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Conférence de presse

CONFÉRENCE DE PRESSE SUR L’IMPACT DES CONFLITS ARMÉS SUR LES ENFANTS AU SRI LANKA

14/04/2008
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE SUR L’IMPACT DES CONFLITS ARMÉS SUR LES ENFANTS AU SRI LANKA


Au Sri Lanka, où l’on assiste à une escalade du conflit armé, « il n’existe virtuellement aucune sécurité pour les enfants », affirment les auteurs d’un rapport, publié ce matin, sur l’impact des conflits armés sur les enfants au Sri Lanka.  Plusieurs organisations non gouvernementales ont ainsi appelé, lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies à New York, à une action immédiate de la part de la communauté internationale, en particulier du Conseil de sécurité.


« Chaque jour, les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), les forces armées gouvernementales et les groupes paramilitaires, telle que la branche armée du Tamil Makkal Viduthalai Pulikal (TMVP), commettent des crimes abominables contre les enfants », a expliqué Mme Julia Freedson, de Watchlist on Children and Armed Conflict, présentant le nouveau rapport* de ce réseau mondial d’organisations non gouvernementales basé à New York.  « Nous sommes ici aujourd’hui aux Nations Unies car tout le système de l’ONU, en particulier le Conseil de sécurité, a l’obligation de faire en sorte que ces enfants puissent être protégés », a-t-elle ajouté.


Le rapport de Watchlist on Children and Armed Conflict, intitulé en anglais « No Safety No Escape » (Ni sécurité ni fuite), détaille les violations dont sont victimes les enfants sri-lankais, comme les assassinats et les meurtres, les viols et autres formes de violences sexuelles, les enlèvements, le refus d’assistance humanitaire, les attaques contre les écoles et les hôpitaux, leur enrôlement et leur utilisation dans des groupes et forces armés, les déplacements forcés, les arrestations arbitraires, les assassinats extrajudiciaires, les tortures ou les trafics.


Le rapport fournit également un certain nombre de recommandations pratiques au Gouvernement du Sri Lanka, au LTTE, au TMVP, au Conseil de sécurité des Nations Unies, au Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés établi par la résolution 1612 (2005) du Conseil, à la communauté humanitaire opérant au Sri Lanka, aux donateurs et aux autres gouvernements.


« Ce rapport intervient à temps, en raison de la détérioration de la situation humanitaire au Sri Lanka », a estimé Mme Bhavani Fonseka, du Centre de politiques alternatives, lors de cette même conférence de presse.  Il s’agit-là d’un « rapport très complet » et unique qui, selon elle, « peut être utilisé par les dirigeants comme un indicateur autant qu’un plaidoyer pour s’assurer que les droits des enfants soient protégés dans le conflit armé au Sri Lanka ».


Mme Fonseka a souligné que l’on assistait depuis novembre 2005 à une escalade du conflit lequel, en deux décennies, a déjà fait plus de 67 000 morts.  Selon les chiffres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), plus de 180 personnes ont été tuées au cours des trois derniers mois.

Pour Mme Fonseka, le rapport publié ce matin ne décrit que le « reflet d’une situation et non la situation réelle ».  À entendre les populations sur le terrain, « les violations horribles des droits de l’homme contre les enfants sont beaucoup plus étendues et profondes », a-t-elle ajouté, relatant une « diminution du champ d’action du personnel humanitaire et des défenseurs des droits de l’homme » ainsi qu’un « effondrement total de toutes les formes d’enquêtes et de rapports ».  « Il n’y a au Sri Lanka aucun organisme national de contrôle de la situation des droits de l’homme et aucune enquête indépendante et crédible », a-t-elle dit.


La représentante du Centre de politiques alternatives a ainsi mis l’accent sur l’une des recommandations du rapport qui préconise l’intervention d’un mécanisme international de contrôle indépendant pour « recenser et vérifier les violations des droits de l’homme et des enfants ».  De même, a-t-elle souhaité l’envoi rapide au Sri Lanka d’une délégation du Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés du Conseil de sécurité.  Elle a enfin appelé le Gouvernement sri-lankais à assurer la protection des personnels humanitaires sur le terrain et des défenseurs des droits de l’homme, victimes au cours des deux dernières années, de meurtres, de violences, d’enlèvements et de menaces.


De son côté, Mme Jo Becker, de l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch, a indiqué que le LTTE avait recruté depuis deux décennies « des milliers et des milliers d’enfants ».  Le LTTE comprend également dans ses rangs la plus forte proportion de filles de tous les groupes armés dans le monde, celle-ci dépassant les 40%, a-t-elle précisé.  De l’avis de Mme Becker, « de nombreux enfants sont enrôlés par la force et les menaces contre leurs familles ».  « Le LTTE est l’un des 14 groupes cités dans chacun des rapports du Secrétaire général au Conseil de sécurité sur les enfants dans les conflits armés », a-t-elle poursuivi, notant qu’il avait continué de recruter des enfants pendant les quatre ans de cessez-le-feu.  Selon les données de l’UNICEF, depuis janvier 2002, 6 259 enfants ont ainsi été enrôlés, soit un tiers environ du total estimé.


Mme Becker a en outre fait état des recrutements et des enlèvements d’enfants pratiqués par l’aile militaire du TMVP, qui lutte contre le LTTE avec la collaboration du Gouvernement sri-lankais.  « Le TMVP a enrôlé activement des enfants depuis le début de l’année 2006 », a-t-elle dit, mentionnant les 463 cas relevés par l’UNICEF.  Ce chiffre, a-t-elle précisé, est probablement en dessous de la réalité.  « Le rôle du Gouvernement doit être traité », a-t-elle en outre affirmé, accusant celui-ci d’être complice dans l’enlèvement et le recrutement d’enfants par le biais de la branche armée du TMVP.


* Le rapport complet de Watchlist on Children and Armed Conflict est publié sur le site www.watchlist.org.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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