CONFÉRENCE DE PRESSE DES PARTICIPANTS À LA DEUXIÈME RÉUNION DU GROUPE DE PILOTAGE
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CONFÉRENCE DE PRESSE DES PARTICIPANTS À LA DEUXIÈME RÉUNION DU GROUPE DE PILOTAGE POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE
Le Secrétaire général de l’ONU s’est félicité aujourd’hui du niveau de collaboration « sans précédent » entre l’ONU et les « piliers mondiaux de l’aide au développement ». Ban Ki-moon s’exprimait au cours de la conférence de presse qu’il a donnée à l’issue de la deuxième réunion de son Groupe de pilotage pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en Afrique.
Le Secrétaire général était entouré des chefs de la Banque africaine de développement (BAD), de la Commission de l’Union africaine, du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), ainsi que du Commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire et du Conseiller principal de la Banque islamique du développement.
Ban Ki-moon a à cette occasion, annoncé la convocation, le 25 septembre prochain, d’une réunion de haut niveau sur les OMD en Afrique qu’il organisera avec le Président de l’Assemblée générale. « L’Afrique marque des points », a-t-il affirmé, en indiquant qu’à l’exception de la mortalité maternelle, les pays africains avancent résolument vers la réalisation des OMD, même si aucun d’eux ne sera capable de respecter le délai imparti de 2015. Le Secrétaire général a cité les progrès en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement au Sénégal, dans le domaine de la mortalité infantile au Malawi, et de l’accès à l’éducation primaire en République-Unie de Tanzanie.
« Mais les défis sont bien là », a-t-il reconnu, avant de dévoiler quelques propositions que le Groupe de pilotage a faites, ce matin, dont notamment, l’appel à une « révolution verte ». Cette initiative est d’autant plus urgente que l’Afrique est frappée de plein fouet par la hausse des prix des produits alimentaires. Si l’aide d’urgence a été estimée à 500 millions de dollars par le Programme alimentaire mondial (PAM), les efforts à long terme requièrent de gros investissements dans la productivité agricole, a souligné le Directeur général du FMI, qui revient d’une longue mission en Afrique. Dominique Strauss-Kahn a rappelé que c’est sous les conseils du Fonds que le Sénégal a, pour atténuer la crise, adopté une politique de subventions agricoles, alors que le Burkina Faso a choisi quant à lui de baisser les droits de douane.
Le problème, avec ces mesures à court terme, a cependant analysé le Directeur général du FMI, est qu’elles détournent des ressources considérables qui auraient pu être consacrées à des investissements à long terme. La question de la prévisibilité et de l’efficacité de l’aide a donc été posée; le Secrétaire général disant attendre beaucoup à ce sujet de la Conférence d’Accra sur le suivi de la mise en œuvre de la Déclaration de Paris. À ce jour, a précisé le Président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, l’aide alimentaire et au développement de la production agricole en Afrique ne représente qu’un neuvième des sommes consacrées à la lutte contre le VIH/sida.
Le temps de faire avancer l’agenda du développement du Cycle de Doha est venu, a insisté le Président de la Banque mondiale. La responsabilité de l’Union européenne dans le dysfonctionnement du marché agricole mondial a été catégoriquement rejetée par le Commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire, Louis Michel. Il a qualifié ce point de vue de « moins en moins fondé » et a affirmé qu’aujourd’hui tous les pays les moins avancés (PMA) ont un accès illimité aux marchés européens. Le problème se pose au niveau des « normes de qualité » des produits qu’ils exportent, a-t-il expliqué, en indiquant que les nouveaux accords de partenariats économiques prévoient des budgets « sans précédent » pour le transfert des technologies qui permettront aux pays africains d’« inonder les marchés mais aussi de protéger leurs exportations sensibles ».
Quant au caractère « déloyal » de la concurrence entre l’Afrique et l’Europe, Louis Michel s’est défendu en disant que les exportations européennes sont surtout des produits à très haute valeur ajoutée. Il a plutôt attiré l’attention sur les propositions que l’Union européenne a faites sur les règles d’origine, et qui sont « sans comparaison en termes de générosité ». Les doutes émis sur la générosité des « visées économiques » de la Chine en Afrique ont été rejetés par le Président de la Commission de l’Union africaine qui s’est étonné que, curieusement, Beijing ne suscite de questions que lorsqu’il investit en Afrique.
Le continent africain ne peut plus se contenter d’un développement au rabais, a dit Alpha Oumar Konaré, qui s’est félicité que la Chine vienne ouvrir de larges perspectives à la réalisation des OMD. L’Afrique est majeure, et elle dira non s’il s’agit de piller ses matières premières et de ruiner ses industries. Elle dira non, a insisté le Président de la Commission de l’Union africaine, s’il s’agit de renoncer aux valeurs, à la démocratie et à la bonne gouvernance parce qu’elle a appris que c’est un visa pour les problèmes sociaux et économiques.
L’Afrique veut un partenariat d’un genre nouveau, a-t-il ajouté, en se réjouissant que depuis quelques années, le partenariat avec l’Europe ait gagné en qualité. Personne ne peut défendre les intérêts de l’Afrique mieux que l’Afrique elle-même, a-t-il encore dit, en qualifiant l’Afrique de continent qui « refuse de redevenir le champ de la bataille des matières premières que se livrent les puissances étrangères ». Enchaînant sur une question relative au rôle de la Chine au Soudan, Alpha Oumar Konaré a répondu: « Personne en Afrique ne soutient les souffrances horribles infligées à la population du Darfour ». Mais la Chine n’est pas le seul investisseur étranger au Soudan, a-t-il rappelé, en appelant les uns et les autres à poser cette question « complexe et multidimensionnelle » dans sa globalité.
Passant bientôt le relais à la tête de la Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré a été invité à constater l’« impuissance » de l’Union africaine face aux conflits qui continuent de secouer le continent. Il a souligné la responsabilité « incontestable » de l’Afrique qui doit avoir le courage d’exercer son « droit à la non-indifférence ». Nous sommes devant, a-t-il dit, un problème de responsabilité d’agir. L’Afrique doit se donner les moyens d’agir pour ne plus tout attendre de l’extérieur. Ce faisant, le Président de la Commission a prôné une démarche institutionnelle, fondée sur le droit, et avec l’implication de la société civile, si l’on ne veut pas que « tout tourne toujours autour du partage du gâteau » » car, s’est-il expliqué, les conflits trouvent leur origine dans la mauvaise gouvernance et dans des élections mal organisées.
Le Président de la Commission africaine a d’ailleurs jugé « scandaleuses » les sommes énormes englouties dans les efforts internationaux de maintien de la paix. L’Opération hybride de l’Union africaine et de l’ONU au Darfour (MINUAD) va coûter une somme de deux milliards de dollars dont le continent aurait bien besoin pour son développement, a souligné Alpha Oumar Konaré. L’Afrique doit participer davantage au maintien de la paix sur son propre sol, mais comme pour l’heure l’essentiel des apports vient de l’extérieur, « elle n’a pas les mains aussi libres », a-t-il répondu à une question sur les dysfonctionnements des procédures d’achat des opérations de l’ONU sur le terrain.
Face aux tentatives du Soudan d’obtenir de l’Union européenne une somme de 40 000 dollars pour dédommager les familles des quatre nomades tués par un explosif alors qu’ils tentaient de récupérer le corps d’un soldat français de l’EUFOR mort lors d’un accrochage, le Commissaire européen a répondu qu’« à titre personnel, il dirait non ». Louis Michel a appelé le Gouvernement soudanais à prendre enfin les mesures qui s’imposent pour rétablir la stabilité au Soudan et à cesser d’ériger des obstacles au déploiement de l’EUFOR qui est « évidemment » une mission impartiale et indépendante destinée à faciliter l’apport de la stabilité dans la corne de l’Afrique.
Le Secrétaire général n’a pas échappé à une question sur l’exemple que son pays représente dans le domaine du développement. Ban Ki-moon s’est félicité que des pays, à l’exemple du Rwanda, s’inspirent de la République de Corée. Les autorités de Kigali, s’est-il réjoui, ont érigé l’autonomie en principe et ont, comme en République de Corée, il y a 40 ans, lancé des « campagnes communautaires » qui permettent le développement rural en érigeant les chefs de village en agents du changement et du développement.
Le Secrétaire général a confié que chaque fois qu’il se rend sur le terrain, il tente de convaincre les équipes de pays des Nations Unies de déployer davantage d’efforts pour le développement communautaire. La République de Corée est non seulement un exemple parfait en matière de développement mais aussi d’aide au développement, a ajouté le Secrétaire général de l’OCDE. Angel Gurria a annoncé qu’au mois de juin prochain, Séoul accueillera une réunion sur l’avenir de l’e-économie. Il a ajouté qu’outre l’assistance au rétrécissement du fossé numérique, la République de Corée apporte aussi une aide importante à la recherche et au développement dans les pays du Sud ainsi qu’à la création d’un environnement favorable aux investissements.
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