L’ECOSOC DRESSE LES GRANDES LIGNES D’UNE ACTION MONDIALE EFFECTIVE ET SOUTENUE POUR LUTTER CONTRE LA CRISE ALIMENTAIRE
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Conseil économique et social
Réunion spéciale consacrée à
la crise alimentaire mondiale
9e séance – après-midi
L’ECOSOC DRESSE LES GRANDES LIGNES D’UNE ACTION MONDIALE EFFECTIVE ET SOUTENUE POUR LUTTER CONTRE LA CRISE ALIMENTAIRE
La réunion spéciale du Conseil économique et social (ECOSOC) consacrée à la crise alimentaire mondiale s’est achevée, cet après-midi, avec la publication de la déclaration de son Président*, dans laquelle celui-ci dessine les grandes lignes des « principaux éléments qui constituent le fondement d’une action mondiale effective et soutenue ».
« Pour faire face à cette crise complexe, nous devons agir tous ensemble et d’urgence », a déclaré M. Léo Mérorès (Haïti), « tirant la leçon des débats » entre les États Membres, des experts et les institutions spécialisées des Nations Unies. « C’est maintenant qu’il faut agir », insiste le Président de l’ECOSOC, qui estime que « nous devons veiller à ce que les sommes annoncées pour l’aide alimentaire d’urgence, dans un cadre bilatéral ou par l’intermédiaire du système des Nations Unies, soient versées sans aucun retard ». Il a appelé les gouvernements des pays donateurs, les entreprises privées, les organisations philanthropiques et les particuliers en mesure de le faire à « redoubler d’efforts pour apporter de quoi manger à ceux qui ont faim ».
Le Président a demandé également aux pays touchés de mettre en place immédiatement des « mesures ciblées d’aide alimentaire et d’aide à la nutrition et des filets de protection sociale comportant des programmes prioritaires en faveur des mères, des nourrissons et des enfants ». De même, « la plus haute priorité devrait être de donner aux agriculteurs les moyens de pourvoir aux besoins de la production pour la prochaine campagne agricole ».
« Nous demandons instamment à tous les États Membres de faire preuve de la volonté et de la flexibilité nécessaires pour mettre en place un nouveau régime commercial qui favorise la sécurité alimentaire en encourageant la production alimentaire et les investissements agricoles dans les pays en développement », a affirmé le Président de l’ECOSOC. « Il faut une volonté renouvelée de conclure d’urgence le Cycle de négociations de Doha », a-t-il ajouté.
Le Président a assuré qu’« une action à moyen et long termes est indispensable ». Ainsi, il a appelé « instamment les donateurs à « réexaminer la répartition sectorielle de l’aide publique au développement », ainsi qu’« un effort concerté pour s’attaquer à la crise en Afrique ». Enfin, il a demandé instamment aux gouvernements de « repenser sérieusement leurs politiques en faveur des biocarburants en veillant à ce que les mesures prises pour promouvoir ce type d’énergie ne mettent pas en danger la sécurité alimentaire ».
M. Mérorès a indiqué qu’il transmettra cette déclaration à la Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire, qui se tiendra au siège de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à Rome, du 3 au 5 juin, ainsi qu’aux Présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité et au Secrétaire général.
Cette réunion spéciale de l’ECOSOC, qui avait débuté mardi 20 mai, était la première d’une série d’événements majeurs visant à s’attaquer à la crise alimentaire mondiale, dont la Conférence de haut niveau à Rome, le mois prochain, la session de fond de l’ECOSOC, en juillet, et la rencontre de haut niveau de l’Assemblée générale sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, le 25 septembre.
C’est la première également que le Conseil organisait pour s’acquitter des responsabilités qui lui ont été conférées par le Document final du Sommet mondial de 2005, à savoir répondre mieux et plus rapidement aux développement économique, environnemental et social au niveau international, et soutenir et compléter les efforts internationaux en matière d’urgences humanitaires.
* E/2008/66
RÉUNION SPÉCIALE CONSACRÉE À LA CRISE ALIMENTAIRE MONDIALE
Déclarations
Le représentant de la Malaisie a souligné la nécessité d’identifier correctement les causes de cette crise, notamment les causes systémiques. Parmi celles-ci, il a cité la plus grande privatisation qui a eu des effets négatifs sur les petits agriculteurs ainsi que les subventions du Nord et le fait que plusieurs pays en développement consacrent moins d’attention à l’agriculture. Il a aussi insisté sur l’importance de traiter de la complexité de ce défi, préconisant d’axer les discussions sur le cadre complet du développement durable et de ses trois piliers. Soulignant la nécessité de se baser sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée, il a déclaré que les pays en développement devraient renforcer leurs efforts pour relever ce défi tout en affirmant qu’il faudrait aussi leur donner les outils pour ce faire. Par ailleurs, il a indiqué qu’il ne faudrait pas utiliser la crise pour faire avancer des idées pour lesquelles il n’y a pas de consensus intergouvernemental, comme la notion de responsabilité de protéger. Il a également souligné le rôle de leader des Nations Unies dans la réponse à cette crise et a souhaité que l’Organisation ne se limite pas aux aspects humanitaires de la crise. Il a enfin appuyé la tenue d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale afin de trouver un consensus international sur la réponse à donner à cette crise.
Le représentant du Paraguay a noté que l’économie de son pays avait un profil agricole et dépendait de ce secteur pour son développement économique et social. Il a toutefois indiqué que si le pays était un exportateur net de denrées alimentaires, cela n’allait pas à l’encontre de la sécurité alimentaire nationale. Concernant la question des biocombustibles, il a indiqué que son pays s’était engagé à diversifier ses sources d’énergies, avec un impact réduit sur l’environnement, notamment par la canne à sucre qui n’est pas une source alimentaire directe. Il a estimé que l’analyse sur les causes multiples touchant la production des denrées alimentaires devrait prendre en compte l’impact de la croissance des prix du pétrole. Les pays en développement enclavés, comme le Paraguay, doivent en général payer 20% en plus pour le transport du pétrole, a-t-il précisé. C’est pourquoi, il a estimé qu’il était essentiel d’inclure la question de la hausse des prix du pétrole dans les débats. Le représentant a affirmé que la crise alimentaire mondiale devait être abordée intégralement, avec une analyse rigoureuse et scientifique qui implique tous les secteurs et les acteurs.
Le représentant du Guyana a rappelé que de nombreux facteurs avaient contribué à cette crise, dont le déclin des investissements dans l’agriculture, les changements climatiques, le détournement de la production agricole vers les biocarburants et les prix vertigineux du pétrole. Il a estimé qu’en dépit de ses graves conséquences, cette crise pouvait constituer une opportunité pour la communauté internationale de réfléchir aux causes structurelles ayant mené à cette situation. Il a estimé qu’il faudrait, dans un premier temps, augmenter les ressources pour l’aide d’urgence, soulignant cependant la nécessité d’investir davantage, à moyen et long termes, dans l’agriculture et parvenir à un régime commercial juste. Il a notamment souhaité que les institutions financières internationales améliorent les termes du crédit pour les petits exploitants et que l’on facilite l’accès aux technologies appropriées et aux formations. S’agissant des biocarburants, il a expliqué que son pays avait adopté une politique selon laquelle aucune terre agricole actuelle ne pouvait être consacrée à leur production. Enfin, il a admis que si son pays était un exportateur d’aliments et connaissait la sécurité alimentaire, il n’en était pas moins vulnérable à l’impact de cette crise. Il s’est en effet inquiété des problèmes de développement que pourrait générer cette situation ainsi que son effet amplificateur quant aux inégalités.
Le représentant de la Thaïlande a affirmé que la crise alimentaire n’était pas apparue seule mais était liée à d’autres problèmes, dont l’augmentation du prix du pétrole. Les agriculteurs des pays en développement produisent moins car les engrais et l’énergie coûtent plus chers, a-t-il précisé. Le représentant a estimé qu’il faudrait étudier de manière approfondie les raisons de la hausse du prix du pétrole et déterminer si cette hausse des prix résulte des mécanismes du marché ou de spéculation. Il a déclaré que la sécurité alimentaire allait de pair avec la sécurité énergétique. Le représentant a indiqué que son pays avait adopté une approche d’« économie d’autosuffisance », selon laquelle le développement durable démarre avec la population et les collectivités et s’accompagne de modes de production et de consommation durables. Pour trouver une solution à cette crise mondiale, a-t-il préconisé, il faudrait adopter une approche équilibrée et intégrée. Dans ce contexte, il s’est félicité des mesures proposées par le Secrétaire général à court, moyen et long termes, dont la création d’une Équipe spéciale sur la crise. Il a enfin insisté sur l’importance pour cette Équipe d’incorporer les vues des États Membres à sa réflexion et ses travaux.
Le représentant du Bénin a souligné l’urgence de mettre en place une assistance pour que les paysans puissent avoir des semences, des engrais afin d’assurer de bons résultats pour la prochaine campagne agricole. Il s’est dit convaincu que la communauté internationale saura entreprendre de profondes réformes en vue d’assister les efforts nationaux des pays touchés par la crise et permettre la réalisation de l’autosuffisance alimentaire mondiale. Il a mis l’accent sur la nécessité d’un investissement plus accru dans la production agricole, notamment la culture de produits vivriers. Cet investissement devra, a-t-il estimé, prendre en compte les infrastructures, la maîtrise de l’eau, la facilitation de l’accès des petits paysans aux intrants, de systèmes efficaces de commercialisation et de traitement des produits agricoles, la mise en place de moyens de stockages appropriés.
La représentante du Venezuela a estimé que l’on ne pouvait pas relier la hausse des prix du pétrole à la crise alimentaire actuelle. La crise alimentaire mondiale actuelle exige des mesures urgentes pour augmenter la productivité agricole, faciliter l’accès à l’eau, à la terre, aux technologies et au crédit. Il faut s’attaquer aux causes véritables, a-t-elle dit. Après avoir énuméré certaines mesures prises par son pays, elle a estimé que le domaine d’action pour la souveraineté et la sécurité alimentaire n’était pas resté à l’intérieur des frontières nationales. Le Venezuela est entré dans une dynamique d’accords internationaux pour mettre en place une politique de coopération et d’intégration au niveau régional. De l’avis de sa délégation, l’Équipe spéciale du Secrétaire général doit faire des efforts pour protéger la biodiversité, garantir une souveraineté et une sécurité alimentaire durable.
Le représentant du Maroc a estimé qu’il n’existait pas de solution miracle pour régler la crise alimentaire mondiale. Il a recommandé un engagement en faveur de l’augmentation des ressources allouées à l’autosuffisance et à la sécurité alimentaire, ainsi que le développement de dispositifs d’informations, le renforcement de la coopération régionale, la réorganisation des marchés régionaux, une meilleure coordination des acteurs de la sécurité alimentaire aux niveaux international, régional et national. Le représentant a également préconisé la création d’un fonds multilatéral destiné à renforcer les capacités, à assurer le transfert de technologies et à faciliter le financement de mesures d’adaptation aux effets des changements climatiques. Il a enfin souhaité une coopération Nord-Sud et Sud-Sud plus intense.
Le représentant de la Belgique a mis l’accent sur les conséquences de la crise alimentaire mondiale sur les femmes et les filles. Il faut, a-t-il dit, se concentrer sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. Le représentant a souligné l’importance du rôle des femmes dans la production alimentaire et dans la préservation des terres et de l’eau, ressources qui sont à la base d’une agriculture durable et efficace. Il faut impliquer les femmes dans la réponse à la crise alimentaire mondiale, a-t-il insisté.
Le représentant du Soudan a noté que cette crise menaçait la vie de millions de personnes pauvres et vulnérables. Il a aussi constaté qu’elle avait mis la question du droit au développement au centre des préoccupations internationales et a souligné le rôle de l’ECOSOC dans la réponse à donner à cette crise. Énumérant les diverses facettes de cette crise, il a estimé que la réponse devrait couvrir des objectifs à court, moyen et long termes. Il a demandé à la communauté internationale de financer pleinement les besoins du PAM et de respecter les engagements pris tout en se félicitant des efforts de la FAO pour accroître d’urgence la production agricole. Il a également partagé l’avis du Secrétaire général selon lequel cette situation doit aussi être considérée comme une opportunité. Le représentant a indiqué que le Soudan avait renforcé les filets de sécurité en faveur des pauvres ainsi que les subventions aux petits fermiers notamment. Estimant que cette crise ne constituait pas une surprise, il a affirmé qu’elle avait exposé les inégalités et faiblesses du système international. Dans ce contexte, le représentant a insisté sur l’importance de la mise en œuvre des engagements internationaux et a souligné que des efforts sérieux devraient être faits lors de la prochaine Conférence de Doha sur le financement du développement.
Le représentant du Liechtenstein a estimé que tous les États avaient l’obligation d’agir face à cette crise, sans quoi les progrès en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) seraient menacés. Il a rappelé que les nombreux facteurs contribuant à cette crise, comme les changements climatiques, l’augmentation de la population ou la demande accrue en biocarburants, auraient des effets durables. Il faut donc des mesures à long terme, a-t-il poursuivi, tout en soulignant l’importance de réinvestir dans l’agriculture, secteur négligé, dans les pays en développement. En outre, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha. S’agissant de l’aide immédiate face à cette crise, il a jugé crucial que l’approvisionnement humanitaire puisse circuler sans obstacles. Le représentant a également estimé qu’il faudrait permettre au PAM d’agir avec plus de souplesse, en lui versant des contributions non assorties à des conditions comme l’a fait son pays. Les Nations Unies doivent jouer un rôle clef pour trouver une solution durable, a-t-il conclu, en se félicitant de la création de l’Équipe spéciale sur la crise par le Secrétaire général et de la tenue de la Conférence de haut niveau de Rome, début juin.
Le représentant d’Israël a souligné qu’il faudrait réagir rapidement pour faire face à la hausse des prix des denrées alimentaires. La crise est complexe et résulte de différents facteurs, a-t-il fait remarquer. À court terme, il a plaidé pour une aide d’urgence, tout en soulignant la nécessité de fournir les moyens de production agricole aux pays qui en ont besoin. Il a reconnu l’importance de l’agriculture et a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la promotion des technologies agricoles. Il a rappelé que son pays avait introduit une résolution sur ce sujet à l’Assemblée générale, visant à rendre les technologies agricoles disponibles pour tous. En outre, il a insisté sur l’importance des investissements dans la recherche et les connaissances en matière agricole.
Le représentant du Nigéria a indiqué qu’il faudrait un leadership mondial pour répondre à cette crise. Notant que les pays africains étaient les plus touchés par cette crise, il a insisté sur la nécessité d’accorder la priorité à l’agriculture sur ce continent. Il a reconnu que l’Afrique avait des défis terribles à relever malgré son grand potentiel dans le secteur agricole. Par ailleurs, le représentant a averti que, selon les estimations, l’Afrique connaîtrait un déclin agricole en raison notamment des changements climatiques. Cela souligne le besoin urgent de prendre des mesures pour inverser cette tendance, a-t-il dit. Le représentant s’est ainsi félicité des efforts pour lancer une « révolution verte » en Afrique. Il s’est dit convaincu que le meilleur moyen de faire face à la crise actuelle était de revitaliser l’agriculture et a, à cet égard, estimé qu’il était essentiel de mobiliser des financements supplémentaires pour ce secteur.
Le représentant des États-Unis a affirmé que le Président George Bush avait annoncé l’allocation de plus d’un milliard de dollars à des aides alimentaires d’urgence et à des programmes de développement agricole. Il a indiqué que son pays s’attacherait sur les investissements en vue d’améliorer et de développer la productivité agricole. Il a également mis l’accent sur la nécessité de travailler collectivement pour développer les accès aux marchés des produits agricoles en concluant, notamment, les négociations commerciales sur le Cycle de Doha. Il faut se pencher avec attention sur l’impact des biocombustibles sur les prix des produits alimentaires, a-t-il également dit. Il a enfin plaidé en faveur d’un travail étroit avec l’ONU et les partenaires des pays en développement, notamment dans le cadre de la mise en place d’un réseau d’alerte rapide visant à prévenir les famines.
Le représentant de la Fédération de Russie a jugé indispensable de faire une évaluation objective et impartiale des causes de la crise alimentaire mondiale. La réaction de la communauté internationale doit aller, a-t-il estimé, dans deux directions, humanitaire, d’une part, en assurant la fourniture d’urgence de l’aide aux populations les plus touchées, et, d’autre part, en éliminant les causes profondes de la crise et en garantissant la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale. Le représentant a espéré que cette réunion spéciale de l’ECOSOC constituera un jalon important pour trouver une réponse à cette crise aiguë.
Le représentant d’Haïti a estimé que des actions urgentes devraient être engagées dans l’immédiat pour nourrir ceux qui ont faim. À moyen et à long termes, les politiques agricoles doivent être revues dans toutes leurs composantes, aux niveaux national et mondial, pour qu’elles visent une production ayant pour finalité primordiale la sécurité alimentaire et non leur potentiel pour le profit commercial, a-t-il dit. Au nom de la sécurité alimentaire, les pays en développement, notamment les pays les moins avancés, devraient bénéficier de l’assistance technique et financière adéquate et avoir la possibilité de produire et de disposer de stocks alimentaires en quantité suffisante sans qu’ils soient obligés de se soucier des forces des marchés mondiaux.
Le représentant du Koweït a affirmé que la crise alimentaire mondiale actuelle exigeait des mesures urgentes et efficaces, ainsi que des plans à long terme. Il a estimé qu’il faudrait éviter d’imputer à la hausse du prix du pétrole celle des prix des denrées alimentaires. Il a ajouté que son pays poursuivra ses efforts pour garantir une vie de sécurité, de stabilité et de bien-être pour tous les peuples du monde et a souhaité un plein succès à la Conférence internationale sur la crise alimentaire qui se tiendra à Rome, début juin.
Le représentant de la Namibie a regretté que la crise alimentaire actuelle se déroule à un moment où la communauté internationale devait conjuguer ses efforts avec ceux déployés par les pays pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a noté que la réalisation du premier de ces Objectifs, visant l’élimination de la faim, était menacée par cette crise. Il s’est félicité des mesures d’urgence prises pour faire face à la situation mais a également plaidé pour des actions à plus long terme, notamment les prêts accordés aux agriculteurs et les politiques commerciales. Il a ainsi invité les pays développés à se défaire de leurs subventions agricoles qui faussent les marchés. En outre, le représentant a présenté les mesures prises par le Gouvernement namibien pour augmenter la production agricole, insistant sur le « Programme vert » national de la Namibie. Il a expliqué que ce Programme avait pour objectif d’améliorer la production locale et l’aide aux agriculteurs, notamment ceux qui se trouvent dans les zones isolées. Enfin, il a souhaité que l’ECOSOC se penche sur la question des biocarburants et de leur lien avec l’insécurité alimentaire.
Soulignant la gravité de la crise alimentaire actuelle, le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a affirmé que cette situation avait souligné la différence entre ceux qui ont les moyens de s’acheter à manger et ceux qui ne peuvent le faire. Il a insisté sur l’importance de l’assistance alimentaire pour atténuer les conséquences de la crise, estimant cependant qu’il faudrait aussi modifier les politiques adoptées dans plusieurs domaines, au cours de ces deux dernières décennies. Il a déclaré que l’agriculture constituait un outil substantiel pour lutter contre la pauvreté et la faim et parvenir au développement durable. Le représentant a ainsi demandé aux pays riches d’abandonner leurs politiques de subventions visant à favoriser leurs produits agricoles et d’ouvrir leurs marchés aux produits des pays en développement. Par ailleurs, il a estimé qu’il était nécessaire de promouvoir l’intégration régionale et la diversification de la production agricole. Il s’est déclaré convaincu que les institutions financières internationales pourraient jouer un rôle directeur dans la promotion des investissements dans l’agriculture et pour établir les mécanismes requis pour faire face à cette crise. Il a enfin insisté sur le besoin de promouvoir le rôle des petits fermiers.
L’observateur permanent de la Commission européenne a constaté que les économistes estimaient que la hausse des prix alimentaires n’était pas un phénomène temporaire mais risquait de se maintenir à plus long terme. Les prix ne retomberont pas à leur niveau d’avant la crise, a-t-il précisé. Il a toutefois noté que cette situation pouvait représenter une opportunité de revenus accrus pour les fermiers à moyen et long termes. Il a indiqué que trois personnes sur quatre dans les pays en développement vivent en zones rurales et dépendent de l’agriculture pour leur subsistance. Dans ce contexte, l’observateur permanent de la Commission européenne a affirmé que la hausse des prix alimentaires pourrait bénéficier à la majorité des pauvres. Il a estimé que, pour ce faire, il faudrait adopter des bonnes politiques commerciales et a assuré que l’Union européenne continuera à promouvoir une politique commerciale ouverte et à éliminer des restrictions à l’exportation. Enfin, il a souligné que le prix élevé des denrées alimentaires devrait renforcer l’engagement des pays développés à réformer leurs subventions agricoles, par le biais de la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha.
L’observateur permanent du Secrétariat du Commonwealth a rappelé que le droit à l’alimentation était un droit fondamental et que tous les États avaient l’obligation de coopérer pour mettre un terme à la faim et à la malnutrition. Il a noté que de nombreux membres du Commonwealth, et particulièrement les petits États insulaires en développement, étaient confrontés à un défi double du fait de la hausse des prix des denrées alimentaires et de celle du prix du pétrole. Il s’est inquiété des conséquences de cette situation sur leur progrès en matière de développement. Il a estimé que les institutions financières internationales devraient fournir un soutien rapide aux pays les plus touchés par la crise. Par ailleurs, l’observateur permanent du Secrétariat du Commonwealth a plaidé pour que les États évitent d’adopter des politiques au détriment d’autres pays, dont les subventions des pays développés et les restrictions à l’exportation au niveau national. Il faut aller vers un nouvel équilibre durable de production plus élevé et plus divers géographiquement, a-t-il avancé. Parmi les mesures à prendre, il a cité la conclusion des négociations du Cycle de Doha, la garantie du droit d’accès à la terre des fermiers, la participation des femmes, et l’investissement dans les infrastructures.
L’observateur de l’IIMSAM a estimé qu’il était impératif que la communauté internationale explore les approches holistiques et pratiques pour mettre en œuvre ses engagements en vue de lutter contre la crise alimentaire mondiale actuelle. Il faut trouver des solutions pratiques pour faire face à la situation, a-t-il déclaré, mettant en particulier l’accent sur les qualités nutritives de la spiruline.
L’observatrice de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a indiqué qu’au-delà des interventions d’urgence, la Fédération avait mis en œuvre, le mois dernier, un nouveau plan de sécurité alimentaire de cinq ans pour l’Afrique, d’un budget initial de 43,5 millions de dollars, dont 80% bénéficieront à quelque 2,25 millions de personnes, soit près d’un demi-million de familles. Un appel sera lancé en juillet, tandis que les programmes débuteront en octobre, a-t-elle précisé.
L’observateur de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué que la FAO avait lancé en décembre 2007 une initiative sur les prix alimentaires croissants en vue de fournir une aide aux pays touchés en augmentant la production agricole locale et l’approvisionnement alimentaire pour empêcher les crises futures. L’objectif est de demander un soutien financier de 1,7 milliard de dollars pour des interventions guidées par des pays qui ont besoin d’être mobilisées, a-t-il dit. La FAO va aider les agriculteurs vulnérables qui n’ont pas un accès suffisant aux semences ou aux engrais, et aux aliments pour l’élevage. Il a enfin donné quelques précisions sur l’organisation de la conférence internationale sur la crise alimentaire mondiale, qui se tiendra à Rome, au siège de la FAO, au début du mois de juin. L’Équipe spéciale du Secrétaire général sur la crise alimentaire fournira un cadre global pour l’action qui servira de base à une déclaration finale, a-t-il souligné.
L’observatrice du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) a mis l’accent sur la nécessité d’apporter une réponse d’urgence pour nourrir les personnes victimes de la faim, d’assurer un soutien à court terme aux producteurs agricoles locaux en leur garantissant un accès aux semences et aux engrais, de développer les investissements pour améliorer la productivité agricole et assurer la sécurité alimentaire.
La représentante de la Banque mondiale a estimé qu’il était essentiel de résoudre la crise mondiale et d’en atténuer les impacts. Elle a indiqué que la hausse des prix alimentaires augmentait la malnutrition et la pauvreté dans le monde. La communauté internationale doit aborder ce problème sous tous ces aspects, a-t-elle insisté. La représentante de la Banque mondiale a souligné qu’il était indispensable de prendre des mesures à moyen terme pour encourager des réformes importantes, et réexaminer notamment les politiques en matière de biocarburants et celles visant à augmenter la productivité agricole dans les pays à faible revenu. Elle a indiqué que la Banque mondiale répondait à la crise en offrant un soutien et des conseils sur les politiques nationales mais aussi en fournissant un appui financier rapide, grâce à un programme de 1,2 milliard de dollars en faveur des pays les plus touchés.
La représentante de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a noté que l’Agence utilisait depuis de nombreuses années, dans le cadre de sa Division chargée de la coordination avec la FAO, une recherche de pointe et le développement de techniques nucléaires pour assister les États Membres dans la réalisation d’une production agricole durable. Ces techniques, a-t-elle dit, contribuent aux efforts visant à assurer la sécurité alimentaire, a-t-elle dit. Associées à des biotechnologies modernes, ces techniques peuvent fournir des moyens efficaces afin d’améliorer la disponibilité des denrées alimentaires, a-t-elle poursuivi.
Le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) a estimé que cette crise devrait se transformer en un appel pour l’action. Il a rappelé que le PAM avait lancé un appel spécial de 750 millions de dollars pour satisfaire les besoins du Programme et s’est félicité des réactions de nombreux gouvernements. Toutefois, il a précisé que cette somme ne couvrait que le coût supplémentaire de programmes déjà existants. Le PAM a besoin de stocks d’un montant total de 4,3 milliards de dollars, a-t-il indiqué. Le représentant a fait remarquer que l’aide que doit fournir le PAM aux nouveaux visages de la faim, générés par cette crise, alourdirait le budget du Programme. En outre, il a reconnu que l’aide alimentaire était nécessaire mais pas suffisante. À long terme, a-t-il précisé, le PAM est prêt à travailler avec les gouvernements pour examiner et réformer les politiques existantes notamment. Il a aussi plaidé pour un meilleur système de protection sociale, pour un mécanisme de surveillance de la vulnérabilité alimentaire et pour de nouveaux moyens visant à renforcer la distribution alimentaire. Se félicitant du leadership de la FAO, il a noté que la Conférence internationale sur la crise alimentaire mondiale, qui se tiendra à Rome au début du mois de juin, devait envisager toutes les réponses nécessaires que doit entreprendre la communauté internationale. Il a également souligné l’importance du partenariat entre institutions spécialisées.
Le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a insisté sur la nécessité de se pencher sur les causes profondes de la crise actuelle. Parallèlement à la réponse humanitaire immédiate, il a estimé qu’il faudrait aussi examiner la question de la gestion durable des ressources naturelles, dont les terres, l’eau et les forêts. Il a rappelé qu’en dépit de son importance dans les sociétés, l’agriculture était encore le premier responsable de l’érosion génétique, de la perte des espèces et de la transformation d’habitats naturels dans le monde. Le représentant du PNUE a déclaré qu’il n’était pas viable de considérer une cause unique à cette crise, telle que les biocarburants, ou encore d’y trouver une solution unique, comme l’augmentation de la productivité agricole. Il ne faut pas négliger les liens qui existent entre tous les facteurs environnementaux et de développement, a-t-il rappelé. Le représentant du PNUE a également insisté sur l’importance de l’investissement en faveur des écosystèmes, des terres, de la gestion des ressources en eau ou de la productivité des sols.
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