CONFÉRENCE DE PRESSE DU COORDONNATEUR DES OPÉRATIONS HUMANITAIRES DES NATIONS UNIES AU TCHAD, M. KINGSLEY AMANING
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU COORDONNATEUR DES OPÉRATIONS HUMANITAIRES DES NATIONS UNIES AU TCHAD, M. KINGSLEY AMANING
« Le monde doit savoir ce qui se passe au Tchad, les souffrances interminables, les violations des droits de l’homme, la dignité et la sécurité de centaines de milliers de personnes bafouées depuis des années », a déclaré le Coordonnateur des opérations humanitaires des Nations Unies au Tchad.
M. Kingsley Amaning a présenté un sombre tableau de la situation dans ce pays lors d’une conférence de presse organisée aujourd’hui au Siège. S’adressant aux journalistes, il a souhaité que leurs articles et comptes rendus permettent de sensibiliser l’opinion publique à une crise humanitaire dont l’ampleur dépasse pour l’heure les capacités de réponse de la communauté internationale.
« Non seulement la crise s’aggrave depuis 2006, mais elle devient également de plus en plus complexe à appréhender », a précisé M. Amaning, qui a expliqué que la barre des 250 000 réfugiés soudanais à l’est du Tchad serait bientôt atteinte. Il a déclaré que ce nombre continuerait d’augmenter tant qu’aucun accord durable de paix n’aura été trouvé pour mettre fin à la crise du Darfour. « Les violences dans cette région poussent les gens sur les routes, et les déplacés d’aujourd’hui à la frontière soudano-tchadienne seront les réfugiés de demain dans des camps qui ont déjà dépassé leurs capacités d’accueil », a-t-il encore prévenu.
M. Amaning a noté que la crise humanitaire au Tchad avait des conséquences « catastrophiques » à plusieurs niveaux. Il a d’abord expliqué que plus la population des camps augmente, plus l’insécurité s’accroît dans ces zones marquées également par une prolifération d’armes approvisionnant les factions rebelles. « Les conséquences sont également catastrophiques pour les Tchadiens eux-mêmes, dont les échanges commerciaux avec les pays voisins sont devenus quasi impossibles. » M. Amaning a ajouté que les Tchadiens manquaient d’eau, de nourriture, de bois, de carburant et de matériels de santé du fait de mouvements de populations qui devraient se poursuivre en 2008.
« Les difficultés rencontrées par les travailleurs humanitaires sont énormes », a poursuivi le Coordonnateur, l’accès aux populations les plus vulnérables étant sans cesse compliqué par les conditions climatiques extrêmes, la longueur des distances à parcourir et les attaques dont ils font l’objet. « En deux ans, 80 véhicules humanitaires ont été pris pour cible, a-t-il dit, ce qui compromet gravement le déploiement de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) dans des conditions acceptables. » M. Amaning a déclaré que le nombre de réfugiés centrafricains au Tchad s’élèverait bientôt à près de 60 000, ce qui va contribuer, selon lui, à amplifier un défi logistique que seuls les gouvernements, en étroite coopération avec la communauté internationale, seront en mesure de relever.
Il a ensuite déploré qu’à ce stade, 2% seulement des 280 millions de dollars de l’Appel humanitaire pour 2008 aient été reçus. « Mais au-delà des ressources financières, a dit le Coordonnateur, il faut que la communauté internationale, si elle souhaite vraiment mettre fin à la crise humanitaire au Tchad, exerce toute son influence pour obtenir des belligérants la conclusion d’accords politiques en vue d’instaurer la paix dans la région. »
M. Amaning a par ailleurs indiqué qu’à ce jour, aucun camp n’avait été visé par des attaques. Il a exprimé le souhait que les parties continuent de faire preuve de retenue et que le déploiement des 1 200 gendarmes et policiers de l’EUFOR, la Force européenne mandatée par l’ONU pour la protection de populations civiles, des organisations non gouvernementales (ONG) et du personnel des Nations Unies au Tchad et en Centrafrique, puisse s’effectuer sans heurts. Il a vu dans cette étape un préalable à la sécurisation de la région et, partant, à une amélioration des conditions de distribution de l’aide humanitaire. Au-delà, M. Amaning a estimé qu’il était indispensable que les capacités gouvernementales des pays concernés ne soient pas consacrées uniquement à des actions militaires. « Ces pays doivent recevoir le plein appui de tous les acteurs internationaux pour pouvoir reprendre en main la mobilisation des ressources et la planification de l’assistance aux populations dans le besoin », a-t-il dit. Il a conclu en répondant aux journalistes que la signature d’un éventuel pacte de non-agression à Dakar entre les parties tchadienne et soudanaise serait « bien sûr » favorable, à moyen terme, à l’amélioration de la situation humanitaire au Tchad.
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