AG/DSI/3369

LES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION DÉFENDENT UNE MISE EN ŒUVRE PLEINE ET ÉQUILIBRÉE DES MESURES DE NON-PROLIFERATION ET DE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRES

16/10/2008
Assemblée généraleAG/DSI/3369
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

10e séance – après midi


LES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION DÉFENDENT UNE MISE EN ŒUVRE PLEINE ET ÉQUILIBRÉE DES MESURES DE NON-PROLIFERATION ET DE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRES


Les délégations de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) ont relevé aujourd’hui les déséquilibres affectant l’application efficace et transparente des mesures de non-prolifération et de désarmement nucléaires. 


Concluant leur débat thématique sur les armes nucléaires, les pays, dont plusieurs États dotés de l’arme atomique, ont pointé les difficultés, dans un contexte international tendu, à respecter les engagements pris lors des Conférences d’examen de 1995 et de 2000 du Traité de non-prolifération (TNP). 


Le représentant du Royaume-Uni, M. John Duncan, a indiqué que son pays, l’une des cinq puissances nucléaires, avait réduit de manière significative le nombre de ses ogives.  Avec 160 têtes nucléaires, le Royaume-Uni ne détient qu’une portion modeste de l’inventaire mondial, a-t-il dit, précisant de plus que ces armes n’étaient pas placées en état d’alerte.  Il a fait valoir l’approche transparente adoptée, les activités de démantèlement étant largement documentées, y compris celles ayant abouti à la cessation de la production de matières fissiles à des fins militaires dès 1995. 


Toutefois, a ajouté M. Duncan, nous ne croyons pas que compte tenu des circonstances actuelles, le Royaume-Uni puisse renoncer de manière unilatérale à l’arme atomique. 


Non-prolifération et désarmement ne sont pas en concurrence, a-t-il poursuivi, et débarrasser le monde de l’arme atomique nécessite d’empêcher l’apparition de nouvelles puissances nucléaires et de s’assurer que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sont mises en œuvre.  Il a prévenu que l’émergence de nouveaux États dotés du feu nucléaire relancerait la course aux armements.  C’est pour cette raison qu’il a appelé tous les États à adhérer au régime de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), par le biais duquel, a-t-il dit, le bien-fondé des programmes nucléaires civils peut être dûment vérifié. 


Les États-Unis ont, eux aussi, tenu à démontrer leur volonté non seulement de mener à bien leurs activités de démantèlement, en vertu du Traité américano-russe de Moscou sur la réduction des armes stratégiques, mais également d’aider les autres pays à réduire sur une base volontaire la quantité de matières utilisables dans les armes nucléaires qu’ils détiennent. 


Actuellement, le stock d’ogives détenu par les États-Unis a atteint son niveau le plus bas depuis les années 1950, a précisé M. Garold N. Larson.  Il a en outre indiqué, qu’à ce jour, son pays avait éliminé plus de 100 tonnes d’uranium enrichi et qu’il travaillait en étroite coopération avec plus de 100 États pour faire obstacle à la propagation des armes nucléaires. 


À la suite de M. Larson, Mme Paula De Sutter, du Département d’État des États-Unis, a présenté un projet de résolution relatif au respect des accords de non-prolifération, de limitation des armements et de désarmement.  Elle a expliqué que la version 2008 de ce texte, qui sera soumis pour adoption lors de la dernière phase des travaux de la Commission, allait plus loin que celle soumise en 2005.  Mme De Sutter a notamment précisé qu’elle invitait instamment les pays à fournir une aide aux pays dépourvus des capacités nécessaires, pour mettre pleinement en œuvre les traités auxquels ils ont choisi de devenir partie. 


Faisant également entendre leur voix, plusieurs pays non dotés d’armes nucléaires ont, à l’instar du Mexique, salué les progrès accomplis par les puissances nucléaires sur la voie de l’élimination de leurs arsenaux, tout en insistant sur l’importance d’une élimination complète conformément à l’article 6 du TNP. 


Plusieurs délégations emboîtant le pas au Mexique, ont appelé à l’abandon, par les cinq grandes puissances qui se partagent les 26 000 têtes nucléaires encore en activité, de doctrines de sécurité envisageant toujours le recours au feu nucléaire ainsi que le développement à des fins supposées préventives de nouveaux types d’armes.  


Le représentant de la République de Corée a, pour sa part, jugé qu’un véritable « fossé » existait entre États dotés et États non dotés de la bombe, et que le meilleur moyen de restaurer la confiance entre les deux groupes était d’assurer la mise en œuvre de l’article 6 du TNP. 


Selon M.  Im Han-Taek, un équilibre sera trouvé si les puissances nucléaires vont jusqu’au bout de leurs engagements en matière d’élimination et si, parallèlement, les États non dotés respectent les leurs dans le domaine de la non-prolifération. 


Outre ceux déjà cités, les pays suivants ont pris la parole: Afrique du Sud (au nom de la Coalition pour nouvel agenda), Mongolie, Chine, Émirats arabes unis, Turquie, Bangladesh, Myanmar, République de Corée, Algérie, Kazakhstan, Égypte, Qatar, Inde, Suisse, République populaire démocratique de Corée.  


La Première Commission poursuivra son débat thématique demain, vendredi 17 octobre, à 15 heures. 


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LA QUESTION DES ARMES NUCLÉAIRES ET PRÉSENTATION DES PROJETS DE RÉSOLUTION


Déclarations


M. LESLIE GUMBI (Afrique du Sud) a présenté le projet de résolution de la Coalition pour un nouvel agenda relatif à la question du désarmement et de la non-prolifération nucléaires et intitulé « Vers un monde exempt d’armes nucléaires: en vue de l’accélération de la mise en place des engagements pris en vue du désarmement nucléaire ».  L’intervenant a indiqué que cette résolution mettait l’accent, cette année plus spécifiquement, sur le TNP, en reconnaissant et en cherchant explicitement à souligner son importance, son universalité en vue d’aboutir à un désarmement et à la non-prolifération nucléaire.  Le projet de résolution cherche, par ailleurs, à envoyer un message spécifique sur l’importance et le besoin d’appliquer les engagements déjà pris en matière de désarmement nucléaire, en particulier les engagements pris en conclusion des Conférences d’examen du TNP en 1995 et 2000. 


Les partenaires de la Coalition pour un nouvel agenda croient fermement que les conclusions de ces deux Conférences offrent une approche par étapes qui souligne, d’une manière équilibrée, les éléments détaillés dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération nucléaire.  


M. JOHN DUNCAN (Royaume-Uni) a indiqué que son pays avait réduit de manière significative ses arsenaux nucléaires, le nombre de têtes nucléaires détenues par le Royaume-Uni étant désormais de 160, soit une portion modeste de l’inventaire mondial.  Il a précisé que ces armes n’étaient pas placées en état d’alerte.  Toutefois, a ajouté M. Duncan, nous ne croyons pas que, compte tenu des circonstances actuelles, le Royaume-Uni puisse renoncer de manière unilatérale à l’arme atomique.  Le représentant a également indiqué que son pays avait adopté une approche transparente dans le domaine du désarmement nucléaire, les activités de démantèlement étant largement documentées, y compris celles ayant abouti à la cessation de la production de matières fissiles à des fins militaires dès 1995.  Tous les surplus de matières fissiles ont été placés sous le contrôle du régime international de gestion de ce type de déchets, a encore dit le délégué britannique, ajoutant que son pays avait mis fin aux essais nucléaires en 1991 et ratifié le TICE en 1998.  


M. Duncan a ensuite expliqué qu’en signant le TNP, tous les États s’engageaient à assumer leurs responsabilités de créer l’environnement sûr nécessaire à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires.  La non-prolifération et le désarmement ne sont pas en concurrence, a-t-il poursuivi, et débarrasser le monde de l’arme nucléaire nécessite d’empêcher l’apparition de nouvelles puissances nucléaires et de s’assurer que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sont pleinement mises en œuvre.  Il n’y a pas d’alternative, a estimé M. Duncan, qui a prévenu que l’émergence de nouveaux États dotés du feu nucléaire relancerait la course aux armements et contribuerait à déstabiliser telle ou telle région.  C’est ainsi que le représentant a appelé tous les États à adhérer au régime de l’AIEA, par le biais duquel, a-t-il dit, le bien-fondé des programmes nucléaires civils peut-être vérifié. 


Le représentant britannique a de plus souligné la participation active de son pays au sein de l’Initiative mondiale pour combattre le terrorisme nucléaire et l’Initiative de sécurité contre la prolifération.  Enfin, il a rappelé que le Royaume-Uni, au titre du respect des dispositions des Traités portant création de zones exemptes d’armes nucléaires, continuait de donner des garanties négatives de sécurité à près de 100 pays.  


M. J. ENKHSAIKHAN (Mongolie) a réitéré son soutien à la mise en place de zones exemptes d’armes nucléaires.  L’intervenant a souligné que son engagement envers la cause des zones exemptes d’armes nucléaires a été souligné par le fait que son pays travaillait à la mise en place d’une zone exempte d'armes nucléaires dans un seul État, du fait de l’exceptionnelle situation géographique de la Mongolie.  Il a rappelé que la Mongolie avait présenté un projet de traité trilatéral, l’an dernier, aux pays voisins, dont l’intention est de définir et d’institutionnaliser le statut de cette zone.  Les principales dispositions de ce projet sont similaires aux traités établissant des zones régionales exemptes d’armes nucléaires.  M. Enkhsaikhan a indiqué que son pays avait eu d’ailleurs des consultations informelles, à la marge des réunions de la Première Commission, avec les représentants des pays voisins de la Mongolie afin de faire avancer ce projet.  Il a exprimé son souhait que son pays puisse bientôt faire rapport à cette Commission sur les résultats de ces consultations.  En outre, la Mongolie présentera un projet de résolution de procédure et souhaite qu’il soit adopté comme dans le passé par consensus. 


M. GAROLD N. LARSON (États-Unis) a souligné l’importance accordée par son pays à l’article 6 du TNP.  Il a aussi réaffirmé la volonté des États-Unis  d’aider les autres pays à réduire, sur une base volontaire, la quantité de matières utilisables dans les armes nucléaires qu’ils détiennent.  Il a fait valoir les résultats obtenus dans le cadre du Traité de Moscou sur la réduction des armes stratégiques, précisant qu’actuellement le stock détenu par les États-Unis avait atteint son niveau le plus bas depuis les années 1950.  Il a ajouté que les activités de démantèlement des stocks d’armes nucléaires se poursuivaient de manière sûre et efficace, le plutonium extrait de ces armes étant en outre destiné à être recyclé en combustible.  M. Larson a encore noté, qu’à ce jour, les États-Unis avaient éliminé plus de 100 tonnes d’uranium enrichi.  Il a indiqué que les États-Unis travaillaient avec plus de 100 pays pour faire obstacle à la propagation des armes nucléaires.  


À la suite de M. Larson, Mme PAULA DE SUTTER, du Département d’État des États-Unis, a présenté un projet de résolution relatif au respect des accords de non-prolifération, de limitation des armements et de désarmement.  Elle a expliqué que la version 2008 de ce projet de résolution allait plus loin que celle soumise en 2005, en ce qu’elle encourage les pays à fournir une aide aux pays dépourvus des capacités nécessaires.  Des défis considérables pèsent sur la sécurité internationale dans le domaine notamment de la non-prolifération nucléaire, a dit la représentante, qui a souhaité qu’à travers l’adoption de cette résolution, les États réaffirment l’importance des efforts diplomatiques dans le domaine du respect des obligations et la nécessité d’assister les pays désireux de mettre pleinement en œuvre les traités auxquels ils ont choisi de devenir partie. 


M. KANG YONG (Chine) a affirmé que son pays soutenait la conclusion d’instruments juridiques internationaux sur l’interdiction et la destruction complète des armes nucléaires.  Il a précisé que la Chine honore fidèlement les obligations prises dans le cadre du TNP.  La Chine, a-t-il dit, n’a jamais pris et ne prendra jamais part à une course aux armements nucléaires et n’a jamais déployé aucune de ces armes en dehors de son territoire.  Il a ajouté que les deux États possédant les arsenaux nucléaires les plus importants devaient procéder à des réductions plus substantielles et irréversibles, d’une manière transparente, et mettre en application de manière sérieuse les traités déjà conclus dans le domaine du désarmement nucléaire. 


L’intervenant a, par ailleurs, déclaré que son pays maintenait sa position selon laquelle les États détenteurs d’armes nucléaires devaient adopter une série de mesures, notamment: abandonner les politiques de dissuasion nucléaire basée sur l’utilisation en premier des armes nucléaires; prendre l’engagement de ne pas utiliser en premier les armes nucléaires en tout temps et sous aucune circonstance; s’engager inconditionnellement à ne pas utiliser la menace des armes nucléaires contre les États non détenteurs d’armes nucléaires ou contre les zones exemptes d’armes nucléaires et conclure des instruments juridiques pertinents; retirer et rapatrier toutes armes nucléaires qui seraient déployées en dehors de leur territoire; abandonner les politiques et les pratiques fondées sur les parapluies nucléaires; ne pas développer d’armes nucléaires de faible puissance, faciles à utiliser; prendre toutes les mesures nécessaires afin d’éviter des lancements accidentels ou non autorisés d’armes nucléaires. 


M. HANI MOHAMMED BIN HUWAIDIN (Émirats arabes unis) a déclaré que son pays, qui adhère pleinement aux principes de non-prolifération et de désarmement nucléaires, restait un ardent défenseur du droit aux utilisations pacifiques de l’énergie atomique.  À l’instar d’autres pays arabes, il a lancé un appel en faveur de la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive, y compris nucléaires, au Moyen-Orient.  Pour que cet objectif devienne réalité, il a souligné la nécessité qu’Israël adhère au TNP et place l’ensemble de ses installations nucléaires sous le contrôle international de l’AIEA.  Nous invitons également la République islamique d’Iran à poursuivre sa coopération avec l’AIEA  afin de lever les doutes qui continuent d’entourer la nature de son programme nucléaire, a-t-il dit. 


M. LUIS ALFONSO DE ALVA (Mexique) s’est déclaré convaincu que l’établissement de la Commission internationale sur la non-prolifération et le désarmement nucléaire permettra d’obtenir un compromis de haut niveau entre les États qui possèdent des armes nucléaires et ceux qui n’en ont pas.  Il a également salué les mesures adoptées par des États nucléaires pour la réduction de leurs arsenaux.  Il est cependant fondamental, a-t-il dit, que les puissances nucléaires se reposent la question de leurs structures de sécurité afin qu’elles se rendent compte que les doctrines basées sur la dissuasion sont obsolètes et inefficaces.  Selon lui, l’élimination totale des armes nucléaires est la seule voie rationnelle pour assurer la sécurité collective. 


Le représentant mexicain a souligné le besoin de renforcer le TNP et a rejeté « catégoriquement » l’application discriminatoire de l’accord et l’application sélective de ses dispositions et de ses compromis.  L’affaiblissement du TNP ferait non seulement du tort aux efforts pour le désarmement et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, mais elle encouragerait la prolifération, a-t-il prévenu.  Selon lui, le désarmement nucléaire et la non prolifération reviennent au même.  En conséquence, il a prévenu que tant que subsistera un traitement inégal, la menace de la prolifération nucléaire persistera.  Il est donc urgent de mettre en œuvre des mesures qui avancent dans les deux directions, a-t-il dit.  Le représentant mexicain a également plaidé pour une plus grande coopération entre les régions libres d’armes nucléaires et le besoin d’en créer de nouvelles.  Il a souligné que la récente réunion du Conseil de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine (OPANAL) a suggéré l’organisation d’une deuxième réunion des États Membres et signataires des Traités qui établissent des zones libres d’armes nucléaires, qui pourrait se dérouler en mai, à New York.  Il a appelé tous les pays à soutenir cette proposition et à participer activement à la réunion. 


M. VEHBI ESGEL ETENSEL (Turquie) a déclaré que son pays considérait le TNP comme la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement.  L’universalisation de cet instrument, le renforcement du système de garanties de l’AIEA et du contrôle des exportations et, l’entrée en vigueur le plus tôt possible du TICE sont les éléments clefs de la viabilité du TNP sur le terme, a estimé le représentant.  Il a ensuite indiqué que la Turquie soutenait les décisions et la résolution adoptées lors de la Conférence de 1995 des Parties au TNP, ainsi que le Document final de la Conférence de 2000.  Il a assuré que sa délégation continuerait de travailler pour que l’édition 2010 soit couronnée de succès.  La Turquie soutient vigoureusement, par ailleurs, les efforts pour aider la Première Commission à reprendre son rôle de négociateur et de principal forum mondial de désarmement.  La délégation a par ailleurs exprimé l’attachement de sa délégation à trouver une solution au problème nucléaire par des moyens diplomatiques.  M. Etensel a estimé que l’Accord du 13 février constituait une étape significative vers la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  La Turquie salue l’accord signé récemment entre les États-Unis et la RPDC et espère que ce pays retournera au TNP. 


Mme ISHRAT JAHAN AHMED (Bangladesh) a déclaré que son pays était profondément préoccupé par l’écart grandissant entre les puissances nucléaires et les États non détenteurs d’armes nucléaires.  Elle a affirmé que l’élimination de ces armes était la seule garantie absolue contre cette menace.  L’intervenante a, par ailleurs, ajouté qu’il était regrettable que le TICE n’avait pas atteint son objectif d’adhésion universelle lors du douzième anniversaire de son adoption.  Le Bangladesh réitère donc son appel aux neufs pays restants qui figurent dans l’annexe 2 du Traité et dont la ratification est essentielle pour l’entrée en vigueur du TICE. 


L’intervenante a fait observer que les puissances nucléaires avaient jusqu'à présent montré peu de volonté ou fait peu de progrès envers le désarmement.  De toute évidence, a-t-elle ajouté, certaines ogives obsolètes ont été détruites mais il apparaît que c’était plus en faveur d’une modernisation de ces armes plutôt que pour se conformer aux dispositions des traités.  Le Bangladesh appelle donc les États détenteurs de ces armes à adhérer aux principes de transparence, d’irréversibilité et de vérification.  Elle a conclu par réitérer son appel en vue de l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires, notamment en Asie du Sud et au Moyen-Orient. 


U WUNNA MAUNG LWIN (Myanmar) a affirmé que l’existence des armes nucléaires posait une des plus grandes menaces qui existent à l’humanité.  La sécurité d’une nation peut être assurée sans armes nucléaires, comme en témoignent le fait que certains pays y aient renoncé, a-t-il dit.  En outre, des milliards de dollars dépensés pourraient être consacrés à soulager les peuples du monde de la pauvreté et de la faim, a souligné le représentant.  Il a aussi rappelé que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait affirmé qu’il existait une obligation de poursuivre de bonne foi et de conclure les négociations menant au désarmement nucléaire sous tous ses aspects.  La délégation a, en conclusion, exprimé son soutien au projet de résolution, en ce sens, présenté aujourd’hui.  


M. IM HAN-TAEK (République de Corée) a estimé que l’objectif de désarmement nucléaire relevait en premier lieu de la responsabilité des cinq puissances nucléaires.  S’il a reconnu les progrès réalisés par les pays considérés en matière de démantèlement, il a noté qu’aujourd’hui encore ces États se partageaient 26 000 ogives.  Le représentant a estimé qu’un fossé existait entre États dotés et États non dotés de la bombe, et que le meilleur moyen de restaurer la confiance entre les deux groupes était d’assurer la mise en œuvre de l’article 6 du TNP visant l’élimination totale des armes nucléaires.  Nous réaffirmons notre conviction que l’objectif ultime doit être la réalisation d’un monde exempt de ces arsenaux, a encore dit le représentant. 


Selon lui, un équilibre peut être trouvé si les puissances nucléaires vont jusqu’au bout de leurs engagements en matière d’élimination et si, parallèlement, les États non dotés respectent les leurs dans le domaine de la non-prolifération.  Le représentant a salué les progrès accomplis par la Fédération de Russie et les États-Unis, en vertu du Traité de Moscou, de réduction des armes stratégiques, ainsi que la volonté de la France et du Royaume-Uni de prendre des mesures unilatérales de réduction de leurs arsenaux.  Toutefois, le perfectionnement d’armes nucléaires et le développement de nouvelles catégories d’arsenaux est contraire à l’obligation de mener les activités nationales de désarmement en toute bonne foi, a-t-il dit. 


Pour ce qui est des activités nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le délégué a déclaré que son pays continuait d’appuyer les efforts en vue de parvenir à une solution pacifique dans le cadre des Pourparlers à Six.  Il a estimé que la dénucléarisation de la péninsule coréenne était vitale pour la sécurité et la prospérité de la région et pour préserver l’intégrité du régime de non-prolifération.  Enfin, il s’est félicité de la décision des États-Unis de retirer la RPDC de la liste des États soutenant des groupes terroristes et de la reprise des activités de démantèlement par la RPDC.  En vue de parvenir à l’abandon définitif des activités sensibles de la RPDC, conformément à la Déclaration conjointe du 19 septembre, il a demandé que la communauté internationale continue d’apporter l’assistance nécessaire. 


M. LARBI EL HADJ ALI (Algérie) a déclaré que rien ne justifiait de continuer à se fonder sur des références doctrinales surannées empêchant le processus de désarmement nucléaire de progresser.  Il s’est déclaré convaincu que l’élimination totale des armes nucléaires représente la seule garantie réelle de sécurité tant pour les États non dotés d’armes nucléaires que pour ceux qui en disposent.  Il a affirmé, par ailleurs, que les États non dotés d’armes nucléaires étaient en droit de bénéficier de façon inconditionnelle des garanties interdisant l’utilisation ou la menace d’utilisation en toutes circonstances de l’arme nucléaire à leur encontre par les États nucléaires.  Pour qu’elles soient dissuasives et crédibles, il est urgent, a-t-il dit, que ces garanties de sécurité soient codifiées dans un instrument juridiquement contraignant. 


L’intervenant s’est déclaré en faveur de la création de zones exemptes d’armes nucléaires comme étant un moyen efficace concourant au renforcement du régime de non-prolifération et au soutien des efforts entrepris en vue du désarmement nucléaire.  À cet égard, l’Algérie a pris note de l’engagement des puissances nucléaires en ce qui concerne les garanties de sécurité découlant du régime des zones exemptes d’armes nucléaires.  Il a rappelé que son pays appartenait d’ailleurs à une sous-région qui était à cheval entre une zone africaine, qui peine jusqu'à présent à recueillir les ratifications nécessaires à son entrée en vigueur, et une zone du Moyen-Orient qui devient utopique au fil des ans.  L’intervenant a conclu son allocution en affirmant que la prévention de la prolifération, de même que les initiatives visant le renforcement des mesures de non-prolifération ne sauraient être un prétexte visant à entraver l’accès des États parties au TNP à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire à des fins de développement. 


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a rappelé que le renoncement de son pays à tout arsenal nucléaire avait été dicté par les souffrances endurées par les populations kazakhes en raison des essais nucléaires pratiqués sur son territoire.  Il est établi aujourd’hui que pendant 45 ans, sur le site d’essai de Semipalatinsk, il a été procédé à 459 explosions, y compris 113 de nature atmosphérique, et que plus de 500 000 personnes ont été exposées à des radiations néfastes pour leur santé, a ajouté la représentante.  L’intervenante a indiqué que ces activités avaient eu des conséquences dramatiques non seulement sur la santé des populations mais aussi sur l’environnement d’une vaste partie du territoire.  Elle a déclaré qu’aujourd’hui le site servait d’infrastructure à un projet de l’Organisation du TICE destiné à œuvrer à la résolution des questions les plus sensibles dans la sphère de la non-prolifération des armes nucléaires.  Enfin, elle a plaidé pour l’exercice d’un droit aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire basé sur une coopération internationale accrue, en particulier dans le secteur de l’exploitation du cycle du combustible nucléaire. 


M. HOUSSAIN ALY (Égypte) a présenté deux projets de résolution, l’un relatif à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et l’autre au risque de prolifération nucléaire dans cette région.  Sur le premier, le représentant a indiqué qu’il reflétait la vision à la fois régionale et internationale du futur du Moyen-Orient et un moyen de restaurer la confiance entre États dans un contexte pacifié.  Concernant le second projet de résolution, lui aussi présenté pour adoption depuis plusieurs années, le délégué a estimé vital qu’Israël adhère au TNP et place ses installations nucléaires sous le régime de vérification de l’AIEA, en vue notamment de résoudre le sérieux déséquilibre stratégique entre États de la région.  Ce déséquilibre est inacceptable en ce qu’il peut encourager à relancer la course aux armements et mettre le feu à la région, a-t-il affirmé.  Enfin, le représentant a espéré que ces projets de résolution soient appuyés par le plus grand possible de délégations. 


M. MOHAMMED ALSUBAEY (Qatar) a rappelé que son pays était un État partie au TNP et au TICE.  Le Qatar a réitéré l’importance de la mise en place de zones exemptes d’armes nucléaires, et notamment au Moyen-Orient.  À cet effet, le Qatar a demandé qu’Israël ratifie au plus vite le TNP et se conforme aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité afin de renforcer les mesures de confiance au Moyen-Orient.  Le Qatar a en effet affirmé que l’attitude d’Israël risquait de saper la conférence d’évaluation du TNP prévue en 2010. 


M. VISHVJIT P. SINGH (Inde) a fait remarquer que le désarmement nucléaire jouit d’un soutien de plus en plus grand auprès des groupes et entités bien informés.  Aussi, a-t-il dit, avant de présenter trois projets de résolution, l’Assemblée générale devrait saisir l’occasion pour donner une nouvelle impulsion à la volonté politique des États Membres dans le domaine du désarmement nucléaire.  Il a plaidé en ce sens pour la convocation rapide de la quatrième session extraordinaire de l’ONU, consacrée au désarmement, un souhait partagé par tous les non-alignés, a-t-il précisé.  M. Singh a ensuite présenté trois projets de résolution.  Le premier préconise de mettre en place une convention sur l’interdiction de l’utilisation des armes nucléaires juridiquement contraignante, négociée dans le cadre d’une Conférence du désarmement revitalisée; le second porte sur la réduction du danger nucléaire et demande aux puissances nucléaires d’aller plus loin dans leurs activités de démantèlement; et le troisième concerne les mesures destinées à empêcher que des terroristes ne mettent la main sur des armes de destruction massive.  À propos de ce dernier texte, le représentant a indiqué que sa version 2008 mentionnait l’initiative mondiale pour combattre le terrorisme nucléaire lancée conjointement par la Fédération de Russie et les États-Unis. 


M. JÜRG STREULI (Suisse) a souligné les efforts faits par certaines puissances nucléaires dans le domaine de la transparence.  Il a fait notamment l’éloge des efforts de la France qui a communiqué le nombre total de ses armes nucléaires.  La France a, par ailleurs, invité des experts internationaux afin de témoigner du démantèlement de ses anciens sites de production nucléaire.  En ce qui concerne le TICE, la Suisse souhaite que dans un futur proche, ce traité puisse être finalement entré en vigueur.  Elle appelle les 9 des 44 États mentionnés dans l’annexe 2 du Traité qui ne l’ont toujours pas ratifié, à le faire.  Elle prend aussi note que les États-Unis et la Fédération de Russie, les deux États ayant les plus importants arsenaux nucléaires, n’ont jusqu’à ce jour pas réussi à se mettre d’accord sur la suite à donner au Traité START I (Strategic Arms Reduction Talks), qui va expirer fin 2009.  


Elle note aussi qu’il existe encore des questions non résolues quant au dossier du nucléaire iranien.  M. Streuli a déclaré que l’AIEA n’avait pas été en mesure de progresser sur certaines allégations et que l’Iran avait continué ses activités d’enrichissement.  Ces développements sont tout à fait regrettables, a-t-il dit, parce qu’il y avait eu un certain nombre de moments constructifs qui avaient culminé lors des pourparlers de Genève, en juillet dernier.  La Suisse considère cependant que la solution diplomatique reste réaliste et qu’elle est la seule solution valable.  


Enfin l’intervenant a souligné que l’adoption par le groupe de fournisseurs nucléaires d’une exception à ses règles en permettant une livraison de matériels nucléaires à l’Inde, et ce en dépit de l’absence de mécanismes élargis de surveillance de l’AIEA pour ce pays, peut être vue comme un élément constructif.  Cela pose cependant des questions quant à l’avenir du régime de non-prolifération.  L’intervenant a conclu en présentant de manière formelle le projet de résolution « Diminution de la disponibilité opérationnelle des dispositifs des armes nucléaires », qui est coparrainé par le Chili, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Nigéria et la Suède.  Ce projet, a-t-il dit, appelle toutes les puissances nucléaires à prendre davantage de mesures en faveur de la diminution de la disponibilité opérationnelle de ces armes.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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