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AG/SHC/3917

LES PAYS RENDENT COMPTE DE LEURS EFFORTS POUR PRÉVENIR ET CONTRECARRER LA CRIMINALITÉ ORGANISÉE SOUS TOUTES SES FORMES

10/10/2008
Assemblée généraleAG/SHC/3917
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission

7e séance – matin


LES PAYS RENDENT COMPTE DE LEURS EFFORTS POUR PRÉVENIR ET CONTRECARRER LA CRIMINALITÉ ORGANISÉE SOUS TOUTES SES FORMES


La notion de responsabilité partagée prime dans les débats de la Troisième Commission


Même s’il est évident qu’un État, à lui seul, n’est pas en mesure de faire face aux phénomènes complexes et imbriqués de la criminalité transnationale organisée et du trafic illicite des drogues, il n’en reste pas moins que les efforts nationaux soutenus pour prévenir de telles activités sont incontournables, ont souligné les quelque 20 intervenants vendredi à la Troisième Commission.


Tout aussi incontournable, la nécessité d’une assistance financière et technique de la part de la communauté internationale et des agences des Nations Unies spécialisées dans la lutte contre la traite des êtres humains, l’impunité, la corruption, le terrorisme, la production et le trafic illicite de drogues, au profit en particulier des pays en développement directement affectés par ces phénomènes.


Les délégations ont également insisté sur la notion d’une responsabilité partagée et sur l’importance d’une approche internationale systémique et multidimensionnelle en matière de prévention du crime et de contrôle du trafic des drogues.


Achevant l’examen des questions relatives aux diverses formes de ces phénomènes, devenus mondiaux avec la double révolution technologique et des transports, les intervenants ont systématiquement détaillé le large éventail de plans et mesures pris au niveau de leur pays respectif pour s’aligner sur les traités internationaux auxquels ils sont parties et avec la démarche collective de la communauté internationale visant à juguler ces fléaux.


La Déclaration politique adoptée par l’Assemblée générale en 1998 à sa vingtième session extraordinaire consacrée à la lutte contre les stupéfiants avait demandé, dans le cadre de la coopération internationale face au problème mondial de la drogue, à tous les États Membres de rendre compte tous les deux ans à la Commission des stupéfiants des mesures prises pour atteindre les objectifs et buts fixés à cette session.


La Commission des stupéfiants organisera à cet égard, en 2009, un débat de haut niveau ouvert à tous les États Membres pour mener un bilan global de la mise en œuvre des déclarations et mesures adoptées par l’Assemblée.


Déterminés à faire barrage aux trafiquants en tout genre, qui utilisent des moyens chaque fois plus sophistiqués, des pays tels que le Ghana, le Pakistan, le Liban, le Mexique, Israël et l’Indonésie, ont tous indiqué qu’ils avaient adopté des stratégies nationales et signé des accords bilatéraux et régionaux axés sur la surveillance des frontières, l’extradition et l’échange de renseignements, y compris par le biais de systèmes électroniques.


Le Qatar, l’Indonésie, le Maroc, Israël, le Mexique, le Ghana, le Liban, la Syrie, le Pakistan, El Salvador, la Jordanie, l’Ukraine, la Bolivie, les Maldives, l’Équateur, l’Éthiopie, le Cameroun et l’Arabie saoudite ont également pris la parole.  Le Liban a exercé son droit de réponse. 


La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 13 octobre à 10 heures par l’examen du point consacré à la promotion de la femme. 


PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE – CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES


Déclarations


Mme SUMAYA SAOUD (Qatar) a énuméré les différentes actions entreprises par son pays pour lutter contre la criminalité et les drogues.  Elle a fait valoir par exemple le rôle du Bureau national de lutte contre la traite des êtres humains qui supervise notamment le centre spécialement créé pour fournir une assistance sanitaire et psychologique aux victimes de la traite, essentiellement des femmes et des enfants.  Elle a ensuite rappelé qu’en matière de lutte contre la corruption, un décret avait institué le Comité national de l’équité et de la transparence, qui réunit les autorités politiques, judiciaires et financières autour de cet objectif.  L’État du Qatar a prévu d’accueillir, à Doha, la troisième Conférence des États parties à la Convention contre la corruption, dans la première moitié de l’année 2009, a confirmé la représentante.


Le Qatar, qui accueille sur son territoire un bureau de l l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), dispose d’une loi de lutte contre la drogue qui permet de travailler dans différentes directions de façon à éradiquer ce problème.  Le Comité national permanent sur les drogues œuvre en direction des jeunes, auxquels il s’agit d’expliquer les dangers et les dommages causés par l’abus des stupéfiants.  Un Fonds global pour le développement du sport chez les jeunes contribue à développer leurs compétences sociales.  Il s’agit d’un Fonds mondial créé par le Prince Sheikh Tamim Bin Hamad Al-Thani, également Président du Comité olympique qatarien, qui offre des bourses aux organisations non gouvernementales (ONG) qui appuient des projets sportifs partout dans le monde.  Le Qatar considère en effet que la pratique du sport peut agir comme un moyen de prévention contre l’usage des drogues, a expliqué la représentante.  Le Prince s’est d’ailleurs vu remettre le prix du Fonds des Nations Unies pour le sport, en guise de remerciement pour son action en la matière.


M. MARTY M. NATALEGAWA, (Indonésie) a estimé que le douzième Congrès des Nations Unies sur la prévention du crime et la justice pénale, qui se tiendra en 2010 au Brésil, devrait aborder la question de la criminalité liée aux ressources naturelles qui, a-t-il affirmé, fait aussi des victimes et cause des dégâts sur les écosystèmes, gênant ainsi la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  S’agissant du blanchiment d’argent, il a souhaité que les pays en développement bénéficient d’une assistance technique, et a jugé nécessaire la création, sous l’égide de l’ONU, d’un instrument international de lutte contre ce phénomène.  Une stratégie mondiale des Nations Unies permettrait également de lutter contre le trafic des êtres humains, a-t-il déclaré, soulignant, par ailleurs l’efficacité dans ce domaine des processus consultatifs régionaux, tels que celui de Bali.  M. Natalegawa a également souhaité la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, adoptée en septembre 2006, et a détaillé les initiatives prises par l’Indonésie dans ce domaine, telles que sa participation à la Convention de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) sur le contre-terrorisme.  Enfin, sur la question du contrôle du trafic de stupéfiants, il a souhaité un rôle accru des institutions internationales, notamment des organisations financières.


M. HAMID CHABAR (Maroc) a remarqué que les statistiques n’incitaient guère à l’optimisme car l’économie criminelle est estimée à 30 000 milliards de dollars et les trafics de tout genre deviennent une source de financement importante pour les réseaux mafieux et criminels, accentuant ainsi instabilité, insécurité, pauvreté en masse et dégradation de l’environnement.  Le représentant s’est dit choqué de constater que la production mondiale de substances illicites a considérablement augmenté, et le détournement, depuis le commerce légitime de produits chimiques utilisés pour transformer la drogue, continue de poser un problème alarmant.  Notant que le continent africain à lui seul demeure affecté par l’infiltration d’organisations criminelles internationales prospères et spécialisées dans toutes sortes de trafics, il a indiqué que cette situation, conjuguée aux effets d’instabilité qu’elle engendre, constitue une préoccupation majeure pour le Maroc.


Il a réaffirmé que la criminalité organisée ne pouvait être combattue que par le truchement d’une coopération multilatérale et régionale, à travers l’échange d’informations et le renforcement des canaux de communication directs.  La lutte contre le fléau de la criminalité organisée et des trafics de tout genre est tributaire du respect de l’état de droit et de la bonne gouvernance, tant aux niveaux national, régional qu’international, a-t-il souligné, en relevant la recommandation continue dans le rapport du Secrétaire général relative à l’importance de renforcer les stratégies nationales existantes dans le domaine des drogues.  Le Maroc, qui continue d’harmoniser sa législation pour remplir ses engagements internationaux en matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée, a mis en place depuis 2007 une loi contre le blanchiment d’argent.


D’autre part, le Gouvernement examine à l’heure actuelle un projet de décret instituant une Unité de traitement des renseignements financiers (UTRF) et a récemment créé l’Autorité centrale pour la prévention de la corruption qui permet de faire usage des mécanismes de surveillance existants et illustre la volonté de mettre un terme à l’impunité et de lutter contre les comportements corrompus et frauduleux.


Mme SANDRA SIMOVICH (Israël) a estimé que le contrôle des drogues constitue un défi pour tous les États sans exception, quelle que soit leur situation géographique et leur superficie.  La criminalité organisée et le commerce illicite des stupéfiants font fi des frontières, des identités politiques et des cultures.  Cette mondialisation des activités criminelles exige une véritable approche systémique, fondée sur la coopération internationale et sur le fait que, si on laisse de telles menaces s’enraciner dans une partie du monde, elles finiront par menacer le reste du monde.  La représentante a sollicité des investissements soutenus de la part de la communauté internationale.  Le trafic et la consommation des drogues ont une profonde incidence sur les budgets des États et affectent directement les citoyens.  Israël, a-t-elle indiqué, a organisé des campagnes ciblant des jeunes et un tribunal a été mis en place, en coopération avec les centres de traitement des drogues.


Israël appuie l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’un accord international sur le contrôle et l’utilisation des précurseurs chimiques, a-t-elle poursuivi, avant d’établir un lien entre la drogue et le terrorisme.  Mon pays, a-t-elle dit, investit d’importantes ressources humaines et financières dans la lutte contre la contrebande de drogues en provenance du Liban.  La situation troublante qui existe le long de la frontière nord est en flagrant contraste avec celle qui subsiste le long des autres frontières d’Israël où les organismes de maintien de la loi coopèrent des deux côtés en vue de la réduction de ce trafic, a-t-elle fait remarquer.  Tous les pays de la région pourraient bénéficier d’une coopération accrue et du même niveau d’attention à ce problème, a-t-elle plaidé, avant d’insister sur le fait que les leçons tirées de l’examen de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale, le mois dernier, sont aussi pertinentes pour la lutte contre les drogues illicites.  La mise en œuvre des engagements  pris, dont ceux liés à la coopération aux niveaux bilatéral, régional et multilatéral, sont les meilleurs moyens de réduire de manière significative la production, le trafic et les abus de drogues.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a rappelé que la lutte contre la drogue devait faire l’objet d’une responsabilité partagée dans le respect de l’intégrité territoriale des États.  Il faut s’attaquer à ce phénomène de façon exhaustive en mettant l’accent sur des stratégies destinées à tous les aspects du trafic de drogues.  Cela signifie s’attaquer aussi au blanchiment d’argent, au commerce des précurseurs chimiques et au trafic d’armes à feu, a préconisé le représentant. C’est d’ailleurs un thème prioritaire pour le Mexique qui reconnaît qu’il faut adopter une stratégie mondiale établissant l’équilibre entre les mesures visant à réduire la demande et celles visant à réduire l’offre de drogues.  Le Mexique, a poursuivi le représentant, a lancé une opération appelée « Nettoyons le Mexique », dont l’objectif est d’améliorer les conditions de sécurité, de récupérer les terres et les territoires sous le contrôle des délinquants, et de combattre les toxicomanies, a signalé le représentant.  Associé aux pays de la région d’Amérique centrale et des Caraïbes, le pays a également décidé de créer une banque de données régionale pour faciliter les échanges d’informations sur les réseaux de trafiquants.  Comme chaque année, le représentant a indiqué que sa délégation prépare actuellement un projet de résolution sur la coopération internationale en matière de drogue.  Il a émis le souhait que les nouvelles priorités, nées de la situation actuelle en matière de lutte contre le trafic de drogues et de délits annexes, soient mieux identifiées.


M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a indiqué que son pays avait déclaré la guerre à la drogue et avait entrepris différentes actions dans ce cadre, dont le Plan stratégique 2008-2010 est un élément important.  Il rend notamment l’accès du pays plus difficile à tous les trafiquants qui voudraient en faire un espace de transit.  La loi ghanéenne se trouve en conformité avec les exigences des conventions des Nations Unies, a souligné le représentant.  Sur le plan judiciaire, les condamnations sont plus nombreuses et les procès sont menés plus rapidement, a encore précisé le représentant, en ajoutant que ces initiatives n’excluent pas le volet préventif qui comprend des actions de sensibilisation dans les médias.  Elles n’excluent pas non plus l’aspect réhabilitation des anciens toxicomanes, a-t-il précisé. 


En matière de coopération, le diplomate a souligné les excellents résultats obtenus par un échange avec le Royaume-Uni entamé en 2006 sous le nom « Opération Westbridge ».  Le Royaume-Uni, grâce à son expérience et à ses équipements techniques de détection des drogues, a contribué à une meilleure formation des forces de police ghanéennes, s’est réjoui le représentant.  Les opérations conjointes de contrôle ont déjà permis de réduire le passage de drogues et de saisir 300 kilos de cocaïne, 2 275 kilos de cannabis et 1,3 kilo d’héroïne.  Pour mieux contrôler le trafic de la drogue par mer, l’Organisation maritime internationale (OMI) et l’UNODC collaborent pour mieux contrôler les principaux ports.  Les autorités ghanéennes sont en cours de formation pour rejoindre cette initiative, a indiqué le représentant.  Le diplomate a cependant rappelé à tous que les possibilités financières limitées du Ghana sapent parfois les efforts des autorités pour appliquer cette loi antidrogue dans tout le pays.  Il en appelé au soutien des bailleurs de fonds et a rappelé qu’à la fin du mois d’octobre, une conférence de la Communauté économique des pays d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur les drogues se tiendra à Praia.


M. MAJDI RAMADAN (Liban) a indiqué que la lutte contre la drogue et les trafics divers passaient d’abord par la promotion du développement socioéconomique.  Les pays de destination devraient participer aux efforts faits pour éliminer la drogue.  Cela est possible si l’on soutient d’abord les communautés rurales en leur apportant des cultures qui leur permettent de survivre avec leur famille, a estimé le représentant.  Car c’est bien la pauvreté et le manque de perspectives qui incitent à se tourner vers la production et la consommation de drogues.  Le Liban, a expliqué le représentant, prône la tolérance zéro, ce qui l’a notamment conduit à détruire toutes les cultures de haschich et de pavot se trouvant sur son territoire et à collaborer avec l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol).  Le renforcement des programmes des Nations Unies, surtout en matière d’assistance technique, est à cet égard essentiel, a estimé le représentant.


Le Liban considéré par l’ONUDC comme un État capable de lutter à long terme contre les cultures illicites, a par ailleurs initié des programmes d’information dans les écoles, des ateliers et des conférences dans l’objectif de prévenir la toxicomanie et de réduire ainsi la demande de drogues.  La législation nouvelle ne considère plus désormais les drogués comme des criminels mais comme des malades qu’il faut soigner, a indiqué le représentant.  Le diplomate a déclaré en conclusion que son pays était victime du terrorisme sous toutes ses formes, notamment du terrorisme d’État pratiqué par son voisin Israël par le biais d’assassinats d’hommes politiques et de journalistes.  Le Liban s’est allié aux efforts internationaux pour lutter contre le terrorisme tout en respectant les droits de l’homme, a encore précisé le représentant.


Mme WARIF HALABI (République arabe syrienne) a estimé que le trafic des drogues et la criminalité organisée ont des conséquences dévastatrices, menaçant la stabilité sociale, culturelle, économique et politique ainsi que le développement durable.  Elle a appelé à redoubler d’efforts dans cette lutte, avant de saluer les activités de l’ONUDC et de féliciter son Directeur exécutif, M. Antonio Maria Costa, pour son rapport extrêmement précieux dans lequel il explique les tâches importantes dont il est chargé.  La Syrie, a-t-elle indiqué, a conclu des accords bilatéraux et multilatéraux sur l’extradition.  La traite des êtres humains étant devenue un fléau mondial, son pays est sur le point d’adopter un projet de loi, rédigé en coopération avec le PNUD et l’OIM.  Soutenant les efforts internationaux contre le terrorisme, elle a toutefois fait la distinction entre le terrorisme et le droit légitime des peuples à l’autodétermination et à la résistance contre l’occupation.  Mon pays, a-t-elle dit, a signé 10 conventions sur les 13 relatives au terrorisme.  Une Agence internationale contre le blanchiment des capitaux et le terrorisme a été mise sur pied pour collaborer avec des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.  La Syrie, a conclu sa représentante, continue inlassablement d’œuvrer en respectant la Charte des Nations Unies et les traités internationaux.  Des accords bilatéraux lient la Syrie à Chypre, à la Turquie, à l’Iran, à l’Arabie saoudite, à l’Égypte, à la Jordanie et au Liban.


M. SULJUK MUSTANSAR TARAR (Pakistan) a signalé que dans cette ère de la mondialisation et de la double révolution des technologies et des transports, le phénomène des drogues est une menace permanente.  La criminalité organisée et le trafic des drogues est un problème qui va des pays développés à ceux en développement et vice versa.  Il a souligné la nécessité incontournable de la coopération à tous les niveaux pour lutter contre ces menaces en adoptant une approche multidimensionnelle.  Le Pakistan, a-t-il dit, a réussi à éliminer la culture des opiacées grâce à une stratégie à volets variés.  Plusieurs traités et accords d’extradition ont été signés avec plusieurs pays.  Le Gouvernement a aussi promulgué une ordonnance en 2002 sur la traite des êtres humains, qui aborde ce fléau d’une façon globale.  Un plan national est également à l’examen par les ministères concernés.  Une unité électronique contre la piraterie et les trafics sur Internet a également été mise en place et une réforme du système judiciaire est en cours.  Le Pakistan, a encore indiqué son représentant, a également promulgué une ordonnance sur le blanchiment d’argent et a mis en place un service de coordination des renseignements bancaires et financiers. 


M. JOSÉ MARÍA MONTEREY SUAY (El Salvador) a souscrit au principe de responsabilité partagée dans la prévention et la lutte contre le trafic des drogues, ajoutant, toutefois, que cette responsabilité devrait être différenciée.  Face à ce phénomène complexe, il a jugé qu’il était du devoir de tous les États de venir en aide aux pays affectés par le transit des drogues illicites dont les citoyens sont les victimes directes de la criminalité organisée et de la violence.  À l’échelon national, le Gouvernement d’El Salvador a opté pour une approche à trois volets: éducation, santé et sécurité publique.  À l’échelle régionale, les présidents des pays d’Amérique centrale et du Mexique ont adopté, en décembre 2007, la Stratégie de sécurité en Amérique centrale et au Mexique.  Cette stratégie inclut la lutte contre la criminalité organisée, le trafic des stupéfiants, les gangs, le trafic illicite d’armes, le terrorisme et la corruption.  Elle repose sur les instruments juridiques internationaux.  Il a attiré l’attention sur le phénomène des gangs dans son pays qui, selon lui, n’est plus seulement un problème lié à la marginalisation sociale mais qui a acquis une dimension de délinquance organisée qui menace la sécurité des citoyens et devient à la fois la cause et la conséquence de l’absence de cohésion sociale.


M. MOHAMMED AL-ALLAF (Jordanie) a déclaré que la lutte contre la traite des êtres humains est devenue une nécessité urgente car elle constitue une violation flagrante des droits de l’homme.  Il a appelé à l’adoption d’un plan d’action mondial, même si son pays ne souffre pas de ce phénomène.  Le représentant a néanmoins indiqué que la Jordanie était partie à toutes les conventions relatives à la traite des êtres humains ainsi qu’à d’autres traités relatifs aux droits de l’homme.  Une unité spéciale au sein du Ministère du travail a été mise en place pour examiner les cas de traite et les soumettre à la justice.  Parlant du contrôle des drogues, il a informé que la Jordanie a établi des programmes intensifs pour limiter ce trafic.  D’autre part, le Centre national du traitement des toxicomanes a été modernisé dans le but d’en faire l’un des centres phares au niveau mondial.  Le représentant a appelé à une collaboration accrue au niveau mondial dans le domaine de l’échange d’informations et à la création de banques de données sur les drogues.  Condamnant le terrorisme sous toutes ses formes, il a demandé une assistance financière et technique accrue pour les pays qui y font face pour mieux les aider à s’acquitter de leurs engagements internationaux en la matière.


Mme OLHA KAVUN (Ukraine) a évoqué l’interconnexion grandissante entre les activités de criminalité organisée à l’échelle internationale, ainsi que la relation entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, ou entre les trafics de stupéfiants et d’êtres humains.  Soulignant la nécessité d’une coopération internationale dans tous ces domaines, elle a salué le rôle des Nations Unies, notamment par le biais de l’Office de l’ONU contre la drogue et le crime, dont elle a souhaité qu’il renforce son dialogue avec les principaux donateurs afin d’élargir la collaboration des États Membres sur le plan technique.  S’agissant de la corruption, l’Ukraine soutient la création d’un mécanisme d’évaluation intergouvernemental visant à une plus large ratification et mise en œuvre par les États de la Convention des Nations Unies contre la corruption, a indiqué Mme Kavun.  Elle a, par ailleurs  appelé les organisations internationales à accentuer les échanges d’informations et le partage d’expériences et d’aide technique afin d’améliorer les mécanismes de prévention du crime et de renforcer la justice.  Enfin, elle a souligné le lien entre l’utilisation de drogues par injection à l’épidémie de VIH/sida.  Elle a ainsi jugé nécessaire une politique générale de prévention et de traitement des toxicomanes dans la lutte contre le VIH/sida, et a appelé à une plus grande coopération entre l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’ONUSIDA dans le domaine de la lutte contre le trafic de stupéfiants.


Mme MARIA DEL CARMEN DÚRAN CASTILLÓN (Bolivie) a insisté sur le principe de la responsabilité partagée en matière de lutte contre la drogue.  Au cours des deux dernières années, la Bolivie a progressé dans l’éradication volontaire des plantes de coca, sans avoir recours aux méthodes répressives qui avaient prévalu de 1998 à 2002, et qui avaient provoqué la mort de trois producteurs.  La représentante a cependant déploré que certains pays associent toujours le déblocage des aides à la lutte antidrogue à des préoccupations politiques.  Elle a qualifié de « paternaliste » la pratique d’une aide conditionnée à de bonnes relations diplomatiques.  L’augmentation de la culture de coca en Bolivie a parfois été moins forte que dans d’autres pays, lesquels ont été félicités, a dénoncé la représentante.  La politique bolivienne, a-t-elle expliqué, consiste à défendre l’utilisation ancestrale de la feuille de coca dont les qualités nutritionnelles et médicinales sont reconnues pour des expertises scientifiques.  Tout en reconnaissant qu’un frein sérieux avait été mis à l’utilisation traditionnelle de la feuille de coca en Bolivie et au Pérou, elle a déclaré compter sur l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) afin de faire valoir ses qualités.  L’engagement du Gouvernement bolivien contre la drogue n’est pas incompatible avec le respect et la préservation des cultures ancestrales, a-t-elle conclu. 


Mme ADAM IRUTHISHAM (Maldives) a souligné qu’aucun pays ne pouvait s’attaquer seul à la criminalité transnationale organisée.  Aux Maldives, petit pays insulaire, où ne vivent que 300 000 personnes, la drogue et les trafics de tout genres ont cours comme partout ailleurs.  Le nombre de toxicomanes a augmenté en raison des changements des valeurs et des normes de la société, a indiqué la représentante.  Les crimes et les violences liés à la drogue ont augmenté en parallèle, à tel point qu’aujourd’hui 80% des détenus sont des toxicomanes, ce qui ne va pas sans poser des difficultés nouvelles dans nos prisons, a signalé la représentante.  Le Gouvernement des Maldives, dont les efforts dans la lutte antidrogue sont constants, reconnaît qu’il faut une approche équilibrée, coordonnée et multisectorielle pour empêcher la drogue de contaminer le pays.  Un programme intitulé « Réveillez-vous » a récemment été mis sur pied pour sensibiliser les citoyens aux méfaits de la drogue, a annoncé la représentante.  Le Bureau de contrôle des stupéfiants a, de son côté, pris plusieurs initiatives visant les grands employeurs et les zones touristiques auprès desquelles l’information de prévention doit également circuler.  Les Maldives, qui participent à tous les niveaux de coopération dans la lutte antidrogue, tant international que régional, ont tenu à remercier l’ONUDC pour son aide précieuse au moment des modifications des programmes législatifs et juridiques du pays.


M. WOINSHET TADESSE(Éthiopie) a concentré son intervention sur la lutte contre le trafic de stupéfiants, jugeant d’abord vitale une plus forte collaboration entre les États Membres des Nations Unies aux niveaux bilatéral, régional et mondial.  Il a ensuite évoqué le cas précis de l’Éthiopie, fragilisée dans ce domaine du fait de sa situation géographique entre l’Afrique et le Moyen-Orient.  Il a rappelé que son Gouvernement était partie aux principales conventions de l’ONU dans la lutte contre le trafic de drogues, et a détaillé les mesures prises au niveau national dans ce domaine.  Parmi celles-ci, il a notamment évoqué la politique nationale sur les stupéfiants, le renforcement des peines pénales contre les trafiquants depuis 2004, la création de l’Autorité d’administration et de contrôle des drogues, ou encore l’ouverture en Éthiopie d’un bureau pilote de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.  M. Tadesse a conclu en rappelant la coopération bilatérale et multilatérale dont bénéficiait l’Éthiopie en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants, citant les contributions de l’UNODC, des États-Unis et du Royaume-Uni.


Mme CÉCILE MBALLA EYENGA (Cameroun) a déclaré qu’il était primordial d’apporter un soutien financier approprié à l’Institut africain pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (UNAFRI) et une réponse aux besoins accrus et de plus en plus manifestés par les États de la région Afrique.  Elle s’est ensuite félicitée du rôle catalyseur que peut jouer l’ONUDC pour lutter contre la criminalité transnationale organisée, la traite des êtres humains, le trafic illicite des migrants, le terrorisme et la corruption.  Le Cameroun est aussi particulièrement sensible au problème de la corruption qui constitue une déviance et un facteur du sous-développement et de la pauvreté, a-t-elle poursuivi.  La représentante a salué la riposte de la communauté internationale face à ce fléau et, notamment l’entrée en vigueur, en décembre 2005, de la Convention des Nations Unies contre la corruption, un instrument s’inscrivant dans le cadre d’une approche globale, intégrée et efficace de lutte contre ce fléau.  Pour ce qui est du Cameroun, a indiqué Mme Mballa Eyenga, notre approche procède du programme de société du Président Paul Biya, dont les efforts ont tous été tournés vers l’assainissement d’une société camerounaise exempte de corruption.  La politique nationale dans ce contexte emprunte une triple voie, à savoir le renforcement de l’armature normative, l’institutionnalisation des mécanismes de contrôle appropriés et la répression de la délinquance économique.


S’agissant du cadre normatif, le Cameroun a ainsi ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption, a notamment indiqué la représentante.  Elle a en outre indiqué que le Code pénal prévoyait des dispositions réprimant la corruption et la délinquance économique sous toutes ses formes.  Sur le plan institutionnel, le Gouvernement camerounais a mis sur pied des structures et des organes de prévention ou de lutte conte la corruption, parmi lesquels un comité exécutif du programme national de gouvernance auprès du Parlement; une Chambre des comptes chargée d’assurer la transparence dans la gestion des finances publiques; une Agence nationale d’investigation financière chargée de la lutte contre la criminalité financière transfrontalière organisée; et, enfin, une Commission nationale anticorruption placée directement sous l’autorité du Président de la République.  Sur le plan des sanctions, des actions concrètes sont à signaler à l’instar des interpellations et des poursuites judiciaires à l’encontre des gestionnaires indélicats, a ajouté Mme Mballa Eyenga en conclusion.


Mme ASEIL ALSHAHAIL (Arabie saoudite) a loué les rapports du Secrétaire général sur la prévention du crime et la justice pénale et a appuyé les efforts et les résultats des activités entreprises par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.  Elle a axé son intervention sur la nécessité d’une coopération internationale soutenue car aucun État ne peut à lui seul affronter et résoudre les problèmes imbriqués et complexes de la criminalité transnationale organisée et du trafic des drogues, entre autres, lesquels ont un profond impact sur le développement socioéconomique et politique.  Au niveau national, elle a mis l’accent sur l’adoption d’une stratégie de lutte contre la traite des êtres humains, qui sera exécutée en collaboration avec la société civile et les organismes publics concernés.  Pour combattre efficacement le trafic de drogues, le Gouvernement saoudien s’emploie aussi à créer des partenariats et à instituer des systèmes de coopération tant entre les ministères qu’avec les organisations non gouvernementales aux niveaux régional et international.


Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA (Équateur) a déclaré que le terrorisme mettait en péril la stabilité des États et la dignité des peuples.  L’Équateur, dans sa lutte contre le terrorisme, a l’intention de promulguer de nouvelles normes juridiques internes pour faciliter la réalisation des nombreuses conventions internationales auxquelles il a souscrit, a-t-elle annoncé.  Elle a signalé que son pays avait déjà modifié des lois pour mieux identifier les auteurs d’activités illicites touchant notamment à la sécurité aérienne et maritime, aux prises d’otage ou, encore, au financement du terrorisme.  Ces efforts ont d’ailleurs été reconnus par la communauté internationale, notamment l’ONUDC, et le Congrès des États-Unis, s’est félicité le représentant.  L’Équateur ne produit pas de stupéfiants ni d’alcaloïdes et ne participe pas au blanchiment d’argent, a-t-elle aussi affirmé.  Préoccupé par le sort des victimes d’actes de violence, l’Équateur, a poursuivi la représentante, a pris des mesures claires pour répondre positivement aux demandeurs d’asile.  Cela en fait actuellement le plus grand pays d’accueil de réfugiés dans l’hémisphère occidental, a signalé le diplomate.  Elle a confié que le prix à payer était élevé, ce qui devait encourager la communauté internationale à reconnaître les efforts de son pays contre toute forme d’activités illicites.  La représentante a demandé aux États Membres de mieux garantir le principe de responsabilité partagée.


Droit de réponse


Le représentant du Liban a exercé son droit de réponse suite à la déclaration de la déléguée d’Israël qui a, selon lui, tenté de politiser le débat sur la drogue en se plaignant du manque de coopération dont, selon lui, le Liban ferait preuve.  Il faudrait qu’Israël se retire des territoires occupés et la situation sera réglée, a dit le représentant.  Nous choisissons la paix et la coopération et invitons les représentants israéliens à agir en matière de coopération et non pas seulement à en parler a-t-il ajouté.


Il a dit que selon le Département d’État américain, Israël était un lieu important pour le trafic « d’ecstasy »  et que les toxicomanes y étaient condamnés à des peines de prison.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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