CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DES ENVOYÉS SPÉCIAUX DE l’ONU ET DE L’UNION AFRICAINE POUR LE DARFOUR
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CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DES ENVOYÉS SPÉCIAUX DE l’ONU ET DE L’UNION AFRICAINE POUR LE DARFOUR
Après leurs exposés devant le Conseil de sécurité, MM. Jan Eliasson et Salim Ahmed Salim, respectivement Envoyés spéciaux de l’Organisation des Nations Unies et de l’Union africaine pour le Darfour, ont tenu cet après-midi, une conférence de presse au Siège de l’Organisation. « Il faut maintenant centrer tous les efforts sur le contrôle de la situation en matière de sécurité et prendre des mesures pour une cessation crédible des hostilités », a déclaré M. Eliasson, précisant que cette responsabilité n’incombait pas uniquement aux Nations Unies, mais également à la communauté internationale et aux acteurs régionaux.
M. Eliasson a indiqué qu’en mobilisant tous les efforts pour contrôler la situation en matière de sécurité, il serait peut-être possible de créer un environnement propice aux pourparlers de paix. À cet égard, il s’est félicité que les membres du Conseil de sécurité appuient pleinement la nomination d’un médiateur en chef commun.
Toutefois, il a rappelé, qu’outre la situation à l’intérieur du Darfour, il faudrait traiter de la détérioration des relations entre le Nord et le Sud-Soudan et de la normalisation des relations entre le Tchad et le Soudan. Il a souligné que sans cette normalisation, il n’y aura pas de paix au Darfour et a affirmé que cela était aussi de la responsabilité de tous les États Membres qui, dans le cadre de leurs relations bilatérales, peuvent exercer une influence sur le Soudan et le Tchad.
« Nous avons atteint une certaine impasse politique et devons revoir notre stratégie, a pour sa part estimé M. Salim. Dans cette perspective, les deux Envoyés spéciaux ont affirmé qu’il ne serait pas possible de progresser, sans une unité à l’échelle mondiale, pour mobiliser tous les efforts.
Interrogé sur les capacités de l’Opération hybride de l’union africaine-ONU au Darfour, M. Salim a fait remarquer que cette Mission avait, à l’heure actuelle, déployé 10 000 hommes sur les 26 000 prévus par le mandat du Conseil de sécurité. Il a estimé essentiel de déployer cette Mission plus rapidement et de lui fournir l’équipement dont elle a besoin.
Illustrant aussi l’importance du déploiement de la MINUAD, M. Eliasson a noté qu’un des dirigeants rebelles, M. Abdul Wahid, insistait sur l’existence d’un « minimum sécuritaire » sur le terrain avant d’accepter de prendre part au processus politique. Tout en admettant que ce minimum n’était pas en place pour l’instant, il a rappelé que la MINUAD devrait être déployée à 80% d’ici à la fin de l’année et a estimé qu’on pouvait donc s’attendre à une amélioration de la situation en matière de sécurité.
Alors qu’un journaliste a qualifié les pourparlers d’Arusha, en août dernier, de « moment d’optimisme », les Envoyés spéciaux ont partagé ce sentiment et rappelé que la question de la division et de la désintégration des mouvements rebelles constituait une grande préoccupation dans ce processus. M. Salim a précisé que le Conseil de sécurité et la communauté internationale devaient signifier à toute personne entravant le processus, soit du côté rebelle soit du côté gouvernemental, qu’elle en subirait les conséquences.
Concernant l’attaque du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) sur Khartoum à la mi-mai, M. Eliasson a rappelé que les deux Envoyés spéciaux avaient passé beaucoup de temps avec les leaders du Mouvement, deux semaines avant cet incident. « Nous avons fermement souligné qu’il n’y avait pas de solution militaire et qu’un tel geste aurait des conséquences et ouvrirait la voie à une escalade de la violence », a-t-il expliqué. Toutefois, il a admis que le chef du JEM n’avait pas été très sensible à ces arguments.
Il a également constaté que le Gouvernement soudanais considérait maintenant le JEM comme un groupe terroriste. M. Eliasson a insisté sur la nécessité d’ouvrir des voies de communication avec toutes les parties. Dans les conflits, il faut parler à son ennemi qui, demain, sera partie aux négociations, a-t-il dit.
S’agissant de la question d’une possible pénurie alimentaire au Darfour, l’Envoyé spécial des Nations Unies a indiqué qu’il existait en effet un problème d’accès de l’assistance, en raison de la situation humanitaire, difficulté à laquelle viendrait s’ajouter la prochaine saison des pluies. Dans ce contexte, il a estimé qu’une escalade de la violence pourrait mener à une crise humanitaire massive au Darfour et a donc réitéré la nécessité de contrôler la situation sécuritaire.
Pour ce qui est de la radicalisation possible des camps de déplacés, M. Salim a indiqué que des milliers de personnes étaient confinées dans ces sites, sans espoir immédiat. Il a reconnu qu’il existait des tentatives pour infiltrer des armes dans les camps, ce qui pourrait selon lui créer un véritable problème.
Enfin, interrogés sur la relation entre leur travail et les mandats d’arrêt lancés par la Cour pénale internationale, les Envoyés spéciaux ont souligné qu’il ne faudrait pas laisser place à l’impunité, tout en admettant que ce processus parallèle pouvait être difficile dans un contexte de négociations.
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