CONFÉRENCE DE PRESSE DU RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LE DROIT À L’ALIMENTATION, M. OLIVIER DE SCHUTTER
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LE DROIT À L’ALIMENTATION, M. OLIVIER DE SCHUTTER
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, M. Olivier de Schutter, a jugé aujourd’hui indispensable d’intégrer la lutte contre la faim dans la défense des droits de l’homme, estimant qu’il s’agissait d’une responsabilité politique des gouvernements. Face à la crise alimentaire, la communauté internationale devrait faire en sorte que les populations qui en ont besoin puissent acheter la nourriture disponible plutôt que de simplement augmenter la production, a-t-il ainsi affirmé.
« Le véritable problème de la faim n’est pas lié à une production ou à une disponibilité insuffisante de la nourriture, c’est que de larges segments de la population n’ont pas les moyens d’acheter la nourriture disponible », a déclaré M. de Schutter, lors d’une conférence de presse organisée au Siège des Nations Unies, ajoutant que la « dimension des droits de l’homme a trop souvent été absente » de la réaction de la communauté internationale face à la crise alimentaire.
M. de Schutter a expliqué que la plupart des personnes souffrant de la faim sont des producteurs agricoles: 50% sont des petits agriculteurs et 20% sont des travailleurs sans terres, a-t-il notamment rappelé. « Nous devons renforcer les droits de ces catégories », a-t-il déclaré. « Nous devons faire en sorte que leurs revenus augmentent à la suite de l’augmentation de la production de nourriture, et nous devons par-dessus tout éviter d’augmenter la marginalisation des petits agriculteurs et la dualisation du système agricole au seul bénéfice de quelques gros producteurs agricoles, sous prétexte qu’il faut augmenter la production de nourriture », a-t-il souligné.
Dans cette optique, il a jugé nécessaire que les gouvernements élaborent « des stratégies nationales pour le droit à l’alimentation, développent des indicateurs pour évaluer les progrès », et, de manière générale, « développent un cadre législatif afin de rendre des comptes aux victimes des violations du droit à l’alimentation ». « Le problème de la faim, à la lumière des droits de l’homme, est un problème politique », a-t-il assuré, insistant ainsi sur les questions de « justice sociale, d’inégalités et de justice dans la distribution ».
Par ailleurs, le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation a plaidé pour l’élaboration d’un « code de conduite international » pour réglementer la production de biocarburants, affirmant que celle-ci avait, jusqu’ici, surtout « accru les inégalités actuelles dans de nombreux pays en développement ». « Nous pourrions envisager une exonération accordée par le Conseil général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) permettant aux pays d’imposer aux autres pays le respect de ce code de conduite comme condition d’accès à leurs marchés », a-t-il expliqué. Ce code de conduite », a-t-il précisé, prendrait en compte les questions de sécurité alimentaire, de droit des travailleurs et de respect de l’environnement.
M. de Schutter a également estimé que les programmes « travail contre nourriture » étaient un moyen « au moins efficace, sinon désirable » de s’assurer que l’aide alimentaire bénéficie véritablement aux populations qui en ont besoin. « Quand les gens ont faim et ont besoin d’être aidés, rien ne justifie qu’on impose des conditions pour recevoir de la nourriture », a-t-il toutefois tenu à préciser.
Enfin, M. de Schutter a indiqué que son action, dans les mois à venir, traiterait des questions de l’aide alimentaire d’urgence, de la déréglementation du commerce agricole, des droits de propriété intellectuelle dans l’agriculture, du rôle des grands groupes du secteur et de l’impact des changements climatiques sur le droit à l’alimentation.
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