CONFÉRENCE DE PRESSE DU MINISTRE SERBE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES SUR LA SAISINE DE LA CIJ CONCERNANT LA DÉCLARATION UNILATÉRALE D’INDÉPENDANCE DU KOSOVO
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU MINISTRE SERBE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES SUR LA SAISINE DE LA CIJ CONCERNANT LA DÉCLARATION UNILATÉRALE D’INDÉPENDANCE DU KOSOVO
Le Ministre des affaires étrangères de la Serbie, M. Vuk Jeremić, a déposé aujourd’hui une demande officielle d’inscription à l’ordre du jour de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale d’un point intitulé « Demande d’avis consultatif à la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la conformité de la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo avec le droit international ».
Au cours d’une conférence de presse donnée au Siège de l’ONU à New York, après qu’il a remis sa demande officielle à la Vice-Secrétaire générale, M. Vuk Jeremić a estimé que la manière « la plus respectueuse des principes et la plus raisonnable » de surmonter les conséquences potentiellement déstabilisatrices de la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo, le 17 février 2008, est de déplacer la question de l’arène politique à l’arène juridique.
Sans attendre l’avis de la CIJ, il a exprimé la ferme conviction de son gouvernement que la déclaration d’indépendance est contraire au droit international, à la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité et à la Charte des Nations Unies. Le Ministre a dit ne pas voir pourquoi l’Assemblée générale empêcherait un État Membre « d’exercer son droit de poser une question » sur la légalité d’un « acte ethniquement motivé » et d’une « tentative de sécession ».
La Serbie, a-t-il rassuré, est fermement engagée à poursuivre un processus politique et diplomatique pour résoudre la question du Kosovo, en ayant comme objectif final et partagé par tous les pays de la région des Balkans, une adhésion à l’Union européenne. Or, a fait remarquer le Ministre, la déclaration unilatérale d’indépendance, qui est un véritable défi à la paix et à la stabilité de la région, a exacerbé la situation.
La demande d’inscription de la question que la Serbie invite le Bureau de l’Assemblée générale à examiner est « peut-être le texte le plus court de l’histoire des Nations Unies », a fait observer le Ministre des affaires étrangères. Le texte, a-t-il dit, ne contient aucune dimension politique et ne dit rien de la position de la Serbie sur la question.
« Nous cherchons tout simplement à déterminer si la déclaration unilatérale d’indépendance est légale ou illégale », a-t-il expliqué, en rappelant le débat qui divise la communauté internationale sur la reconnaissance ou non du Kosovo et sur l’existence ou non d’un dangereux précédent. Le Ministre a d’ailleurs rendu hommage aux pays, comme la Malaisie, qui prennent le temps de la réflexion.
« Je suis allé en Malaisie où j’ai parlé avec les plus hautes autorités de l’État », a confié le Ministre, en se félicitant d’autant plus de la décision malaisienne qu’il est plus sage d’attendre celle du Bureau de l’Assemblée générale puis l’avis consultatif de la CIJ.
« Nous voulons des directives claires », a ajouté le Ministre serbe des affaires étrangères, en particulier devant les « tristes évènements » liés à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des États auxquels le monde assiste aujourd’hui.
« On peut choisir la force ou s’en abstenir », a commenté M. Jeremić. Il a insisté sur le fait que son pays a choisi la deuxième voie et « demande aujourd’hui la solidarité de la communauté internationale ». Les questions de souveraineté et d’intégrité territoriale sont toujours très délicates et la saisine de la CIJ par la Serbie, a-t-il plaidé, doit servir de modèle pour des solutions durables dans les Balkans, le Caucase ou ailleurs. « Nous devons faire preuve de bon sens et se fonder sur ce qui est légal ou illégal et sur ce qui constitue une violation ou un acte de respect du droit international. »
« L’avis de la CIJ ne sera pas contraignant », a souligné le Ministre, faisant cependant remarquer qu’il serait « immoral de notre part de ne pas le respecter ». M. Jeremić a refusé de se prononcer sur l’attitude de la Fédération de Russie qui, d’un côté, rejette l’indépendance du Kosovo et, de l’autre, soutient celle de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.
Le Ministre a, en revanche, commenté brièvement la position russe contre l’adoption d’un texte dans lequel le Conseil de sécurité se félicite de l’arrestation de Radovan Karadzic. « Peut-être qu’avec les réformes, il sera possible d’améliorer le fonctionnement du Conseil mais pour l’heure, c’est la meilleure institution dont nous disposons », a-t-il répondu.
La Serbie, a-t-il affirmé, reste très attachée à honorer ses obligations internationales mais aussi à exercer ses droits. Le Ministre a rappelé que sur les 45 personnes inculpées par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), 43 sont déjà à La Haye dont Radovan Karadzic. La Serbie entend poursuivre ses efforts et clore ce chapitre avec, « naturellement » l’arrestation de Radko Mladic. Mais le Ministre n’a pas voulu « blâmer ceux qui, dans son pays, sont sceptiques face aux décisions parfois incompréhensibles du TPIY ».
Concernant la reconfiguration de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), le Ministre serbe des affaires étrangères a jugé qu’il s’agit « d’une mauvaise décision qui été prise sans un appui explicite du Conseil de sécurité ». « Le mal est fait », a-t-il regretté, en arguant que seul le Conseil de sécurité peut changer le mandat ou la configuration d’une opération de l’ONU, après s’être assuré de l’approbation de toutes les parties et en l’occurrence de la Serbie. Toute reconfiguration doit respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays dans lequel l’opération est déployée, a insisté le Ministre.
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