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AG/DSI/3368

LES RESPONSABLES D’ENTITÉS DE DÉSARMEMENT DU SYSTÈME ONUSIEN APPELLENT LES ÉTATS DE LA PREMIÈRE COMMISSION À SE MOBILISER POUR LA RECHERCHE COLLECTIVE DE LA SÉCURITÉ

15/10/2008
Assemblée généraleAG/DSI/3368
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

9e séance – après midi


LES RESPONSABLES D’ENTITÉS DE DÉSARMEMENT DU SYSTÈME ONUSIEN APPELLENT LES ÉTATS DE LA PREMIÈRE COMMISSION À SE MOBILISER POUR LA RECHERCHE COLLECTIVE DE LA SÉCURITÉ


La Première Commission a entendu aujourd’hui des représentants d’organisations et d’organes clefs du désarmement et de non-prolifération nucléaires du système onusien.  Les délégations ont largement reconnu la nécessité de relancer l’entreprise de désarmement multilatéral et de refondre l’édifice de sécurité collective dans un contexte mondial marqué par des défis de plus en plus complexes.   


Le Haut Représentant pour les affaires de désarmement, M. Sergio Duarte, avait lancé la discussion en notant que de nombreux États, confrontés à la conjonction de crises majeures, s’étaient laissés gagner par une « méfiance réciproque » ayant notamment pour effet de saper l’application équilibrée et transparente du Traité de non-prolifération (TNP).


Au cours de l’échange de vues qui a suivi, les intervenants ont appelé les États Membres à faire preuve davantage de volonté politique afin de relancer l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.


Le représentant du Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), M. Gustavo Zlauvinen, a ainsi emboîté le pas à M. Duarte, indiquant qu’à la vitesse à laquelle s’effectuent les progrès technologiques et tandis que s’affirment les ambitions nucléaires civiles de nombreuses puissances émergeantes, les efforts de non–prolifération menés par l’Agence allaient devoir s’intensifier. 


« Pour répondre aux défis futurs, a déclaré M. Zlauvinen, l’AIEA doit pouvoir s’appuyer sur des législations nationales afin que les États soient à même de lui fournir l’information dont elle a besoin et les ressources humaines et financières adaptées à la conduite des inspections. »


Estimant que l’universalisation de l’Agence était vitale pour optimiser les activités de vérification alors que la charge de travail des inspecteurs s’accroît « dramatiquement », M. Gustavo Zlauvinen a expliqué que les projets de traitement du cycle combustible à des fins de développement créaient de nouvelles responsabilités pour l’AIEA.  L’Agence pourrait être amenée à jouer un rôle de « courtier du nucléaire » nécessitant non seulement un accroissement de ses capacités mais aussi une refonte du cadre multilatéral de non-prolifération, a indiqué M. Zlauvinen.


Le Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), M. Tibor Toth, a quant à lui, noté que la coopération interétatique sur laquelle repose le régime de vérification de cet instrument avait donné lieu à de nouvelles normes de transparence en matière de sécurité multilatérale. 


Il a de plus affirmé que c’était sous l’égide de traités de ce type que la communauté internationale serait amenée à trancher sur la nature des programmes nucléaires civils.  Relevant que l’énergie nucléaire était désormais promue comme réponse à l’insécurité énergétique et à la dégradation du climat, Tibor Toth a estimé que cette promotion devait aller de pair avec un nécessaire renforcement des mesures de non-prolifération et de désarmement. 


« Le régime en question a été affaibli ces dernières années par la reprise des essais, ce qui démontre combien il est urgent que le TICE entre rapidement en vigueur », a renchéri M. Toth.  Il a rappelé à ce titre que, pour devenir réalité, le Traité, fort de 180 adhérents, devait encore être ratifié par 9 États.  « Le TICE peut empêcher que ne déraille le régime de non-prolifération et de désarmement, alors que nous entrons dans le XXIe siècle et que le monde fait face à des défis multiples », a-t-il déclaré.


Le Secrétaire général adjoint de la Conférence du désarmement, M. Tim Caughley, est également monté au créneau pour signaler que si la Conférence –seule instance de l’ONU autorisée à négocier des accords multilatéraux majeurs- demeurait effectivement dans l’impasse, elle n’était pas pour autant « moribonde ».


« Nous manquons de résultats, a admis M. Caughley, mais la Conférence n’a jamais été aussi proche de parvenir à un programme de travail depuis 1998. »


Il a en outre attiré l’attention sur les développements de la session 2008 de la Conférence, marquée entre autres par de réels progrès en vue de l’ouverture de négociations sur un traité portant sur l’arrêt de la production de matières fissiles et par la tenue de débats thématiques intenses qui devraient permettre, au moment où la Conférence reprendra ses travaux, d’avancer de manière « pragmatique et efficace » sur les questions de fond qui y auront été soulevées.


Par ailleurs, la Commission a poursuivi son débat thématique sur les armes nucléaires. 


Plusieurs délégations ont, comme hier, plaidé pour une mise en œuvre non sélective du TNP.  Les États non dotés de l’arme atomique ont ainsi enjoint les puissances nucléaires à honorer leurs promesses en matière d’élimination totale et irréversible de leurs arsenaux.  Les pays en développement, à l’instar de l’Indonésie, ont affirmé que l’utilisation pacifique de l’énergie atomique représentait pour eux un moyen crucial d’essor économique.  Ils ont averti que tant que les États nucléaires ne dépasseraient pas la rhétorique, il n’y aurait pas de coopération sur les questions nucléaires de la part des autres États.


Outre ceux déjà cités, les pays suivants ont pris la parole: Australie, Chili, Norvège, Pakistan, Japon, Autriche, Fédération de Russie, Nouvelle-Zélande, Indonésie, Cuba et Koweit. 


La République arabe syrienne a exercé son droit de réponse en fin de séance.


La Première Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 16 octobre, à 15 heures.  


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LA QUESTION DES ARMES NUCLÉAIRES


Déclarations


M. SERGIO DUARTE, Haut Représentant pour les affaires de désarmement aux Nations Unies, a souhaité rappeler ce que M. Miguel d’Escoto Brockmann, Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée Générale, avait déclaré le 16 septembre dernier, à savoir que le monde risquait de sombrer dans le bourbier de la folie et du suicide collectif.  M. Duarte a affirmé que de nombreux États étaient confrontés à une variété de crises qui ont été aggravées année après année par l’absence de sens commun et la montée de la méfiance réciproque. 


Il a indiqué qu’un certain nombre de crises avait affecté le Traité de non-prolifération (TNP) et avait alimenté des doutes quant à l’efficacité de ce Traité et sa capacité de remplir les objectifs de désarmement et de non-prolifération, ainsi que les objectifs dans le domaine de la promotion de l’usage du nucléaire à des fins pacifiques.  D’autres critiques ont par ailleurs continué à dénoncer son application qualifiée de discriminatoire. 


Certaines crises touchent aussi à l’absence d’obligations juridiques multilatérales dans certains domaines; c’est le cas dans le domaine des missiles, des armes spatiales et d’un large panel d’armements conventionnels, ce qui inclut les armes légères et de petit calibre.  Ce problème s’est aussi étendu à des régimes légaux incomplets: le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et le Traité de Pelindaba ne sont pas encore entrés en vigueur, plusieurs protocoles de traités régionaux pour la mise en place de zones exemptes d’armes nucléaires ne sont pas encore signés, les accords sur les garanties requises dans le domaine du nucléaire n’ont pas encore été conclus, enfin il n’y a pas encore de garanties juridiquement contraignantes obtenues par les États non détenteurs d’armes nucléaires contre la menace ou l’utilisation d’armes nucléaires. 


M. TIM CAUGHLEY, Secrétaire général adjoint de la Conférence du désarmement (CD), a déclaré d’emblée que l’impasse dans laquelle se trouve la CD depuis de nombreuses années ne signifiait pas qu’elle était « moribonde ».  Nous manquons de résultats, certes, mais la Conférence n’a jamais été aussi proche de parvenir à un programme de travail depuis 1998, a ajouté M. Caughley.  Il a ensuite attiré l’attention sur les méthodes de travail en vigueur à la Conférence, précisant notamment que les six Présidents pour 2008 avaient encouragé la présentation régulière de rapports d’activités.  Il a également souligné la volonté politique démontrée par les États au cours de l’année écoulée pour sortir la Conférence de la paralysie, les sept coordonnateurs nommés par les présidents devant être tout particulièrement félicités pour leur action.  Ces derniers ont tenu un rôle décisif dans la facilitation des débats sur tous les points de l’ordre du jour, y compris ceux posant le plus de problèmes en vue d’atteindre un consensus, a dit l’orateur. 


Selon M. Caughley, le principal développement de 2008 a été les progrès enregistrés en vue de l’ouverture de négociations sur un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles.  Il a indiqué que malgré cela et alors qu’aucune voix ne s’est explicitement fait entendre pour s’opposer à cet objectif, des inquiétudes fortes demeurent concernant le mandat d’un tel traité ainsi que les procédures de vérification qu’il supposerait.  Sur les autres points à l’ordre du jour de la Conférence, M. Caughley s’est félicité de la souplesse démontrée par la Fédération de Russie et de la Chine qui plaident ensemble pour l’établissement d’un traité sur l’espace extra-atmosphérique et qui ont reconnu qu’il était trop tôt pour entamer des négociations officielles sur cette question. 


Le Secrétaire général adjoint de la CD a en outre estimé que les débats thématiques de la Conférence au cours des trois dernières années avaient permis de mettre en relief des questions de fond plus urgentes que d’autres, ce qui devrait permettre, au moment où la CD reprendra normalement ses travaux, d’avancer de manière pragmatique et efficace.  Pour M. Caughley, il est vital que la Conférence continue de réfléchir à ces questions de façon approfondie, en encourageant la participation des experts nationaux, jusqu’à ce qu’un consensus soit trouvé sur un programme de travail « complet et équilibré ». 


M. ROGELIO PFIRTER, Directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), a indiqué qu’au 30 septembre 2008, l’Organisation avait vérifié la destruction de plus de 28 600 tonnes d’armes chimiques de catégorie 1.  Cela représentait, a-t-il dit, 41,25% du total des stocks déclarés par six États parties, nommément l’Albanie, l’Inde, la Jamahiriya arabe libyenne, la Fédération de Russie, les États-Unis et un autre État qui a souhaité garder l’anonymat.  Neuf cent quinze tonnes (ou 51,80%) des armes chimiques de catégorie 2 ont de même été détruites.  En outre, tous les États parties, qui ont déclaré des armes chimiques de catégorie 3, ont complété la destruction de ces armes.  Le représentant a par ailleurs indiqué que la Chine et le Japon, en ce qui les concerne, avaient chacun soumis deux rapports sur les progrès dans le domaine de la destruction de toutes les armes chimiques laissées par le Japon sur le territoire chinois.  Il a tenu à souligner la coopération exemplaire de ces deux pays en traitant ce contentieux historique.  À cet égard, il a réaffirmé que le secrétariat technique de son organisation restait prêt à fournir toute l’assistance technique possible. 


L’intervenant a affirmé que la Convention sur l’interdiction des armes chimiques couvrait désormais plus de 98% de l’industrie chimique mondiale touchant à cette question et qu’elle couvrait aussi un pourcentage similaire de la population mondiale.  Il a ajouté qu’afin d’assurer la permanence et la durabilité des normes de cette Convention, il était nécessaire de renforcer les systèmes nationaux légaux et administratifs.  Il était donc impératif que chaque État établisse les mesures administratives et législatives afin de détecter, poursuivre, condamner, sur leur territoire, toute infraction à la Convention par leurs ressortissants.  


M. Pfirter a déclaré que la promotion de l’universalité de la Convention sur les armes chimiques restait tout à la fois une priorité et un défi.  En effet, 11 États Membres des Nations Unies devaient encore adhérer à cette Convention. Certains d’entre eux ont déjà montré un large soutien aux objectifs de la Convention et ont pris d’importantes mesures en vue de leur adhésion.  À cette fin, l’Irak et le Liban ont complété les procédures parlementaires nécessaires en vertu de leur constitution.  M. Pfirter a cependant noté qu’ailleurs au Moyen-Orient, la situation était malheureusement différente avec l’Égypte et Israël qui ont signé mais pas encore ratifié la Convention, et la Syrie qui continue d’invoquer des préoccupations de sécurité régionale pour rester en dehors de cet instrument.  L’intervenant a cependant réitéré le caractère universel de cette Convention et a exprimé son souhait qu’elle ne soit pas affectée par des circonstances régionales.  Il a indiqué que son organisation restait en contact avec quelques pays en Afrique et dans les Caraïbes dont l’engagement politique ne faisait aucun doute et a souhaité que le Myanmar, un signataire du Traité, prenne enfin les étapes nécessaires pour ratifier la Convention et devenir un État partie. 


Il a souligné que le seul pays qui n’avait virtuellement aucun contact avec son organisation et n’avait exprimé aucune intention de le faire était la République populaire démocratique de Corée.  Il a ainsi souhaité que ce pays montre son inclination le plus tôt possible à discuter de la question de supprimer les armes chimiques.  Cela serait ainsi conforme avec les demandes exprimées par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1718 qui, se référant à la question de la non-prolifération nucléaire, se référait aussi à la nécessité d’abandonner d’autres catégories d’armes de destruction massive d’une manière définitive et transparente. 


M. TIBOR TOTH, Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a rappelé que l’objectif de la Commission était de promouvoir l’entrée en vigueur du TICE et d’établir un régime mondial de vérification de l’application de ses dispositions.  Fort de 180 signataires, le TICE a désormais besoin que les 9 derniers pays sur les 44 États visés à l’Annexe II du Traité, qui ne l’ont pas encore fait, le ratifient pour qu’il entre en vigueur, a-t-il précisé.  Il a ensuite abordé le régime de vérification instauré par le Traité.  À ce sujet, il a estimé qu’à ce stade près de 70% du système de contrôle international dudit régime avaient été certifiés.  Vous vous souviendrez que c’est grâce à ce même système, centralisé à Vienne, que l’essai nucléaire nord-coréen de 2006 avait pu être détecté et analysé, a dit M. Toth.  Il a indiqué que désormais le système pouvait s’appuyer de 1 000 stations établies dans plus de 100 pays qui ont un accès direct à la base de données de Vienne.  Ces données peuvent être traitées dans le cadre de programmes civils et scientifiques, dans le domaine notamment de la prévention des tsunamis, a précisé le Secrétaire exécutif. 


Il a de plus noté que la coopération interétatique sur laquelle repose le régime de vérification du Traité avait abouti à de nouvelles normes de transparence en matière de sécurité multilatérale.  M. Toth a poursuivi en disant que l’un des principaux défis de demain serait, sous l’égide des traités internationaux, de différencier la nature des programmes nucléaires.  L’énergie nucléaire est promue comme réponse à l’insécurité énergétique et à la dégradation du climat, mais cette promotion doit aller de pair avec un nécessaire renforcement des mesures de non-prolifération et de désarmement, a-t-il préconisé.  « Le régime en question a été affaibli ces dernières années, en particulier par la reprise des essais, indiquant combien il est urgent que TICE devienne réalité ».  Le Traité peut empêcher que ne déraille le régime de non-prolifération et de désarmement, alors que nous entrons dans le XXIe siècle et que le monde fait face à des défis multiples, a conclu le Secrétaire exécutif. 


M. GUSTAVO ZLAUVINEN, représentant du Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a indiqué que le système de vérification objective des activités nucléaires de l’Agence était de plus en plus basé sur les informations recueillies.  « Les trois principales sources d’informations sont les informations fournies par les États par le biais des protocoles et sur une base volontaire, les informations dérivées des activités d’inspection menées par l’Agence et les informations fournies par d’autres biais. »  Sur ce dernier point, M. Zlauvinen a évoqué les données satellitaires, très utiles selon lui, pour détecter des activités nucléaires illicites.  Le représentant a également estimé que compte tenu de la vitesse à laquelle s’effectuent les progrès scientifiques et technologiques, et tandis que se multiplient les programmes nucléaires civils, les efforts de non–prolifération menés par l’Agence allaient nécessairement s’intensifier à l’avenir.  Pour répondre aux défis futurs, a-t-il dit, l’AIEA devra pouvoir s’appuyer sur des législations nationales à même de lui fournir l’information dont elle a besoin et les ressources humaines et financières adaptées à la conduite des inspections. 


M. Zlauvinen a ensuite rappelé que l’AIEA n’était toujours pas universelle.  Trente États parties au TNP et non dotés d’armes nucléaires n’ont toujours pas activé leurs accords de garanties et plus de 100 pays doivent encore conclure avec l’Agence des protocoles additionnels, a-t-il précisé.  Il a estimé que l’universalisation de l’Agence était vitale pour optimiser les activités de vérification, à un moment où la charge de travail augmente dramatiquement.  Il a expliqué, à cet égard, que les projets de traitement du cycle combustible à des fins de développement prévoyaient de nouvelles responsabilités pour l’Agence, qu’il s’agisse de questions liées à la fourniture d’uranium enrichi ou de la supervision de la chaîne de retraitement du plutonium.  Il a parlé d’un rôle « de courtier du nucléaire » que l’AIEA pourrait être amené à jouer, nécessitant, non seulement un accroissement de ses ressources, mais aussi une refonte du cadre multilatéral de non-prolifération. 


Mme CAROLINE MILLAR (Australie) a indiqué que la création, à l’initiative de son pays, de la Commission internationale sur le désarmement et la non-prolifération nucléaires, avait été initiée en vue de relancer l’effort international dans ce domaine.  Elle a précisé que la Commission se réunirait à Sydney au cours de ce mois pour la première fois, avec pour principal objectif de se pencher sur les propositions à soumettre lors de la Conférence d’examen du TNP de 2010.  La représentante a estimé à son tour que le Traité était la pierre angulaire des régimes de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Selon elle, le TNP a empêché la prolifération d’armes nucléaires depuis son entrée en vigueur et ouvert la voie à leur élimination.  La Conférence représente une opportunité de relancer le TNP à ne pas manquer, a estimé Mme Millar. 


La réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires doit être basée sur une approche progressive et équilibrée, a encore dit la représentante.  Elle a salué, à cet égard, les progrès accomplis par la Fédération de Russie et les États-Unis en vertu du Traité de Moscou sur la réduction des armes stratégiques, l’annonce du Royaume-Uni quant à son intention de réduire de 20% le nombre de ses têtes nucléaires et celle de la France de réduire son arsenal d’un tiers.  Enfin, la représentante a indiqué que l’Australie, qui fera partie des six présidents de la Conférence du désarmement pour l’exercice 2009, s’attachera à faire avancer le projet de traité sur l'arrêt de la production de matières fissiles. 


M. ALFREDO LABBÉ (Chili) a réaffirmé que le désarmement nucléaire constituait la pierre angulaire de l’action des Nations Unies en matière de désarmement.  Il a rappelé que le Chili faisait partie du TNP, du TICE, du traité de Tlatelolco ainsi que du Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques.  Il a aussi indiqué que son pays était également actif dans les organismes tels que l’OPANAL (Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine), la Commission préparatoire de l’OTICE et l’AIEA.  Il a informé que le Chili, avec la Malaisie, le Nigéria, la Nouvelle-Zélande, la Suède et la Suisse allaient déposer une nouvelle version du projet de résolution demandant aux États concernés de lever l’état d’alerte de leurs arsenaux. 


L’intervenant a tenu à souligner qu’il n’y avait pas de bonnes armes et de mauvaises armes, que toute prolifération était néfaste et que toutes les armes nucléaires présentaient un risque inacceptable pour la sécurité internationale.  Il a ajouté que toute politique et tout effort diplomatique qui ignorait cette vérité essentielle était voué à susciter la méfiance et la frustration d’un certain nombre d’États Membres qui ne sont pas détenteurs d’armes nucléaires.  Il a affirmé que les armes nucléaires, comme toutes les armes, avaient été créées avec l’idée qu’elles pouvaient être utilisées.  Il a conclu en affirmant qu’il fallait travailler de manière énergétique et honnête à l’élimination de telles armes. 


M. KNUT LANGELAND (Norvège) est intervenu brièvement pour plaider en faveur d’une restauration du consensus international sur les questions clefs liées au désarmement et à la non-prolifération nucléaires.  Nous devons réaffirmer la pertinence des trois piliers du TNP –désarmement, non-prolifération et droit aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire- ainsi que leur intrication, a-t-il dit.  Le représentant a préconisé de renforcer à cette fin les initiatives régionales et le rôle de la société civile.  Au sein de l’Initiative des sept nations, nous avons organisé, les 26 et 27 février derniers, la Conférence d’Oslo sur la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires, a-t-il dit.  M. Langeland a signalé que les participants à cet événement avaient notamment reconnu que, pour parvenir à un monde débarrassé des arsenaux nucléaires, une action réellement collective était nécessaire et que, dans un tel cadre, les États-Unis et la Fédération de Russie devaient prendre la tête du mouvement.  Il a souhaité que les observations faites lors de la Conférence d’Oslo soient reprises lors de la Conférence d’examen du TNP de 2010. 


M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) a indiqué que l’on avait tendance à perdre de vue que la meilleure défense contre l’utilisation possible des armes nucléaires passait par l’élimination totale de telles armes.  Il a ajouté que les propositions présentées dans le cadre de la Conférence du désarmement en 2007 ainsi qu’en 2008 niaient le principe de l’égalité en matière de sécurité pour tous, servaient les intérêts de quelques États, et affaiblissaient une base commune pour un accord en matière de négociations pour la mise en place d’un traité vérifiable sur les matériels fissiles. 


L’intervenant a précisé que le Pakistan avait été à la pointe des efforts, depuis 1978, en vue de rechercher des garanties juridiques contraignantes de la part des États détenteurs d’armes nucléaires au sein de l’Assemblée générale.  Il a ajouté que le Pakistan, après les essais nucléaires de mai 1998, restait engagé à cette cause et avait déclaré ne plus utiliser ou menacer d’utiliser ses armes nucléaires contre un État non détenteur de ces armes.  Il a, par ailleurs, tenu à affirmer que des restrictions injustes dans le domaine du développement du nucléaire à des fins pacifiques ne pouvaient servir qu’à renforcer le monopole de quelques États sur la technologie nucléaire; dès lors, cela ne pouvait qu’aggraver le sentiment d’une discrimination et de l’existence d’un double standard.  Une telle discrimination, a-t-il dit, est dangereuse pour l’intégrité du régime de non-prolifération nucléaire. 


M. SUMIO TARUI (Japon) est revenu sur la création de la Commission internationale sur le désarmement et la non-prolifération nucléaire dont la première réunion aura lieu du 19 au 21 octobre prochain à Sidney.  Il a précisé que l’initiative australo-japonaise avait pour objectif d’encourager la volonté politique des dirigeants internationaux, déjà sensibilisés par le « Plan Hoover » lancé par d’anciens hauts fonctionnaires des États-Unis, en janvier 2007 et 2008, dans les colonnes du Wall Street Journal.  La réduction du nombre d’armes nucléaires en état d’alerte, qui est estimé à 27 00O têtes, est la première priorité de la communauté internationale, a-t-il dit.  M. Tarui a ensuite indiqué que la Déclaration finale du dernier Sommet du G-8 contenait le texte par lequel la France annonçait son intention de ramener ses stocks d’armes nucléaires à 300 têtes ainsi qu’une invitation de ce même pays adressée aux experts internationaux pour qu’ils viennent vérifier les unités françaises de production des matières fissiles.  Par ailleurs, M. Tarui a indiqué que le projet de résolution que son pays allait présenter à la session, portant sur l’objectif d’élimination totale des armes nucléaires, avait été soutenu par une majorité écrasante l’an dernier.  Ce texte renouvelle l’appel à plus de transparence quant aux activités de démantèlement, tout en saluant les progrès réalisés par les puissances nucléaires dans le domaine de la réduction des arsenaux, a-t-il signalé. 


M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a rappelé que son pays avait assumé la présidence avec le Costa Rica, de la Conférence organisée pour faciliter l'entrée en vigueur du TICE en 2007.  L’Autriche continue ses efforts de sensibilisation concernant le TICE et les bénéfices en matière d’applications scientifiques et civils du système de contrôle international tel que dans le domaine des systèmes d’alerte contre les tsunamis, des tremblements de terre et des éruptions volcaniques. 


L’Autriche a, par ailleurs, tenu à souligner le travail effectué par l’AIEA qui sert de forum, de centre d’expertise technique et d’institution indispensable pour le contrôle et la vérification dans le cadre de l’architecture globale de sécurité.  L’intervenant a affirmé que la communauté internationale devait considérer comme prioritaire le renforcement et la mise en application de manière universelle des systèmes de surveillance de l’AIEA, ce qui inclut le Protocole additionnel.  En outre devait être considérée la multilatéralisation du cycle du combustible nucléaire. 


M. ANTON V. VASILIEV (Fédération de Russie) a indiqué que depuis trois ans son pays négociait avec les États-Unis sur la mise au point d’un nouvel accord pour remplacer le régime START (Strategic Arms Reduction Talks), qui expirera en 2009.  Il a précisé que la Fédération de Russie estimait judicieux de reprendre ce qu’il y a d’efficace dans START et de le conserver dans le nouveau régime.  Pour l’heure, nous ne sommes pas parvenus à un accord avec les États-Unis, a-t-il dit, ce qui ne nous empêche pas de poursuivre le démantèlement simultané de nos arsenaux d’armes stratégiques en les maintenant à un niveau conforme aux traités en vigueur.  Le représentant a également attiré l’attention sur la nécessité que le TICE entre rapidement en vigueur ainsi que sur les contributions des zones exemptes d’armes nucléaires à la sécurité régionale.  Il s’est notamment félicité des progrès enregistrés sur la voie de la création d’une telle zone en Asie centrale, qui permettrait de stabiliser la région et de lutter efficacement contre les risques de terrorisme nucléaire international.  Le Traité de Semipalatinsk, qui prévoit la création de cette zone, repose sur le respect de normes juridiques que nous reconnaissons pleinement, a encore dit le délégué russe, qui a en outre salué la récente adhésion du Turkménistan à cet instrument.  Pour ce qui est du statut d’État non nucléaire de la Mongolie, il a indiqué que son pays attendait des études complémentaires avant de se prononcer.  Enfin, s’agissant des garanties négatives de sécurité, le représentant a signalé que la Fédération de Russie s’était engagée, auprès de 100 États parties aux traités portant création d’une zone exempte, à ne pas utiliser le feu nucléaire contre eux. 


M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a souligné que son pays, en vue de la Conférence d’évaluation du TNP de 2010, se concentrerait sur le désarmement nucléaire, la transparence et la mise en place de mesures de confiance, le retrait de l’état d’alerte des armes nucléaires, la révision de la doctrine dans le domaine du nucléaire et des mesures de surveillance contre la prolifération.  L’intervenant a précisé qu’en tant que membre de la Coalition pour un nouvel agenda, il souhaitait un renforcement de la transparence par le biais du TNP.  Un mécanisme de remontée de l’information pour les arsenaux nucléaires serait une mesure de confiance substantielle si les États détenteurs d’armes nucléaires devaient fournir plus d’informations claires sur l’état de leurs arsenaux ainsi que sur leurs projets de réduction.  La Nouvelle-Zélande est préoccupée que certains États détenteurs d’armes nucléaires continuent de prôner la doctrine de la dissuasion nucléaire, ce qui donne l’impression que les armes nucléaires continueront de demeurer un élément de leur stratégie à long terme en matière de sécurité internationale. 


L’intervenant a rappelé que son pays coparrainait, dans le cadre de la Première Commission, un certain nombre de résolutions relatives aux armes nucléaires.  Avec la Suisse, le Chili, la Malaisie et la Suède, la Nouvelle- Zélande présentera à nouveau un projet de résolution en vue du retrait de l’alerte des systèmes d’armes nucléaires.  L’intervenant a aussi rappelé que son pays coparrainait avec le Mexique et l’Australie un projet de résolution sur le TICE, avec le Brésil un projet de résolution appelant à la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires dans l’hémisphère sud et les zones adjacentes.  M. Mackay a conclu en affirmant qu’il était de l’intérêt commun de garantir l’usage pacifique de l’énergie nucléaire et que celle-ci devait être accessible à tous.  En même temps, il fallait s’assurer que de telles technologies ne contribuent à la prolifération des armes nucléaires.  


M. FEBRIAN ALPHYANTO RUDDYARD(Indonésie) a déploré que les puissances nucléaires qui s’étaient engagées à éliminer leurs arsenaux, continuent à développer des armes de ce type.  Il est injustifié de demander aux États non dotés de l’arme nucléaire de respecter leurs engagements en matière de non-prolifération alors que les États détenteurs eux-mêmes n’honorent pas leurs promesses, a-t-il dit.  Le représentant a mis en garde contre ce déséquilibre dont l’effet est de saper la confiance de la communauté internationale en ce qui concerne la recherche collective de la paix.  Le désarmement nucléaire est possible, a-t-il estimé, si les puissances nucléaires vont jusqu’au bout des engagements pris, lors de la Conférence d’examen du TNP de 2000, d’éliminer complètement et de manière irréversible leurs arsenaux.  Ces États doivent dans l’immédiat désactiver leurs têtes nucléaires, a lancé le délégué indonésien.  Il a ensuite souligné que l’utilisation pacifique de l’énergie atomique représentait un moyen de développement crucial pour les pays en développement.  Il a averti que tant que les États nucléaires ne dépasseraient pas la rhétorique, il n’y aurait pas de coopération sur les questions nucléaires de la part des autres États. 


Mme MARIETA GARCIA JORDAN (Cuba) a réitéré sa préoccupation quant à l’existence d’un immense arsenal nucléaire.  Elle a tenu à souligner qu’elle rejetait l’application sélective et l’usage de la règle du « deux poids deux mesures » dans le cadre du TNP.  Elle a réitéré le droit inaliénable des États de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie à des fins pacifiques sans discrimination, conformément à l’article 4 du TNP.  Par contre, a–t-elle poursuivi, les pays développés ont la responsabilité de faciliter le développement légitime de l’énergie nucléaire dans les pays en développement, en fournissant une assistance technique et en leur permettant de participer à l’échange d’équipement, de matériels et d’information scientifique et technologique en vue d’une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. 


L’intervenante a indiqué que l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires créées à la suite des Traités de Tlatelolco, Rarotonga, Bangkok, Pedindaba, Semipalatinsk et celui faisant de la Mongolie une telle zone, constituait une avancée positive et une mesure importante afin de satisfaire aux objectifs de désarmement et de non-prolifération des armes nucléaires dans le monde.  Dans ce cadre, Cuba considère comme essentiel que les États détenteurs d’armes nucléaires puissent garantir de manière inconditionnelle le fait qu’ils n’utiliseront jamais ces armes.  Mme Jordan a conclu en soulignant que les armes nucléaires et les infrastructures techniques étaient coûteuses.  L’industrie de l’armement nucléaire impliquait donc une diversion des ressources qui pourraient être utilisées dans des programmes importants, tels que l’assistance au développement.  Une mise en place de tels programmes serait une contribution réelle à la paix et la sécurité internationales, a-t-elle dit. 


M. ABDULAZIZ SOYAN ALAZEMI (Koweït) est intervenu brièvement, à son tour, pour appeler de ses vœux la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient en vue de restaurer un climat de confiance dans la région et mettre fin à la course aux armements.  Nous réaffirmons, à l’instar des autres pays arabes et de la communauté internationale dans son ensemble, l’importance qu’Israël adhère au TNP et place la totalité de ses installations nucléaires sous le régime de contrôle de l’AIEA, cela afin de rendre possible la réalisation d’une zone exempte de toute arme de destruction massive dans la région. 


Droit de réponse


Le représentant de la République arabe syrienne a souhaité exercer son droit de réponse suite à la déclaration de l’Australie.  Il a affirmé que cette déclaration avait été faite sans tenir compte des explications fournies la veille par la Syrie.  De tels propos, a-t-il souligné, tendent à indiquer que l’Australie souhaite se faire l’avocat du diable, soutient la politique d’Israël au Moyen-Orient tout en fermant les yeux sur la menace que représente cet État dans la région et son agression contre la Syrie.  Le représentant a affirmé qu’Israël possédait 200 ogives nucléaires.  L’intervenant a tenu à rappeler une nouvelle fois que la Syrie avait respecté toutes ses obligations envers l’AIEA et que le Directeur général de cette organisation avait déclaré que dans l’échantillonnage récupéré sur le site qui avait été inspecté, n’avait été trouvée aucune trace de matières nucléaires. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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