CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. ALAN DOSS, REPRÉSENTANT SPECIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO ET CHEF DE LA MONUC
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. ALAN DOSS, REPRÉSENTANT SPECIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO ET CHEF DE LA MONUC
La Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) est très préoccupée par la reprise des hostilités en août au Nord-Kivu, qui ont continué depuis lors de manière intermittente, a déclaré cet après-midi M. Alan Doss, Représentant spécial du Secrétaire général en République démocratique du Congo (RDC) lors d’une conférence de presse au Siège de l’ONU, à New York. Le Chef de la MONUC, qui venait de présenter un exposé au Conseil de sécurité, a en outre jugé « très troublantes » les remarques qui avaient été attribuées hier à Laurent Nkunda, Chef du Congrès national de défense du peuple (CNDP), groupe rebelle tutsi.
La MONUC et les Nations Unies tentent de reprendre le contrôle de la situation grâce à un plan global de désengagement dont M. Doss a présenté les grandes lignes au Conseil de sécurité et qui comprend un cessez-le-feu, la séparation des forces, le regroupement, la démobilisation, le désarmement et la réintégration. Ce plan a été présenté au Gouvernement qui l’a accepté, de même que divers groupes armés. Il a également été présenté au CNDP de Laurent Nkunda qui, a ajouté M. Doss, a dans un premier temps annoncé qu’il était prêt à en discuter avec la MONUC mais semble désormais faire marche arrière.
Comme son nom l’indique, le plan de désengagement est global, a précisé M. Doss. Il vise donc à inclure tous les groupes armés, y compris les ex-FAR, Interahmwe et FDLR. Tous ces groupes sont dans les mêmes zones, suffisamment proches pour qu’on ne puisse pas espérer résoudre le problème sans inclure tout le monde, a-t-il insisté. M. Doss a précisé que le plan, s’il est accepté par le Conseil de sécurité, pourrait être exécuté dans le cadre du mandat actuel de la MONUC. En revanche, la MONUC cherche à obtenir le soutien non seulement du Conseil mais aussi des pays fournisseurs de contingents.
La MONUC est intervenue pour protéger des populations en danger, a ajouté M. Doss, qui a rappelé qu’il s’agissait là d’une des priorités principales de la Mission. La situation humanitaire a en effet continué de se détériorer du fait de la reprise des combats, avec de nouveaux flux de personnes déplacées. Cela affecte de façon marginale une frange du Sud-Kivu, où des progrès modestes ont pu être réalisés, mais surtout le Nord-Kivu, où la situation est très préoccupante, a expliqué M. Doss. De l’avis du Chef de la MONUC, il faut avancer au plus vite avec le plan de désengagement, sous peine de voir le conflit s’étendre et déborder ailleurs. M. Doss s’inquiète notamment de la reprise des tensions ethniques au Nord-Kivu. La MONUC elle-même a dû faire face à quelques manifestations d’hostilités au Nord-Kivu, a relevé M. Doss, qui a dit comprendre les frustrations des populations mais a ajouté que la MONUC n’en est pas la cause. Il a estimé que certaines de ces manifestations de mécontentement ont été orchestrées « par certains groupes qui tentent de profiter de la situation ».
M. Doss s’est également montré inquiet des indices d’une reprise des activités de la LRA (Armée de résistance du Seigneur) dans l’est de la RDC où, il y a une dizaine de jours, des villages ont été attaqués et des civils enlevés. Les forces armées de la RDC tentent de se renforcer pour contenir la LRA et la MONUC cherche à les aider mais elle ne dispose que de très peu de capacités dans cette région, du fait de ses préoccupations dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. M. Doss a également noté des nouvelles tensions en Ituri.
Face à toutes ces tentions, M. Doss a déclaré qu’il avait expliqué au Conseil les limites et difficultés de la MONUC à mettre en œuvre à la fois ses mandats de sécurité et de protection. « La protection est la priorité et le plan de désengagement contribuerait à l’assurer, mais il y a des limites à ce que nous pouvons faire », a poursuivi M. Doss, qui a ajouté: « Nous ne pouvons pas être partout tout le temps ». Il a donc demandé au Conseil de sécurité une « reconfiguration des forces », expliquant qu’il s’agit surtout d’obtenir les moyens d’une plus grande mobilité. Se disant réaliste, le Chef de la MONUC a déclaré qu’il ne demandait pas un gros accroissement des effectifs, ajoutant que ce dont il a besoin serait plutôt un renforcement temporaire et non une augmentation permanente des capacités. Il s’est dit parfaitement conscient des énormes contraintes qui pèsent sur le budget des opérations de maintien de la paix et que rien ne pouvait être obtenu du jour au lendemain.
M. Doss a par ailleurs déclaré qu’il avait informé les membres du Conseil des efforts de la MONUC pour renforcer les capacités, l’organisation et la discipline des Forces nationales de la RDC et les faire participer à des efforts conjoints avec la MONUC. Cela aussi, a-t-il souligné, a des incidences budgétaires.
De l’avis de M. Doss, les remarques attribuées hier par plusieurs médias semblent indiquer, sous réserve d’un examen plus approfondi, que M. Nkunda se retire de tous les efforts visant à faire avancer le processus de paix. « Cela n’est pas acceptable et ne ferait que provoquer davantage de souffrances et de déplacements de populations, et de grandes inquiétudes dans d’autres parties du pays », a estimé M. Doss, faisant remarquer que « ce n’est pas du tout ce qu’on attendait de la part d’un « groupe qui, après tout, avait signé les Accords de Goma ». Pour le Chef de la MONUC, le CNDP a ses propres inquiétudes mais il existe un mécanisme pour les régler qui doit être pleinement utilisé. Certaines déclarations selon lesquelles il y aurait une tentative visant à remettre en question les résultats d’une élection démocratique supervisée par les Nations Unies sont inacceptables, à la fois pour les Nations Unies et pour la MONUC, a poursuivi M. Doss. « Nous entrons dans une phase potentiellement très dangereuse et nous ne voulons pas voir la RDC sombrer de nouveau dans un conflit qui a duré des années et s’est étendu aux pays voisins avec des conséquences abominables pour toute la sous-région », a-t-il fait remarquer.
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