DSG/SM/403-AFR/1722

L’ACTION EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE NE CONSTITUE PAS SEULEMENT UNE OBLIGATION MORALE; ELLE CONDITIONNE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE, DÉCLARE LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE

30/06/2008
Vice-Secrétaire généraleDSG/SM/403
AFR/1722
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L’ACTION EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE NE CONSTITUE PAS SEULEMENT UNE OBLIGATION MORALE; ELLE CONDITIONNE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE, DÉCLARE LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE


(Publié le 15 juillet – Retardé à la traduction)


On trouvera ci-après le texte de la déclaration faite aujourd’hui par Mme Asha-Rose Migiro, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, devant la onzième session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine, réunie à Charm el-Cheikh (Égypte):


C’est un honneur pour moi de m’exprimer devant cette auguste assemblée.  Permettez-moi d’emblée de vous adresser les chaleureuses félicitations de M. Ban Ki-moon, Secrétaire général, qui m’a également demandé de vous transmettre ses meilleurs vœux pour le succès de ce Sommet.


Permettez-moi de remercier le Gouvernement et le peuple égyptiens de leur hospitalité chaleureuse et généreuse.  Je tiens également à rendre hommage au Président de l’Union africaine, le Président Jakaya Kikwete, pour le dynamisme exceptionnel qu’on lui connaît.  Enfin, je souhaite à M. Jean Ping, Président de la Commission, tout le succès dans l’exécution de son mandat.


Comme vous le savez, le bien-être de l’Afrique figure au centre des préoccupations du Secrétaire général.  À l’heure actuelle, nous consolidons notre partenariat avec l’Union africaine, dans la conviction que ce continent va enfin résoudre ses problèmes et réaliser son vaste potentiel.


Vous avez déjà pris des initiatives louables en faveur de la paix, de la sécurité, des droits de l’homme et du développement sur ce continent.  L’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies sont des partenaires naturels qui élargissent la portée de ces réalisations.  Nous devons maintenant et plus que jamais resserrer nos liens.


Je trouve encourageant que le Sommet oriente ses travaux sur les Objectifs du Millénaire pour le développement – notamment les cibles se rapportant à l’approvisionnement en eau potable et à l’assainissement.  2008 se trouve à mi-parcours de notre cheminement vers la réalisation des Objectifs du Millénaire d’ici à 2015.  Ne disposant plus que de sept ans et demi, nous devons tout mettre en œuvre pour accélérer la réalisation des Objectifs.


En raison de l’urgence de ces questions, le Secrétaire général Ban Ki-moon a mis sur pied le Groupe de pilotage pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique afin d’appuyer le renforcement des mesures prises par l’Afrique et la communauté internationale.  L’Union africaine a également apporté un soutien considérable au Groupe de pilotage grâce à l’aval qu’elle lui a donné au Sommet d’Addis-Abeba en janvier.  La Commission de l’Union africaine a également joué un rôle de premier plan dans les activités du Groupe de pilotage.


Le Groupe de pilotage a formulé une série de recommandations pratiques qui peuvent assurer la réalisation effective par l’Afrique des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Ces recommandations se trouvent à l’annexe du Rapport sur les progrès accomplis sur la voie de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement – Afrique, 2008, dont vous êtes saisis.  Je félicite la Commission de l’Union africaine et la Commission économique pour l’Afrique d’avoir établi ce rapport très instructif et exhaustif.


Mesdames, Messieurs, l’aval que vous donnerez à ce rapport, assorti des recommandations du Groupe de pilotage, accroîtra l’efficacité du programme lié aux Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il fera clairement comprendre au Groupe des Huit, dès avant le Sommet qu’il tiendra la semaine prochaine, que les pays les plus industrialisés du monde doivent s’acquitter pleinement de leurs responsabilités à l’échelon international, qu’il s’agisse de leurs engagements antérieurs ou de leurs obligations envers les générations futures, sachant que l’Union africaine fera de même.  Aux côtés du Président Jakaya Mrisho Kikwete, le Secrétaire général veillera à ce que votre message soit entendu.


Ce Sommet confirme votre rôle moteur pour ce qui est de promouvoir la coordination et l’intégration régionales en Afrique.  De telles initiatives sont essentielles si l’on veut accélérer les progrès sur une multitude de fronts.  Les défis auxquels nous nous heurtons exigent une riposte collective et concertée; toute nouvelle détérioration des liens qui nous unissent est inacceptable.  


L’intégration régionale est primordiale, tout comme le partenariat avec l’Organisation des Nations Unies.  Afin de nous attaquer réellement aux menaces globales, nous avons besoin de la participation de tous les pays et de tous les acteurs : pays développés et pays en développement, entreprises et organisations non gouvernementales.


Nous devons agir ensemble et agir rapidement.  En ce moment même, la crise alimentaire, aggravée par l’augmentation du prix des combustibles et les changements climatiques, risque d’entraîner la paupérisation de quelque 100 millions de personnes et d’avoir des conséquences directes sur les efforts que nous avons entrepris en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.


Le chemin sera difficile, mais le Rapport sur les progrès accomplis et les recommandations du Groupe de pilotage offrent des indications.  Nous savons quelles mesures sont efficaces.  Beaucoup d’entre vous ont fait d’énormes progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Des programmes bien conçus et adéquatement financés ont fait reculer la mortalité infantile au Malawi, amélioré l’approvisionnement en eau et l’assainissement au Sénégal et étendu l’enseignement primaire au Ghana et en République-Unie de Tanzanie, pour ne citer que quelques cas exemplaires.


De nombreux exemples confirment que les Objectifs du Millénaire pour le développement, qui sont ambitieux, sont réalisables.  Les plans mûrement réfléchis des Gouvernements africains doivent être appuyés par un financement des donateurs qui soit adéquat et fiable.


Il y a trois ans, à Gleneagles, les pays du G-8 se sont engagés à accroître leur aide publique au développement (APD) en faveur de l’Afrique de 25 milliards de dollars par an, au taux de 2004, ce qui correspond aux prix et aux taux de change de 2007, à un peu plus de 100 dollars par an et par personne pour l’aide au développement.  Or le Groupe de pilotage reconnaît que les donateurs n’ont pas encore satisfait à cet engagement.


Le Groupe de pilotage pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique constate que les restrictions, notamment en matière de financement des donateurs, ont compromis la réalisation des Objectifs par les pays africains.  Face à cette situation, les recommandations du Groupe de pilotage pourront aider à mobiliser les ressources nécessaires pour des politiques éprouvées en programmes qui pourraient sauver des vies.


À Hokkaido, le Secrétaire général est résolu à favoriser les initiatives coordonnées et énergiques relatives aux programmes et au financement des donateurs.  Afin d’entretenir l’élan, l’Organisation des Nations Unies organise également les 22 et 25 septembre des manifestations de haut niveau qui sont consacrées respectivement au développement de l’Afrique et aux Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le Secrétaire général sait pouvoir compter sur votre participation active et individuelle lors de ces importantes manifestations, de façon que 2008 ne marque pas seulement la moitié du chemin, mais bien un tournant décisif vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Plus qu’une obligation morale, l’action en faveur du développement de l’Afrique est une condition de la sécurité internationale.


Le principe qui sous-tend la Commission de consolidation de la paix, qui a actuellement quatre pays, tous africains, à son ordre du jour, est que l’on ne peut pas dissocier les questions de sécurité et de développement.


Des progrès ont été réalisés dans nombre d’États africains qui sortent d’un conflit.  La Sierra Leone, le Libéria et la Guinée-Bissau ont tous entrepris une action à long terme afin de consolider la paix.  Leurs efforts méritent un appui plus soutenu de la part de la communauté internationale.


La Somalie, un pays qui affiche quelques-uns des pires indicateurs au monde, a pris des mesures afin d’améliorer la stabilité.  J’accueille avec satisfaction la conclusion récente de l’Accord de Djibouti et demande instamment à toutes les parties de respecter leurs engagements.


Cet accord prévoit le retrait des troupes éthiopiennes de la Somalie.  La communauté internationale devra alors assumer la responsabilité qui lui incombe d’éviter un vide dans le dispositif de sécurité.  Les États membres de l’Union africaine doivent, quant à eux, renforcer les forces burundaises et ougandaises qui se trouvent déjà sur le terrain et appuyer la création d’une force de stabilisation internationale.  Il est de notre responsabilité commune de veiller à ce que le peuple somalien, après tant d’années de conflit et de dissensions, puisse enfin vivre dans la paix et la stabilité.

Nous devons également soutenir le peuple zimbabwéen, qui doit affronter une crise d’une extrême gravité.  C’est le plus gros obstacle à la stabilité régionale en Afrique australe, non seulement parce que les conséquences sont effroyables sur le plan humanitaire et celui de la sécurité, mais aussi parce que cela crée un précédent politique inquiétant.


La situation qui prévalait lors du deuxième tour de l’élection présidentielle du 27 juin, n’était pas propice à la tenue d’élections crédibles, libres et régulières, en raison du climat de violence et d’intimidation qui régnait.  Malheureusement, le deuxième tour a eu lieu, en dépit des préoccupations exprimées et des appels à suspendre le scrutin lancés par la communauté internationale, notamment par le Conseil de sécurité.  L’heure de vérité a sonné pour les dirigeants régionaux.  Beaucoup se sont prononcés sur cette question.  Le Secrétaire général vous encourage également à mobiliser les énergies en faveur d’une solution négociée.  Seul un dialogue entre les parties zimbabwéennes, appuyé par l’Union africaine et d’autres acteurs régionaux, pourra rétablir la paix et la sécurité dans ce pays.


L’action que nous avons menée pour aider le Kenya à résoudre sa crise politique montre que lorsque les dirigeants politiques font preuve de bonne volonté, l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies peuvent constituer une coalition puissante qui se montre à la hauteur des idéaux qui ont présidé à la création de l’Organisation.


Le plan décennal Nations Unies-Union africaine en vue de renforcer les capacités de l’Union africaine, a déjà commencé à porter ses fruits.  Deux ans après son démarrage, notre action est axée sur les problèmes de sécurité: appui aux activités de maintien de la paix de l’Union africaine, mise en place d’un système d’alerte rapide, création d’un centre de crise et établissement d’une Force africaine en attente.


En abordant les problèmes de sécurité et de développement conjointement, nous pourrons améliorer les conditions de vie des millions d’Africains qui représentent, en définitive, l’atout le plus précieux dans la réalisation de nos objectifs.


Tous les organismes des Nations Unies s’engagent fermement à appuyer les efforts de l’Union africaine qui visent à consolider la paix et à promouvoir la prospérité sur le continent.  Nous n’épargnerons aucun effort pour œuvrer avec vous à assurer un avenir meilleur aux peuples d’Afrique.


Ce n’est qu’en faisant porter nos efforts sur les besoins, les préoccupations et les aspirations des Africains que nous garantirons la réalisation de leur potentiel illimité.


Mesdames, Messieurs, je souhaite que ce Sommet soit couronné de succès.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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