté mondiale: le rôle des commissions régionales ». Il a déclaré que la croissance économique contribuerait davantage au réchauffement climatique si rien n’est fait pour changer les modes de production et de consommation. Il a estimé que le modèle actuel et les changements climatiques allaient avoir un impact important sur l’agriculture et particulièrement sur le mode de vie des populations les plus pauvres. Il a notamment précisé que la hausse des températures et les changements liés aux intempéries pourraient faire diminuer le niveau des récoltes agricoles de 50% d’ici à 2020, par rapport à leur niveau actuel. Parmi les autres conséquences des changements climatiques, il a cité l’augmentation de conflits liés à la rareté de l’eau ou encore, la propagation de nombreuses maladies. La réponse au réchauffement de la planète doit se faire en trouvant des alternatives aux combustibles fossiles, en augmentant l’efficacité énergétique, en captant les quantités de carbone jusqu’à maintenant rejetées dans l’atmosphère et en prenant des mesures d’adaptation, a dit le Secrétaire exécutif de la CEE. M. Belka a d’autre part expliqué que l’amélioration de l’efficacité énergétique était non seulement la solution la plus économique pour la réduction des émissions de gaz carbonique, mais qu’elle entraînait aussi des coûts écologiques négatifs.
S’agissant du rôle joué par la CEE pour promouvoir cette efficacité énergétique, il a indiqué que la Commission assurait le dialogue politique et les échanges d’expérience nécessaires tout en mettant en avant des projets pilotes et des bonnes pratiques en la matière. Il a rappelé qu’en 1991, un projet d’efficacité énergétique avait été mis en place en faveur des pays en transition de la région européenne. Le Secrétaire exécutif a souligné que la CEE avait à présent lancé le projet « Energy Efficiency 21 » dont la mise en œuvre couvrira la période 2008-2012, et qui vise notamment à identifier les initiatives les plus efficaces dans ce domaine. Il a indiqué que, par cette démarche, la Commission assistait les autorités nationales et municipales à renforcer leur politique énergétique en menant des réformes institutionnelles ou économiques qui peuvent avoir des effets positifs pour les investissements. Enfin, il a noté que le projet « Energy Efficiency 21 » offrait également des opportunités d’investissements pour les banques et les compagnies dans le secteur de l’efficacité énergétique. Il a annoncé que la CEE avait récemment reçu une bourse pour élargir ce projet d’efficacité énergétique à d’autres commissions régionales et a espéré que cela permettrait de créer un réseau pour l’efficacité énergétique au sein du système de l’ONU.
Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), qui faisait un exposé sur le thème « Impact socioéconomique et environnemental de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie en Amérique latine et dans les Caraïbes », a indiqué que la région avait connu depuis deux ans une hausse dramatique des prix des produits de base, la hausse étant de 66% pour les denrées alimentaires et de 56,6% pour ceux de l’énergie. Le riz est le produit qui a été le plus fortement touché, a dit Mme Bárcena. La première cause de cette crise est l’instabilité financière et le ralentissement de la croissance mondiale, a-t-elle souligné. De même, a-t-elle dit, la responsabilité de cet état de choses incombe aux sursauts mondiaux de l’inflation, à la demande croissante générée par l’Asie, en particulier la Chine et l’Inde; à la hausse des prix du pétrole et des produits agrochimiques à base de pétrole; à la spéculation, qui joue un rôle central; ainsi qu’aux facteurs liés au climat. S’agissant des biocarburants, l’éthanol, produit qui en Amérique latine est élaboré à partir de la canne à sucre et non du maïs, comme aux États-Unis, a connu une augmentation, a noté Mme Bárcena.
Notre société devra s’adapter très rapidement en effectuant des investissements et promouvant l’usage des technologies, a-t-elle ajouté, en s’interrogeant sur le fait de savoir si le monde était prêt à accomplir cette démarche. La Secrétaire exécutive de la CEPALC a également mis l’accent sur la malnutrition qui sévit en Haïti et au Guatemala. Nous devons travailler main dans la main pour traiter de ce problème particulier au niveau de la région, a-t-elle souligné. La lutte contre la pauvreté extrême est un défi majeur sur le continent latino-américain et l’espace des Caraïbes, a-t-elle indiqué. D’une manière générale, le problème fondamental à résoudre est de savoir comment peuvent intervenir les gouvernements, a estimé Mme Bárcena. Le marché ne travaillera pas pour nous et ne s’occupera ni des pauvres ni des revenus, a-t-elle déclaré. Elle a indiqué que les parties les plus vulnérables de la région étaient l’Amérique centrale, le Mexique, et les Caraïbes, en raison essentiellement de la faiblesse actuelle du marché américain. La Secrétaire exécutive a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la productivité agricole de façon durable, de trouver une combinaison dans laquelle la sécurité alimentaire sera considérée comme une question d’intérêt public, et d’investir dans la recherche et le développement en vue d’assurer une industrie vivrière durable et le développement harmonieux du secteur des biocarburants.
M. BADER OMAR ALDAFA, Secrétaire exécutif de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), intervenant sur le thème « L’énergie pour le développement durable dans la région de la CESAO », a fourni à l’ECOSOC un aperçu général du secteur de l’énergie dans cette région et des progrès qui y ont été réalisés pour l’utilisation durable de l’énergie. Il a constaté que la région possédait des ressources importantes de gaz et de pétrole, soit respectivement 56% et 30% des réserves mondiales. Toutefois, il a rappelé qu’il existait une grande disparité en termes de consommation d’énergie entre les pays. De plus, il a précisé que près de 10% de la population de la région n’avaient pas accès à des services énergétiques appropriés. Résoudre ce problème est l’une de nos priorités, a-t-il assuré. Il a précisé que la moyenne de la croissance de la consommation pour la région était de 5,6% par an, et que les plus grands consommateurs étaient les secteurs des transports, du logement et de l’industrie. Il a fait remarquer que depuis l’adoption du Plan de mise en œuvre de Johannesburg, les pays membres de la CESAO avaient fait des efforts concertés pour parvenir à une utilisation durable de l’énergie, notamment en réalisant des audits, en mettant en place des projets et en procédant à l’établissement de codes de conduite.
Il a cependant admis, qu’outre l’utilisation de l’énergie solaire, celle des énergies renouvelables restait très limitée dans la région de la CESAO. Il s’est réjoui du lancement de projets dans ce domaine en Égypte, au Bahreïn et aux Émirats arabes unis ainsi que de la création de centres de recherche. Il a de plus noté que la part du gaz naturel dans le panier énergétique avait augmenté au sein de nombreux États membres de la CESAO et que ceux-ci avaient aussi adopté de nouvelles technologies propres dans les secteurs du pétrole et du gaz. M. AlDafa a souligné que la CESAO s’employait à contribuer à ces efforts par la formulation de politiques. Elle collabore à cet égard avec la Ligue des États arabes, a-t-il précisé. Il a ajouté que la Commission avait ainsi joué un rôle important dans l’adoption de l’Initiative arabe pour le développement durable, où des déclarations d’engagement de ministres ont été faites en ce qui concerne la recherche et la sensibilisation sur la question. Le Secrétaire exécutif de la CESAO a par ailleurs dit que la Commission encourageait l’utilisation d’énergies renouvelables et œuvrait pour le renforcement des capacités de ses États membres pour leur permettre d’améliorer leur efficacité énergétique. Il a précisé que des activités spécifiques avaient été définies pour les deux ou trois années à venir, y compris l’élaboration d’un plan-cadre d’action sur les changements climatiques, développé en partenariat avec la Ligue des États arabes.
Échange de vues interactif
Le représentant de l’Éthiopie, qui s’exprimait au nom du Groupe africain, a émis l’espoir que la fourniture d’intrants permettrait aux petits agriculteurs de développer leur production et qu’ils bénéficieraient de facilités pour l’accès de leurs produits aux marchés. Il a en outre demandé si des mesures avaient été prises pour renforcer la Commission économique pour l’Afrique.
Son homologue de la République de Corée, évoquant les problèmes de double emploi, a demandé de son côté à l’ensemble des Secrétaires exécutifs quels étaient les stratégies et les mécanismes de coordination mis en place à l’échelon régional. Il a en outre souhaité obtenir des projections statistiques sur le remplacement des terres arables utilisées pour la production de biocarburants à partir de canne à sucre, s’interrogeant sur les responsabilités et les effets de cette activité sur le déclenchement et la durée de la crise alimentaire.
La représentante du Brésil a indiqué que dans son pays, la production de biocarburants n’utilisait que 1% des terres arables. Cette activité n’est pas en concurrence avec la production vivrière en ce qui concerne l’accès aux terres arables, a-t-elle assuré.
Le représentant du Paraguay a indiqué que son pays, qui est enclavé, sans littoral et importateur net de pétrole, subissait donc de plein fouet la crise énergétique. Il a dit que le Paraguay avait lancé un programme national de production d’éthanol à partir de la canne à sucre et a expliqué que la production de la canne à sucre permettait une incorporation de cultures autrefois moins favorisées dans l’économie nationale au secteur agricole.
Le Secrétaire exécutif de la CEA a indiqué que le renforcement de la Commission économique pour l’Afrique était en cours, dans le but, notamment, d’aider l’Afrique à répondre à ses besoins spéciaux. Son homologue de la CESAP, Mme HEYZER, a souligné que la région Asie-Pacifique réfléchissait à l’implantation d’une vision de l’économie consommant moins d’hydrocarbures et émettant donc moins de carbone, et ceci, sans mettre à mal l’état des économies et des marchés. Elle a en outre affirmé que les Secrétaires exécutifs des Commissions régionales étaient parties à un mécanisme de coordination de l’ONU qui rassemble les activités des fonds, des programmes et des agences spécialisées du système onusien, afin de promouvoir la cohérence en son sein. La Secrétaire exécutive de la CEPALC, a pour sa part indiqué que la Commission œuvrait dans le sens du partenariat public-privé. Tous les enseignements tirés se sont montrés très utiles pour la bonne mise en œuvre des stratégies à mener, a-t-elle dit. S’agissant de la production de biocarburants, la CEPALC a développé des cartes de productivité par pays, a précisé Mme Bárcena.
Le représentant de la Fédération de Russie a fait remarquer qu’il y avait des différences de développement d’une région à l’autre, tout en estimant qu’il fallait renforcer la coopération des commissions. Il a jugé que la Commission économique pour l’Europe (CEE) jouait un rôle important pour aider les pays de la région à renforcer l’efficacité énergétique et à renforcer le dialogue entre les consommateurs et les fournisseurs d’énergie.
Le représentant des Philippines a pour sa part estimé qu’il fallait trouver un mode de développement durable qui favorise la croissance sans avoir un effet négatif sur les prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Il a demandé si on pouvait procéder à une analyse des effets qu’ont eus les investissements effectués dans l’agriculture commerciale par rapport aux développements qui auraient pu se produire s’ils avaient été faits dans l’agriculture de subsistance. S’agissant des biocarburants, il a estimé que la production de tel ou tel autre produit n’était pas seulement fondée sur la disponibilité de terres arables mais aussi sur d’autres facteurs, comme notamment le coût de ces productions.
S’exprimant également sur la question des biocarburants, le représentant du Kenya a insisté sur le lien existant entre l’investissement dans les produits alimentaires et celui qui est fait dans les biocarburants. La production des biocarburants ne conduit pas nécessairement au déclenchement d’une crise dans les cours des produits alimentaires, a-t-il argué, en citant en exemple le sucre. Il a souhaité que plus d’informations soient fournies sur les efforts que font les commissions régionales en matière d’échange d’expériences.
La représentante de l’Indonésie a suggéré, en ce qui concerne la sécurité alimentaire, l’établissement d’un système d’alerte précoce à l’échelon régional, pour éviter que les crises ne se reproduisent.
La représentante de la Jamaïque a considéré que les activités de la CEPALC devaient se concentrer davantage sur la production vivrière et sur la promotion de l’efficacité énergétique.
Le représentant de la Nouvelle-Zélande a demandé comment intégrer un cadre commun énergétique dans la région Asie-Pacifique, étant donné la grande diversité qui existe entre pays de la zone.
Le représentant du Soudan a demandé à la CESAO et à la CEA si elles lanceraient une initiative de jumelage de projets ou de réflexions en matière de sécurité alimentaire et d’efficacité énergétique.
Enfin, la représentante du Kazakhstan a demandé si la CESAP mettrait en place des bureaux sous-régionaux en Asie centrale.
En réponse à ces commentaires et questions, M. MAREK BELKA a indiqué que cette Commission travaillait toujours en coopération, et souvent au-delà de ses limites géographiques, en faisant intervenir de nombreux partenaires dans ses travaux, dont le secteur privé et les bailleurs de fonds. Le Secrétaire exécutif de la CEE a par ailleurs mis en avant la collaboration existant entre la CEE et la CESAP, notamment en ce qui concerne les relations entre l’Europe et l’Asie centrale. M. ALDAFA, a lui estimé que la résolution de crise actuelle des prix du pétrole et des denrées alimentaires nécessitait une coordination renforcée entre toutes les instances de la communauté internationale. En réponse à la question posée par le Soudan, le Secrétaire exécutif de la CESAO a indiqué que la coopération évoquée entre la CESAO et la CEA était nécessaire.
La Secrétaire exécutive de la CESAP a admis que cette Commission couvrait une zone géographique très vaste, mais qu’elle adoptait souvent une démarche sous-régionale pour répondre à nombre de défis auxquels font face ses États membres. Elle a noté que la CESAP mettait l’accent sur les intérêts des pays, comme en ce qui concerne par exemple les petits États insulaires, qui se concentrent sur la question de la connectivité et sur la nécessité de se réunir au sein d’un cadre sous-régional. Elle a assuré la délégation du Kazakhstan que la CESAP souhaitait en effet ouvrir un bureau régional en Asie centrale, ceci en collaboration avec la CEE.
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