ECOSOC/6352

L’ECOSOC OUVRE SON EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL EN ENTENDANT DES PRÉSENTATIONS VOLONTAIRES DE LA BELGIQUE, DU CHILI, DU ROYAUME-UNI ET DE LA TANZANIE

02/07/2008
Conseil économique et socialECOSOC/6352
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond de 2008

17e séance – matin et après-midi


L’ECOSOC OUVRE SON EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL EN ENTENDANT DES PRÉSENTATIONS VOLONTAIRES DE LA BELGIQUE, DU CHILI, DU ROYAUME-UNI ET DE LA TANZANIE


Le Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé aujourd’hui, dans le cadre du débat de haut niveau de sa session de fond 2008, son Examen ministériel annuel.  Des Ministres de la Belgique, du Chili, du Royaume-Uni et de la République-Unie de Tanzanie ont ainsi exposé les politiques mises en œuvre par leur pays afin d’atteindre les objectifs et engagements internationaux en matière de développement durable. 


La réalisation des objectifs du développement durable est en effet le thème retenu, cette année, pour cette deuxième édition de l’Examen ministériel annuel.  Nouvelle fonction dont l’ECOSOC a été dotée lors du Sommet mondial de 2005, cet Examen vise à évaluer les progrès accomplis pour parvenir aux cibles de développement convenues internationalement et à en accélérer le rythme, notamment par l’échange des meilleures pratiques.  Conçu comme un forum de haut niveau, l’Examen est constitué par des exposés volontairement présentés par des pays, chaque présentation étant suivie d’interventions et de commentaires de représentants de la société civile et d’autres États.


Le Ministre de la coopération au développement de la Belgique, M. Charles Michel, a ainsi présenté les efforts et l’aide que fournit son pays en faveur de la promotion du développement durable.  Il a déclaré que donner substance à la notion de durabilité était au cœur de la coopération belge, qui dispose notamment d’un système d’évaluation de l’empreinte environnementale des projets qu’elle soutient.  En plus de sa coopération directe, notamment avec 18 pays partenaires, M. Michel a fait état de certaines initiatives de la Belgique, dont le Fonds belge de survie, qui a pour ambition de promouvoir la sécurité alimentaire des populations les plus pauvres en Afrique en y promouvant le développement rural durable.  Face à la crise alimentaire actuelle, le Ministre belge a souhaité que les pays développés s’engagent à consacrer, d’ici à 2010, 10% de leur aide publique au développement au renforcement des capacités dans le domaine de l’agriculture. 


De son coté, Andrew Steer, Directeur général pour les politiques et la recherche du Département du développement international du Royaume-Uni, a déclaré qu’il fallait, entre autres, tenir les engagements pris à Monterrey en matière de financement du développement, et lors du Sommet du G-8 à Gleneagles en ce qui concerne l’aide et l’assistance financière au développement.  Il a précisé que le Royaume-Uni consacrait actuellement 0,16% de son PIB aux pays les moins avancés sous forme d’aide, ce qui est un pourcentage deux fois plus élevé que la moyenne.  Constatant que les émissions de gaz à effet de serre d’un seul Britannique étaient 100 fois plus élevées que celles d’un habitant d’un pays à bas revenu, M. Steer a admis que le pays devait prendre des décisions difficiles dans ce domaine.  Il a à cet égard indiqué que le Royaume-Uni s’était engagé à réduire ses émissions de carbone de 60% d’ici à 2050 et devait adopter une loi sur ce sujet dans les mois à venir, devenant ainsi le premier pays à posséder une telle obligation juridiquement contraignante.  Outre ces efforts au plan national, M. Steer a souligné que son pays investissait 200 millions de dollars dans la recherche et le renforcement des capacités dans les pays en développement, ou encore, qu’il œuvrait pour la conclusion d’un accord en faveur du développement, en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques après 2012. 


Lors de la présentation qu’elle a faite sur son pays, Paula Quintana, Ministre de la planification nationale et de la coopération du Chili, a indiqué que les Objectifs du Millénaire pour le développement définissaient les grands axes non seulement du développement économique et social, mais aussi de la gouvernance démocratique du Chili.  Elle a estimé que la croissance économique n’était pas suffisante pour améliorer durablement les conditions de vie des plus démunis et a souligné à cet égard les responsabilités qui incombent à l’État.  Après avoir fait part des avancées économiques et sociales réalisées par le Chili au cours des dernières années, elle indiqué que la stabilité financière du pays lui permettait de tirer parti de la croissance en investissant dans le secteur social.


Faisant part des efforts de son pays, Peter Msola, Ministre des sciences et des technologies de la République-Unie de Tanzanie, a aussi mis l’accent sur la croissance soutenue qu’a connue son pays ces dernières années, tout en admettant que cela ne suffisait pas pour réduire les inégalités sociales.  Dans ce contexte, il a mis en avant l’importance de l’amélioration de la gouvernance afin de garantir le développement national. Il a reconnu que la Tanzanie restait encore dépendante de l’aide étrangère pour financer ses activités de développement.  Compte tenu de la tâche qui reste à accomplir en Tanzanie, le Ministre a affirmé que son pays devait encore s’appuyer sur une assistance internationale, dont il a souhaité l’accroissement.  Il a aussi demandé que cette aide soit mieux définie et allouée de la manière la plus efficace possible. 


Cet après-midi, toujours dans le cadre de son Examen ministériel, le Conseil économique et social a aussi organisé une table ronde sur le thème « Le rôle des services écosystémiques dans le développement durable ».  Les intervenants à ce débat ont souligné que la dégradation et le déclin des écosystèmes constituaient une menace aux efforts déployés pour parvenir au développement durable.  Ils ont mis en lumière les contributions inestimables des écosystèmes au bien-être de l’humanité, à la création de richesses et à la lutte contre la pauvreté.  Après que des exemples de préservation d’écosystèmes au Guyana, au Costa Rica et en Tanzanie aient été présentés, les panélistes ont insisté sur la nécessité de les gérer selon une approche intégrée et de faire mieux comprendre le rôle vital qu’ils jouent à tous.  Ils ont enfin insisté sur la nécessité de donner une place plus importante à la gestion et au bon fonctionnement de ces écosystèmes dans la conception et la mise en œuvre des politiques à tous les niveaux. 


Le Conseil économique et social poursuivra son Examen ministériel annuel demain, jeudi, le 3 juillet, à 9 h 30.


EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL


Exposés nationaux facultatifs et échange interactif


M. CHARLES MICHEL, Ministre de la coopération au développement de la Belgique, a présenté l’exposé national facultatif de son pays sur la façon dont celui-ci s’efforce de contribuer à la réalisation des objectifs internationalement agréés en matière de développement durable.  Il a indiqué que le fait que la Belgique se soit portée volontaire pour faire cette présentation illustre sa volonté politique de donner au Conseil économique et social (ECOSOC) tous les moyens d’assumer pleinement le rôle qui lui est imparti au sein des Nations Unies.  Insistant sur l’importance de l’approche intégrée du développement, il a noté que le développement économique et social ne peut se faire indépendamment de la protection de l’environnement.  Qui dit partenariat dit aussi responsabilités mutuelles entre partenaires égaux, a-t-il souligné.  Il a indiqué que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) formaient un instrument privilégié de sensibilisation et de responsabilisation qui doit se traduire concrètement dans les politiques de tous les pays concernés.  Il a réitéré l’engagement du Gouvernement belge de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement (APD) d’ici à 2010.  Toutefois, il a rappelé que si le volume de l’aide devait être une ligne directrice de l’action à mener, il fallait aussi améliorer son efficacité, notamment grâce à l’harmonisation et l’alignement des donateurs ainsi que par l’appropriation et la responsabilité des pays partenaires. 


S’agissant de la mise en œuvre de l’OMD nº7 -assurer un environnement durable- au niveau national, le Ministre a souligné que la promotion de l’environnement durable relevait de plusieurs départements en Belgique.  Il a précisé que la structure fédérale du pays constituait un défi supplémentaire.  Si cette organisation complexe permet de tenir davantage compte des spécificités locales et régionales, elle requiert aussi un processus plus long de consultation, de coordination et de décision, a-t-il expliqué.  Il a ajouté que la Belgique s’était dotée, dès 1999, d’une loi qui régit sa coopération internationale et qui dispose que son objectif général et prioritaire réside dans l’atteinte du développement humain durable par le biais de la lutte contre la pauvreté et sur la base du partenariat.  Il a aussi dit que la Belgique avait adopté une loi en 2005 par laquelle le Gouvernement est requis de soumettre un rapport annuel au Parlement sur les efforts mis en œuvre pour soutenir la réalisation des OMD, plus particulièrement dans les 18 pays partenaires de la Belgique. 


Par ailleurs, M. Michel a mis en avant l’existence du Fonds belge de survie, créé en 1983, et qui intègre les trois composantes du développement durable.  Il a rappelé que ce Fonds avait pour ambition de promouvoir la sécurité alimentaire des populations les plus pauvres en Afrique en y promouvant le développement rural durable.  Il a précisé que ce Fonds était actif dans 21 pays et que ses interventions s’élevaient à 690 millions de dollars depuis sa création.  Il a aussi souligné que les actions de la Belgique à l’étranger s’exprimaient aussi par le biais de la coopération gouvernementale directe, notamment par les programmes menés dans ses 18 pays partenaires.  Le Ministre belge a noté que ces activités avaient six domaines d’action prioritaires: la gestion durable de l’eau, la lutte contre la dégradation des sols et la désertification, la gestion durable des forêts, l’écologie des zones urbaines, la préservation de la biodiversité et l’impact des changements climatiques.


M. Michel a par ailleurs indiqué que son pays était soucieux d’intégrer les défis posés par les changements climatiques dans sa coopération.  Il a fait état de l’organisation, en mars dernier, à Bruxelles, d’une Conférence internationale sur les changements climatiques et le développement.  Il a expliqué que cette initiative avait pour ambition de répondre au risque qu’il y a de voir les efforts en matière de développement réalisés à ce jour être anéantis par les changements climatiques.  Parmi les pistes de réflexion de cette Conférence, il a mis l’accent sur le besoin d’intégrer les changements climatiques de manière horizontale dans les travaux de coopération.  Il a aussi insisté sur l’absence de solution unique et la nécessité de s’adapter aux situations spécifiques de chaque pays, et sur l’importance du renforcement des capacités.   Enfin, concernant spécifiquement l’OMD nº7, le Ministre a souligné quelques leçons tirées par la Belgique lors de la mise en œuvre des programmes y ayant trait.  Ainsi, il a insisté, entre autres, sur l’importance d’une bonne planification nationale, d’une réelle appropriation par les destinataires de l’aide, du renforcement des capacités et des institutions, et sur celle de remettre l’individu au centre même du processus de développement en créant les conditions pouvant permettre aux plus vulnérables d’améliorer eux-mêmes leur qualité de vie. 


Présentant un programme récent d’assainissement et de développement urbain réalisé à Hô Chi Minh, Mme ANH LE DIEU, Responsable du projet « People’s Committee of Hô Chi Minh City  », a indiqué que cette initiative était intervenue dans le contexte de croissances démographique et économique galopantes que connaît le Viet Nam depuis quelques années.  La capitale Hô Chi Minh est traversée de vagues migratoires comparables à celles que doivent gérer les mégalopoles d’Asie du Sud-Est, a-t-elle dit, ajoutant que la pollution et les inégalités étaient autant de défis à relever pour des autorités locales manquant d’infrastructures.  Mme Le Dieu a indiqué que le Viet Nam s’efforçait d’utiliser l’APD pour régler ces problèmes.  Poursuivant son intervention, elle a expliqué que, de 1998 à 2006, 25 millions de dollars avaient été alloués pour moderniser la capitale à la faveur de ce projet, mené conjointement avec la Belgique et la Banque mondiale.


Nous avons privilégié une démarche intégrée et participative et ciblé des secteurs clefs comme le traitement des eaux usées, le traitement de déchets, la construction des berges fluviales pour permettre une navigation et élargir les voies piétonnes et éviter les inondations, a dit Mme Anh Le Dieu.  Elle a ajouté que l’accent avait été aussi mis sur l’amélioration des conditions de vie des plus démunis, dont bon nombre ont été relogés dans des lotissements à propos desquels ils ont été consultés.  Nous avons également imaginé des possibilités nouvelles d’emploi pour ces groupes défavorisés, en mettant en place des prêts avantageux, a encore dit Mme Le Dieu.  Elle a ensuite signalé que, dans le cadre de ce projet, pour la première fois au Viet Nam, des travailleurs sociaux avaient été directement associés à un programme de développement urbain.  Elle a salué le rôle des organisations non gouvernementales (ONG), qui auront servi de courroie de transmission entre les populations et les autorités gouvernementales.  Pour l’intervenante, il convient de renforcer la coordination dans les processus de décision en établissant des enceintes de dialogue entre population et autorités.  Évitons que les villes ne deviennent partout des territoires réservés aux plus riches, a-t-elle conclu.


Le représentant du Viet Nam a estimé que la coordination entre les institutions qui opèrent sur le terrain était très importante.  Il a estimé que si l’assistance technique et financière existait réellement, la coordination pourrait alors bien fonctionner.  Il a voulu savoir comment la Belgique garantissait la durabilité des projets.


En réponse, M. MICHEL, de la Belgique, a expliqué que la durabilité était une donnée fondamentale dans la politique de coopération de la Belgique.  Cela repose sur un constat simple: ce sont les pays les plus pauvres et les plus vulnérables qui vont être victimes des effets des changements climatiques, et pourtant, ce ne sont pas eux qui sont à l’origine de ce phénomène et de ses effets, a-t-il dit.  De plus, il a mis en avant le fait que parmi l’ensemble des projets soutenus par la Banque mondiale, 55% sont sensibles aux conditions du climat et 25% présentent un risque d’être affectés de manière négative par les conséquences des changements climatiques.  Il a expliqué que cela revenait à ce qu’un quart des moyens mobilisés soit menacé de gaspillage, car les changements climatiques n’y sont pas pris en compte. 


Mme LE DIEU, du Viet Nam, a souligné que les projets sur le terrain font souvent face à l’absence de coordination horizontale, notant qu’il n’y avait pas de mécanisme pour assurer cette coordination à Hô Chi Minh.  Elle a indiqué qu’en avril dernier, un accord avait été signé entre le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et les autorités municipales pour établir un modèle de gouvernance et de renforcement des capacités des départements de planification et de gestion urbaine et a espéré que cela apportera des changements dans ce domaine. 


Interrogé par le représentant de la Malaisie sur la crise alimentaire actuelle, M. MICHEL a indiqué que la Belgique plaidait pour la formulation de propositions concrètes.  Il y a un risque de se contenter de déclamations généreuses, mais le vrai test sera celui de la crédibilité et de la sincérité, a-t-il déclaré.  Il a par exemple expliqué que tout le monde partageait l’avis selon lequel il est important de promouvoir le renforcement des capacités des agriculteurs locaux, alors que le financement dans ce domaine diminuait.  Pour garantir l’autosuffisance alimentaire, il a appelé à fixer des objectifs concrets qui seraient vérifiés régulièrement.  Il a de plus souhaité que les pays développés s’engagent à consacrer, d’ici à 2010, 10% de leur aide publique au développement au renforcement des capacités dans le domaine de l’agriculture et a aussi insisté sur l’importance des achats locaux.  


La représentante du Bénin a, pour sa part, souligné le rôle de leadership que joue la Belgique dans la coopération internationale et a demandé si le pays faisait face à des défis.  M. Michel a expliqué que l’action de son pays était fondée sur une logique de partenariat et de coresponsabilité.  Dans ce contexte, il a jugé essentiel que les pays destinataires de l’aide de la coopération soient les initiateurs dans l’élaboration de leur stratégie nationale, ceci afin de favoriser une appropriation réelle, non seulement par les autorités mais aussi par les populations.  Par ailleurs, M. MICHEL a indiqué que la nécessité d’une amélioration de l’aide ne pouvait pas être un prétexte pour laisser stagner les volumes d’assistance.


Le Ministre belge a enfin indiqué que son pays avait initié le concept du « test climat » qui vise, lors de la préparation des projets de coopération, à vérifier que l’impact en termes d’émissions de carbone soit le plus faible possible.  Toutefois, il a précisé que cette question de durabilité était plus large et portait sur la manière de construire des économies qui prennent mieux en considération le souci de la préservation de l’environnement.  Cela vaut avant tout pour les pays bailleurs de fonds, qui produisent le plus de pollution, et nous devons commencer par montrer exemple, a-t-il estimé.


Mme PAULA QUINTANA, Ministre de la planification nationale et de la coopération du Chili, a déclaré que le partage d’expériences en matière de politiques publiques était l’une des clefs pour réaliser un développement plus inclusif au service de l’amélioration du bien-être des populations.  Elle a ajouté que les Objectifs du Millénaire pour le développement définissaient les grands axes non seulement du développement économique et social, mais aussi de la gouvernance démocratique du Chili.  Notre but reste de mettre un terme à la pauvreté et bâtir une société ouverte et égalitaire, a dit Mme Quintana, estimant qu’à cette fin l’État devait assumer ses responsabilités, la croissance économique n’étant pas suffisante pour améliorer durablement les conditions de vie des plus démunis.


Évoquant ensuite les avancées économiques et sociales réalisées par le Chili au cours des dernières années, la Ministre a indiqué qu’entre 1999 et 2007 le produit intérieur brut (PIB) chilien avait augmenté de 5,4%.  Forts d’une stabilité financière chèrement acquise, nous pouvons tirer parti, au plan social, de la croissance, ce dont témoigne l’augmentation significative des investissements sociaux, a signalé Paula Quintana.  Elle a cité comme exemples le fait que, désormais, sur 10 étudiants, 7 étaient les premiers de leur famille à avoir bénéficié d’une éducation supérieure, ou encore, qu’en 2002, le Chili avait enregistré les plus faibles taux de mortalité infantile et maternelle de son histoire. 


Par le biais du système « Chili solidaire », le Chili se donne les moyens de sortir de la pauvreté les familles les plus défavorisées, a-t-elle poursuivi.  Elle a de plus souligné les résultats obtenus grâce aux politiques d’éducation destinées notamment à réduire l’abandon scolaire, et, à terme, à briser le cercle de la reproduction de la pauvreté en renforçant les mesures de protection de l’enfance.  Le Chili doit maintenant mettre sur pied des instruments juridiques de suivi pour garantir que les droits sociaux sont respectés, et ses réformes doivent être plus qualitatives, a encore dit la Ministre.  Paula Quintana a conclu sa déclaration en attirant l’attention sur la participation active de son pays en matière de coopération civile, à travers, entre autres, son rôle dans les opérations de maintien de la paix, au premier rang desquelles la Mission de l’ONU pour la stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH).  Elle a par ailleurs souhaité que les initiatives Nord-Sud contre la pauvreté soient assorties de financements novateurs pour réaliser dans les temps les OMD.  Dans ce cadre, a-t-elle suggéré, le Fonds monétaire et international (FMI) doit revoir ses mécanismes de financement compensatoires, de sorte qu’en cas de perturbations négatives, les pays puissent maintenir leurs capacités de production.


Émettant des commentaires sur la présentation nationale du Chili, le représentant de la société civile, s’est félicité des bons résultats obtenus par le pays, qui sont le fruit d’efforts consentis depuis plusieurs années.  Il a estimé que le processus de vastes consultations entreprises au Chili avait permis à tous les acteurs de prendre des mesures novatrices pour progresser plus rapidement dans la lutte contre la pauvreté.  Il a notamment salué les avancées du Chili en matière de représentation politique des femmes et de lutte contre le VIH/sida.  Toutefois, il a admis que de grands défis demeuraient en matière d’environnement et a jugé essentiel de mieux établir le lien entre les objectifs environnementaux et sociaux.  S’agissant de la pauvreté, il a affirmé que celle-ci semblait avoir un caractère provisoire au Chili.  Dans ce contexte, il a insisté sur l’importance de l’emploi et de l’adoption de politiques socioéconomiques génératrices d’emplois.  Il a aussi souhaité la promotion de l’accès à un travail de qualité et la multiplication des emplois pour les familles pauvres afin que davantage d’adultes reçoivent des revenus.


Le représentant a par ailleurs relevé qu’un des principaux défis qui se posent au Chili en matière d’éducation était lié à la qualité de l’enseignement et au maintien des élèves dans le système scolaire.  Tout en saluant les efforts du Gouvernement dans ce domaine, il a estimé qu’il n’y avait pas encore de solutions satisfaisantes.  En matière de logement, il a souscrit aux recommandations du rapport national, notant qu’il fallait améliorer le logement pour les personnes pauvres et offrir à tous des services de qualité satisfaisante.  Le représentant a enfin mis en exergue la complémentarité qui existe entre les OMD et les politiques sociales basées sur les droits.  Les OMD définissent ce qu’il faut faire et les politiques sociales nous indiquent comment y parvenir, a-t-il précisé. 


Le représentant du Mexique a aussi fait des observations sur ce rapport national, en indiquant que les situations décrites avaient de nombreux points communs avec celles existant dans son propre pays.  Il a estimé que le Chili était un des pays qui avait remporté le plus de succès dans la région dans son modèle de développement social et économique.  Il a souhaité que la Ministre chilienne, Mme Quintana, donne davantage de détails sur la réforme du système de protection sociale. 


Le représentant de l’Espagne a noté les inégalités régionales et sociales qui persistent au Chili.  Il a affirmé qu’il conviendrait de porter une attention particulière aux groupes les plus vulnérables.  Il a voulu avoir des détails sur la coopération décentralisée et le développement des politiques sociales à l’échelle locale, étant donné la diversité territoriale et sociale du pays.


Le représentant de l’Uruguay a déclaré qu’à l’instar de ce qui est fait au Chili, il fallait établir dans son pays une société solidaire en s’attaquant aux facteurs de déstabilisation sociale.  Une telle vision suppose le respect d’impératifs éthiques et politiques pour régler tous les besoins rattachés à l’alimentation et la santé, a-t-il souligné.  En ce qui concerne la coopération internationale, le représentant a jugé qu’il fallait tenir compte des circonstances négatives qui entravent la réalisation des OMD.  Les économies des pays en développement restent vulnérables, même en ce qui concerne les pays à revenu moyen, a-t-il encore dit.  Il s’est réjoui des progrès signalés par la Ministre chilienne, notamment les efforts déployés par son gouvernement en matière de coopération Sud-Sud, et notamment ceux engagés auprès des autorités haïtiennes et de la Mission des Nations Unies dans ce pays.


Reprenant la parole, la Ministre chilienne, Mme PAULA QUINTANA a répété que son pays était à présent capable de relever de nouveaux défis, ses stratégies ayant de plus en plus pour visée de lutter contre la vulnérabilité des populations précaires.  Évoquant les 5% de pauvreté endémique qui continuent de saper l’essor d’une part importante de la population, Mme Quintana a de nouveau souligné l’importance de parvenir à une répartition équitable des revenus.  « Un emploi décent pour tous, voilà ce qui permettra à nos peuples de répondre aux difficultés du temps présent », a-t-elle dit.


M. ANDREW STEER, Directeur général du Département pour le développement international du Royaume-Uni, a indiqué que si son pays était fier de sa contribution aux efforts de réalisation des OMD, il devait cependant reconnaître son importante empreinte environnementale.  Il a en effet admis que les émissions de carbone par personne au Royaume-Uni étaient près de 100 fois plus importantes que celles de chaque habitant des pays à bas revenu et deux fois plus importantes que celles des pays à revenu intermédiaire.  Il a déclaré que les efforts précédemment déployés par le Royaume-Uni pour faire progresser la protection environnementale seraient vains si le pays ne prenait pas des décisions difficiles dans ce domaine.  Il a noté que son pays avait donc pris la décision de réduire ses émissions de 60% d’ici à 2050, tout en reconnaissant que cet objectif devrait être encore plus élevé.  Le Parlement doit adopter cette loi dans les mois à venir, ce qui ferait du Royaume-Uni le premier pays à posséder une telle obligation juridiquement contraignante. 


M. Steer a expliqué que l’assistance internationale de son pays se traduisait non seulement par ses flux d’aide, mais aussi par les politiques nationales qui peuvent affecter les pays en développement, dans les domaines du commerce ou des migrations par exemple.  C’est pour cette raison que le Royaume-Uni a adopté une loi sur le développement international en 2002, a-t-il indiqué.  Il a par exemple précisé que les politiques commerciales étaient ainsi gérées conjointement par son département et par celui en charge des entreprises afin d’assurer que les négociations commerciales apportent un bénéfice aux plus pauvres.  Insistant sur l’importance de la croissance économique pour réduire la pauvreté, M. Steer a mis en avant la création du « Centre de croissance internationale » qui est un réseau de spécialistes mondiaux disponibles pour assister les pays à relever les défis de la croissance et de la création d’emplois.  Le Directeur général a aussi souligné l’importance d’une information transparente.  Il a rappelé que le Royaume-Uni avait initié, il y a huit ans, l’Initiative de transparence des industries de l’extraction, qui appuie la vérification et la publication des paiements effectués par les compagnies et celles des revenus que les gouvernements tirent du pétrole, du gaz et des ressources minières.  Il a indiqué que cette initiative visait à garantir que les personnes qui vivent dans les pays riches en ressources naturelles en bénéficient. 


Sur la question des changements climatiques, M. Steer a rappelé que les défis posés par le phénomène pourraient anéantir les progrès effectués jusqu’alors.  Il a précisé que son pays investissait 200 millions de dollars dans la recherche et le renforcement des capacités dans les pays en développement et qu’un programme de 50 millions de dollars soutenait les chercheurs africains qui travaillent sur la question de l’adaptation.  En outre, il a déclaré que le Royaume-Uni œuvrait à l’obtention d’un accord pour la période post-2012 qui soit « prodéveloppement », et qui inclurait notamment un partage des émissions plus équitable, un marché du carbone réformé et un soutien au développement et au transfert des technologies.  Le Directeur général a par ailleurs insisté sur la question de l’eau et de l’assainissement, rappelant que les progrès étaient lents dans ces domaines.  Il a aussi rappelé que les pertes économiques dues au manque d’accès à l’eau potable totalisaient 14 milliards par année, sur le seul continent africain.  Il faut travailler ensemble pour accélérer les progrès, a-t-il poursuivi, annonçant que les dépenses de son pays relatives à l’eau augmenteraient de 400 millions par année.  Il a de plus souhaité que tous les efforts soient coordonnés dans ce domaine, avec notamment un rapport annuel mondial et une réunion annuelle mondiale sur l’eau. 


M. Steer a par ailleurs déclaré qu’il fallait un leadership fort pour progresser vers le développement international et a mis en avant l’importance de tenir les engagements pris à Monterrey et à Gleneagles.  Il a indiqué que le Royaume-Uni s’engagera à aligner ses efforts sur les plans gouvernementaux de ses partenaires lors du Forum d’Accra sur l’efficacité de l’aide, prévu en septembre prochain.  De plus, il s’est réjoui des accords conclus sur une période de 10 ans en matière de coopération avec des pays tels que le Yémen, la Zambie, le Pakistan et l’Ouganda.  


Le représentant du Malawi a salué l’engagement, réitéré par M. Steer, du Royaume-Uni, de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement d’ici à 2013, soit avec deux ans d’avance sur les délais fixés, afin de soutenir la réalisation des OMD.  Il a également noté l’accent mis par M. Steer sur la nécessité de transformer le fruit de l’exploitation des ressources naturelles en croissance économique.  Les produits agricoles sont particulièrement importants pour l’économie du Malawi, a-t-il ajouté, estimant que les échanges Nord-Sud sont entravés en raison des subventions qui affaiblissent la compétitivité des produits des pays en développement.


Le représentant du Bangladesh a demandé des éclaircissements à M. Steer quant aux intentions du Royaume-Uni en ce qui concerne la recherche de nouvelles sources de financement pour répondre aux défis posés par les effets des changements climatiques, qui sont une source ardente de préoccupation pour un État côtier comme le Bangladesh, qui est très vulnérable à ce péril.


Le représentant du Mozambique a estimé à son tour que le développement économique et social et la durabilité environnementale étaient des questions devant être traitées de manière holistique.  Il a appuyé les propos de M. Steer sur l’urgence de relancer le secteur agricole, la plupart des pays en développement ayant commis l’erreur de ne privilégier que le développement du secteur des services ces dernières années.  Il a demandé à M. Steer quelles mesures concrètes le Royaume-Uni comptait prendre pour aider les pays touchés à faire face à la crise alimentaire mondiale.  Il a également estimé qu’il fallait, dans ce contexte, accorder une attention particulière à la situation des pays non producteurs de pétrole qui subissent de plein fouet la flambée des prix des denrées alimentaires.


En réponse à ces questions, M. STEER a affirmé que son pays voulait en effet réformer les subventions à l’agriculture et suivre de très près cette question.  Par ailleurs, il a souligné qu’allier croissance et viabilité écologique était une lutte à mener par tous les pays.  Toutefois, il a dit qu’investir dans la lutte contre les changements climatiques était un bon investissement à long terme qui pouvait aussi générer des activités profitables supplémentaires.  Il a en outre souhaité qu’on démontre clairement les possibilités existant dans les modes de production à faibles émissions de carbone.


S’agissant des pays les moins avancés (PMA), il a indiqué que le Royaume-Uni consacrait actuellement 0,16% de son PIB aux PMA sous forme d’aide, un pourcentage deux fois plus élevé que la moyenne.  Il a de plus indiqué que son pays souhaitait dédier 90% de ses dépenses bilatérales aux pays à bas revenu.  Sur la question de l’intégration des trois piliers du développement durable, il a fait valoir que son pays possédait des équipes qui travaillaient de manière multisectorielle.  En matière de soutien direct au budget des pays en développement, le Directeur général s’est dit convaincu que c’était là une des meilleures façons d’agir lorsque des plans clairs existent.  Il a aussi rappelé que les pays destinataires de l’aide devaient être les chefs de file des programmes à mettre en place et décider des directions à prendre en matière de développement. 


La représentante du « UK BOND’s Development and Environment Group », qui accompagnait M. Steer, a indiqué que les changements climatiques étaient le résultat de modes de vie non durables.  Elle a regretté que les changements climatiques soient souvent utilisés pour traiter d’autres difficultés qui devraient pourtant ne pas être examinées dans ce cadre, comme la désertification ou la dégradation des ressources naturelles.  Elle a aussi affirmé que l’urgence d’agir ne devrait pas être un obstacle à l’intégration des leçons clefs, comme la participation des pauvres et la responsabilité, qui sont des éléments essentiels pour assurer le processus de développement.


La représentante de l’ONG « Progressio », qui accompagnait également M. Steer, a estimé que la crise alimentaire était le symptôme de problèmes plus profonds.  Elle s’est dite préoccupée par le modèle de production intensif et basé sur les exportations imposé aux pays du Sud pour satisfaire la demande des pays du Nord, au détriment de la sécurité alimentaire et de la durabilité environnementale des communautés pauvres.  Elle a souhaité une nouvelle vision du développement, axée sur un système alimentaire qui permette aux petits agriculteurs de se faire entendre.  Elle a aussi indiqué que les consommateurs du Nord devaient faire face aux impacts de leur choix sur les communautés pauvres.  Enfin, elle a demandé que les gouvernements traitent des causes profondes de la crise alimentaire, ajoutant qu’il fallait restructurer les systèmes économiques et les institutions mondiales afin qu’elles agissent en faveur des pauvres. 


Interrogé par le représentant de la Malaisie sur la période 2008-2012 en ce qui concerne les réductions d’émissions de gaz à effet de serre, M. STEER a indiqué que le Royaume-Uni allait tenir ses engagements au cours de ces années.  En réponse aux délégués d’Antigua-et-Barbuda et de la Jamahiriya arabe libyenne qui ont souligné l’inégalité dans les investissements, il a affirmé que si des progrès étaient à faire, il fallait reconnaître que l’Afrique avait aujourd’hui une croissance de 6,5% en moyenne, qui est la plus rapide depuis les années 70.  Il a estimé que cela était dû aux bonnes politiques mises en œuvre et à la reconnaissance du rôle du commerce. 


M. PETER MSOLA, Ministre des sciences et des technologies de la République-Unie de Tanzanie, a déclaré que des politiques nationales étaient inscrites dans le cadre de la stratégie de développement « Vision 2025 » élaborée par son pays.  Il a rappelé que la Tanzanie avait fait de la lutte contre la pauvreté sa priorité dès 1996.  Les leçons tirées de la mise en œuvre des différentes initiatives nous incitent, à ce stade, à miser désormais sur la croissance économique et la bonne gouvernance, a précisé M. Msola.  Il a toutefois précisé qu’une croissance soutenue, de l’ordre de 7% en Tanzanie ces dernières années, ne suffisait pas pour réduire les inégalités sociales, en particulier entre habitants des zones urbaines et rurales.  Il a ainsi expliqué que l’accès aux denrées de base avait augmenté mais que le taux de malnutrition frappant les enfants de moins de cinq ans restait très élevé. 


Le Ministre tanzanien a ensuite attiré l’attention sur les progrès réalisés dans le domaine de l’éducation, même si l’Objectif d’élimination de l’analphabétisme d’ici à 2015 risquait d’être difficile à tenir, en particulier s’agissant des femmes rurales.  Il a également regretté que la mortalité maternelle n’ait pas baissé et que le taux de prévalence du VIH/sida se soit stabilisé autour des 7%, ce qui est un chiffre encore trop important, a-t-il jugé.  M. Msola a estimé que l’urbanisation galopante de son pays exerçait une pression accrue sur le développement des catégories les plus démunies de la population, qui sont celles des plus exposés aux défis mondiaux.  Cette situation complique le renforcement de l’accès à l’eau potable, enjeu majeur de ce siècle, a-t-il dit. 


Le Ministre des sciences et de la technologie de la Tanzanie a en outre souligné que son pays restait dépendant de l’aide étrangère pour financer ses activités de développement.  Il a indiqué que le cadre de coopération était devenu le guide de choix pour la gestion de l’aide publique au développement, dont une part importante est allouée à l’obtention d’un emploi décent pour tous.  Pour Peter Msola, non seulement les pays en développement ne doivent pas compter sur leur seule croissance économique, ils doivent aussi améliorer leur gouvernance et assumer le fait qu’ils sont les premiers responsables de leur développement.  La gouvernance et la responsabilité sont des facteurs sous-jacents à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration concomitante du bien-être des populations, a-t-il ainsi affirmé.


Compte tenu de l’ampleur de la tâche à accomplir, le Gouvernement tanzanien doit s’appuyer sur des ressources financières et humaines considérables, ce qui suppose une aide internationale accrue mais définie plus précisément pour permettre un ciblage efficace dans la répartition des fonds, a déclaré M. Msola.  Il a conclu en disant que les récents progrès, enregistrés dans les domaines vitaux de la fourniture de l’eau et du renforcement des capacités sanitaires à travers le pays, étaient en partie le résultat d’une meilleure utilisation de l’aide publique au développement par le biais de partenariats régionaux et internationaux. 


Dans ses observations sur le rapport national de la Tanzanie, le représentant du Danemark a noté qu’il n’y avait pas assez de ressources pour la mise en œuvre des projets et programmes.  Il a insisté sur la nécessité d’une réforme fiscale pour augmenter la mobilisation des ressources et estimé que celle-ci devait se faire avec la participation de tous les acteurs.  Énumérant les progrès et lacunes de la réalisation des OMD dans le pays, il a relevé le taux élevé de mortalité infantile, le manque de personnel et les ressources insuffisantes.  Il a aussi souligné le grave problème de la mortalité maternelle, qui ne s’est pas améliorée au cours des 10 dernières années.  S’agissant du VIH/sida, il a constaté le faible taux de prévalence dans le pays et a noté qu’une grande partie de l’APD était consacrée à cette lutte.  Toutefois, il a estimé que cette allocation de ressources et l’accent mis sur le VIH/sida généraient peut-être des difficultés dans d’autres secteurs de la santé.  En outre, il a considéré qu’il était nécessaire d’augmenter le financement par les bailleurs de fonds, mais aussi par les investissements dans le secteur privé afin d’élargir les revenus.  Le représentant a enfin souligné l’importance de la bonne gouvernance pour parvenir aux OMD.    


Le représentant de la Finlande a rappelé que la Tanzanie était l’un des partenaires en coopération de son pays.  Il a argué que le rapport national donnait une idée réaliste de la situation dans ce pays, où des progrès avaient été faits, mais où beaucoup restait aussi à faire.  Constatant la croissance de l’économie de la Tanzanie et sa stabilité politique, il a encouragé le pays à se fixer des objectifs de développement encore plus ambitieux.  Il a souligné qu’il fallait mieux distribuer la croissance économique, en raison des différences importantes entre régions, et mettre l’accent sur le développement de l’agriculture et du secteur privé.  En outre, il a affirmé qu’il fallait encore renforcer l’appropriation nationale dans le pays. 


Le représentant de Guyana a rappelé que la Tanzanie était un des pays chargés d’appliquer la Stratégie de Paris et a voulu savoir quelles leçons le pays pouvait en tirer. 


Le Ministre tanzanien a répondu aux délégations en disant que les réformes nécessaires étaient engagées.  Il a reconnu que le tableau d’ensemble est assez mitigé en matière d’éducation et de lutte contre la pauvreté.  Mais le Gouvernement tanzanien n’abandonne pas, a-t-il indiqué, en précisant que les autorités ciblaient leur action sur l’éducation et la participation des femmes à l’économie par le biais du microcrédit en milieu rural.  La moralité infantile a baissé, même si 6 à 8 décès pour 1 000 restent un taux encore trop élevé, a encore admis le Ministre.  Pour ce qui concerne la recherche de sources alternatives d’énergie, le Ministre tanzanien a indiqué que son gouvernement misait sur l’intensification de la coopération avec les partenaires au développement.  À cet égard, il s’est félicité de la compréhension mutuelle prévalant entre les différents acteurs Nord-Sud et Sud-Sud, véritable catalyseur selon lui des efforts entrepris, notamment dans le domaine de la protection sociale. 


Table ronde sur le thème « Le rôle des services écosystémiques dans le développement durable »


M. ACHIM STEINER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), animateur de cette table ronde, a noté qu’au cours des dernières années, on avait assisté à l’émergence du cadre écosystémique.  Il a indiqué qu’il y avait une inquiétude croissante, au niveau mondial, face à la dégradation et la destruction des écosystèmes et la perte de biodiversité.  Faisant part des conclusions de l’Évaluation du Millénaire des écosystèmes, il a souligné qu’au cours des 50 dernières années les écosystèmes avaient changé plus rapidement qu’au cours de n’importe quelle période similaire de l’histoire.  Il a déclaré que l’humanité dépendait du bon fonctionnement de ces écosystèmes pour pouvoir fournir des biens et des services.  Dans ce contexte, il a souhaité que le concept de la gestion des écosystèmes et les investissements dans leur fonctionnement deviennent une partie plus importante des politiques.


M. AHMED DJOGHLAF, Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique, a déclaré que lors de sa visite cette semaine au Japon, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, avait déclaré que les catastrophes naturelles, les changements climatiques, la hausse des prix des denrées alimentaires et celle des prix du pétrole, constituaient les priorités absolues auxquelles devaient faire face les Nations Unies.  Il a indiqué que ces quatre questions étaient étroitement liées à la biodiversité.  À titre d’exemple, il a souligné que 79% des denrées, hors riz, qui sont consommées en République démocratique populaire lao sont issues de zones forestières protégées.  Par ailleurs, il a noté que 75% des pauvres du monde vivaient dans des zones rurales et dépendaient directement de la biodiversité pour leur survie et leur bien-être.  Il a encore avancé que 50% des médicaments utilisés en Allemagne étaient basés sur des plantes médicinales et que les écosystèmes des forêts et des montagnes fournissaient des sources en eau à plus de 4 milliards de personnes. 


Maintenir les services que fournit la nature à l’humanité est une question de vie ou de mort, a-t-il déclaré.  Dans ce contexte, il a déploré que les taux actuels de perte de biodiversité soient 100 fois plus importants que leur taux naturel d’extinction.  Il a souligné que la pression résultant des activités humaines était telle que la capacité de ces écosystèmes à répondre aux besoins des générations futures était menacée, peut-être de manière irréversible.  Le Secrétaire exécutif a déclaré que la réduction de la perte de la biodiversité était possible mais nécessitait des efforts sans précédent à tous les niveaux.  Il a insisté sur l’importance de sensibiliser les populations à la valeur des écosystèmes.  Par ailleurs, il a mis en avant la relation étroite qui existe entre la biodiversité et la diversité culturelle, précisant que le savoir-faire et les connaissances autochtones devaient être préservés. 


Mme HILLARY MASUNDIRE, Présidente de la Commission de la gestion des écosystèmes, à l’Union mondiale pour la nature (UICN), a déclaré que la gestion durable des ressources naturelles, à commencer par l’eau, pour répondre aux besoins vitaux de demain, devait s’appuyer sur une approche écosystémique.  Les écosystèmes sont la source même de la vie, a-t-elle dit.  En les protégeant et en les exploitant rationnellement, nous réaliserons les objectifs du développement durable et ceux définis dans le cadre de la Convention sur la biodiversité, a ajouté l’orateur.  Mme Masundire a ensuite estimé qu’il fallait aider à renforcer les capacités des communautés locales, ces dernières ayant un rôle essentiel à tenir dans une exploitation qui devrait être soucieuse des ressources de l’environnement et de la biodiversité.  Veillons à soutenir la vie telle que nous la connaissons, a-t-elle encore suggéré, en tenant compte de la dimension temporelle et spatiale des enjeux.  En fonction de tel écosystème, plus ou moins étendu et riche, la gestion des ressources sera différente, exigeant notamment une évaluation des possibilités d’exploitation à plus ou moins long terme, a expliqué l’intervenante.  Elle a indiqué que la tendance, au cours des dernières années, « et qui vaudra encore longtemps dans l’avenir », est également à la prise en considération de l’impact de l’action des hommes sur les rythmes naturels.  Dans ce cadre, Mme Masundire a souligné la nécessité d’accumuler ensemble les savoirs traditionnels et scientifiques et d’intensifier la participation de toutes les parties prenantes à la cause du développement humain. 


Mme ANNA TIBAIJUKA, Directrice exécutive d’ONU-Habitat, a constaté la croissance accélérée des zones urbaines, alors qu’aujourd’hui 50% de la population mondiale vivent dans des villes.  Cela veut dire que la pression mise sur les écosystèmes naturels correspondra aux dimensions de ces villes, a-t-elle ajouté.  Elle a estimé que cette situation faisait planer le spectre d’une exploitation de l’environnement qui ne peut être durable et qu’il fallait donc judicieusement gérer cet aspect de l’urbanisation.  Elle a particulièrement insisté sur la nécessité de sensibiliser les gens, à l’heure où on assiste à une urbanisation chaotique dans certaines régions.  Elle a par exemple rappelé que la population de certaines villes d’Afrique augmentait de 5% par an, ce qui y rendait la planification difficile.  Elle a indiqué que la réponse à apporter devait avoir comme base l’écologie humaine, et qu’il fallait prendre en compte les établissements humains, et adopter une approche de gestion intégrée.  Mme Tibaijuka a aussi souligné le rôle des autorités locales et des maires dans la coordination des efforts à mener pour faire face à la fois à l’urbanisation croissante et à la perte de biodiversité. 


Le représentant de la France, au nom de l’Union européenne, a constaté que l’ensemble des panélistes avaient signalé que le développement et l’urbanisation s’étaient effectués au détriment de la protection de la biodiversité.  Il a rappelé que les deux tiers des écosystèmes mondiaux étaient en déclin, cet appauvrissement de la diversité biologique ayant un effet nocif sur la qualité des sols et entraînant la dégradation des organismes et des habitats.  Le représentant de la France a également déploré que la biodiversité agricole soit en déclin.  L’Union européenne est déterminée à freiner cette détérioration, a-t-il ajouté, soulignant que les écosystèmes étaient indispensables pour réguler le climat.  Il a précisé que les 27 membres de l’Union européenne s’étaient engagés à stopper l’appauvrissement de la biodiversité d’ici à 2010, en engageant des efforts sur la base du Plan d’action de 2006.  Il a plaidé pour une harmonisation entre les conventions compétentes et l’établissement de zones protégées terrestres et marines.  Il a de plus appelé de ses vœux la création d’un mécanisme de connaissances scientifiques pour informer les décideurs politiques.


Le représentant d’Israël a attiré l’attention sur la nécessité de ne pas surexploiter les ressources hydrauliques.  Il a de plus souhaité que l’État maintienne un contrôle centralisé de la gestion de l’eau, ce qui est un enjeu national crucial, aux yeux d’Israël, alors que de nombreux pays font face à des périodes de sécheresse de plus en plus longues et sévères.  De nouvelles sources d’eau doivent être trouvées, a-t-il dit, ajoutant que l’exode en direction des campagnes représentait une occasion de se concentrer sur la revitalisation des zones rurales.


Le représentant de l’Indonésie a estimé qu’il fallait modifier les pratiques en matière de gestion et d’exploitation des ressources naturelles.  Cela doit être reflété dans nos politiques, a-t-il dit, et nous devons réfléchir aux bénéficies économiques dérivés potentiellement de l’approche écosystémique.


La représentante du Brésil a relevé l’importance des services écosystémiques pour préserver les ressources naturelles et déclaré qu’il était important d’intégrer les objectifs réalisables de développement durable dans les politiques des gouvernements.  Elle a par ailleurs estimé que la réussite des zones marines protégées donnait une bonne indication de la pertinence et de l’efficacité des approches écosystémiques. 


Une représentante du Forum des parties prenantes pour un avenir durable a mis l’accent sur le besoin de créer des marchés lucratifs liés à la protection des écosystèmes.  Par ce biais, a-t-elle dit, nous élargirons le cadre participatif d’une gestion des ressources davantage encadrée et protégée de possibles dérives.


M. MAGNUS NGOILE, Directeur général du Conseil national de la gestion environnementale de la République-Unie de Tanzanie, s’est penché sur le rôle des services écosystémiques dans le contexte des États côtiers en développement d’Afrique subsaharienne.  Il a souligné que les écosystèmes côtiers fournissaient aux populations des services de pêche, de forêts et d’agriculture côtière, ainsi que des opportunités de développement du tourisme notamment.  Toutefois, il noté que des 7,8 millions de tonnes de poissons qui vivent dans les zones côtières de cette région, seul 3,7 millions de tonnes étaient pêchées par les États côtiers, le reste étant pratiquement braconné par des flottes étrangères.  En tant que premier élément de solution, il a suggéré que l’Union africaine adopte une approche de paiement pour l’usage des services écosystémiques du contient et la gestion de ses pêcheries.  Le deuxième élément de la solution à mettre en œuvre réside au niveau communautaire, a-t-il ensuite estimé.  M. Ngoile a en effet déclaré que les communautés devaient pouvoir établir leur vision du développement durable, et que ces visions devaient trouver un équilibre entre les besoins de la société et la conservation des écosystèmes.  Il a aussi souhaité que les gouvernements nationaux et les organisations internationales appuient les initiatives en faveur de la croissance économique durable prises par ces communautés.  Il a enfin plaidé pour l’établissement de mécanismes garantissant la durabilité financière des mesures de gestion des zones côtières, entre autres. 


M. JORGE MARIO RODRÍGUEZ, Directeur du Fonds national de financement des forêts du Costa Rica, a évoqué la politique de lutte contre la déforestation du Costa Rica.  Rappelant qu’entre 1990 et 2005 ce pays avait perdu 84 millions d’hectares de forêt, il a indiqué que les gouvernements successifs avaient adopté des mesures et des lois destinées à remettre en état la couverture forestière, indispensable à la fois pour relancer la filière bois et lutter contre les effets des émissions de gaz carbonique sur la biodiversité.  M. Rodríguez a précisé que la mise en œuvre des  programmes reposait sur l’utilisation du Fonds national de financement forestier.  Le cadre juridique a permis de définir les différents services écologiques à développer en les finançant avec les deniers publics, a-t-il indiqué.  Parce que nous sommes redevables auprès des contribuables du Costa Rica, l’action gouvernementale se veut la plus efficace et transparente possible, a encore dit le panéliste.   Il a ensuite indiqué que les autorités s’efforçaient de renverser le processus de déboisement en luttant contre les coupes de bois illégales et en relançant le développement rural dans le cadre de la réalisation des OMD.  Notre succès, a-t-il dit, est dû à la surveillance qu’exercent les mécanismes et instruments de suivi de l’application des engagements pris au titre de la reforestation.  M. Rodríguez a signalé que des audits privés avaient lieu régulièrement et que des systèmes de surveillance géographique permettaient de suivre de près les travaux menés dans les exploitations subventionnées.  Des efforts de ce type nécessitent la participation équilibrée des secteurs public et privé, de sorte que tous ceux qui bénéficient des fruits de l’exploitation forestière versent leur écot, a conclu M. Rodríguez.


M. DANE GOBIN, Directeur général du Centre international de conservation et de développement de la forêt pluviale d’Iwokrama, au Guyana, a expliqué que le mandat de ce Centre était de promouvoir l’usage durable et équitable de cette forêt pluviale afin d’y produire des bénéfices écologiques, économiques et sociaux durables pour la population.  Il a indiqué que les programmes de travail du Centre s’axaient sur la conservation de la biodiversité et le développement d’industries durables en matière de tourisme et de bois.  M. Gobin a, par exemple, souligné que le modèle utilisé pour l’industrie du bois suivait les meilleures pratiques en matière économique, environnementale et sociale.  Il a aussi mis en avant la relation du Centre avec les communautés, notamment par des accords de gestion commune et de partage des bénéfices; des programmes de formation et de renforcement des capacités; et le recrutement, alors que 96% du personnel du Centre proviennent des communautés locales.  Il a rappelé que les forêts pluviales fournissaient des services essentiels dans les domaines de l’eau, de la prévention de l’érosion des sols ou encore, de l’agriculture.  Il a toutefois regretté que cette valeur ne soit pas reconnue en grande partie et a souhaité que des systèmes de mise en valeur soient élaborés.  Selon lui, la mise en valeur de ces forêts et d’un modèle d’exploitation durable des services qu’elles offrent, permettrait au niveau international de réduire la déforestation et d’atténuer les effets des changements climatiques.  Au niveau national, a-t-il poursuivi, cela permettrait de fournir un développement économique au Guyana, et notamment aux communautés locales du pays. 


La représentante d’organisations non gouvernementales de défense des droits des femmes a souhaité que soit inclue la question de la parité dans la gestion des ressources naturelles.


La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a, de son côté, attiré l’attention sur l’importance d’éduquer les citoyens aux problématiques environnementales.  La valeur de l’éducation est trop sous-estimée dans les programmes de pays, a-t-elle dit, alors que le savoir est indispensable pour parvenir à l’objectif final, à savoir l’appropriation par les peuples de ces programmes.  Elle a également insisté sur la nécessité d’établir des modalités de gestion de la biodiversité dans le cadre des grandes villes, lieu d’une grande diversité biologique, a-t-elle ajouté.


M. DJOGHLAF a réagi à ces commentaires en reconnaissant l’importance de la biodiversité urbaine.  Les maires de grandes villes ont justement lancé un appel à la reconnaissance de ce phénomène, a-t-il dit, et les lignes directrices sur l’application de la CDB dans les villes vont être bientôt lancées.  Il a par ailleurs déclaré que le réseau des femmes Ministres de l’environnement était très actif, la communauté internationale étant de plus en plus au fait des contributions des femmes à la protection de la biodiversité.  De son côté, M. RODRÍGUEZ a estimé que le développement d’une économie propre était un enjeu collectif crucial pour le devenir de la planète.  Il a estimé que dans ce cadre, la Banque mondiale devait assister les pays en développement pour leur permettre de mener à bien des programmes environnementaux coûteux dont la mise en œuvre a besoin d’un cadre d’endettement contrôlé.  Il a estimé que la valeur ajoutée de cette action n’avait pas de prix. 


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.