CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LA SITUATION ET LES PERSPECTIVES DE L’ÉCONOMIE MONDIALE
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CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LA SITUATION ET LES PERSPECTIVES DE L’ÉCONOMIE MONDIALE
C’est un tableau économique mondial plus pessimiste qu’au mois de janvier que M. Jomo Kwame Sundaram, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, et M. Rob Vos, Directeur de la Division de l’analyse des politiques de développement du Département des affaires économiques et sociales, ont dressé ce matin alors qu’ils présentaient la mise à jour semestrielle du rapport « Situation et perspectives de l’économie mondiale ».
Lors d’une conférence de presse, au Siège des Nations Unies, ils ont noté que la situation actuelle était dominée par la persistance de la crise des marchés financiers américains et par la crise alimentaire mondiale, indiquant qu’un ralentissement économique mondial était à prévoir pour 2008 et 2009.
M. Sundaram a particulièrement insisté sur la hausse des denrées alimentaires, affirmant qu’il faudrait parvenir à un nouveau consensus en faveur d’une sécurité alimentaire renforcée. Il a aussi déclaré qu’il était nécessaire d’aborder les questions complexes qui ont entraîné la crise alimentaire mondiale actuelle.
Depuis des années, l’agriculture en général et les cultures alimentaires en particulier ont été quasiment ignorées par les institutions internationales, aussi bien financières que celles chargées des questions de l’alimentation et l’agriculture, et par de nombreux gouvernements, a-t-il regretté. C’est pourquoi, il a plaidé pour la mise en place de politiques, d’infrastructures et d’institutions publiques dans ce secteur, accompagnées d’un accroissement des dépenses publiques en faveur de la production alimentaire et de la productivité agricole.
M. Sundaram a rappelé qu’environ un milliard de personnes souffraient de faim chronique dans le monde mais que le nombre de personnes affectées par l’insécurité alimentaire –en carence nutritionnelle ou vitaminique- atteignait probablement 3 milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale. Le manque de nourriture est toutefois rarement à l’origine de la faim. Les produits alimentaires sont abondants mais les gens n’ont pas les moyens de les acheter, a-t-il fait remarquer, en constatant que c’était aussi le cas dans la crise actuelle.
Parmi les facteurs qui ont mené à la crise alimentaire, M. Sundaram a indiqué que l’usage des terres avait changé au cours des dernières décennies, alors qu’une plus grande proportion est maintenant destinée à des objectifs non agricoles. De même, une plus grande part des terres agricoles n’est pas consacrée à des produits alimentaires. Le Sous-Secrétaire général a aussi fait valoir que la hausse des revenus au niveau mondial s’était traduite par une hausse de la consommation alimentaire.
En outre, M. Sundaram a souligné d’une part la concentration de pouvoir des grandes entreprises agricoles, qui a affecté les petits agriculteurs, et d’autre part les subventions agricoles consenties par les pays riches à leur secteur agricole, qui ont sapé la production de nombreux pays en développement.
Intervenant à son tour, M. Vos a estimé que la crise alimentaire était liée à la dévaluation du dollar et à la situation des marchés financiers alors que de nombreux investisseurs avaient choisi le marché des produits de base, créant ainsi une volatilité accrue et alimentant la hausse des prix. Selon lui, la crise alimentaire nécessite des solutions plus structurelles et à long terme.
S’agissant du rapport « Situation et perspectives de l’économie mondiale », dont il est l’auteur, M. Vos a indiqué que la mise à jour de ce document offrait un scénario plus pessimiste que lors de son lancement en janvier. Il a noté qu’il existait une incertitude quant à la durée de la crise immobilière et du crédit aux États-Unis, à la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires et qu’on s’attendait à une nouvelle dévaluation du dollar.
Selon le scénario le plus probable mis en avant par ce rapport, M. Vos a expliqué que le taux moyen de croissance des pays développés devrait être de moins de 1% en 2008 et en 2009. Les pays en développement, qui ont connu une croissance plus rapide ces dernières années, seraient les plus touchés, avec un ralentissement des grandes économies et un impact important sur les pays les moins avancés (PMA). M. Vos a en outre indiqué que toutes les régions connaîtraient un ralentissement, ce qui entraverait les efforts pour parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement, particulièrement en Afrique.
Avant de conclure, M. Vos a insisté sur la question de la hausse des prix du pétrole, facteur central du ralentissement de la croissance économique mondiale. Dans les années à venir, la demande pourrait diminuer mais les prix resteront élevés malgré une légère baisse, à 95 dollars le baril en 2008 et 90 dollars le baril en 2009, a-t-il précisé. Il a noté que malgré le ralentissement économique, les prix resteraient élevés en raison de pressions du côté de l’offre et de la spéculation.
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