CONSEIL DE SÉCURITÉ: IBRAHIM GAMBARI REPLACE DANS LE CONTEXTE PLUS LARGE DES DEUX DERNIÈRES ANNÉES LE MANQUE DE RÉSULTATS DE SA DERNIÈRE VISITE AU MYANMAR
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Conseil de sécurité
5854e séance – après-midi
CONSEIL DE SÉCURITÉ: IBRAHIM GAMBARI REPLACE DANS LE CONTEXTE PLUS LARGE DES DEUX DERNIÈRES ANNÉES LE MANQUE DE RÉSULTATS DE SA DERNIÈRE VISITE AU MYANMAR
Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Myanmar, qui revient de sa troisième visite effectuée en moins d’un an à Rangoun, a rendu compte cet après-midi au Conseil de sécurité de l’évolution de sa mission de bons offices. Si M. Ibrahim Gambari a regretté que contrairement aux visites précédentes, cette dernière visite n’ait pas produit de « résultats concrets », il s’est tout de même réjoui qu’elle ait été l’occasion de discuter plus avant des recommandations qu’il avait faites.
Mes bons offices connaissent des hauts et des bas, a-t-il reconnu. Il a donc invité les membres du Conseil à replacer le manque de résultats de sa dernière visite dans le contexte plus large de ces deux dernières années. Il y a deux ans, un dialogue de haut niveau entre les Nations Unies et le Myanmar était inexistant tout comme l’était celui entre le Gouvernement et Daw Aung San Suu Kyi.
Pendant ces deux dernières années, les avantages comparatifs « uniques » des bons offices du Secrétaire général ont été démontrés, a souligné le Conseiller spécial, en appelant la communauté internationale à rester unie dans son appui aux bons offices et à s’assurer que les intérêts et les préoccupations du Myanmar sont examinés de manière crédible et acceptable pour tous.
Encourager les autorités du Myanmar à changer leur façon de voir les choses peut être un défi mais il est essentiel que nous continuions à le faire avec persévérance, patience et attente légitime de résultats concrets. Les propos du Conseiller spécial ont été commentés par le représentant du Myanmar.
Rappelant qu’il s’est rendu au Myanmar du 6 au 10 mars, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Myanmar et autres questions, a parlé, dans son exposé, du processus d’élaboration de la Constitution, du référendum prévu et des élections. Il s’est réjoui d’avoir été capable de faire connaître les vues et les préoccupations de l’ONU et ainsi que ses suggestions spécifiques pour renforcer la crédibilité du processus constitutionnel et électoral, y compris l’offre d’une assistance technique. Il a laissé à ses interlocuteurs une liste détaillée de questions et d’observations préparées par les experts.
Plusieurs fois, a-t-il dit, on m’a donné des assurances que toutes les forces politiques pourront participer librement au référendum et aux élections. Le Gouvernement a dit qu’il avait une expérience suffisante pour organiser et mener le référendum et les élections. Après avoir pris connaissance des documents pertinents, l’Envoyé spécial a dit avoir encouragé les autorités à prendre des mesures supplémentaires pour renforcer la crédibilité du processus.
Dans le domaine social et économique, l’Envoyé spécial a dit avoir discuté de la recommandation des Nations Unies de créer un forum économique national. Ses interlocuteurs lui ont affirmé que les sanctions sont le principal obstacle au développement du pays. Ils ont donc dit craindre qu’un forum ne produise un diagnostic biaisé de la situation, tout en affirmant vouloir continuer à étudier la question.
Pour ce qui est du dialogue entre le Gouvernement et Daw Aung San Suu Kyi, il s’est félicité d’avoir pu la rencontrer en y voyant le signe que le Gouvernement tient à maintenir ce canal de communications et reconnaître la contribution de l’ONU en la matière. Il a aussi rappelé que le Gouvernement a nommé un Ministre de la liaison avec l’opposante et le nombre de réunions qu’ils ont déjà tenues.
Le rôle de bons offices des Nations Unies est reconnu par les deux parties, s’est félicité le Conseiller spécial qui a fait comprendre au Gouvernement la nécessité d’élever le rang du Ministre de la liaison et a précisé que le dialogue ne sera pas complet tant que l’opposante ne sera pas libérée et traitée en partenaire égale.
Depuis les mesures que le Gouvernement a prises après la crise de septembre dernier, il coopère désormais avec l’Organisation internationale du Travail (OIT) et a accepté de recevoir des délégations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de l’Union européenne. Le Gouvernement est donc prêt, en a conclu le Représentant spécial, à coopérer avec la communauté internationale. Tout porte à croire qu’il attache de l’importance aux bons offices du Secrétaire général.
Si dans toute transition, le référendum et les élections sont des pas importants vers l’ordre civil et démocratique, ils ne sont pas une fin en soi, a fait remarquer le Conseiller spécial. Tout processus formel, a-t-il souligné, exige des conditions politiques favorables à une participation large et libre à la transition du pays. C’est la raison pour laquelle il est de l’intérêt du Gouvernement, de Daw Aung San Suu Kyi et de toutes les autres parties prenantes d’être en mesure de s’engager sans délai dans un dialogue substantiel et fondé sur un calendrier pour jeter les bases de la réconciliation nationale et de la démocratie. Il est également de l’intérêt national de développer de nouveaux instruments de développement durable, sans lesquels il ne saurait y avoir de paix et de stabilité.
Au bout du compte, la responsabilité première revient au Gouvernement et au peuple du Myanmar. Mais les Nations Unies continueront à faire en sorte de travailler en partenariat avec ce Gouvernement et ce peuple. Au Myanmar, a conclu le Conseiller spécial, je n’ai qu’un seul but: maintenir le processus que j’ai entamé avec les autorités pour les convaincre de maintenir le dialogue, de s’attaquer de manière constructive aux intérêts politiques nationaux, notamment ceux de l’opposition, et de répondre concrètement aux défis et d’une manière que la communauté internationale jugera significative et prometteuse pour la réalisation de l’objectif que nous partageons tous à savoir un Myanmar pacifique, prospère, démocratique et pleinement respectueux des droits de l’homme.
Invité à prendre la parole, le représentant du Myanmar, M. Kyaw Tint Swe, a dit son appréciation pour le travail de médiation de M. Gambari en insistant sur le processus en cours dans son pays qui, a-t-il expliqué, s’est engagé sur une voie politique à sept dimensions en 2003, date à laquelle l’Envoyé spécial du Secrétaire général a commencé son travail. Au cours de sa mission de bons offices, a souligné le représentant, de nombreux éléments ayant fait l’objet de discussion se sont concrétisés. Après les évènements tragiques du mois de septembre, le Gouvernement a levé le couvre-feu et retiré la présence militaire des zones publiques des villes principales. Quelque 2 600 personnes dont 780 moines ont depuis été libérées tandis que la Convention nationale s’est achevée sur un succès et a mené à la libération de 8 552 prisonniers. Le dialogue et la coopération se poursuivent avec l’Organisation mondiale du Travail et le Gouvernement vient de conclure la prorogation de l’Accord supplémentaire. Parmi les autres développements positifs, le représentant a mentionné la nomination d’un Ministre de la liaison avec Daw Aung San Suu.
Revenant sur la dernière visite de M. Gambari, le représentant a indiqué que cette visite avait permis à M. Gambari de s’entretenir longuement avec les autorités du Myanmar pour comprendre les modalités de coopération avec les Nations Unies. Le représentant s’est réjoui de constater que les pays de la région avaient reconnu les progrès réalisés, tout comme l’a également fait le Secrétaire général. Au cours de sa visite, nous avons expliqué à M. Gambari la nature inclusive du processus de la Convention nationale qui a vu la participation de tous les partis politiques. La Convention nationale, a-t-il ajouté, est composée de quelque 1 080 délégués dont 635 proviennent de minorités ethniques. Elle comprend aussi les représentants de partis politiques et des représentants de 17 groupes d’insurgés qui ont repris la voie de la légalité. Le Myanmar a dû faire face à 30 ans d’insurrection en raison des faiblesses de la Constitution de 1947 et quelques groupes ethniques avaient des difficultés à accepter les termes de certaines de ses dispositions. L’inclusion de représentants de nationalités ethniques et d’anciens groupes d’insurgés dans le cadre de la Convention nationale et leur acceptation de ses principes fondamentaux est de la plus grande importance. Cela atteste également de la nature inclusive du processus de Convention nationale.
En vertu des principes fondamentaux adoptés par la Convention nationale, a précisé le représentant, les nationalités ethniques, en plus des sept États et sept divisions, seront en mesure de former des zones autonomes. La Commission de rédaction de la constitution a achevé son travail et le projet de constitution fera l’objet d’un référendum en mai prochain, a-t-il indiqué. Tous ceux qui sont en accord avec le Gouvernement tout comme ceux qui ne le sont pas seront en mesure d’y participer. Le représentant a remercié M. Gambari pour ses conseils constructifs et a fait part de la détermination de son pays à poursuivre sa coopération avec la mission de bons offices du Secrétaire général. Il a insisté pour dire que le Myanmar ne constitue pas une menace à la paix et la sécurité internationales comme l’attestent ses voisins.
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