CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU ET DU COORDONNATEUR DES SECOURS D’URGENCE SUR LA SITUATION HUMANITAIRE AU MYANMAR
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU ET DU COORDONNATEUR DES SECOURS D’URGENCE SUR LA SITUATION HUMANITAIRE AU MYANMAR
Onze jours après le passage du cyclone Nargis au Myanmar, le Secrétaire général de l’ONU a tenu à exprimer « sa profonde préoccupation et son immense frustration » face à la lenteur « inacceptable » de la réponse à la grave crise humanitaire qui touche aujourd’hui quelque 1,5 million de personnes après avoir provoqué la mort de 31 938 et porté disparu 34 460 autres, selon les chiffres « officiels » du Gouvernement du Myanmar « qui vit un isolement qu’il s’est lui-même imposé ».
Nous sommes parvenus à un point critique, a alerté M. Ban Ki-moon, au cours de la conférence de presse qu’il a tenue aujourd’hui au Siège de l’ONU à New York, aux côtés de son Coordonnateur des secours d’urgence, M. John Holmes. Le Secrétaire général a lancé un appel, « dans les termes les plus vigoureux», au Gouvernement du Myanmar pour qu’il place le bien-être de son peuple avant toute chose et évite que la catastrophe ne s’aggrave.
Je souligne qu’il ne s’agit pas de politique mais de la vie des gens et nous n’avons plus une seconde à perdre, s’est impatienté le Secrétaire général, en jugeant qu’il sera toujours temps plus tard « de parler politique et droits de l’homme ». Devant l’ampleur de la catastrophe, la question est d’obtenir du Gouvernement du Myanmar qu’il accepte une aide militaire extérieure qui viendrait exclusivement des pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), a avoué M. John Holmes.
M. Ban Ki-moon a en effet révélé qu’il a tenté en vain d’entrer en contact avec le général Than Shwe. Je viens, a-t-il confié, de lui adresser ma deuxième lettre depuis le passage du cyclone. À ce stade, s’est inquiété le Secrétaire général, les Nations Unies n’ont réussi à apporter une « assistance rudimentaire » qu’à un tiers des survivants, soit 270 000 personnes. Invoquant les estimations du Programme alimentaire mondial (PAM), M. Ban Ki-moon a prévenu que le volume d’aide alimentaire que le Gouvernement a accepté jusqu’ici ne représente qu’un peu moins du vingtième de l’aide nécessaire alors que le pays est au bord d’une pénurie de riz. À long terme, a d’ailleurs précisé le Coordonnateur des secours d’urgence, les efforts devront se porter sur la riziculture pour éviter une véritable insécurité alimentaire.
Nous ne pouvons toujours pas organiser l’appui logistique qui s’impose, a encore dénoncé le Secrétaire général de l’ONU, en expliquant un plan consistant à créer une base logistique, « probablement en Thaïlande » pour assurer un acheminement « systématique et ordonné ». Notant quelques « signes encourageants » comme l’atterrissage aujourd’hui de huit vols humanitaires dont un des États-Unis, le Secrétaire général a insisté sur le fait qu’il faut faire plus car sans une conjugaison de ressources et d’équipements nationaux et internationaux, la réponse ne sera jamais à la hauteur des besoins.
Le Secrétaire général a exprimé le sentiment « d’immense frustration, voire d’angoisse » qui prévaut chez les dirigeants du monde. Il a indiqué que depuis vendredi dernier, il a parlé, entre autres, avec ceux de la Thaïlande, de l’Indonésie, de l’Australie, de l’Allemagne, du Canada et de la Norvège ainsi qu’avec la Secrétaire d’État américaine, avant de contacter aujourd’hui les dirigeants de l’Inde et de Singapour. Les autorités chinoises avec qui j’ai parlé aussi, a clarifié le Secrétaire général, jouent un rôle constructif et ont promis de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir la coopération de Myanmar. Le Secrétaire général a d’ailleurs dit « sa tristesse et sa sympathie » aux victimes du tremblement de terre qui a secoué aujourd’hui le sud-ouest de la Chine.
Le Myanmar, a-t-il poursuivi, peut se relever de cette catastrophe si elle la gère efficacement. Sinon, le pays risque de faire un bond en arrière de plusieurs années. Il y va « de la responsabilité et du rôle particuliers » des voisins immédiats du Myanmar d’obtenir la pleine coopération du Gouvernement, a tranché M. Ban Ki-moon.
Qu’en est-il du Conseil de sécurité? La question doit rester humanitaire, a souligné le Secrétaire général en rappelant « l’histoire » du Conseil sur le Myanmar et les opinions divergentes sur le fait que le pays représente ou non une menace à la paix et à la sécurité internationales. Ce que nous voulons c’est aider le peuple du Myanmar et minimiser les sacrifices « inutiles » auxquels il consent actuellement.
Les besoins les plus cruciaux concernent la nourriture, l’eau potable, les abris et les médicaments, a indiqué le Coordonnateur de secours d’urgence, M. John Holmes, en rendant compte du travail des équipes d’évaluation. La météorologie annonçant de lourdes pluies, nous craignons maintenant l’irruption de maladies infectieuses, s’est-il alarmé face à un processus d’acceptation de l’aide « lent et tortueux ».
Quoiqu’allégés, les obstacles bureaucratiques subsistent, a-t-il dénoncé en indiquant qu’à ce jour, alors qu’il faut des centaines d’agents humanitaires sur le terrain, l’ONU n’a reçu que 34 visas. Pour les ONG, la situation est encore moins encourageante, a-t-il souligné.
Au titre des bonnes nouvelles, M. John Holmes s’est félicité que le PAM, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) aient pu faire atterrir des avions et que des navires affrétés par la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et l’ONG Save the Children soient arrivés à quai. Mais, a-t-il nuancé, les mouvements vers la région du delta sont encore difficiles.
Le Coordonnateur des secours d’urgence a dû réitérer à la presse que le Gouvernement du Myanmar ne reste pas les bras croisés mais « il aurait pu faire plus, en particulier en impliquant davantage l’armée dans les efforts de secours », a-t-il estimé. Des membres du Gouvernement sont d’ailleurs en contact avec le Coordonnateur résident de l’ONU mais « nous sommes dans un régime où les décisions viennent toujours d’en haut », a expliqué M. John Holmes en voyant là une raison possible de la lenteur des choses.
Revenant à l’Appel-éclair lancé vendredi dernier pour collecter une somme de 187 millions de dollars, le Coordonnateur des secours d’urgence a donné une autre bonne nouvelle après les 77 millions de dollars promis le même jour. L’Australie vient d’annoncer une contribution de 10 millions de dollars, s’est-il réjoui avant d’indiquer qu’OCHA a débloqué une somme de 22,3 millions du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires (CERF). Quant au rôle des multinationales qui opèrent au Myanmar, le Coordonnateur des secours d’urgence a déclaré que leur aide est la bienvenue. Il a annoncé que Total a proposé d’offrir gratuitement du carburant.
« On fait tout pour vous aider, a dit le Coordonnateur des secours d’urgence au peuple du Myanmar. On fait tout pour vous joindre ». Le Coordonnateur des secours d’urgence a jugé « tout à fait irréaliste et peu constructif » la décision du régime d’organiser dans deux semaines le référendum constitutionnel dans les régions affectées par le cyclone. Le reste du pays s’est prononcé samedi dernier.
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