CONFÉRENCE DE PRESSE DE RADHIKA COOMARASWAMY, REPRÉSENTANTE SPÉCIALE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR LES ENFANTS ET LES CONFLITS ARMÉS
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE RADHIKA COOMARASWAMY, REPRÉSENTANTE SPÉCIALE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR LES ENFANTS ET LES CONFLITS ARMÉS
Radhika Coomaraswamy, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a fait part de son inquiétude cet après-midi concernant des cas signalés de détention de mineurs en Afghanistan, aussi bien par les autorités locales que par la Force multinationale. De retour d’un séjour dans ce pays, elle a reconnu toutefois que l’on en ignorait le nombre exact à ce stade, les chiffres variant considérablement selon les sources: il y aurait un seul cas, selon les autorités militaires américaines à Kaboul, une dizaine selon le Département d’État américain, davantage selon d’autres sources, a-t-elle rapporté. Ces jeunes reçoivent la visite du Comité international de la Croix-Rouge au moins une fois par mois, a-t-elle indiqué.
Mme Coomaraswamy, qui s’exprimait devant la presse au Siège des Nations Unies, s’est rendue en Afghanistan pour évaluer la situation des enfants alors que la situation générale sur le plan de la sécurité tend à se détériorer. Elle a indiqué qu’une grande inquiétude régnait partout dans le pays face à une insécurité croissante.
L’Afghanistan figure à l’ordre du jour du groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants dans les conflits armés, alors que des informations font état du recrutement de mineurs par les insurgés. Un débat est prévu sur cette question, mercredi après-midi, au Conseil de sécurité, a rappelé Mme Coomaraswamy, qui a souhaité que le Conseil se saisisse de cette question pour assurer une protection à ces jeunes détenus. La Représentante spéciale demande que soient clarifiées les conditions dans lesquelles les mineurs peuvent être emprisonnés.
Mme Coomaraswamy, qui était accompagnée au cours de cette visite de cinq jours, de Louis-Georges Arsenault, Directeur des programmes d’urgence de l’UNICEF, a rencontré de nombreux responsables afghans dont le Président Hamid Karzaï, des dignitaires religieux, ainsi que des représentants des organisations non gouvernementales. La délégation a séjourné à Kaboul ainsi que dans deux villes de province.
Mme Coomaraswamy a indiqué que ses interlocuteurs avaient attiré son attention sur le fait que des enfants se trouvaient souvent parmi les premières victimes de la reprise de la guerre, une situation qui, selon elle, n’est pas uniquement imputable aux partisans de l’ancien régime. « Nous avons rencontré de nombreuses victimes des Taliban mais aussi de la Force multinationale », a-t-elle précisé. Les interlocuteurs de la délégation de l’ONU, y compris des chefs religieux soutenant le Gouvernement, ont fait part de leur profond mécontentement face à l’attitude de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS). La FIAS a expliqué à la Représentante spéciale les nouvelles mesures qui avaient été prises pour éviter les « victimes collatérales ». « Il est indispensable, a commenté Mme Coomaraswamy, que les forces internationales prennent ces plaintes au sérieux » en faisant en sorte qu’elles soient traitées le plus sérieusement possible et que des indemnisations soient versées si nécessaire.
Quant au recrutement d’enfants soldats, a précisé la Représentante spéciale, les autorités afghanes ont confirmé que des mineurs de moins de 18 ans étaient enrôlés par les forces antigouvernementales, notamment depuis le Pakistan. Selon les sources afghanes auxquelles Mme Coomaraswamy a eu accès, il y a eu une augmentation de cette pratique au cours des six derniers mois. Les Taliban ont reconnu eux-mêmes qu’un tel comportement était illicite et ont édicté une règle selon laquelle il leur est interdit d’enrôler de jeunes garçons, a-t-elle souligné, tout en constatant que celle-ci n’était pas respectée. La Représentante spéciale a fait état d’au moins trois cas de mineurs ayant été embrigadés pour servir de bombe humaine, ces complots ayant été cependant déjoués. Qualifiant cette situation de « grave détérioration », Mme Coomaraswamy appelle les dignitaires religieux et les chefs de village à user de leur influence pour en finir avec ce genre de pratique. Du côté des autorités, on signale des cas de recrutement de jeunes mineurs auprès des forces de police, sans que ces jeunes soient pour autant formellement intégrés à des unités.
Par ailleurs, Mme Coomaraswamy est très préoccupée par les attaques menées contre des écoles. Elle a appelé les dirigeants régionaux et les chefs tribaux à s’unir pour protéger leurs établissements scolaires, ce qui a déjà été fait dans certaines zones. Elle estime nécessaire que soient prises des mesures pour protéger les écoles sans les militariser pour autant car cela met les enfants en danger. Elle a appelé les auteurs de ce genre d’attaques à « reconsidérer leur stratégie qui constitue une violation de toutes les normes de comportement civilisé codifié par le droit international et des enseignements de toutes les grandes religions ». Cette année, 83 écoles ont été attaquées depuis le début de l’année, contre 228 en 2007 pour un bilan de 75 morts cette année-là.
Mme Coomaraswamy a dénoncé par ailleurs les violences sexuelles exercées à l’encontre de jeunes garçons. Elle a mis en cause en particulier la pratique dite du « bacha bazi » consistant à livrer des mineurs au bon plaisir de seigneurs de la guerre, tout en soulignant que le sujet était tabou en Afghanistan. Une campagne doit absolument être lancée pour qu’une prise de conscience ait lieu et que l’on en finisse avec cette pratique, a-t-elle souligné, ce qui implique que des poursuites dissuasives soient engagées devant les tribunaux.
Enfin, la Représentant spéciale a appelé à ne plus mêler action militaire et action humanitaire, demandant aux parties prenantes de ne pas restreindre le champ d’action des organisations chargées de venir en aide à la population.
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