CONFÉRENCE DE PRESSE D’AHMAD ALLAM-MI, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU TCHAD
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CONFÉRENCE DE PRESSE D’AHMAD ALLAM-MI, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU TCHAD
Le Ministre tchadien des affaires étrangères, M. Ahmad Allam-Mi, a affirmé cet après-midi, au Siège des Nations Unies à New York, qu’« il ne peut pas y avoir de paix véritable au Tchad sans cohésion nationale ». Il a également assuré que le Gouvernement tchadien était prêt à respecter tous ses engagements dans le cadre des Accords de Syrte.
Le Ministre a confirmé, lors d’une conférence de presse, que son gouvernement négociait actuellement « avec des groupes de rebelles, dans le cadre de discussions secrètes ». « La main reste tendue pour ceux qui veulent toujours rentrer dans le cadre des Accords de Syrte de réconciliation nationale », a-t-il dit, précisant que « des groupes étaient en train de saisir cette main tendue ».
M. Allam-Mi s’est adressé à la presse à l’issue de consultations informelles du Conseil de sécurité, devant lequel il a détaillé la situation qui régnait actuellement dans son pays. Il a ainsi relaté « la dernière agression contre la capitale tchadienne, les questions de sécurité, de disparitions des personnalités politiques de l’opposition, de l’ouverture du dialogue politique, de l’avenir du pays et de la normalisation des relations avec le Soudan ».
Le chef de la diplomatie tchadienne a ainsi indiqué être venu à l’ONU « remercier la communauté internationale pour avoir condamné l’agression » du Soudan qui a cherché, a-t-il ajouté, à « renverser les institutions légitimes » du Tchad. « J’ai assuré la communauté internationale de notre volonté de normaliser nos relations avec le Soudan, encore faut-il que le Soudan le veuille bien », a-t-il souligné.
M. Allam-Mi a également tenu à préciser que « la France n’a pas combattu directement » lors des derniers affrontements. « La France a respecté ses engagements dans le cadre des accords de coopération qui la lient au Tchad, en appuyant les autorités légitimes du pays en matière de renseignement aérien sur les mouvements des agresseurs, en fournissant du matériel militaire, en accordant de la logistique et des soins aux blessés », a-t-il expliqué.
Selon le Ministre, « les Soudanais ont créé une rébellion intérieure de longue date, depuis 2003, pour combattre leur propre rébellion ». « C’est ainsi que l’on transforme une guerre locale en une guerre sous-régionale », a-t-il affirmé.
Par ailleurs, M. Allam-Mi a estimé que le régime tchadien faisait « face à un lynchage médiatique depuis la fin des combats à N’Djamena sur l’affaire des personnalités qui auraient été arrêtées par les forces régulières ». « Il n’y a pas de volonté politique du Gouvernement tchadien d’arrêter qui que ce soit », a-t-il insisté. « Il n’y a pas de chasse aux sorcières. »
Le Ministre a ainsi indiqué que l'ancien Président tchadien, M. Lol Mahamat Chou, qui préside le Comité de suivi de la mise en œuvre de l’Accord du 13 août 2007, avait été placé en résidence surveillée chez lui. S’agissant de M. Ngarlejy Yorongar, qui n’est pas réapparu, des renseignements communiqués par sa propre soeur et son chauffeur soulignent qu’il est vivant et se cache et qu’il s’exprimera probablement demain pour raconter les circonstances de son arrestation, a-t-il dit. Ces deux figures de l’opposition « bénéficieront de la présomption d’innocence et de tous leurs droits » s’ils devaient être inculpés pour « un quelconque complot avec les assaillants », a-t-il également déclaré. Enfin, il a ajouté que les autorités étaient sans nouvelles de M. Ibni Oumar Mahamat Saleh, qui « compte parmi les personnalités disparues ».
M. Allam-Mi a ajouté qu’« une Commission nationale ouverte à la communauté internationale » a été mise sur pied afin de « faire la lumière sur tous les cas de violation des droits de l’homme au Tchad, sur toutes les disparitions ».
Le Ministre tchadien a également souhaité un déploiement rapide de la Force de l’Union européenne dans l’est du pays afin de « neutraliser les camps de réfugiés et peut-être dissuader le Soudan de ne pas envoyer de colonnes à partir du Darfour pour nous déstabiliser ». « Après des atermoiements de certains États Membres et des hésitations, l’EUFOR est déjà lancée », a-t-il souligné, rappelant que la Force pourrait être opérationnelle « à partir de début mars ».
« Nous aurions voulu que la communauté internationale fasse beaucoup plus pression sur le Soudan et que la MINUAD vienne très vite au Darfour pour sécuriser la province », a-t-il poursuivi. Car, de l’avis du Ministre, « le Soudan, en encourageant les guerres du Darfour, cherche à faire un nettoyage ethnique qui ne dit pas son nom ».
Le Ministre des affaires étrangères a, de même, espéré que la Chine, « qui a un poids important au Soudan », fasse « pression sur le régime d’Omar el-Béchir » afin que celui-ci « cesse ses massacres au Darfour, accepte un règlement politique de la crise au Darfour et cesse son opération de déstabilisation du Tchad en envoyant des Tchadiens comme chair à canon pour une cause qui n’est pas la leur ».
Évoquant un « risque de désordre qui peut entraîner la déstabilisation de toute la sous-région », il a regretté également le fait que certains États comme la Fédération de Russie ou certains pays arabes « ménagent de trop le régime de Khartoum ».
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