CONFÉRENCE DE PRESSE SUR L’INITIATIVE « SORTIR DE LA PAUVRETÉ PAR LE TRAVAIL »

CONFÉRENCE DE PRESSE SUR L’INITIATIVE « SORTIR DE LA PAUVRETÉ PAR LE TRAVAIL »

Le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), M. Juan Somavia, a déclaré aujourd’hui qu’il fallait « augmenter de manière significative » le niveau du travail décent à travers le monde pour pouvoir atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

« Nous voulons des OMD qui fonctionnent, or actuellement les OMD ne fonctionnent pas.  Ils le pourraient si nous augmentions de manière significative la part de travail décent dans le marché de l’emploi », a déclaré M. Somavia lors d’une conférence de presse tenue aux Nations Unies sur l’initiative « Sortir de la pauvreté par le travail: Une stratégie de développement basée sur la notion de travail décent et les Objectifs du Millénaire pour le développement ».

M. Somavia a estimé que tels qu’ils ont été définis, les OMD  « sont apparus comme une sorte de proposition des Nations Unies pour réduire, en 10 points, la pauvreté » avec l’assistance humanitaire pour seul outil.  « On a en quelque sorte éliminé l’espace à l’intérieur duquel les gens progressent normalement dans la vie, à savoir le système de production », a-t-il déclaré.

Or, a-t-il expliqué, le travail décent, qui suppose une rémunération juste et une protection sociale minimale, est une nécessité pour permettre à des millions de personnes de sortir de la pauvreté.  « C’est probablement la plus importante exigence politique à laquelle soit aujourd’hui confronté le monde », a souligné le Directeur général de l’OIT.  « Il y a la dignité du travail pour l’être humain, la stabilité des familles et des ménages, et la paix dans les communautés quand les gens ont un travail », a fait remarquer Juan Somavia.

Évoquant la crise financière actuelle, il a rappelé qu’il en existait d’autres dont on ne parle pas assez, notamment « la crise de la pauvreté que l’on est loin d’avoir réduite; et celle du travail et des emplois décents dont les niveaux restent très insuffisants ».

Rappelant qu’« approximativement 4 milliards de personnes » n’ont pas accès à un système de protection sociale, Mme Mary Robinson, Présidente de « Realizing Rights: Initiative pour la mondialisation de l’éthique (EGI) », a pour sa part indiqué qu’il restait encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir atteindre les OMD d’ici à 2015.  Ceci est notamment vrai en ce qui concerne « les pays d’Afrique subsaharienne », a estimé Mme Robinson.  « Une des raisons des insuffisances actuelles tient au fait que l’accent n’a pas été mis sur l’emploi, le travail et les opportunités de travail » dans la formulation initiale des OMD, a indiqué Mary Robinson.

« Les pauvres travaillent mais ils n’ont pas de soutien alors que de nombreuses barrières leur bloquent le chemin.  Ils n’ont d’autre part pas de système de protection et n’ont pas accès à la justice », a-t-elle déclaré, en rappelant que l’Article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme garantit « le droit au travail, à une rémunération juste, à ne pas être discriminé, et à adhérer à un syndicat ».

Pour sa part, Mme Ela Bhatt, membre de l’Association des travailleuses indépendantes en Inde (SEWA), qui est intervenue au cours de la conférence de presse, a souligné l’importance du secteur du travail informel dans les pays en développement, soulignant que les travailleurs du secteur informel de l’économie qui n’ont pas d’employeurs réguliers « contribuent tous au revenu national de leur pays ».  « Il faudrait revoir et modifier les statistiques actuelles » pour que soit prise en compte cette catégorie de travailleurs, et il faudrait placer le secteur informel au centre de l’économie », a-t-elle plaidé.

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