CONFÉRENCE DE PRESSE SUR L’EXCLUSION DONT SONT VICTIMES LES PERSONNES PORTEUSES DU VIH/SIDA ET LES GROUPES MARGINALISÉS À RISQUES
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CONFÉRENCE DE PRESSE SUR L’EXCLUSION DONT SONT VICTIMES LES PERSONNES PORTEUSES DU VIH/SIDA ET LES GROUPES MARGINALISÉS À RISQUES
L’exclusion, la discrimination, et la criminalisation dont sont victimes les porteurs du VIH/sida et les membres de communautés marginalisées dans le monde ont été vivement dénoncées aujourd’hui lors d’une conférence de presse associant groupes religieux, travailleurs du sexe, minorités sexuelles et utilisateurs de drogues. Devant la propagation de la pandémie du VIH/sida qui fait qu’aujourd’hui 33,2 millions de personnes à travers le monde, soit 1 personne sur 200, vivent avec le virus, un plaidoyer a été lancé pour que les travailleurs du sexe, utilisateurs de drogues et minorités sexuelles soient enfin entendus. Ils sont en première ligne des efforts de prévention du VIH/sida, disposant d’informations et d’une expérience de première main, mais leur contribution n’est pas reconnue, ont indiqué les participants.
Le révérend Johannes Petras Heath, qui représentait le Réseau mondial des dirigeants religieux vivant avec le VIH/sida ou étant personnellement touchés par la pandémie, a dénoncé la gestion de la pandémie par plus de 70 pays à travers le monde. Ces pays imposent des restrictions à la liberté de mouvement des individus simplement sur la base de leur séropositivité, a dénoncé le révérend Petras. Dix des 15 membres actuels du Conseil de sécurité des Nations Unies, a-t-il ajouté, et trois de ses membres permanents, à savoir les États-Unis, la Fédération de Russie et la Chine, refusent l’entrée de leur territoire aux individus vivant avec le VIH. Il faut noter que la République de Corée qui est le pays d’origine du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, fait partie de ces pays, a-t-il précisé en estimant qu’il n’existe pourtant aucune preuve que de telles restrictions limitent la propagation du VIH/sida. Au contraire, elles incitent les individus à ne pas se prêter à des tests de dépistage et à ne pas prendre leurs médicaments. Nous devons disposer de lois qui garantissent la liberté de mouvement des individus dans le monde, a préconisé le révérend Petras.
Pour Robert Carr, qui représentait la Coalition des communautés vulnérables des Caraïbes, il est important de réaliser que nous sommes liés les uns aux autres et que cette pandémie, qui affecte aujourd’hui certaines populations, sera demain généralisée. M. Carr a dénoncé la perception selon laquelle des progrès importants auraient été réalisés dans la manière dont les hommes qui ont des relations avec des hommes sont perçus. Dans les pays en développement, où se trouvent 95% des personnes contaminées par le virus du VIH/sida, les politiques mises en place et les cultures nationales sont devenues de plus en plus hostiles à ce groupe de personnes, a indiqué M. Carr. Ainsi, a-t-il signalé, le Président d’un pays africain a indiqué qu’il décapiterait les homosexuels de son pays tandis que le Premier Ministre de la Jamaïque a déclaré qu’il n’y aura jamais d’homosexuels dans son Cabinet. Dans l’ensemble du monde en développement, les communautés homosexuelles connaissent des niveaux de contamination élevés et souffrent de la détérioration de leurs droits sociopolitiques. Sans un profond respect pour l’humanité entière, a encore signalé Robert Carr, les gains acquis seront perdus au profit de l’exclusion.
Suis-je invisible? a demandé pour sa part Laxmi Tripathi qui représentait au cours de la conférence de presse ASTIVA, une organisation de défense des droits des transsexuels. Nous sommes la seule minorité qui soit visible, mais qui est traitée comme si elle n’existait même pas. Quel est le gouvernement au monde qui nous ait jamais accordé la moindre attention et pris en compte? a-t-elle demandé. Et les Nations Unies? l’ont-elles fait? Jamais, a répondu Laxmi Tripathi. C’est la première fois qu’un transsexuel fait partie d’un groupe de travail de la société civile, a-t-elle encore fait remarquer. Partout dans le monde, les communautés transsexuelles sont contraintes de mendier ou de se prostituer car il n’existe pas de volonté politique leur permettant de jouir de droits de base comme l’accès à l’éducation, aux soins de santé ou encore à la propriété foncière.
L’absence de ressources consacrées à l’aide aux utilisateurs de drogues injectables a été dénoncée par Stijn Goossens du Réseau international des utilisateurs de drogues, alors que 10% des nouvelles infections au VIH qui se produisent dans le monde ont lieu parmi les utilisateurs de drogues, a-t-il signalé. Stijn Goossens a aussi critiqué les politiques discriminatoires à l’égard des toxicomanes qui disposent d’un accès limité, voire inexistant, aux soins. Il a aussi demandé que la perception criminelle que l’on a des utilisateurs de drogues change et laisse la place à une approche de santé publique.
Aux questions des journalistes, Meena Seshu, qui s’exprimait au nom de SANGRAM, une association de défense des travailleurs du sexe, a dans un premier temps établit une distinction claire entre la notion de travailleurs du sexe, qui doit être comprise comme une activité d’échange de services sexuels sur une base consensuelle, et la traite des êtres humains qui ne l’est pas. Cet amalgame, a-t-elle insisté, est source de division au sein des groupes de défense des droits de la femme, et des cercles politiques et universitaires, ce qui freine l’adoption de lois adéquates. Dans certains pays, en raison de la criminalisation de la demande, l’industrie de la prostitution est repassée dans les mains des hommes qui cherchent à se protéger de poursuites judiciaires, a dit la représentante de SANGRAM. Meena Seshu a insisté sur la contribution que peuvent apporter les travailleurs du sexe qui, en raison de leur connaissance de terrain, peuvent contribuer largement à atténuer le phénomène de la traite des êtres humains et de la diffusion de la pandémie.
Abordant la situation qui prévaut en Inde, elle a expliqué que le scenario classique veut que l’épouse prenne soin de son mari séropositif et qu’à sa mort, elle soit jetée à la rue avec ses enfants si ceux-ci sont séropositifs. Dans le cas contraire, ils lui sont enlevés. Elle a également cité l’exemple de cette migrante illégale en Malaisie, qui en raison de son statut de séropositif a été déportée en Inde, son pays d’origine. Celui-ci a refusé de la laisser entrer sur le territoire indien. Il faut mettre fin à ce genre de traitement inhumain, a-t-elle dit.
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