CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DE BAN KI-MOON FAIT PREUVE D’UN OPTIMISME PRUDENT FACE À L’ÉVOLUTION POSITIVE DE LA SITUATION POLITIQUE ET SÉCURITAIRE EN IRAQ
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Conseil de sécurité
5823e séance – matin
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DE BAN KI-MOON FAIT PREUVE D’UN OPTIMISME PRUDENT FACE À L’ÉVOLUTION POSITIVE DE LA SITUATION POLITIQUE ET SÉCURITAIRE EN IRAQ
Cinq mois après l’adoption de la résolution 1770 qui a élargi le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura, a rendu compte, ce matin, aux membres du Conseil d’une évolution positive de la situation politique et sécuritaire en Iraq.
M. de Mistura a attribué les progrès au renforcement des troupes de la Force multinationale, au cessez-le-feu déclaré par Muqtada al-Sadr, au rôle des Conseils de l’Éveil et à la coopération accrue avec les pays voisins dans le domaine de la sécurité. Le Représentant spécial du Secrétaire général a aussi cité l’adoption, le 12 janvier dernier, de la loi sur la justice et la transparence, le dialogue renforcé entre le Gouvernement et le bloc sunnite et les signaux montrant un retour possible à un gouvernement d’unité nationale.
Les 15 membres du Conseil et le représentant de l’Iraq ont reconnu l’importance pour la stabilité en Iraq d’un dialogue politique inclusif menant à la réconciliation nationale. Des attentats comme ceux d’Amara le 12 décembre et la série d’autres à la fin de décembre tempèrent l’optimisme et montrent qu’il est trop tôt pour déclarer victoire, a commenté le représentant de la Fédération de Russie.
Son homologue de la France a rappelé que son pays se propose d’accueillir « en terrain neutre » une conférence d’entente interiraquienne qui soit aussi large que possible. Les leaders politiques doivent travailler en étroite coopération avec tous ceux qui sont impliqués dans le processus et assurer des progrès dans la gestion des hydrocarbures et la révision constitutionnelle, ont appelé les membres du Conseil. Le contrat constitutionnel, a souligné, par exemple, le représentant de la Belgique, est le seul capable de rendre aux Iraquiens la confiance dans un État fort et soucieux de leurs droits.
Les membres du Conseil se sont d’ailleurs félicités des discussions que le Représentant spécial du Secrétaire général a tenues avec les autorités iraquiennes pour faire en sorte que les tensions liées à l’expiration, le 31 décembre 2007, du délai prévu par l’article 140 de la Constitution relatif à la normalisation de Kirkouk n’entraînent pas de nouvelles violences.
Grâce à son impartialité, l’ONU peut faire beaucoup, a commenté le Représentant spécial du Secrétaire général. Mais le Gouvernement et le peuple iraquiens doivent assumer un rôle de chef de file, a-t-il prévenu. Le Gouvernement iraquien est déterminé à poursuivre ses efforts en vue de parvenir à la réconciliation nationale, renforcer la cohésion sociale et éviter une guerre civile, a assuré le représentant de l’Iraq.
À la lumière de l’amélioration de la situation en matière de sécurité, il a dit attendre des Nations Unies qu’elles ouvrent des bureaux à Bassorah. À l’instar des membres du Conseil, le représentant a dit toute l’importance que son pays attache à l’amélioration de la situation humanitaire, à la mise en œuvre du Pacte international pour l’Iraq et à l’amélioration des relations avec les pays voisins.
Les initiatives régionales ont été saluées par tous les membres du Conseil même si le représentant des États-Unis a estimé que la Syrie peut faire davantage pour arrêter ceux qui incitent à la violence en Iraq et renforcer la sécurité à la frontière. Les Gardiens de la révolution iranienne, a-t-il accusé, continuent d’aider les terroristes malgré les assurances que leur Gouvernement iranien a données.
LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ
Rapport du Secrétaire général en application du paragraphe 6 de la résolution 1770 (2007) (S/2008/19)
Après son premier rapport du 15 octobre 2007 conformément à la résolution 1770 (2007), le Secrétaire général présente aujourd’hui un deuxième rapport qui fait le point sur les activités du système des Nations Unies, en général et de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), en particulier.
Ces activités portent sur l’assistance électorale, l’aide humanitaire, la reconstruction et le développement, et les droits de l’homme. Le Secrétaire général parle aussi des activités opérationnelles, de logistique et de sécurité. Il récapitule les principaux événements politiques ainsi que les faits nouveaux observés sur la scène régionale et internationale qui ont trait à l’Iraq. Il rend compte des activités de son Représentant spécial pour l’Iraq et donne un tableau à jour des questions opérationnelles et des problèmes de sécurité.
Dans ses observations, le Secrétaire général salue la réduction du nombre global des attaques dans l’ensemble de l’Iraq. Il prévient la poursuite de cette tendance dépendra probablement de l’engagement des Forces de sécurité iraquiennes et de la Force multinationale en Iraq, de la prorogation du cessez-le-feu par l’Armée du Mahdi, et de l’évolution de la situation en ce qui concerne les Conseils de l’Éveil. Mais, ajoute-t-il, des attentats tels que ceux d’Amara le 12 décembre et la série d’autres à la fin de décembre, tempèrent l’optimisme. Pour que les améliorations récentes de la situation sécuritaire se confirment, il faudra des améliorations analogues sur la scène politique, estime le Secrétaire général.
Ban Ki-moon assure que son Représentant spécial continuera à orienter les bons offices de la MANUI afin qu’ils servent à encourager les dirigeants iraquiens à s’occuper véritablement des désaccords politiques essentiels. La Mission avance sur plusieurs fronts, dit-il, en jugeant encourageant qu’il y ait du nouveau pour le mécanisme d’appui spécial convenu à la Conférence ministérielle d’Istanbul. L’ONU est déterminée à apporter une aide plus efficiente partout où c’est possible dans la région du Kurdistan iraquien et dans les autres régions du pays, lorsque les conditions de sécurité s’y prêtent.
Le Secrétaire général estime que le plus encourageant peut-être des faits nouveaux à signaler en Iraq est la disposition récemment manifestée par les hauts dirigeants, à Bagdad et Erbil, à coopérer entre eux et avec son Représentant spécial pour faire en sorte que les tensions liées à l’expiration du délai de l’article 140 n’entraînent pas de nouvelles violences. Le Secrétaire général se félicite par ailleurs de la décision de créer un groupe des politiques basé à Bagdad pour coordonner les activités de l’équipe de pays des Nations Unies et celles du Pacte international avec l’Iraq.
La création d’un groupe des politiques à Bagdad traduit ainsi sa détermination à faire en sorte que les activités de toutes les parties du système des Nations Unies soient étroitement coordonnées avec le Gouvernement iraquien. Tout ce que font les Nations Unies vise à préserver la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du pays, dit le Secrétaire général, qui note la position du Premier Ministre iraquien estimant qu’il faut s’efforcer de guider progressivement les rapports entre le Gouvernement iraquien et les Nations Unies vers un dispositif normalisé ne relevant pas des dispositions du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Ban Ki-moon sollicite donc les vues des États Membres intéressés sur les mesures que pourrait encore prendre la communauté internationale pour appuyer les efforts que fait l’Iraq en vue de sa normalisation.
Déclarations
M. STAFFAN DE MISTURA, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), a estimé qu’on ne peut ignorer l’amélioration des situations politique et sécuritaire de l’Iraq. Ces dernières semaines ont vu l’adoption des mesures tant attendues visant la réconciliation nationale et le lancement d’un dialogue politique inclusif. Le Représentant spécial a rappelé l’adoption, le 12 janvier dernier, de la loi sur la justice et la responsabilité, la reprise du dialogue entre le Gouvernement iraquien et le bloc sunnite ainsi que les signaux faisant présager un retour éventuel à un gouvernement d’unité nationale. Le Gouvernement iraquien, a-t-il prévenu, ne peut se retrouver seul face aux défis structurels, politiques et sécuritaires. Il a besoin de l’engagement des Nations Unies et de la communauté internationale ainsi que d’une implication constructive des pays voisins.
Donnant quelques exemples de la manière dont les Nations Unies apportent leur assistance au peuple iraquien, le Représentant spécial a indiqué que l’ONU a été invitée à apporter une assistance technique aux parties concernées pour parvenir à une solution pacifique sur la question des frontières internes, en particulier dans les zones du nord du pays. Il a aussi donné quelques exemples des activités de l’ONU concernant le retour des réfugiés, la lutte contre le choléra, la reconstruction économique et la promotion du dialogue régional.
Concernant l’avenir, le Représentant spécial a fait part du plan visant à agrandir le bureau de l’ONU dans la région d’Erbil. Des officiers de liaison nationaux ont été déployés dans neuf gouvernorats et l’ONU espère établir une petite présence à l’aéroport national de Bassorah. S’agissant de l’avenir, a-t-il dit, l’assistance électorale et l’appui au processus de révision constitutionnelle demeurent la priorité. L’ONU, a-t-il conclu, doit se montrer flexible et être en mesure de s’adapter. L’ONU doit rester sensible aux besoins sur le terrain et aux priorités changeantes. Elle doit gérer les attentes et maintenir une certaine dose de réalisme et de pragmatisme.
Nous sommes confrontés à des risques et nous ne sous-estimons en aucun cas les défis, a indiqué le Représentant spécial. Mais nous, y compris les critiques les plus acerbes ou ceux qui en veulent à l’ONU pour le rôle qu’ils lui reprochent d’avoir tenté de jouer par le passé, sommes prêts à aller de l’avant, a-t-il affirmé, en se félicitant du rôle énergique et de premier plan confié à l’ONU. Le Représentant spécial n’a pas pour autant caché les deux préoccupations majeures. Il a d’abord cité la nécessité d’imprimer un caractère durable aux progrès en cours.
Il faut pour cela insister sur le dialogue politique et la promulgation des autres lois. Il faut aussi, a ajouté le Représentant spécial, l’implication de tous et une répartition équitable des revenus pétroliers. La deuxième préoccupation étant le manque de temps, le Représentant spécial a prévenu que 2008 est une année charnière. La pression augmente. L’ONU est là mais c’est le Gouvernement et le peuple iraquiens qui doivent diriger l’action.
M. ZALMAY KHALIZAD (États-Unis), s’exprimant au nom de la Force multinationale en Iraq, a noté que des progrès avaient été accomplis par la MANUI et s’est réjoui de cette contribution constructive à la réalisation de tous les objectifs de la résolution 1770. Nous sommes aussi heureux que le Conseil ait adopté la résolution 1790 le 18 décembre qui proroge le mandat de la Force multinationale pour une autre période d’un an. Les États-Unis souhaitent que l’Iraq parvienne à être en paix avec lui-même et avec ses voisins et c’est dans cette optique que le Président Bush a autorisé le déploiement de troupes supplémentaires en Iraq, il y a un an, ce qui a permis de renforcer le niveau de la sécurité dans le pays. L’établissement de postes conjoints aux Forces iraquiennes et aux forces de la coalition a permis à ces dernières de travailler avec les populations locales. Le nombre d’incidents en matière de sécurité a fortement diminué depuis 2005. Les attaques ont diminué de 60% depuis le mois de juin 2007, ce qui peut être attribué à plusieurs facteurs, y compris la diminution des possibilités d’Al-Qaida, la présence accrue des forces de la coalition et des Forces iraquiennes. Le nombre de victimes a diminué et reste en deçà de celui de février 2006, date du bombardement de la mosquée de Samara. Les attaques-suicide ont également diminué de 40% depuis mars 2007.
Le Gouvernement iraquien assume également de plus grandes fonctions et responsabilités dans le pays et le nombre de personnel du Ministère de la défense a atteint 5 000 personnes. Les forces de la coalition continuent de transférer la responsabilité de la sécurité aux Forces iraquiennes qui assument une telle responsabilité dans huit provinces. Cette transition vers un contrôle iraquien se poursuit comme prévu. Depuis quatre mois, les Forces iraquiennes ont assumé leur propre sécurité dans la deuxième plus grande ville de l’Iraq. La réconciliation nationale a beaucoup progressé et les citoyens aujourd’hui coopèrent avec les forces de la coalition. Le représentant a toutefois estimé que la Syrie devait faire davantage pour arrêter les facilitateurs de la violence et renforcer la sécurité à la frontière. Les Gardes iraniennes révolutionnaires, a-t-il ajouté, continuent d’aider les terroristes malgré les assurances que le Gouvernement iranien a données.
L’Iraq devra encore relever d’importants défis et en 2008 les forces de la coalition se concentreront sur des grands domaines d’action et notamment le renforcement des capacités de logistiques et de formation des forces iraquiennes. Le Gouvernement doit aussi répondre au problème accru de la corruption. L’engagement international continue de s’améliorer et nous appuyons la réunion d’Istanbul de décembre dernier. L’Iraq est aujourd’hui un lieu différent de ce qu’il était avant, des progrès solides sont réalisés et l’espoir revient. Les Iraquiens commencent à retourner chez eux et reprendre le cours de leur vie. « Je lance un appel aux pays voisins de l’Iraq pour qu’ils soutiennent cet élan », a déclaré M. Khalilzad, avant de conclure.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a félicité le Représentant spécial pour les contacts qu’il a su établir avec les forces politiques en Iraq. L’exploitation du potentiel unique de l’ONU exige cependant que la situation sécuritaire s’assainisse, a estimé le représentant, en constatant la baisse de la violence et en rendant hommage aux institutions iraquiennes pour avoir assumé leurs responsabilités. Il a encouragé cette tendance à privilégier le règlement politique des problèmes. Il a aussi félicité les pays voisins, en particulier la Syrie, l’Iran et la Jordanie. Mais, a-t-il averti, il est trop tôt pour déclarer victoire comme en témoigne la vague de violence qui vient de secouer le pays. Le représentant a encouragé le dialogue national et la participation de tous dans le processus de réconciliation nationale. L’ONU a un rôle important à jouer mais les efforts doivent aussi porter sur la formation des forces de sécurité.
L’Iraq, a insisté le représentant, a besoin d’une armée et d’une police nationales fortes et non pas d’une multiplication de milices. Il s’est également dit préoccupé par la situation humanitaire et en matière des droits de l’homme. La MANUI, s’est-il interrogé, suit-elle la situation des personnes qui sont emprisonnées par les forces internationales ou les autorités iraquiennes? Le représentant a aussi dénoncé l’action des sociétés privées de sécurité qui portent un coup aux relations entre les civilisations. La priorité de l’ONU doit être la réconciliation nationale et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays. Nous devons viser le retrait de tous les contingents étrangers de l’Iraq, a conclu le représentant.
M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a déclaré que son pays apportait son plein appui à l’action de la MANUI tel que renforcée par la résolution 1770. L’Iraq reste confronté à de grands défis qui sont porteurs d’un risque considérable pour la région. Nous partageons l’analyse du Secrétaire général qui montre que la violence a baissé, a indiqué le représentant. Mais malgré ces progrès, cette violence reste à un niveau trop élevé et entretient l’insécurité et une situation humanitaire dégradée. C’est pourquoi, il faut agir sans délai. Le représentant a salué à cet égard la générosité des États voisins qui ont accueilli les réfugiés. Le Secrétaire général note que l’amélioration de la situation en matière de sécurité ne pourra être améliorée que si elle s’accompagne d’améliorations politiques. Ce dernier volet toutefois reste dans l’impasse. Des textes juridiques importants comme celui sur les hydrocarbures devront être adoptés. Il est aussi important que les autorités iraquiennes adoptent des réformes politiques conformément au Pacte mondial pour l’Iraq. La France apporte son plein soutien à la MANUI et contribuera à ce processus, a assuré le représentant. La France a proposé d’accueillir en terrain neutre une conférence d’entente interiraquienne qui soit aussi large que possible. Le processus de paix relancé en 2007 est un instrument important tout comme le sont la Conférence ministérielle d’Istanbul et le processus des pays voisins relancé en mai 2007 à Charm el-Cheikh. Ce processus doit se poursuivre sur la base de propositions concrètes, a ajouté le représentant. La France est aussi favorable au lancement de projets au départ d’autres pays qui disposent d’une situation en matière de sécurité plus stable. Parallèlement à son appui aux Nations Unies, la France œuvrera dans ce sens en ouvrant à Erbil une antenne de l’Ambassade de France en Iraq.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a salué les efforts réalisés dans le domaine de la sécurité et s’est réjoui, sur le plan politique, de la signature du mémorandum d’entente entre le Gouvernement iraquien et les partis du Kurdistan. Il a aussi salué les initiatives du Gouvernement pour coopérer avec les pays voisins. Concernant les activités de la Mission de l’ONU, le représentant a estimé qu’on ne peut éprouver que de la satisfaction face aux résultats obtenus sous l’égide du Représentant spécial. Mais, a-t-il estimé, la Mission doit faire beaucoup plus, en particulier par l’extension de ses opérations dans d’autres zones de l’Iraq pour aider les personnes déplacées et par l’accroissement de l’aide aux groupes vulnérables. Le représentant a conclu en exhortant l’Iraq à ratifier le plus rapidement possible l’accord sur le statut de la Mission de l’ONU et en appuyant pleinement le Pacte international.
M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a félicité les autorités iraquiennes qui ont pris avec responsabilité le relais des troupes britanniques à Bassorah. Le Royaume-Uni, a-t-il assuré, continuera d’appuyer l’Iraq. Les progrès doivent être soutenus et, pour ce faire, il faut appuyer l’importance de la réconciliation politique. Les leaders politiques doivent travailler les uns et les autres en se fondant sur les accords existants pour traiter des questions concernant les défis constitutionnels, la législation sur les hydrocarbures ou encore les élections locales. Le représentant a salué la contribution constructive des pays voisins avant de promettre d’appuyer les efforts iraquiens et régionaux dans toutes les instances, y compris l’Union européenne.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a déclaré que grâce aux efforts déployés par le Gouvernement iraquien et les parties concernées, la situation s’est améliorée. Le Gouvernement iraquien et les factions du pays doivent travailler ensemble à l’amélioration de la situation en matière de sécurité et des droits de l’homme, à la stabilité et à la reconstruction. L’avenir de l’Iraq dépendra de la volonté de mettre l’intérêt du pays au dessus de toutes autres attentes. Nous avons constaté que la relation de l’Iraq avec les pays voisins s’est améliorée. La réunion d’Istanbul a permis de mettre en place un mécanisme d’appui ad hoc, ce qui est une source d’espoir. La communauté internationale doit encourager les efforts déployés par l’Iraq et toutes les parties concernées. Le mandat de la MANUI est mis en œuvre graduellement et obtient des résultats, a estimé le représentant. Nous pensons que la MANUI a un rôle important à jouer. S’agissant de la situation complexe en matière de sécurité, a ajouté le représentant, la MANUI devrait renforcer ses consultations avec le Gouvernement iraquien et travailler à faire avancer le processus politique et la compréhension mutuelle.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a salué les efforts du Gouvernement iraquien pour promouvoir la sécurité et la stabilité. Toutes les parties reconnaissent désormais la nécessité de déployer tous les efforts pour pérenniser le cessez-le-feu, a ajouté le représentant, en disant attendre avec impatience le jour où les forces de sécurité iraquiennes assureront seules la paix et la sécurité. Aujourd’hui, la situation politique demeure instable, a-t-il poursuivi, en réclamant un effort pour faire avancer le processus constitutionnel. En outre, le dialogue entre groupes religieux, politiques et techniques demeure de la plus haute importance, a ajouté le représentant, en estimant que les pays voisins peuvent aussi jouer un rôle important dans la création d’un environnement favorable à la reconstruction. Dans ce contexte, le représentant a salué les réunions régionales de la fin de l’année 2007, d’autant plus que la coopération régionale est également essentielle pour répondre aux défis humanitaires. Il a conclu en appuyant l’intention du Secrétaire général d’examiner tous les aspects du travail de la Mission pour lui permettre de remplir pleinement le mandat confié par la résolution 1770. Il a aussi appuyé le fait que la MANUA discute avec le Gouvernement iraquien pour éviter que l’arrivée de la date butoir dictée par l’article 140 de la Constitution iraquienne ne mène à des violences. Il a enfin appuyé l’assistance technique que la Mission offre au Gouvernement iraquien pour régler la question des frontières internes.
M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a déclaré que le rapport du Secrétaire général donne un aperçu mitigé de la situation en Iraq mais que malgré des circonstances difficiles, le peuple iraquien a persévéré dans le cadre du processus de transition politique décrit dans la résolution 1546 de 2004 du Conseil de sécurité. La réduction du nombre d’incidents violents, l`appropriation par les Iraquiens du processus de mise en œuvre de l’article 140 de la Constitution iraquienne et des éléments sécuritaires sont des éléments positifs. Toutefois, nous partageons les préoccupations du Secrétaire général quant aux défis de grande ampleur qui attendent les Iraquiens dans leur recherche de la paix. La situation actuelle appelle à un rôle encore plus important des Nations Unies dans le cadre du processus politique, du soutien constitutionnel et électoral, de l’aide humanitaire et de la réconciliation nationale. Le représentant a fait part de l’appréciation de son gouvernement pour les efforts déployés par la MANUI pour permettre la mise en œuvre de la résolution 1770 de 2007. Nous sommes convaincus que le renforcement du processus de révision constitutionnel, le démantèlement des milices et groupes armés, la lutte contre les armes et l’amélioration des conditions de vie des civils, réfugiés et personnes déplacées et le renforcement de l’état de droit.
M. DUMISANI SHADRACK KUMALO (Afrique du Sud) a souligné le caractère toujours précaire et inacceptable de la situation en matière de sécurité en Iraq. Tout règlement du conflit, a-t-il dit, doit inclure un processus politique et de réconciliation nationale de même que l’implication des pays voisins, notamment pour répondre à la situation humanitaire. Le représentant a poursuivi en relevant les irrégularités dans la gestion du Fonds de développement pour l’Iraq. Il s’est d’ailleurs félicité de la volonté du Conseil d’examiner le rapport des auditeurs indépendants. Il a conclu en soulignant que l’ONU peut jouer un rôle important dans la réconciliation nationale car elle a non seulement de bonnes relations avec toutes les parties mais elle peut aussi fonder son action sur les meilleures pratiques qu’elle a développées pour faire face à d’autres conflits dans le monde. Mais, a mis en garde le représentant, l’ONU ne peut pleinement jouer son rôle que si les conditions de sécurité le permettent. Le représentant a enfin jugé important que la force multinationale exerce son mandat de manière compatible avec les résolutions du Conseil et les attentes du peuple iraquien. Le droit international humanitaire et les droits de l’homme doivent s’exercer partout, a-t-il insisté.
Mme MIRJANA MLADINEO (Croatie) s’est dite convaincue que les Nations Unies avaient un rôle unique à jouer dans la promotion de la réconciliation nationale en Iraq et dans le domaine de la sécurité. Les indicateurs en matière de sécurité sont encourageants et montrent une baisse de la violence. Toutefois, comme le note le rapport du Secrétaire général, la série des récentes attaques violentes nous rappelle que la situation reste précaire. Les avancées réalisées dans le processus politique déterminent les avancées dans le domaine de la sécurité. La révision de la Constitution et la loi sur la transparence de la justice permettront de progresser sur la voie de la réconciliation nationale, a-t-elle dit. Il est aussi important de poursuivre les efforts sur la voie de la coopération régionale lancés par la Conférence d’Istanbul.
M. ALDO MANTEVANI (Italie) a salué le caractère pragmatique de l’approche adoptée par le Représentant spécial du Secrétaire général. Il s’est félicité de l’élargissement du rôle de la Mission dans l’application de l’article 140 de la Constitution iraquienne. Il s’est par ailleurs dit préoccupé par la situation des réfugiés et des personnes déplacées. Il a rappelé que son pays a répondu à l’appel du HCR et de l’UNICEF et continue d’appuyer les efforts de reconstruction de l’Iraq. Le représentant a annoncé la tenue à Bagdad en mars prochain d’une réunion de toutes les parties prenantes pour créer des synergies sur le terrain grâce à une pleine exploitation des facilités et des mécanismes de coordination existants dans le cadre du Pacte international pour l’Iraq.
M. GIANCARLO SOLER TORRIJOS (Panama) a pris note de l’engagement toujours plus grand de la communauté internationale et des pays voisins dans la reconstruction de l’Iraq. Consolider la paix en Iraq appelle des efforts renouvelés en matière de dialogue. Le représentant a constaté que le nombre de réfugiés à l’intérieur du pays avait augmenté de 16% au cours des derniers mois et qu’il s’avérait essentiel d’améliorer la situation en matière de sécurité leur permettant de retourner dans leur foyer. Le moment est propice pour que le Conseil réfléchisse au rôle qu’il doit jouer pour résoudre la situation humanitaire en Iraq. Le mandat élargi de la MANUI devrait permettre une plus grande participation ciblée des Nations Unies dans ce domaine.
M. JOHAN VERBEKE (Belgique) a salué la marque que le Représentant spécial du Secrétaire général a su imprimer à l’action de l’ONU en Iraq. Il a constaté avec satisfaction que la situation en matière de sécurité continue à s’améliorer grâce aux efforts de plus en plus importants des Iraquiens et les gestes politiques qui rendent la confiance dans le dialogue. Après l’adoption de la loi sur la justice et la transparence, le représentant a appelé à des progrès similaires pour ce qui est de la gestion des hydrocarbures, la mise en œuvre de l’article 140 de la Constitution et de la révision de cette dernière. Le contrat constitutionnel, a estimé le représentant, est la seule capable de rendre aux Iraquiens la confiance dans un État fort et soucieux de ses droits. La communauté internationale doit encourager ces efforts en soutenant, en particulier, les efforts du Gouvernement iraquien pour resserrer ses liens de coopération avec ses voisins immédiats. Les réunions régionales ont produit des résultats appréciables et il faut espérer que la prochaine réunion prévue au Koweït permettra de les consolider. Le représentant a souligné le rôle moteur joué par les Nations Unies et a soutenu le Secrétaire général, son Représentant spécial et l’ONU dans leur détermination à faire jouer aux Nations Unies le rôle renforcé conféré par la résolution 1770.
M. GIADALLA A. ETTALHI (Libye) a déclaré qu’aujourd’hui, la situation en Iraq était telle qu’elle résultait de la situation provoquée par l’invasion et l’occupation des forces étrangères qui ont détruit le tissu économique et culturel du pays. Le représentant a estimé qu’à la suite de cette effusion de sang, la responsabilité de la réconciliation et de la reconstruction revenait aux Iraquiens qui, a-t-il dit, sont capables de le faire eux-mêmes. Le rôle de la communauté internationale et des voisins immédiats de l’Iraq doit être de favoriser le dialogue et la réconciliation de tous les Iraquiens. La réconciliation et le dialogue entre Iraquiens tracent la voie à la fin de l’occupation qui est un point particulièrement litigieux. À cet égard, la Mission d’assistance des Nations Unies en Iraq pourrait jouer un rôle central dans la promotion du dialogue et l’atténuation des tensions. Le représentant a convenu que des progrès avaient été réalisés dans le domaine de la sécurité, notant cependant que ces progrès avaient été lents. Nous ne pouvons pas non plus parler de progrès sérieux sur le front politique, a-t-il dit.
Le représentant a dénoncé les agissements d’« entreprises de mercenaires » et a souhaité qu’une enquête sur les violations des droits de l’homme dont ces entreprises se seraient rendues coupables. Les conditions actuelles en Iraq exigent que toutes les ressources humaines et matérielles soient dirigées vers la reconstruction. Nous soutenons l’appel lancé par l’Iraq pour que l’on annule sa dette au titre du Programme « pétrole contre nourriture » et pour que l’on établisse un moratoire pour les indemnisations. Le représentant a dit apprécier les efforts déployés par les pays voisins mais également les institutions des Nations Unies et a souhaité que la MANUI dispose de toutes les ressources nécessaires.
M. HAMID AL BAYATI (Iraq) a déclaré que son gouvernement était déterminé à poursuivre ses efforts en vue de parvenir à la réconciliation nationale afin de renforcer la cohésion sociale et éviter une guerre civile. L’arène politique iraquienne connaît actuellement une interaction politique active tandis que le Conseil iraquien des représentants vient d’adopter la loi sur la transparence de la justice, laquelle constitue un pas important vers la réconciliation nationale. Le Conseil des représentants envisage actuellement d’approuver plusieurs textes dont la loi sur les hydrocarbures et les gouvernorats. Le Gouvernement iraquien a signé une Déclaration de principes sur des relations de coopération d’amitié et, de respect et de coopération qui lie l’Iraq aux États-Unis. Mon gouvernement, a ajouté le représentant, souhaite reprendre, dès que possible, sa place au sein de la communauté internationale. Il attend aussi du Conseil qu’il trouve des solutions à des questions dépassant le cadre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, compte tenu des nombreux changements intervenus dans le pays. Le représentant a précisé que les efforts de son gouvernement dans ce sens se sont traduits par l’approbation d’un mécanisme de soutien ad hoc basé à Bagdad qui a été établi à la suite d’une réunion des ministres des affaires étrangères des pays voisins de l’Iraq en novembre 2007.
S’agissant de la question des réfugiés et de la violence sectaire en Iraq, le représentant a précisé que son gouvernement suit activement cette question avec les gouvernements voisins et les organisations humanitaires. Le Gouvernement est aussi déterminé à lutter contre le terrorisme et à restaurer la sécurité dans toutes les parties du pays et il dispose depuis l’année dernière d’un plan visant à promouvoir l’état de droit, la promotion et la protection des droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme. Le Gouvernement iraquien a également déployé des efforts importants pour « purger » les organes de sécurité d’éléments corrompus. Le renforcement des forces multinationales a également contribué à restaurer la sécurité et la stabilité et de réduire le nombre d’activités terroristes. Le Gouvernement travaille de sorte que les forces de sécurité iraquienne assument leurs responsabilités dans tout le pays.
À la lumière de l’amélioration de la situation en matière de sécurité, a ajouté le représentant, mon gouvernement invite les pays amis de l’Iraq à rouvrir leurs ambassades. Nous attendons également avec impatience la réouverture des bureaux des Nations Unies à Bassorah. Le représentant a aussi indiqué que son gouvernement accordait la plus haute importance à la reconstruction économique du pays. Le Conseil iraquien des représentants a adopté une série de mesures portant notamment sur une augmentation des salaires de ses fonctionnaires et il est déterminé à lutter contre la corruption. Le représentant a en outre lancé un appel pour que l’on passe de 5% à 1% le montant des versements compensatoires de l’Iraq prélevés sur ses revenus pétroliers. Il a précisé que son pays travaillait avec d’autres pays pour que l’on réduise la dette iraquienne et a exprimé sa gratitude aux pays qui l’avaient fait, le dernier en date étant la Croatie.
M. JORGE URBINA (Costa Rica) a noté que la situation humanitaire en Iraq continue d’être inquiétante, tout en reconnaissant que des progrès en matière de sécurité et d’état de droit ont été accomplis. Les forces politiques font des efforts pour avancer vers la réconciliation nationale, s’est-il réjoui. Il s’est aussi félicité de l’état d’esprit avec lequel le Gouvernement iraquien demande l’appui de la communauté internationale tout en affirmant sa volonté de s’approprier le processus national. Il a relevé la demande du représentant iraquien visant à ce que le Conseil cesse d’examiner la situation dans son pays dans le cadre du Chapitre VII de la Charte de l’ONU.
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq a repris la parole pour remercier les membres du Conseil de leurs encouragements, de leurs bons conseils et de l’esprit constructif avec lequel ils ont examiné la situation en Iraq. Nous allons étudier vos remarques, a-t-il assuré, parce que nous sommes convaincus qu’elles nous aideront à nous orienter dans notre mission.
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