CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. YURIY SERGEYEV, REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DES NATIONS UNIES
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. YURIY SERGEYEV, REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DES NATIONS UNIES
Le Représentant permanent de l’Ukraine auprès des Nations Unies, M. Yuriy Sergeyev, a regretté, ce matin en conférence de presse au Siège des Nations Unies à New York, l’opposition de la Fédération de Russie à la demande d’inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée générale d’un point intitulé « Commémoration du soixante-quinzième anniversaire de la grande famine de 1932-33 en Ukraine (Holodomor) », présentée par son pays.
Il a regretté que cette proposition ait été qualifiée d’« antirusse » et que les États Membres qui souhaitaient l’appuyer « soient suspectés de motivation politique et de sentiment antirusse ». Il a précisé que le souci de l’Ukraine était de reconnaître un drame historique et de dénoncer les excès d’un régime totalitaire, à savoir le régime stalinien, et non de porter atteinte à la Fédération de Russie. Il a regretté cette erreur d’appréciation en souhaitant que l’on revienne à l’état d’esprit de Mikhaïl Gorbatchev et de Boris Eltsine qui avaient privilégié l’ouverture et la transparence. Ce débat intervient le 30 octobre, qui est aussi la journée nationale russe pour la mémoire, a-t-il rappelé. Le terme « Holodomor » signifie « tuer par la faim » dans la plupart des langues slaves, a-t-il précisé.
M. Sergeyev a cité, en exemple, un document présenté par le Gouvernement espagnol condamnant le régime de Franco (recommandation 1736 adoptée par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe en 2006). Il a également souligné l’importance de la résolution 1481, adoptée la même année, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe qui rappelle que les régimes communistes totalitaires d’Europe centrale et de l’Est ont été caractérisés par des violations massives des droits de l’homme. Ce texte, a-t-il précisé, appelle aussi les États Membres ayant abrité des régimes communistes à remettre en cause l’histoire du communisme et à s’éloigner des crimes commis au nom de cette idéologie et à les condamner, sans équivoque.
Il a rappelé que tout État Membre des Nations Unies, petit ou grand, avait le droit de « placer sur la table » des questions qu’il identifie comme une priorité nationale. Pour l’Ukraine, a-t-il ajouté, « la question de la famine provoquée par le régime stalinien et qui a provoqué la mort d’un tiers de la population ukrainienne en 18 mois est une priorité nationale en matière de respect de droits de l’homme ».
L’avant-projet de texte soumis par l’Ukraine, a-t-il rappelé, n’oublie pas de mentionner les millions de victimes russes, kazakhes ou d’autres nationalités de la région de la Volga et du Nord-Caucase, reconnaissant que cette tragédie n’avait pas touché l’Ukraine seulement.
Il a estimé qu’il s’agissait d’un devoir moral pour son pays de préserver la mémoire des atrocités et horreurs passées et de tout mettre en œuvre pour que cet évènement soit reconnu comme une page tragique de l’histoire mondiale. Il ne s’agit pas de modifier l’Histoire, mais de révéler une histoire qui a été longtemps cachée par l’Histoire officielle. Il a fait remarquer que le massacre de 20 000 officiers polonais à Katyn avait longtemps été attribué aux nazis, alors qu’il était le fait du régime communiste.
Par ailleurs, le représentant ukrainien a insisté sur l’aspect moral d’une telle commémoration en termes de respect de la dignité humaine. Il est nécessaire, a-t-il ajouté, d’éveiller la conscience publique sur la nature des crimes commis par le régime stalinien. « La condamnation des régimes totalitaires est le meilleur signe que nous pourrions donner aux générations futures », a-t-il conclu.
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