CONFÉRENCE DE PRESSE D’ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES SUR LA SITUATION À GOMA, EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
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CONFÉRENCE DE PRESSE D’ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES SUR LA SITUATION À GOMA, EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Des représentants de plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) ont appelé aujourd’hui, lors d’une conférence de presse commune, à un investissement plus important de la communauté internationale en République démocratique du Congo (RDC) pour mettre fin aux violences actuelles, permettre à la Mission des Nations Unies dans ce pays d’assurer son mandat, et trouver une solution politique durable aux tensions entre factions congolaises.
« Au cours des deux dernières semaines, nous avons assisté à une détérioration de la situation, et non pas à une amélioration », a déclaré Mme Juliette Prodham, travailleuse humanitaire pour l’ONG Oxfam, qui s’exprimait par téléconférence depuis Goma, en RDC, soulignant que « la population congolaise vit dans la peur, en particulier dans l’est de la RDC et dans le Nord-Kivu ».
Rappelant que « des centaines de milliers de personnes souffrent », elle a expliqué que le personnel d’Oxfam n’avait pas pu accéder à toutes les populations dans le besoin en raison de la situation très tendue. Elle a également fait état de pénuries d’eau dans certaines régions, ainsi que d’exactions telles que des viols.
« Ce conflit a besoin d’une solution permanente, mais pour l’heure, il a besoin d’un cessez-le-feu immédiat », a-t-elle ajouté, estimant que « le Conseil de sécurité doit se saisir de cette question ». « Le mandat de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) dépasse clairement ses capacités », a-t-elle souligné, jugeant nécessaire l’envoi de renforts sur le terrain.
« Nous avions une occasion incroyable de faire quelque chose il y a deux semaines, quand les médias ont parlé de la situation, et quand la communauté internationale a commencé à en parler », a également affirmé Mme Prodham, rappelant que les tensions persistent depuis plusieurs années dans l’est de la RDC.
Évoquant une «crise extraordinairement grave », M. Steve Crashaw, de l’ONG « Human Rights Watch », qui participait également à la conférence de presse, a souligné qu’il était « très clair que la MONUC a besoin de plus de personnes pour faire son travail, afin de protéger les civils ». « La situation catastrophique que nous voyons dans l’est de la RDC nécessite l’engagement direct des soldats supplémentaires que l’ONU a clairement demandés et qu’elle n’a pour l’heure pas reçus », a-t-il ajouté.
« La véritable responsabilité incombe désormais aux membres du Conseil de sécurité qui doivent autoriser une force élargie capable de protéger de manière ferme les civils comme l’exige le mandat » de la MONUC, a encore estimé M. Crashaw, évoquant le déploiement possible d’une « force multinationale avec les Européens ».
Mme Fabienne Hara, Vice-Présidente de International Crisis Group, a, quant à elle, affirmé que « le nombre de soldats n’est pas le problème », mais que « le problème est la manière dont a été configurée la mission ». « C’est une question de priorités plutôt que de soldats », a-t-elle ajouté, soulignant qu’il existe « un fossé entre le mandat qui a été donné et la situation sur le terrain ». « La manière de combler ce fossé pourrait peut-être être soumise au Conseil de sécurité », a-t-elle ainsi jugé.
Dans l’immédiat, Mme Hara a estimé qu’une force de l’Union européenne « serait la meilleure réponse » à la situation, mais « avec un mandat et des objectifs très temporaires », comme par exemple la protection de l’aéroport de Goma afin de faciliter l’aide humanitaire, ou encore la création d’une zone démilitarisée.
L’établissement et le maintien de la paix ne sont que « des remèdes temporaires ». C’est pourquoi, elle a appelé à « une solution politique » capable de mettre un terme à « la crise cyclique » en RDC.
Il faut donc « désarmer les milices nationales » que sont les Mai-Mai et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du général Laurent Nkunda, et désarmer le Front démocratique de libération du Rwanda (FDLR), a précisé Mme Hara, qui a également évoqué une possible réintégration des milices dans les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), l’armée régulière congolaise. De même, « un accord sur les pratiques commerciales et l’exploitation des ressources est très important », a-t-elle précisé.
De manière générale, il s’agit de « mettre en œuvre la Déclaration de Nairobi et l’Accord de Goma », a souligné Mme Hara, jugeant nécessaire d’établir « un processus et un dialogue politiques » pour appuyer ces mesures.
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