CS/9373

LA GUINÉE-BISSAU A BESOIN DU « SOUTIEN INDÉFECTIBLE » DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, DÉCLARE SON REPRÉSENTANT DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ

25/06/2008
Conseil de sécuritéCS/9373
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Conseil de sécurité

5925e séance – matin


LA GUINÉE-BISSAU A BESOIN DU « SOUTIEN INDÉFECTIBLE » DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, DÉCLARE SON REPRÉSENTANT DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ


Le Représentant du Secrétaire général et Chef du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BANUGBIS), M. Shola Omoregie, a affirmé devant le Conseil de sécurité, ce matin, que le bon déroulement des prochaines élections législatives était « indispensable à la consolidation du système démocratique » dans ce pays.  La Guinée-Bissau a encore besoin du « soutien indéfectible de la communauté internationale », a déclaré pour sa part son Représentant.


Le Représentant permanent de la Guinée-Bissau, M. Alfredo Lopes Cabral, a expliqué que des « progrès tangibles » avaient été réalisés dans son pays et qu’en dépit des nombreuses difficultés, il était déterminé « à aller de l’avant et à faire en sorte que la paix et la stabilité deviennent une réalité » afin qu’il puisse s’attaquer au développement social et économique.


« Mais il n’en demeure pas moins, a-t-il ajouté, que nous avons besoin du soutien indéfectible de la communauté internationale car il ne sera pas possible, malgré la conscience qu’a le pays de sa responsabilité première, de relever tous les nombreux défis. »  Le représentant a notamment lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte le soutien financier requis à toutes les étapes de l’organisation des prochaines élections législatives, prévues le 16 novembre 2008.


M. Omoregie, qui présentait au Conseil de sécurité le dernier rapport* du Secrétaire général sur l’évolution de la situation en Guinée-Bissau et les activités du BANUGBIS, a prévenu que « si les élections n’ont pas lieu le 16 novembre, un vide juridique sera créé et remettra en cause les efforts de redressement économique et politique ».  « La communauté internationale est invitée à ne pas cesser d’apporter à la Guinée-Bissau un concours financier et matériel en vue de l’organisation des prochaines élections législatives », a-t-il dit, encourageant toutes les parties concernées à « accélérer leurs efforts en vue d’éviter tout retard du calendrier électoral ».


« Une des priorités du moment est l’organisation des élections législatives », a également assuré la Présidente de la Formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti (Brésil).  Malgré les contributions des partenaires bilatéraux et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), « les ressources financières sont toujours insuffisantes alors que le processus électoral est une condition préalable au maintien de la stabilité politique et à la consolidation de la démocratie dans le pays », a-t-elle affirmé.  La communauté internationale doit donc aider la Guinée-Bissau « à faire de ce processus une occasion d’élargir le dialogue sur les défis auxquels est confronté le pays et sur les solutions à leur apporter ».


Mme Ribeiro Viotti a indiqué en outre que le Gouvernement de la Guinée-Bissau et d’autres parties prenantes préparaient un Cadre stratégique intégré pour la consolidation de la paix, lequel fera l’objet de consultations au sein de la Formation.  « Un tel cadre n’est pas une fin en soi mais un moyen d’améliorer la stabilité dans le pays et de créer les conditions nécessaires à la croissance et au développement », a-t-elle observé.


Par ailleurs, le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Antonio Maria Costa, a estimé que si le problème du trafic de drogues en Guinée-Bissau n’est pas encore grave, sa menace, en revanche, « grandit et risque de faire de la région l’épicentre de l’instabilité ».  « En travaillant ensemble maintenant, nous pouvons encore éviter cette triste perspective », a-t-il affirmé.


M. Costa a estimé que la criminalité organisée ne peut être neutralisée que par un système judiciaire fort et efficace.  Il a donc demandé à la communauté internationale d’aider la Guinée-Bissau à se doter d’un corps de procureurs et de juges efficaces et honnêtes.



LA SITUATION EN GUINÉE-BISSAU


Rapport du Secrétaire général sur les développements en Guinée-Bissau et sur les activités du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans ce pays S/2008/395*


M. SHOLA OMOREGIE, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BANUGBIS), qui présentait le dernier rapport du Secrétaire général sur l’évolution de la situation en Guinée-Bissau et les activités du BANUGBIS, a indiqué que celui-ci portait en particulier sur les contraintes aux niveaux social et politique, les progrès dans la mise en œuvre de la Commission de consolidation de la paix, la préparation des élections législatives et les efforts de redressement économique.  Il a affirmé qu’en dépit d’une certaine fragilité de la situation sociale et politique, l’évolution récente semblait prometteuse.  Si les indicateurs économiques continuent à s’améliorer, la Guinée-Bissau pourrait d’ici à la fin de l’année, bénéficier de l’initiative d’allègement de la dette du Fonds monétaire international (FMI) et d’autres mécanismes, ce qui, a-t-il ajouté, permettrait de relancer l’économie et les services sociaux.  Il a souligné que le rapport contenait plusieurs recommandations, parmi lesquelles le report du paiement des arriérés de 2007, la décentralisation de la perception des recettes à travers la Banque africaine de développement, la limitation des dépenses publiques.  Si ces recommandations étaient mises en œuvre, elles contribueraient à améliorer le système de perception des recettes et à réduire le déficit.


Le Chef du BANUGBIS a souligné que le bon déroulement des élections législatives prévues en novembre 2008 est indispensable à la consolidation du système démocratique.  M. Omoregie a toutefois fait état de tensions politiques qui remettent en cause le Pacte de stabilité signé en 2007, lequel sous-tend les institutions gouvernementales.  Il a également évoqué les critiques des partis d’opposition à l’égard du Gouvernement, concernant la corruption et la détérioration des conditions de vie de la population, ainsi que la vague de grèves du service public au cours des quatre dernières semaines.  M. Omoregie a prévenu que, si les élections n’ont pas lieu le 16 novembre, un vide juridique sera créé et remettra en cause les efforts de redressement économique et politique.  La communauté internationale est invitée à ne pas cesser d’apporter à la Guinée-Bissau un concours financier et matériel en vue de l’organisation des prochaines élections législatives.  Il a encouragé toutes les parties concernées à accélérer leurs efforts en vue d’éviter tout retard du calendrier électoral.


L’engagement de la Commission de consolidation de la paix est important pour assurer un appui international au Gouvernement, a-t-il par ailleurs souligné.  Le Comité directeur national du Fonds pour la consolidation de la paix a approuvé récemment quatre projets de courte durée proposés dans les domaines de la sécurité, de l’emploi des jeunes (1,5 million de dollars), de la réhabilitation des casernes (1,9 million de dollars) et des prisons (0,9 million de dollars) et de l’organisation des prochaines élections législatives (1,3 million de dollars).  Des consultations sont en cours pour finaliser le Cadre stratégique pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau, lequel synthétisera l’engagement à moyen et à long termes de la Commission, a-t-il expliqué.


De même, le début de la mise en œuvre du programme de réforme du secteur de la sécurité, avec le soutien de l’Union européenne, constitue, selon lui, un jalon important.  Le déploiement en cours en Guinée-Bissau d’une équipe de 15 éléments civils et militaires de l’Union européenne dans le cadre de la politique européenne de défense et de sécurité commune pour appuyer la réforme du secteur de la sécurité est une étape importante en vue de l’opérationnalisation du programme national, a-t-il dit.  En ce qui concerne le programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration, un projet de formation au Brésil de 30 officiers de haut niveau doit avoir lieu pour lancer la réforme du secteur de la sécurité, a-t-il par ailleurs indiqué.


Le Représentant spécial a en outre fait état de la lutte contre le trafic de stupéfiants et la criminalité organisée.  La Campagne contre le trafic de drogue et le crime organisé a été stimulée par la signature, le 16 juin, de l’Accord financier entre la Communauté européenne et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour un programme de justice et de sécurité de 2 millions d’euros.  La lutte contre le trafic de drogue ne saurait être efficace sans une coopération sous-régionale et régionale, a-t-il assuré.  Les efforts de la Guinée-Bissau doivent être complétés par ceux des pays voisins, a-t-il poursuivi.


Enfin, la situation des droits de l’homme en Guinée-Bissau demeure un sujet de préoccupation, en particulier en raison de l’absence de mécanismes institutionnels pour la protection et la promotion des droits de l’homme, a affirmé le Représentant spécial.  Il a indiqué avoir demandé au Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme d’améliorer la composante droits de l’homme du BANUGBIS afin de donner plus de poids à son rôle en matière de contrôle, de renforcement des capacités et de coopération technique.


M. ANTONIO MARIA COSTA, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, a indiqué que depuis la Conférence internationale qui s’est tenue à Lisbonne en décembre 2007, son Office a ouvert un bureau en Guinée-Bissau et signé, la semaine dernière, un accord visant le déboursement de fonds de l’Union européenne.  De son côté, le Gouvernement de la Guinée-Bissau a renforcé sa base juridique de lutter contre la drogue et le crime.  Il a mis en place des structures pour le contrôle et la mise en œuvre du Plan de lutte contre les stupéfiants et la criminalité organisée.  Mais il ne s’est toujours pas doté d’un code pénal et d’un code de procédure pénale appropriés, a indiqué le Directeur exécutif, en assurant que son Office y travaille.


Dans un avenir proche, ces mesures, a-t-il dit, permettront la mise en œuvre du plan opérationnel sur la lutte contre le trafic illicite des drogues et le renforcement de l’administration de la justice et de l’état de droit.  En l’occurrence, il a félicité la Commission de consolidation de la paix d’avoir répondu aux besoins urgents du Ministère de la justice, en particulier en ce qui concerne le système pénitentiaire.


En outre, la formation et l’équipement d’une équipe spéciale de lutte contre les narcotiques au sein de la police judiciaire sont en train d’être mis en place.  Comme partout, a souligné le Directeur exécutif, la criminalité organisée ne peut être neutralisée que par un système judiciaire fort et efficace.  Il a donc demandé à la communauté internationale d’aider la Guinée-Bissau à se doter d’un corps de procureurs et de juges efficaces et honnêtes.


Avec l’assistance d’Interpol, a-t-il poursuivi, l’Office est en train de développer, pour la région et entre cette dernière et l’Europe, une plate-forme de partage des renseignements sur les stupéfiants.  Nous devons, a-t-il appelé, travailler ensemble et traiter des problèmes de la région dans leur ensemble.  La priorité doit être de renforcer la coopération juridique en Afrique de l’Ouest.


Aussi, en coopération avec la Communauté économique des pays d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, l’Office prépare une Conférence ministérielle sur le trafic de drogues et la criminalité organisée, en Afrique de l’Ouest qui se tiendra au Cap-Vert en octobre prochain.  Il s’agira d’établir une plate-forme régionale pour renforcer les contrôles aux frontières et la résistance des systèmes judiciaires au trafic de drogues.


En Guinée-Bissau, a conclu le Directeur exécutif, le problème du trafic de drogues n’est pas encore grave mais la menace grandit et risque de faire de la région l’épicentre de l’instabilité.  En travaillant ensemble maintenant nous pouvons encore éviter cette triste perspective.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil), Présidente de la Formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix, a indiqué que le Gouvernement de la Guinée-Bissau et d’autres parties prenantes sont en train de préparer un cadre stratégique intégré pour la consolidation de la paix qui fera ensuite l’objet de consultations au sein de la Formation.  Elle a souligné qu’un tel cadre n’est pas une fin en soi mais un moyen d’améliorer la stabilité dans le pays et de créer les conditions nécessaires à la croissance et au développement.


Une des priorités du moment, a-t-elle dit, est l’organisation des élections législatives qui doivent être tenues en novembre 2008.  Malgré les contributions des partenaires bilatéraux et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les ressources financières sont toujours insuffisantes alors que le processus électoral est une condition préalable au maintien de la stabilité politique et à la consolidation de la démocratie dans le pays.  La communauté internationale, a souligné la Présidente, doit aider la Guinée-Bissau à faire de ce processus une occasion d’élargir le dialogue sur les défis auxquels est confronté le pays et sur les solutions à leur apporter.


La Présidente a aussi signalé l’insuffisance des ressources nécessaires à une lutte efficace contre le trafic de drogues.  Elle a insisté sur la situation précaire de la police et des forces de sécurité.  Les efforts en la matière doivent être assortis de mesures visant à relancer l’économie, a prévenu la Présidente, en insistant sur la création d’emplois générateurs de revenus pour éviter que le trafic de drogues ne s’infiltre plus profondément dans le tissu socioéconomique.


La réforme du secteur de la sécurité, qui demeure une priorité du Gouvernement, manque aussi de fonds, a poursuivi la Présidente, en soulignant que la réinsertion des démobilisés dans la société est la clef d’une réforme réussie.  Sur le plan économique, elle a indiqué que la fragilité de l’assiette fiscale conjuguée à la hausse des prix des produits pétroliers et alimentaires continue à compromettre la capacité du Gouvernement de payer les salaires et de fournir les services sociaux de base à la population.


La dette extérieure et le paiement de son service, a-t-elle insisté, constituent un fardeau énorme pour le Gouvernement.  Des solutions novatrices doivent être envisagées pour permettre à la Guinée-Bissau de bénéficier très rapidement de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE).  La Présidente a aussi jugé important que l’on aide la Guinée-Bissau à surmonter les obstacles structurels à la relance économique.


Il faut, a-t-elle précisé, actualiser les cadres juridiques, créer un environnement favorable au secteur privé, établir un système bancaire et financier fiable et surtout réhabiliter les infrastructures, en particulier dans le domaine énergétique.


La Présidente a conclu en se félicitant de ce que le Comité permanent ait déjà approuvé des projets sur la réhabilitation des prisons et des casernes militaires, l’emploi des jeunes et l’organisation des élections, qui seront financés par le Fonds de consolidation de la paix.  En agissant de la sorte, s’est-elle réjouie, le Fonds concrétise l’approche à deux niveaux consistant à conjuguer l’analyse stratégique à long terme et des projets à impact rapide.  Elle a espéré que de nouvelles contributions seront bientôt annoncées maintenant que la Formation Guinée-Bissau s’emploie à finaliser le cadre stratégique de consolidation de la paix.


M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée-Bissau) a estimé que des progrès tangibles ont été faits dans son pays et qu’en dépit des nombreuses difficultés, le pays est déterminé à aller de l’avant et à faire en sorte que la paix et la stabilité deviennent une réalité dans le pays afin qu’il puisse s’attaquer au développement social et économique.  Il a fait observer que des écueils et des problèmes sérieux demeurent qui exigent des efforts soutenus des autorités du pays.  Elles doivent rassembler les énergies et travailler ensemble en faveur d’une démocratie inclusive, a-t-il reconnu.  Mais il n’en demeure pas moins, a-t-il dit, que nous avons besoin du soutien indéfectible de la communauté internationale car il ne sera pas possible, malgré la conscience qu’a le pays de sa responsabilité première, de relever tous les nombreux défis.  Le représentant a reconnu que son pays a besoin de raffermir la démocratie.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte le soutien financier requis à toutes les étapes de l’organisation des prochaines élections.  Il s’est enfin félicité du soutien de l’ONUDC.  « Nous sommes, a-t-il précisé, un petit pays et le maillon faible de la chaîne sous-régionale.  Nous sommes en train de faire des efforts et nous savons qu’il faut en faire davantage. »  Les trafiquants de drogue, a-t-il insisté, savent qu’aussi longtemps que le pays n’aura pas les moyens de combattre ce fléau, ils pourront profiter de la situation.  « Nous devons faire plus pour que le trafic de drogues ne constitue pas à long terme un frein au développement socioéconomique », a conclu le représentant, en demandant à la communauté internationale de rester aux côtés de son pays.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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