En cours au Siège de l'ONU

Conférence de presse

CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN SUR LA TABLE RONDE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR LA CRISE FINANCIÈRE

30/10/2008
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN SUR LA TABLE RONDE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR LA CRISE FINANCIÈRE


Le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, M. Miguel d’Escoto Brockmann, et plusieurs économistes internationaux ont plaidé, aujourd’hui, lors d’une conférence de presse conjointe, pour une refonte du système financier mondial basée sur le multilatéralisme.


« Nous vivons dans un monde où toute personne doit être prise en compte, et il n’est pas réaliste que ceux qui souffrent des conséquences des décisions prises par une minorité soient absents » des institutions financières internationales, a déclaré M. Brockmann lors de cette conférence de presse organisée au Siège des Nations Unies.  « La seule manière réaliste de procéder à partir de maintenant dans notre monde est de procéder démocratiquement, d’une manière qui inclut tout le monde », a-t-il ajouté, précisant que l’Assemblée générale est l’instance appropriée pour le faire.


À ce titre, il a indiqué que la composition de l’Équipe spéciale de l’Assemblée générale chargée d’élaborer une réponse à la crise financière mondiale avait été arrêtée.  « Nous avançons », a-t-il déclaré, précisant toutefois que cette composition ne serait annoncée qu’une fois que tous les membres pressentis auraient été consultés.


Soulignant que « les exigences universelles pour un nouvel ordre économique mondial remontaient à une quarantaine d’années », M. Brockmann a estimé que les États-Unis cherchaient aujourd’hui à ralentir le processus de réforme du système financier mondial, comme ils avaient tenté, a-t-il dit, de faire reporter à l’époque les résolutions des Nations Unies condamnant l’apartheid en Afrique du Sud.  « Si je me souviens bien, sur cette question, on peut voir les États-Unis utiliser la même tactique de lenteur qu’ils utilisaient concernant l’apartheid », a-t-il déclaré.


M. Joseph Stiglitz, Professeur d’économie à l’Université Columbia de New York et lauréat du prix Nobel d’économie en 2001, a également jugé nécessaire une réforme en profondeur des institutions financières mondiales, notamment le Fonds monétaire international (FMI), pour faire une place plus grande au multilatéralisme.


« Le problème des marchés financiers aujourd’hui est un manque de crédibilité, et une partie de ce manque de crédibilité vient d’un manque de légitimité des institutions financières internationales, car celles-ci ne disposent pas de structures de gouvernance correspondant au XXIe siècle », a-t-il déclaré.  « Cette réforme devrait garantir une forme de participation de l’ONU, car c’est la seule organisation qui représente tout le monde.  Ce manque de représentation est en fait une partie du problème d’aujourd’hui », a-t-il estimé.


Insistant sur « l’importance du multilatéralisme », M. Stiglitz a affirmé que « pour son efficacité, le FMI doit être réformé », et a estimé que la nouvelle règlementation qu’il appelle de ses vœux devrait refléter les intérêts de toutes les populations soumises à cette réglementation, et ne pas être seulement décidées par le G-8 ou les États-Unis, qu’il a qualifiés de « G-1 ».  « Le fait que le FMI est tellement dominé par le G-1 fait qu’il lui est très difficile de traiter de manière énergique le problème actuel, qui vient d’un déséquilibre mondial et d’un manque de règlementation aux États-Unis », a-t-il déclaré.


De son côté, M. François Houtard, Président du Conseil d’administration du Centre Tricontinetal, a pour sa part affirmé qu’« il faut aller plus loin que la seule règlementation ».  « Il faut une règlementation, mais pour transformer le système, nous devons aller beaucoup plus loin », a-t-il jugé.  « Nous devons transformer toutes nos relations avec la nature.  Nous devons renforcer la démocratie et accepter le multilatéralisme », a-t-il ajouté, déplorant que « toutes les crises actuelles étaient liées à la même cause fondamentale, la logique de l’accumulation du capital ».


M. Calestous Juma, Professeur à l’Université de Harvard, a expliqué s’attendre à des propositions au niveau régional plutôt qu’à une réforme rapide du FMI.  « Nous allons voir beaucoup de créativité venir des régions, ce qui est sensiblement différent d’une réforme du FMI qui, sur le court terme, sera un exercice délicat », a-t-il déclaré.  « Les idées ne viendront pas de Washington, mais d’ailleurs », a-t-il précisé.


Par ailleurs, M. Prabhat Patnaik, Professeur au Centre d’études économiques et de planification de l’Université Jawahawl Nehru, en Inde, a évoqué la difficulté de réformer le FMI, soulignant que partout dans le monde, « les ministères des finances sont occupés par des anciens membres du FMI ».  Détaillant quelques pistes de réformes possibles, M. Pedro Maez Perez, Ministre de la coordination de la politique économique de l’Équateur, a, quant à lui, avancé la possibilité d’ « accords régionaux monétaires dans lequel on pourrait avoir une certaine construction de souveraineté monétaire supranationale ».


Enfin, Mme Sakiko Fukuda-Parr, Professeur de relations internationales à la « New School », a souligné que les études montraient combien les conséquences des crises financières étaient les plus sévère pour « les populations les plus pauvres, et particulièrement les femmes ».


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.