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Conférence de presse

CONFÉRENCE DE PRESSE SUR L’OUVERTURE DE LA SEPTIÈME SESSION DE L’INSTANCE PERMANENTE SUR LES QUESTIONS AUTOCHTONES

21/04/2008
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE SUR L’OUVERTURE DE LA SEPTIÈME SESSION DE L’INSTANCE PERMANENTE SUR LES QUESTIONS AUTOCHTONES


Le savoir autochtone doit être au cœur des efforts de lutte contre les changements climatiques, ont estimé, ce matin, les participants à une conférence de presse pour marquer l’ouverture de la septième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones, qui est cette année consacrée à cette question.


Rappelant que les changements climatiques étaient le thème spécial de cette session, Mme Victoria Tauli-Corpuz, Présidente de l’Instance permanente, a déclaré que les peuples autochtones connaissaient bien, tout en les subissant depuis longtemps, les effets de ce phénomène puisqu’ils vivaient en étroite relation avec la terre.


Les peuples autochtones ont une relation unique avec la nature et estiment qu’ils ont une obligation morale de la protéger pour les générations futures, a renchéri M. Ahmed Djoghlaf, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, qui participait également à cette conférence de presse.


Tous deux ont souligné l’importance de cette session pour mettre en lumière les défis particuliers liés à la dégradation environnementale auxquels étaient confrontés les peuples autochtones ainsi que la nécessité de préserver et promouvoir leur savoir traditionnel dans la lutte contre les changements climatiques.


Après s’être félicitée du nombre sans précédent de participants à cette session, soit 3 300 personnes, Mme Tauli-Corpuz a indiqué que les travaux de l’Instance permanente mettraient notamment l’accent sur l’impact négatif que peuvent avoir les mesures d’atténuation des changements climatiques sur les communautés autochtones.  Ainsi, elle a souligné les problèmes liés à la culture de biocombustibles qui peuvent engendrer, selon elle, une violation des droits des peuples autochtones en ce qui concerne la terre.


Elle a précisé que l’attribution des terres pour la production d’huile de palme avait par exemple déplacé des milliers de personnes autochtones en Indonésie ou en Malaisie, et que le même phénomène apparaissait au Brésil ou en Argentine, en raison des cultures intensives de soja ou de maïs.  De même, elle a estimé que la construction de barrages, en faveur de sources d’énergies renouvelables, ou la réquisition de forêts pour absorber les émissions de gaz à effet de serre, affectaient l’habitat de ces peuples.


Dans ce contexte, Mme Tauli-Corpuz a annoncé que l’Instance permanente ferait un certain nombre de recommandations concernant les peuples autochtones et les changements climatiques.  Parmi celles-ci, elle a noté que l’Instance permanente souhaitait que les populations autochtones participent à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et au Protocole de Kyoto et demanderait donc l’établissement d’un groupe de travail ad hoc prenant en compte leurs intérêts.


La Présidente de l’Instance a aussi souhaité que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) établisse un rapport sur les conséquences des changements climatiques en ce qui concerne le savoir traditionnel.  Elle a par ailleurs demandé que les capacités des communautés autochtones soient renforcées afin qu’elles puissent participer à l’élaboration des politiques nationales de lutte contre les changements climatiques, notamment par le biais de systèmes énergétiques contrôlés localement.


Dans son intervention, M. Ahmed Djoghlaf, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, a insisté, quant à lui, sur le rôle de ce texte dont un des objectifs centraux vise à promouvoir et préserver le savoir autochtone, notamment par le biais d’une équipe spéciale consacrée à la sauvegarde de cet héritage.


Les peuples autochtones, a-t-il rappelé, pratiquent depuis longtemps le développement durable.  C’est pourquoi, leurs connaissances devraient être prises en compte dans la lutte contre les changements climatiques.  Par ailleurs, il a mis en avant la relation étroite qui existe entre la biodiversité et la diversité culturelle.  Quand on commence à perdre la diversité biologique, on perd aussi la diversité culturelle et donc son identité, a-t-il précisé.


Illustrant l’effet des changements climatiques sur les peuples autochtones, M. Fiu Elisara, Directeur général de la société Ole Siosiomaga Incorporated de Samoa, a indiqué que 15 petits États insulaires en développement étaient menacés de disparition dans la région Pacifique.  C’est une question de vie ou de mort pour beaucoup d’entre nous, a-t-il lancé, en rappelant que 90% de la population de cette région était autochtone.


Il a estimé que la Convention sur la diversité biologique et celle sur les changements climatiques devraient travailler ensemble et, avant tout, ne pas se limiter à une perspective commerciale.  Le développement durable doit être réel et ne pas se restreindre à un développement économique, mais prendre plutôt en compte les piliers social et environnemental, a-t-il affirmé.  La lutte contre les changements climatiques tend à être de plus en plus considérée comme une action économique plutôt qu’une priorité pour sauver la planète. 


Interrogée sur la manière de traduire la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, Mme Tauli-Corpuz a admis que cette tâche n’était pas facile.  Cela dépend souvent du leadership du pays, a-telle dit, en donnant l’exemple de la Bolivie qui a déjà incorporé ce texte dans sa législation nationale.  Par ailleurs, elle a fait part de l’intention d’ajouter la question du suivi de l’application de cette Déclaration à l’ordre du jour de l’Instance permanente. 


En réponse à une question sur le contrôle qu’ont les personnes autochtones sur leurs ressources, M. Djoghlaf a insisté sur l’importance de finaliser les négociations actuelles sur l’accès et le partage des ressources génétiques.  Il a estimé qu’un régime international sur cette question serait en place d’ici à 2010. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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